jeudi 19 juin 2008

Le débat gronde, good night and good luck

Toutes mes excuses à mes lecteurs qui en attendaient un peu plus de moi sur Eurosatory et ses nouveautés. En fait, nous avons été un peu dépassé par les événements et, il faut bien le dire, par notre succès. J'ai croisé pas mal d'entre vous avec grand plaisir. Mais, comme moi, je pense que la parution du LBDSN les a quelque peu "sonné".

Ca se comprend. Olivier "EGEA" Kempf m'indiquait avec sa malice caractéristique qu'il semblait bien que la "Défense" ne semblait, du fait des intitulés utilisés, ne plus faire partie de la "sécurité nationale". Bien d'accord avec lui. Et tout aussi d'accord avec nos mystérieux guerriers du jour, le groupe Surcouf, auteur d'une petite bombe médiatique parue ce matin dans Le Figaro. Quoique l'on puisse penser de leur anonymat, ils sont courageux. Il ne fait pas bon s'opposer à l'Elysée, soyons honnêtes.

La tension est palpable. Juste une petite anecdote à cet égard : des représentants d'un industriel viennent me trouver pour me dire qu'ils n'ont pas apprécié une phrase de notre dernier hors série où, grosso modo, l'auteur indiquait que face aux engagements actuels, certaines technologies choisies n'étaient pas de la plus grande utilité et qu'il valait mieux porter plus d'attention à des élémentaires. Je lui ai répondu que cette phrase avait tout son sens et qu'elle reflétait les inquiétudes de pas mal de gens qui sont au contact - soit ceux pour lesquels nous bossons, en particulier au DSI. Je lui ai donc dis que nous étions d'abord au service des forces. Match nul.

Le sous-entendu me pose, à moi qui suis à la fois chercheur et journaliste, question. Le LBDSN consacre-t'il une réduction homothétique mal camouflée par une "reflexion stratégique" tout de même très légère ? Oui - du moins, à mon sens. La réforme est-elle nécessaire ? Oui, toujours à mon sens. Sabrer trop vite comme on a écrit trop vite ce LBDSN est-il une bonne chose ? Non, encore à mon sens. Les augmentations de budget d'équipement sont-elles gage de plus d'efficacité ? Pas nécessairement : la réalité de cette augmentation, les choix technologiques, stratégiques (et donc politiques) par essence, la nécessité d'un personnel de très haut niveau de compétence sont autant de variables qui font qu'on ne peut accepter d'acheter le chat "LBDSN" dans le sac des promesses et des mythologies technologiques. Et détrompez-vous, je ne suis pas "antitechnologies" : si c'était le cas, je n'aurais jamais consacré 8 ans de thèse à la question...

Mais - comme dirait notre cher vieux Carl - tout de même. A force de vouloir verrouiller les débats, on les enflamme : rien ne gronde plus qu'une révolte qu'un débat, d'ou le titre de ce post. Or et j'en discutais ce matin avec un correspondant de l'AFP, nous sommes dans une situation similaire à celle des années 30 mais... elle se présente comme inversée. Je m'en explique :

- la doxa officielle refuse de remettre en cause un certain nombre d'axiomes stratégiques et technologiques ;
- les penseurs émergents (de Gaulle, notamment, à l'époque) ne sont pas écoutés alors que la réalité opérationnelle émergente se clarifie (elle l'est d'autant plus de nos jours) ;
- les investissements massifs effectués sont susceptibles d'être contournés (parce que tel est le sens profond d'une opération militaire) mais la possibilité d'un contournement est trop peu prise en compte ;
- le proche et le soi le dispute au lointain et à l'Autre (cf les débats maritimes de l'époque) ;
- in fine, les dispositifs de force sont inadaptés.

Cette analogie possède bien évidemment ses limites. Menaces et risques sont très différents tout comme les jeux d'alliance. Mais, quelque part, la situation contemporaine est bien pire : démantibuler au motif de l'économie (y compris de la politique économique) sans prendre le temps de la réflexion stratégique au moment où nous avons besoin d'hommes revient à faire un paris délicat. C'est (notamment) là où je suis d'accord avec Surcouf. Je trouve que le groupe sous-estime un peu les apports de l'armée de l'Air mais...

