vendredi 6 février 2009

Le chiffre du jour

21017,57 dollars : c'est le coût de l'installation d'un kit de surprotection sur un camion FMTV, calculé sur base du dernier contrat en la matière engrengé par BAE (107,357 millions pour des modifications à opérer sur 5 108 camions).

Etats-Unis : une "bosse budgétaire" de 652 milliards

Le Congressionnal Budget Office a rendu public des projections budgétaires courant jusqu’en 2026 et se basant sur le budget de défense 2009 validé par le Congrès (515,4milliards de dollars).

Il en ressort que 26 % des coûts induits par les plans considérés comme validés par le Pentagone ne sont, tout simplement, par budgétés. En d’autres termes, les projets américains vont induire une « bosse budgétaire » d’un montant total de 652 milliards jusqu’en 2026.

Or, plusieurs analystes estiment que le budget 2009 pourrait bien, crise économique oblige, être le dernier à avoir connu une croissance, du moins avant plusieurs années. Ce qui ne manquera certainement pas de mettre une pression considérable sur un certain nombre de programmes considérés durant la dernière campagne électorale comme étant dans le collimateur politique de celui qui était alors le candidat Obama.

Pratiquement tous les programmes seraient touchés, à des degrés divers, certains pouvant se voir annulés sans d’autre procès. La défense antimissiles serait particulièrement sur la selette.

jeudi 5 février 2009

De la différence entre un militaire et un diplomate...

Zoom Europa, diffusé hier soir sur Arte, faisait notamment un portrait du général de Kermabon, que nous avions reçu en son temps dans les pages de DSI et qui, maintenant à la retraite, a été placé à la tête d'Eulex Kosovo.

A la question de savoir si, finalement, il se sentait plutôt militaire ou diplomate, il a répondu par une petite cabriole humoristique :

Connaissez-vous la différence entre un militaire et un diplomate ?

Pour le militaire :
"Oui", c'est oui.
"Non", c'est non.
"Peut-être" n'existe pas.

Pour le diplomate :
"Oui", c'est peut-être
"peut-être", c'est non
"Non" n'existe pas.

PSYOPS à Gaza (en en Israël) - un exemple concret

Israël a, historiquement, toujours fait un large usage des opérations psychologiques. Les dernières opérations dans Gaza n'ont pas échappé à la règle : tracts, coups de fils (à vocation Psyops mais aussi de renseignement), "mini-frappes cinétiques" sur les immeubles pour inciter leurs occupants à partir, chaîne "Tsahal" sur Youtube, diffusion d'images de frappes de précision pour contrer la trhétorique du Hamas ont été autant de moyens utilisés. Ce sont autant de thématiques qu'aborderont les prochains DSI et DSI-T.

Rien de bien nouveau, cependant, là-dedans : les Psyops ont une dynamique spécifique qui tend à la complexification des moyens de diffusion des messages. Mais si ces derniers peuvent être destinés à l'adversaire du moment, ils peuvent également l'être vers la propre population de l'Etat qui a engagé les opérations. De facto, Israël est un Etat dont la cohésion est fragile : la question des "arabes israéliens", celle de la part prise par les orthodoxes, la question des impacts - majeurs - sur une économie dont plus de 30 % du PIB passe à la défense sont autant d'enjeux.

Rappeler pourquoi l'on se bat - et quelles sont les motivations ayant conduit à la décision de l'engagement - redevient dès lors nécessaire, en particulier lorsque vous êtes accusé d'avoir commis des crimes de guerre et que la communauté internationale crée une pression intense.

J'ai reçu aujourd'hui un mail contenant une lettre publiée dans le quotidien Maariv et, d'après le journal, a été écrite par un réserviste. Personnellement et a priori, je trouve qu'elle est tellement travaillée du point de vue Psyops que soit le réserviste en question est membre d'une telle unité, soit qu'elle a été préparée par une unités Psyops. Je pense qu'il est intéressant de la lire en gardant à l'esprit ce qui vient de précéder. La plume comme instrument de la manoeuvre psychologique (à usage interne comme externe) reste un facteur puissant :

"Je suis le soldat qui a dormi chez vous"

Par Yishai G ( réserviste)

Reproduit avec la permission de Maariv, initialement publié le 25 janvier 2009

Bonjour,

Alors que le monde regarde Gaza en ruines, vous retournez dans votre maison qui tient encore debout. Cependant, je suis certain que vous savez que quelqu'un y est venu en votre absence.

