mercredi 12 septembre 2007

Back to basics

Voilà maintenant un peu moins de 24 heures que je suis rentré des Universités d'été de la défense, qui se tenaient cette année à Toulouse. Une expérience enrichissante mais qui montre également à quel point revenir aux élémentaires peut être utile. J'ai passé la matinée d'hier dans la salle où se tenait la table ronde "projection" à écouter les débats entre un sénateur et à deux chaises du président Gallois. Pas de vrai fil directeur - si ce n'est le titre de la TR - mais une suite de questions et de réponses posées et répondues librement.

Pas question, là, de 2ème porte-avions mais de ces choses qui commandent l'action et qui ne se chiffrent qu'en hauteur de vue : la projection pourquoi ? Comment ? Où ? Contre qui ? Quelles formes de guerre ? Les questions sont souvent simples mais elles sont cruciales. Par certains aspects, ça fait du bien. C'était aussi l'occasion de voir le ministre d'un peu plus près et de la jouer "freestyle" suivant un principe intéressant et assez sain : on peut rapporter des informations mais ne pas citer la personne qui en est l'auteur. But du jeu des "principes de Chatham House", ne pas faire peser de pression médiatique ou de cette "peur du qu'en dira-t-on" qui anesthésie trop souvent les débats, y compris et malheureusement, académiques.

Aussi, s'il est vrai que le coût du Rafale sera remis en question dans ladite salle, sans doute l'incident a-t-il été monté en épingle, par l'évacuation de cette dimension propre au débat sans tabous. Et si le ministre indiquera effectivement que ce sont des F-16 d'occasion qui se vendent à l'heure actuelle - une théma que je comptais aborder dans le prochain DSI... sans le faire exprès - la réflexion ne doit pas être vue comme un reproche quelconque. Il faut savoir faire la part des choses entre questionnements et déclarations. En pratique, le coût du Rafale est aussi un résultat d'une politique qui n'a pas été systématiquement favorable. Et ces F-16 d'occasion devront aussi être remplacés plus vite que ne le seront les Rafale, alors que, maintenance accrue oblige, le coût à l'heure de vol finira aussi par poser un problème... Aussi, en pratique et vu de l'intérieur, l'ambiance n'avait rien d'électrique.

En tout état de cause, la présence de la rédaction aux UD sera pour nous l'occasion de revenir dans le prochain DSI sur la question, avec une série d'interviews exclusives et les grandes lignes du discours de clôture du ministre. Avec la perspective du Livre Blanc, on le comprendra, l'enjeu est plus que crucial...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Vendre des F16 belges à la Jordanie ou des F16 hollandais à la Chili ,c'est plus facile pour compléter leur parc. Ces 2 pays par exemple n'avaient pas proposer de RfP ni d'appel d'offre pour avoir d'avion de génération récente. Il est bien gentil "le Gaston La Gaffe" du centre mais s'il avait été MinDef des USA ou d'Australie ,il pouvait aussi remettre en cause le surcoût du F22A ou du Lightnening II. Malgrè leurs H&T ,ils vont se vendre.

Mais c'est clair ,au Tchad les Mirage F1 vont leur job.

Anonyme a dit…

Franchement, un discours pareil pour plomber un produit national...!?! :(

Il est payé par la concurrence ?

La "nationalisme économique" est mort avec le départ de Villepin ?

Athéna et moi... a dit…

Yep Philippe, sûr que la Jordanie ne joue pas dans la même catégorie et c'est clair que le Rafie est moins cher que le grillé (lightning - grillé... d'accord, elle est exécrable)... alors qu'on connaît le prix de notre biréacté préféré (face au 35, c'est un avantage !), qu'au moins, il est ops et que le dollar faible joue contre nous. Mais je parie même que si on produisait toujours des 2000, on n'en exporterais pas, simplement parce qu'il est français ce qui signifie :

- qu'il répond d'abord à des besoins français ;
- qu'il a une étiquette politique sur le dos qui "faisait vendre" pendant la guerre froide mais plus durant la "guerre contre le terrorisme".

Ceci dit, je crois qu'il ne faut pas voir le mal partout. Evidemment le type est ministre et ne peut pas se permettre de tout dire.

Mais on était aux UD, ce qui signifiait clairement "on parle de ce qui se passe en commission, mais on ne dit pas de qui ça vient", justemment parce qu'on est là pour réfléchir. Et là, certains dans la presse n'ont pas été corrects. Si j'ai cité le ministre, c'était parce que d'autres l'avaient fait... et qu'il était temps de remettre les choses à leur place : l'ambiance, dans le lâcher d'infos, c'est comme dans le lâcher de fauves : ça compte ;o)

Il y a eu manoeuvre de la part du ministre pour faire baisser les prix comme il y eu manoeuvre d'un gros équipementier que je ne citerai pas pour dire que son programme devait être réévalué financièrement. Ca fait partie du charme de ce genre d'endroit. Mais déduire de manoeuvres de coulisses des appréciations à plus large échelle comme l'on fait certains, ça craint.

D'une part, déontologiquement. La course au scoop, c'est bien. Mais pas lorsque l'information, son contexte et son intensité sont dénaturées... D'autre part, parce que le ministre de la Défense, mais c'est une appréciation perso, devrait s'occuper de la France et pas de ses exportations : on a un Président, un PM, un ministre de l'éco, des pilotes qui adorent montrer les potentialités du Rafie et des commerciaux de Dassault pour ça.

En résumé, chaque chose à sa place ;o) Maintenant, c'est vrai que le ministre n'inspire pas confiance. Il semble hésitant, peu assuré, peu prompt à défendre son département, trop peu au fait des grands équilibres touchant le département et, pour ainsi dire, semble plus soucieux d'entériner les décisions présidentielles pour s'assurer un avenir et "valider" son passage dans l'orbite de l'UMP. Ca, c'est tout le risque d'un gouvernement de cabinet...

Anonyme a dit…

Il ne faut pas négliger l'aspect marketing des ventes d'appareils américains qui dépasse de loin l'aspect 'rationnel' d'un choix en faveur du Rafale. En achetant des F-16 on fait partie du 'club', même si on admet se soumettre aux caprices de l'oncle Sam concernant les approvisionnements en armements et en équipements.

De plus les F-16 d'occasions sont des produits d'appels qui permettent de fidéliser le client avant de lui proposer de les remplacer moins de 10 ans après cette première acquisition par des F-16 neufs 'top moumoutte' Block XXX à vil prix en promettant une maintenance allégée, une transformation en douceur (ce serait le même appareil...), une fiabilité accrue et la possibilité d'utiliser les derniers armements de panoplie US 'combat proven'... avec la garantie d'être interropérable avec l'allié US en cas de coup dur qui, promis juré, sera toujours présent pour ce fidèle client.

Les F-16 d'occasion sont le pied dans la porte des VRP US qui auront vite fait de démontrer les limitations de ces appareils à peine livrés pour proposer leur successeur tout neuf sorti d'usine.