... mais nous le voyons là aussi, à force d'éviter les débats, nous faisons reculer la doctrine face à la doxa. L'AdA a toujours eu des réticences face à la doctrine (tant pis pour Ader et Vauthier !). Comme dans le cas du LBDSN, le débat n'y aura pas véritablement joué sa fonction principale : non de pérorer pour se la jouer "intello" mais bien d'affiner nos modèles, les rendre plus pertinents et servir directement la puissance de la France.

On a tous les mêmes patrons : ils sont 66 millions. Et ce qui peut servir au progrès - surtout lorsque la seule limite est l'intelligence et l'imagination - doit servir. Les dogmes stratégiques à l'échelle de l'histoire, ont été le creuset des échecs... et c'est lorsque nous n'avions pas de doctrine (fruit des débats, évidemment) que nous avons encaissé les défaites les plus dures.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Tient, Chavez nous menace d'un embargo pétrolier :

http://www.orange.fr/bin/frame.cgi?u=http%3A//actu.orange.fr/articles/a-la-une/Loi-europeenne-sur-l-immigration-Chavez-menace-de-couper-les-livraisons-de-petrole.html

Si, un jour, les gesticulations du bonhomme se concrétise, pourrat on le ramener à la raison avec une force de projection en triste mine ?

Anonyme a dit…

Bonsoir, JH. J'ai beaucoup de mal à voir de quoi on parle quand on évoque l'inquiétude générale des Armées. Dites nous, quand vous envisagez une "surprise stratégique" débouchant sur une vaste défaite, vous pensez à qui au sujet des vaincus ? Un pays en particulier ou un groupe de pays ? Pour l'instant, je vois une guerre assymétrique "globale". Donc je vois éventuellement une défaite de la pensée militaire occidentale sur des terrains et théâtres d'opérations extérieurs à leurs frontières. Même si je ne suis pas si âgé que ça, je vois bien à travers certaines de mes activités civiles au contact de jeunes cadres africains par exemple, des différences de ton et d'approche, un certain discours "vindicatif" que je n'ai pas connu avec leurs aînés. On était dans la coopération (il parait qu'avant, dixit mon patron, on était encore dans le rapport "colonial"), maintenant on est dans la revendication (alors que ce n'est pas le sujet de ces rencontres). Et ça va très vite. Mais bref !

Quelle est l'inquiétude et surtout, qui est l'ennemi qui peut nous frapper et nous anéantir jusque dans nos champs aujourd'hui ? C'est ça, et je pense que je ne suis pas le seul, que je ne vois pas. Ou alors est-ce qu'on parle d'intérêts vitaux ? D'accès à des ressources qui, faute de pouvoir y accéder nous mettrait à genoux sans pouvoir réagir en entrant dans la Grande Guerre ? On pense aux Chinois. Qui se moquent bien de ce que le monde peut devenir, car ils sont centrés sur eux et sur leur propre avenir à 50 et 100 ans, en tant que nation, civilisation et peuple relativement homogène. Bien sûr. Mais ils ne semblent pas être capable de pouvoir et se gérer eux-mêmes avec leur énorme population (on parle quand même d'une population de 800 millions de gens qui sont sous des seuils de pauvreté et qui ne suivraient peut-être pas un grand raout patriotique sur le mond eentier...) et exploiter de possibles premiers succès militaires si d'aventure ils se risquaient à une politique de conquête. Les Russes ? Ils gesticulent mais sont des gens qui ont surtout d'énormes problèmes intérieurs et des forces pas aussi vaillantes que les démonstrations de force de leurs Bear.

Reste la prophétie de Boumedienne. C'est ce à quoi tout le monde pense ? Mais dans ce cas les conclusions du Livre Blanc aussi, in fine... Non ?

