mercredi 25 juillet 2007

Des Rafale pour Khadafi ?

Je viens de recevoir un petit coup de fil d'une rédaction TV me demandant dans quelle mesure la libération des infirmières bulgares et du médecin d'origine palestinienne pourraient être liée à une vente potentielle de Rafale, en plus des "compensations" (460 millions d'euros européens, d'accords sur le nucléaire civil, d'accords d'échange d'étudiants, etc.).

Le journaliste posait ainsi une question qu'avait d'abord soulevé le Journal du Dimanche et qui avait ensuite été reprise un peu partout avant que Dassault ne démente formellement tout pourparler. On n'avait plus alors entendu parler de l'affaire.

Pour autant, est-ce que quelque chose serait en préparation ? Et bien, si c'est le cas nous n'en savons rien. Tâchons néanmoins de recadrer :

1) la France aimerait exporter le Rafale. Charles Edelstenne nous le confirmait en exclusivité début juin dans T&A, des pourparlers sont bien en cours avec le Maroc. La Suisse est également intéressée. L'Inde a fait réapparaître l'appareil dans le cadre de son MRCA. La Corée du Sud a rouvert l'appel d'offre qui avait précédemment donné lieu à une victoire du F-15E, devenu depuis lors le F-15K. Mais, pour l'heure, en termes de contrats signés, toujours rien.

2) La force aérienne libyenne aimerait disposer de nouveaux appareils - elle a souffert fortemment de l'embargo onusien de 92 - et elle a de fortes chances d'être solvable. Après l'abandon de son programme d'ADM, le règlement de la question de Lockerbie et du DC-10 d'UTA et, maintenant de la libération des infirmières et du médecin, la Libye est franchement plus fréquentable qu'à l'époque où les Jaguar veillaient sur la bande d'Aouzou et où l'armée de l'Air attaquait l'aérodrome, occupé par les Libyens, d'Ouadi-Doum. De ce point de vue, reconnaissons à Khadafi une qualité : c'est un fin tacticien.

3) Même si les relations entre Washington et Tripoli se sont réchauffées ces dernières années, sans doute ne le sont-elles pas suffisament que pour effectuer des achats aux Etats-Unis. La France est, de ce point de vue, est bien placée pour recueillir une commande, son positionnement traditionnel en matière de ventes d'armes étant qu'elle est neutre.

Mais il y a un "mais". Une vente d'arme à la Libye est loin d'être politiquement neutre. Ce l'est même nettement moins que débloquer 460 millions d'euros européens. Donc même si les conditions théoriques d'une vente sont réunies, in fine, les acteurs resteront sans doute extrêmement discrets et aucune preuve ne permet pour l'heure d'étayer une possibilité de contrat.

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