Ce quelqu'un c'est moi.

J'ai passé de longues heures à imaginer quelle serait votre réaction lorsque vous retourneriez chez vous. Ce que vous ressentiriez lorsque vous comprendriez que les soldats de Tsahal ont dormi sur vos matelas et ont utilisé vos couvertures pour se tenir au chaud.

Je savais que cela vous contrarierait et vous attristerait et que vous éprouveriez une cinglante humiliation cette violation des parties les plus intimes de votre vie par ceux que vous définissez comme vos ennemis. Je suis persuadé que vous me détestez avec une haine violente et que vous n'éprouvez même pas le plus infime désir d'entendre ce que j'ai à dire. Cependant, il est important pour moi de dire ce qui suit dans l'espoir qu'il y ait une chance infime que vous m'entendiez.

J'ai passé plusieurs jours dans votre maison. Votre présence et celle de votre famille se ressentait dans chaque coin. J'ai vu les portraits de votre famille sur le mur, et cela m’a fais penser à la mienne. J'ai vu les bouteilles de parfum de votre femme sur la table de chevet, et cela m’a fait penser à ma femme. J'ai vu les jouets de vos enfants et les livres scolaires en anglais. J'ai vu votre ordinateur personnel et comment vous avez installé le modem et le téléphone sans fil près de l'écran, comme je le fais chez moi.

Je voulais que vous sachiez que malgré l'immense désordre que vous avez trouvé dans votre maison et qui a été causé alors que nous cherchions des explosifs et des tunnels (qui ont en effet été trouvés dans d'autres maisons), nous faisions de notre mieux pour traiter vos effets personnels avec respect. Lorsque j'ai déplacé la table d'ordinateur, j'ai débranché les câbles et je les ai soigneusement posés par terre, comme je l'aurais fait avec mon propre ordinateur. J'ai même dépoussiéré l'ordinateur avec un morceau de tissu. J'ai essayé de remettre en place les vêtements qui sont tombés lorsque nous avons déplacé l'armoire, même si ça n'est pas comme vous l'auriez fait, mais au moins de sorte à ce que rien ne soit perdu.

Je sais que la destruction, les trous de balles dans vos murs et la destruction de ces maisons à proximité de la vôtre rendent mes descriptions assez ridicules. Mais, j'ai besoin que vous me compreniez et j'espère que vous canaliserez votre colère et vos critiques comme il se doit.

J'ai décidé de vous écrire parce que je suis resté chez vous.

Je peux présumer que vous êtes intelligent et instruit et qu'il y a dans votre maison des étudiants à l'université. Vos enfants apprennent l'anglais et vous êtes connecté à Internet. Vous n'êtes pas aveugle ; vous savez ce qu'il se passe autour de vous.
C'est pourquoi, je suis sûr que vous savez que les roquettes Qassam ont été lancées depuis votre quartier sur les métropoles et les villes d'Israël.

Comment pouvez vous regarder ces tirs hebdomadaires sans vous imaginer qu'un jour nous dirions "Assez" ?! Vous êtes vous déjà imaginé que c'était une erreur de lancer des roquettes sur des civils innocents qui essayaient de mener une vie normale, tout comme vous ? Combien de temps pensiez-vous que nous allions rester les bras croisés sans réagir ?

Je peux vous entendre dire "ce n'est pas moi, c'est le Hamas". Mon intuition me dit que vous n'êtes pas son plus fervent admirateur. Si vous regardiez de plus près la triste réalité dans laquelle vit votre peuple, sans vous leurrer ou trouver des excuses sur "l'occupation", vous devez certainement tirer la conclusion que c'est le Hamas votre véritable ennemi.