A.g. a dit…

Billet particulièrement intéressant.
Ce livre blanc ne semble être, comme décrit, qu' un habillage de plan de licenciement plus qu'une réelle définition stratégique de la politique de défense française.

Les contradictions comme la volonté de s'engager plus intensivement à l'exterieur (OTAN)alors que les effectifs vont diminuer apparaissent immédiatement même avec un niveau "amateur éclairé". Idem pour le commandement inter-armée de l'espace : que va t il commander ?
L'interception de satellite ? Les communication ? Les diffusions d'images Helios ?
Les industriels peuvent toujours ètre froissés qu'ils se rassurent, si l'armée n'a pas vocations a faire de l'aménagement de territoire d'aprés nos dirigeants, il semble qu'elle ait toujours pour objectif de faire la fortune des industriels.
A titre d'exemple en tant que simple usager, tireur pratiquant, je m'interroge sur l'utilité du système de tir déporté du Famas FELIN fonctionnant avec vidéo. Nécéssitant une batterie et augmentant la masse du fusil de façon conséquente; un fabriquant sérieux propose une lunette coudée avec un miroir pour le même résultat pour certainement bien moins cher.
Bref ce livre blanc n'est pour ma part que dans la lignée des battages médiatiques créé pour l'illusion, méthode déjà utilisé dans maints domaines jusque ici.

Un grand bravo au groupe Surcouf qui vont malheureusement certainement devoir assumer leur écrit dans un futur proche.
Je suis d'ailleurs agréablement surpris que la critique manifeste sur les choix industriels soit publiée dans le journal du principal fournisseur de l'armée de l'air. Preuve que le journalisme n'est pas totalement en perdition.

Anonyme a dit…

@ a.g., si vous me permettez. Le principal fournisseur de l'AA oui mais avec des commandes en chute libre... Ceci expliquant peut-être cela.

Anonyme a dit…

Bonjour,

J'espére que vous allez bien résister à ce type de pressions qui risquent de s'accentuer au fure et à mesure de votre développement.

Aprés tout votre démarche journalistique (et humaine) n'est peut étre qu'un renouveau qui nous attend. Cela aménera sans doute un peu douleur et de sueur mais c'est cela qui fait la vie.

Je ne développerais pas ici mes idées sur le sujet du livre blanc.
voir sur votre forum de discussion !!

Mais Etant un adepte de la théorie de l'engagement j'ai tendance à penser que le contexte crée parfois les événements. La france change de génération il y a donc des frictions.

Le tout est pour nous quelles que soient nos orientations politiques étre constant. Ne plus avoir les moyens est une chose, le tout finalement (pour l'instant) c'est le savoir.

Cordialement

Anonyme a dit…

Il n'y a pas de déclassement militaire par rapport a une situation actuelle catastrophique hors dissuasion.
On peut simplement regretter que l'on aille pas assez loin sur le Livre blanc et la RGPP défense.

On se demande a quoi rime se message, car hors une attaque de l’industrie d’armement et certaines critiques justes, il est contradictoire.

« Il est malheureusement probable aujourd'hui qu'ils seront déçus »
Procès d’intention ?

Voyons en détail le contenu :
Les pressions des industriels : critique des engagements sur le MRTT et les FREMM, et le spatial si on lit entre les lignes. Bref ils auraient préférés du C17.
Pourquoi pas ? A la DGA certains ont aussi critiqués le choix de l’A400.Moi aussi je l’ai fait.
Le transport aérien n’est pas une capacité critique en termes de technologies (contrairement au Rafale, radars, CME, ELINT, SNA ou Leclerc...) mais le gouvernement a estimé qu’il fallait faire ce programme dans un cadre Européen si on veut faire l’Europe de la défense.

L’absence de vrai étude capacitaire : certes elle manque mais de là à dire que on a une conception de la défense centrée sur les «programmes d'équipement» qui nuirait à la défense, c’est un peu fort de café.

On reconnaît là une nouvelle attaque contre la DGA de la part d'un quarteron d’officiers incompétents sur l’analyse économique et industrielle.

Il me semble que l’absence de réflexion de défense prenant en compte suffisamment la réflexion sur nos capacités industrielles et les programmes d’équipements est bien une des causes majeures de nos échecs de 1914, de la défaite de 1940 ou du pitoyable engagement de la guerre du Golfe.

Laisser les Etats majors décidér chacun dans leur coin des programmes d’équipement sans tenir compte de la logique d’ensemble serait suicidaire. Chacun aurait ses hélicoptères, missiles solair etc…

C’est un peu oublier que notre défense a 3 buts :
-Assurer la protection du territoire national
-Assurer l’autonomie politique de la France
-Défendre nos intérêts à l’étranger en soutenant notre diplomatie y compris par la coercition ou les ventes d’armes.

En l’absence de menace conventionnelle à nos frontières, le maintien de notre base industrielle de technologie et de défense est prioritaire pour l’autonomie et la diplomatie de défense et a un coût.
Si on la perd on ne la reconstituera pas, même avec une forte hausse des crédits alors que on peut tripler l’armée en 4 ans (en réinstallant la conscription).

Le maintien des savoir faire militaire MAIS AUSSI scientifiques et industriels est prioritaire.
On a du mal à voir ou la dérive des couts des armements est non maitrisée alors que c’est le seul endroit ou la France est exemplaire (voir les USA, la GB et autres).

-Sur les OPEX la critique est justifiée mais parlez en à Chirac et la France Afrique.
-Sur le manque d’association des personnels compétents sur le livre blanc, la critique est aussi vraie et ne concerne pas uniquement les militaires.
-Qui est responsable des conflits internes entre armées sinon certains militaires ?
-Quand à faire des choix capacitaires qui entraineraient l’élimination de capacités critiques et des pertes de savoir faire alors que on ne connait pas la menace ni le futur, c’est évidement impensable.
-La critique d’une réduction homothétique est justifiée mais qui l’impose ?
-Quand à designer nommément des adversaires dans un livre blanc c’est un peu dangereux en terme de politique étrangère et ca n’aboutirait qu’a encourager ceux pour lesquels on aurait renoncé à se donner des capacités explicites.

Dire que
« Ce dernier exige à la fois des forces terrestres plus nombreuses, une capacité de projection aérienne et navale plus affirmée, une réorientation des programmes en conséquence. Ces choix ont été faits par les Britanniques voici plus de cinq ans. » est carrément paradoxal et disons le inouï !

Vu que les Britanniques ont réduit massivement les effectifs de l’armée de terre et de la RAF, on est un peu étonné.
D’ailleurs notre nouveau schéma est justement calqué sur les effectifs Britanniques pour donner la priorité au rééquipement en augmentant de 3 Md’€ annuel ceux-ci !
Nos officiers oublieraient il nos problèmes de bosse budgétaire ?
Oublieraient il que justement les moyens navals et aériens sont les plus chers ?
On en voit pas non plus dans cette lettre le moindre soutien a une politique de réserves opérationnelles que les Britanniques ont.

La France jouait déjà dans la division de l’Italie (hors nucléaire et autonomie politique sur les armements) et il me semble que l’on essaie d’en sortir.

La mise en garde est peut être justifiée sur le réseau de base en Afrique mais Djibouti est maintenu.
Elle est justifiée sur la «logique de milieu» concernant l'entretien des équipements majeurs et le danger des externalisations abusives mais est ce pour autant qu’il faut conserver de pareils sureffectifs notamment au niveau de l’AT ?Qui est responsable?
Que les armées reviennent à une organisation du soutien cohérente et productive à cout acceptable !
De même qui est responsable des sureffectifs d’Etat Major ? Nos rédacteurs préconisent ils une loi de réduction des cadres ?

Tout cela ressemble a un procès d’intention sans la moindre analyse économique d’ensemble.