La réalité est si simple, même un enfant de sept ans peut la comprendre : Israël s'est retiré de la Bande de Gaza, a retiré ses bases militaires et ses citoyens de Gush Katif. Nous continuons, néanmoins, à vous fournir de l'électricité, de l'eau, et des marchandises (et ça je le sais très bien puisque durant mon devoir de réserve, j'ai gardé les passages frontaliers plus d'une fois, et j'ai vu des centaines de camions remplis de marchandises entrer dans un Gaza sans blocus tous les jours).

Malgré tout cela, pour des raisons qui sont incompréhensibles et par manque de toute logique, le Hamas a tiré des missiles sur des villes israéliennes. Pendant trois ans, nous avons serré les dents et nous nous sommes retenus.

A la fin, nous n'en pouvions plus et nous sommes entrés dans la Bande de Gaza, dans votre quartier, afin d'éliminer ceux qui voulaient nous tuer. Une réalité qui est pénible mais très facile à expliquer.

Dès que vous serez d'accord avec moi sur le fait que le Hamas est votre ennemi et que c'est à cause de lui que votre peuple est misérable, vous comprendrez aussi que le changement vient de l'intérieur. Je suis tout à fait conscient que ce que je dis est plus facile à écrire qu'à faire, mais je ne vois pas d'autre moyen. Vous, qui êtes connecté au monde et êtes inquiet pour l'éducation de vos enfants, vous devez mener, avec vos amis, une insurrection civile contre le Hamas.

Je vous conjure que si les citoyens de Gaza étaient occupés à paver des routes, construire des écoles, ouvrir des usines et des établissements culturels au lieu de s'apitoyer sur leur sort, de faire de la contrebande d'armes et de nourrir une haine contre vos voisins israéliens, vos maisons n'auraient pas été en ruines aujourd'hui. Si vos leaders n'étaient pas corrompus et motivés par la haine, vos maisons n'auraient pas été endommagées. Si quelqu'un s'était levé et avait crié que cela n'avait aucun sens de tirer des missiles sur des civils innocents, moi, soldat, je ne me serais pas retrouvé dans votre cuisine.

Vous n'avez pas d'argent, dites-vous ? Vous en avez bien plus que vous ne pouvez l'imaginer. Même avant la prise de contrôle de Gaza par le Hamas, à l'époque de Yasser Arafat, les millions, si ce n'est des milliards de dollars, qui ont été donnés par la communauté internationale aux Palestiniens, ont été utilisés pour acheter des armes ou ont été directement déposés sur le compte en banque de vos leaders. Les Etats du Golfe, les Emirats – vos frères, votre chair et votre sang, comptent parmi les plus riches nations au monde.

S'il y avait ne serait-ce qu'un infime sentiment de solidarité entre les pays arabes, si ces nations étaient un tant soit peu intéressées par la reconstruction du peuple palestinien – votre situation aurait été bien différente. Vous devez connaître Singapour. La masse de terre qui n'est pas bien plus grande que la Bande de Gaza et qui est considérée comme le deuxième pays le plus peuplé au monde. Malgré cela, Singapour est un pays prospère et bien dirigé. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour vous ?

Mon ami, j'aurais voulu vous appeler par votre nom, mais je ne le ferai pas publiquement. Je voudrais que vous sachiez que je suis à 100 % en paix avec ce que mon pays a fait, ce que mon armée a fait et ce que j'ai fait. Cependant, je comprends votre chagrin. Je suis désolé pour la destruction que vous voyez dans votre quartier en ce moment. Personnellement, j'ai fait tout mon possible pour minimiser les dégâts dans votre maison.

A mon avis, nous avons bien plus en commun que vous ne pouvez l'imaginer. Je suis un civil, pas un soldat, et dans ma vie privée, je n'ai rien à voir avec l'armée. Cependant, je suis obligé de quitter ma maison, mettre un uniforme et protéger ma famille chaque fois que nous sommes attaqués.

Je n'éprouve aucun désir à être dans votre maison, à porter à nouveau mon uniforme et je serais plus qu'heureux de m'asseoir avec vous comme invité dans votre jolie terrasse, en buvant du thé sucré avec la sauge qui pousse dans votre jardin.