Je suis d’accord sur le fait que la réduction du contrat opérationnel affiché me semble excessive sur le plan puissance aérienne et navale et contrat maximum de projection AT.
Mais la seule solution pour faire mieux est effectivement d’aller plus loin dans la rationalisation de l’AT, de l’AdA et des services communs et de créer une vraie réserve opérationnelle pour dégager un ou deux milliards d’€ annuels de crédits d’équipement en plus.

Le livre blanc en évitant de trop s’engager sur la description des menaces et donc le dimensionnement permet des nouveaux arbitrages au fil du temps. Ce qui est important c’est la hausse des crédits d’équipement !

La réforme va dans le bon sens même si il reste de nombreuses incertitudes.

Et la première d'entre elle est de savoir si les 3 Md'€ en plus iront bien aux équipements (R&D et fabrications et pièces) ou seront affectés à des externalisations sachant que l'armée paiera naturellement beaucoup plus cher les externalisations que ses prestations internes sur son budget, même si au final c'est une économie importante pour l'Etat.
En effet la moitié du cout d'une prestation externalisée part en impots et charges sociales que les entreprises payent et qui revient au budget de l'Etat et de la sécu mais pas dans les poches de la défense.
Même si une entreprise est beaucoup plus efficace elle est intrinsèquement plus chère puisque les travaux sont fait par des personnels dont le cout est chargé par les charges sociales, et que l'entreprise paye des impots et le MINDEF la TVA.

Auquel cas les 3 Md'€ de plus affectés à l'équipement (investissements et maintenance) ne se traduiraient pas par l'augmentation attendue du budget d'équipement sur les fabrications et R&D, mais par une diminution masquée du budget total de la défense.
La balle est dans le cas des EM qui doivent bien se poser la question d'une optimisation adéquate de leurs ressources humaines.
Il vaudrait mieux pour elles qu'elles conservent la maintenance des matériels de combat et de support pour partie, mais en la faisant enfin avec un nombre de personnels adéquat et non en en employant deux fois trop.
Donc avec l'effort de productivité nécessaire.
Et en parallèle exiger la clarification de la notion d'iso budget réel et la réforme du code des marchés publiques de la défense.
Sinon les armées ne gagneront rien et la réforme sera un marché de dupe.
De la même manière les services communs doivent etre au plus juste notamment sur le SSA et la gestion.
Tout est dans l'exécution.
Si celle ci elle mal faite, nos armées en resteront à leur niveau de faiblesse actuelle.
Les EM feraient bien de s'entourer de conseillers économiques non fonctionnaires et pas au rabais.

Le groupe Surcouf n'a pas posé le problème de manière adéquate.Un collectif bien mal nommé si l'on pense que Surcouf était un entrepreneur (puisque un Corsaire) et qui savait etre économe de ses moyens.

Copie à revoir.

PI

Anonyme a dit…

@PI : la critique des industriels me semble justifiée. Trop souvent, on a payé ce qui était abusivement présenté comme des "technologies de souveraineté"... en minorant celles qui l'étaient réellement (JH citait Galileo notamment).

Pas d'accord avec vous sur l'articulation moyens/structures/objectifs-menace : les deux premiers découlent des troisième. On a trop confondu LB et RGPP : on n'est pas là pour faire des économies, on est là pour rechercher de l'efficacité.

Et à emphaser les moyens, on oublie un peu vite qu'ils ne sont que ça, au service d'une politique. Que les industriels se débrouillent pour coller à la défense plutôt qu'à là piller !

Personnellement, je suis d'accord avec Surcouf, je suis officier en retraite (je n'ai pas co-signé : on ne m'a pas proposé). Vous parliez des savoirs-faire militaires, très bien. Mais n'oubliez pas qu'a force de vouloir tailler ce que certains appellent "le gras" (soutien, etc.), vous allez devoir externaliser : où passera le savoir-faire ? A la trappe. Adieu la souveraineté de l'armée sur ses propres forces. Et bonjour les surcoûts. Jetez un oeil (un vrai, en allant sur place, pas ce que vous explique Jane's et Defensenews, qui ne vivent que grâce aux industriels). C'est la cata financière à 10 ans. Evidemment, sur le court terme (entendez, le court terme politique), ça à l'air moins cher.

Je suis aussi pour la réforme. JH a bien compris que s'opposer au LBDSN n'était pas s'opposer à la réforme. On en a besoin. Si tout casser fait très "rupture", ce n'est vraiment pas dit qu'on y gagnera en efficacité.

Anonyme a dit…

"On a trop confondu LB et RGPP : on n'est pas là pour faire des économies, on est là pour rechercher de l'efficacité."

La RGPP est la avant tout pour redonner de l'efficacité.

"Et à emphaser les moyens, on oublie un peu vite qu'ils ne sont que ça, au service d'une politique. Que les industriels se débrouillent pour coller à la défense plutôt qu'à là piller !"

C'est l'armée qui gaspille son propore budget.
Les industriels francais ont des marges faibles et des prix normaux et meme bien maitrisés.
Que l'armée essaye juste d'avoir la moitié de leur efficacité.

"Personnellement, je suis d'accord avec Surcouf, je suis officier en retraite (je n'ai pas co-signé : on ne m'a pas proposé). Vous parliez des savoirs-faire militaires, très bien. Mais n'oubliez pas qu'a force de vouloir tailler ce que certains appellent "le gras" (soutien, etc.), vous allez devoir externaliser "

Pas besoin d'externaliser.Il suffit d'entretenir et d'administrer avec des effectifs normaux et non soviétique.
l'externalisation est un pis aller qui vient de l'impossbilité de réformer sérieusement dans les armées.
Il y a plus de personnels d'entretien dans la seule armée de terre que de professionnels dans toute l'armée Suédoise.
Il y a en a 12 000 à virer dans la seule AT sans devoir pour autant externaliser et pour le meme travail avec des horaires normaux.
C'est simplement une inefficience absolue.

PI

Anonyme a dit…

Faut voir les choses en face : la RGPP se fiche de la stratégie et de la puissance de la France, elle veut couper des budgets... D'accord avec laverdure, l'externalisation pend au nez des armées : toutes ces décisions sont prises trop vite pour être mûres. Ca taille et ça ne réfléchit pas plus loin.

Et je vous assure - parce que je l'ai entendu à Eurosatory - que si on râle dans les stands parce qu'il n'y aura pas plus d'investissement (quoiqu'on en dise) mais on se frotte bien les mains pour les MCO. Premiers perdants, nos hommes vont devoir se contenter de simulations au lieu de s'entraîner comme il se faut.

Et rassurez-vous, les industriels, s'ils vendent sans surcharger, savent très bien nous proposer un tas de gagdets pendant qu'on crapahute avec des godasses dont personne ne voudrait.

Au fait : entre la Suède et la France, il n'y aurait pas comme une (très) légère différence d'ambitions et de moyens ?

Anonyme a dit…

Au fait, vous qui portez un intérêt tout particulier à nos forces (on ne peut que s'en féliciter tant certains voudraient que l'on n'en parle plus) : il me semble que vous sous-estimez la complexité de nos matériels et de leur soutien. C'est parfois extrêmement complexe et je vous garantis que sans nos rampants, nous serions incapables de voler. D'ailleurs, vous avez vu sur quoi on vole ? Pour se payer quoi ? Une NEB incapable de faire du temps réel ? Des VBCI alors que nos voisins produisent quoi ? 7-10 équivalents ?

On a des problèmes, c'est certain. Mais vous pensez vraiment qu'avec la composition de la com' du LB, on ait affaire à des gens compétents pour régler des problèmes techniques dont ils n'ont aucune idée, malgré tout le respect que je leur porte ?

Je dis que Surcouf a eu raison. Et que, comme dit J.Henrotin, c'était courageux.