La seule personne qui pourrait faire de ce rêve une réalité, c'est vous.

Prendre vos responsabilités, celle de votre famille, de votre peuple, et commencer à prendre le contrôle de votre destinée. Comment ? Je ne sais pas. Peut être qu'il y a quelque chose à apprendre du peuple juif qui s'est relevé de la tragédie humaine la plus destructrice du XXe siècle. Et au lieu de sombrer dans l'apitoiement, a construit un pays florissant et prospère. C'est possible et c'est à portée de vos mains.

Je suis disposé à être là et vous prêter mon épaule pour vous soutenir et vous aider.
Mais, vous seul pouvez faire bouger les roues de l'histoire.

Cordialement,

Yishai (réserviste)

mercredi 4 février 2009

Tchad : ce qui s'est passé

C'est suite à une question parlementaire déposée par le Vice-président de la Commission de la défense belge, Denis Ducarme, que le ministre a précisé les conditions dans lesquelles deux véhicules belges, dont un LMV, ont été détruits.

C'est mi-novembre qu'une équipe belge de forces spéciales, en patrouille à la frontière soudanaise, s'est vue attaquée par un hélicoptère de Khartoum. L'appareil a effectué 4 passages bas (moins de 100 m), tirant un total de 4 roquettes. Les véhicules, apparemment, avaient été positionnés à couvert dans la végétation.

Selon le ministre, leur destruction sera indirecte, les roquettes mettant le feu à la végétation, qui, à son tour, détruira les véhicules. Aucun dégât humain n'est à signaler. Reste une question : travaillant au GPS, les forces belges sont absolument certaines d'être restées sur le territoire tchadien. Que fichaient donc les Soudanais au Tchad ?

La base de Kourou un peu mieux protégée

La DGA a commandé fin décembre 2008 à Thales Raytheon un radar de défense aérienne à longue portée destiné à protéger le centre spatial guyanais de Kourou. Il viendra compléter, à partir de 2011, les installations du centre de contrôle militaire de Kourou opéré par l’armée de l’Air. Il renforcera les capacités de détection du centre spatial et de l’espace aérien guyanais.

Le contrat, d'une valeur de 50 millions d'euros, comprend la fourniture du radar ainsi que les infrastructures associées (bâtiments d’exploitation, énergie, système de communication et sécurisation). Il prévoit également le maintien en condition opérationnelle du système pendant une durée de 18 ans, avec une garantie de disponibilité à 98 % de l’ensemble de la station radar et de ses infrastructures.

lundi 2 février 2009

Les forces spéciales belges au Tchad : under fire...

Selon l'Irish Times, qui a interviewé le général Nash, commandant de l'opération Eufor Tchad-RCA, des forces belges engagés au Tchad ont été pris à parti par des tirs en provenance du Soudan, manifestement sans causer de dégâts humains. Il est également possible qu'au moins un véhicule (deux, selon certaines sources) ait été détruit par le feu d'un hélicoptère soudanais au cours du même engagement.

Le général Nash s'est dit "relativement content" du déploiement des forces européennes, indiquant qu'elles avaient été en mesure de contribuer à "un certain facteur de dissuasion". Mais, avec 3 500 hommes sur une superficie équivalente à celle de la France, a-t-il rappelé, "we have not been able to compel everybody to behave in a certain fashion and it was never realistic to expect that".

Réflexions sur les enjeux du commandement dans les opérations aériennes

Mardi 3 février 2009, de 17 h à 19 h, en salle Costa du Pavillon du Roi, au Château de Vincennes, nouvelle séance de la commission "Nouvelle histoire bataille". Benoist Bihan, doctorant à l'université de Poitiers, présentera une communication sur le thème suivant :

« Réflexions sur les enjeux du commandement dans les opérations aériennes : l’exemple des opérations américaines au-dessus du Nord-Vietnam, 1964-1973 »

Pour les candidats à une séance qui s'annonce passionnante, RDV à 16 h 45 devant l'entrée du bâtiment.