Anonyme a dit…

"Au fait : entre la Suède et la France, il n'y aurait pas comme une (très) légère différence d'ambitions et de moyens ?"
Tout a fait mais on peut comparer ce qui est comparable par exemple le nombre d'hommes nécessaire pour servir un seul avion ou char.
On peut le faire avec des tas d'armées: GB, USA, Australie etc...
La France dans ce domaine bat l'ex Union Soviétique en terme d'inefficacité d'ou des surcouts qui se font au détriment de l'équipement.
La raison? Un absence de volonté sur la réduction de sureffectifs post guerre froide, une bureaucratie inouie (il faut bien occuper et justifier les personnels en, surnombre avec un "travail") doté de règles desastreuses, une mauvaise organisation, des matériels vieillissants et un manque de pièces de rechanges (evidemment du aux sureffectifs: si on a pas d'argent pour l'équipement neuf on contraint aussi le budget pièces MCO) qui entraine elle meme des besoins supplémentaire en heures de maintenance, et il faut le dire des personnels qui glandent pour certains comme j'ai pu m'en apercevoir de visu a de nombreuses reprises).La difference entre un ouvrier qui travaille vite, doté de bon outils et de pièces sous la main, et un mauvais qui met deux fois le temps necessaire entre deux poses cafés et qui va chercher les pièces a l'autre bout de la base ou vous dit qu'il reviendra parceque il doit les commander.
A la fin vous avez deux à trois fois le nombre de personnels normaux dans certaines fonctions.

A propos l'AT Suédoise a pas mal de chars, de VCI MODERNES et de pièces antichar, et de tenues modernes pour ses soldats y compris anti detection infra rouge.

La France a des unités opérationnelles capables mais sous équipées en faible nombre, un bon procurement coté DGA dans l'ensemble (mais avec de sureffectifs coté centres d'essais), et le reste est une catastrophe.
Si on recalcule l'ensemble des armées en partant d'une feuille blanche et des meilleures pratiques, on s'apercoit simplement que l'on peut doubler la puissance conventionnelle militaire de la France a iso budget tout en conservant le nucléaire actuel, en augmentant la R&D et le spatial/renseignement de 20% et sans diminuer les soldes ou imposer des horaires déments.

PS: la complexité je la connais pour avoir été ingénieur et chef de projet/programme sur des systemes complexes avant.
Quand a accuser les industriels , c'est grotesque.Avez vous lu les rapports annuels des societés qui font des profits faibles par rapport au civil et ont des personnels moins payés que dans l'industrie civile et meme les armées pour pas mal?
Le probleme de nos sociétés d'armement est aujourd'hui d'attirer les bons vu les salaires!
Car les ingénieurs, techniciens et ouvrier sous payés sont rarement les meilleurs.L'inquiétude est énorme sur les jeunes générations.
Certes on se rattrape sur les pièces de rechange puisque l'armée a été assez stupide pour ne pas avoir de prix garantis long terme, mais les profits sur les matériels neufs sont faible, tres faibles voir nuls ou des pertes.
Quand on demande a Dassault et au autres de financer sur fonds propres 25% de la R&D Rafale (cas unique au monde et justifié en leur disant qu'ls se récupereront sur les exportations) et qu'ensuite on étale le programme, réduit les commandes et le rend inexportable, le tout face à un euro cher/$ que voulez vous faire de la part de Dassault et des autres?
Et bien quand vous etes en position de force sur le MCO , vous faite cracher les armées pour vous récuperer.
Les industriels ne sont pas responsables de la mauvaise gestion des armées.
Quand vous travaillez avec la bureaucratie du MINDEF, face a certains personnels (pas ceux des unités operationnelles) vous revez parfois en votre fort intérieur de les battre à mort a coup de batte de base ball face des gens bouchés, qui ne voit que le petit bout de la lorgnette et finissent à 5 heures du soir tout en vous faisant des remarques insultantes sur le privé (alors que vous avez passé des nuits quasi blanches pour tenir les délais).

Anonyme a dit…

La politique de la table rase est une hérésie. Nous profitons tous du travail de nos prédécesseurs.

Qu'est ce qui empêche les spécialistes de l'économie de faire - oeuvre bénévoles - et de rentrer en contact avec les états majors ?
On parle de fond de commerce ou d'état nation là ??