jeudi 22 mai 2008

Le jour de vérité

Bonjour l'Europe. Avant de me remettre à la guerre biologique, juste quelques lignes histoire de se rappeler que c'est aujourd'hui que le Livre Blanc doit être présenté aux parlementaires français.

Qui, par ailleurs, on déjà fait connaître un certain nombre de points de vue : ils veulent donner la priorité à l'aéromobilité aux aux frégates FREMM, tandis qu'un consensus semble se dégager pour considérer que la numérisation de l'espace de bataille n'est pas une priorité. Ce qui pose donc bon nombre de questions pour l'avenir de l'opération Scorpion, par ailleurs largement abordée dans le prochain hors-série de DSI.

Pour le reste, les grandes lignes du LBDS sont connues : à l'intérieur, emphase sur la protection du territoire (y compris l'inclusion bienvenue de la résilience) ; à l'extérieur, emphase sur le renseignement et diminution du volume des forces. Point sympa, l'appel à un meilleur financement de la R&D. Mais la mesure apparaît comme un contrepoids aux processus de réduction/étalement des commandes : garder les bureaux d'étude ouverts et opérationnels est un moindre mal.

Reste, néanmoins, comme un petit goût d'échec : sursaturer le maillage sécuritaire intérieur ne garantira jamais qu'aucun attentat ne se produira, alors que disposer des instruments d'une manoeuvre de crise offre une plus haute probabilité de succès.

Encore une fois, le repli sur soi - parce que c'est fondamentalement ce qui se prépare - dans les conditions stratégiques actuelles est une mauvaise posture. A travers l'histoire, ce type de défensive s'est toujours montré dépassé... et l'est encore plus dès lors que la France entend toujours jouer un rôle important.

On ne peut séparer les dimensions diplomatiques des militaires (j'ai toujours eu en horreur cette fixation journalistique pour une dichotomie entre "solution politique" et "solution militaire", alors que la "solution militaire" est sans doute la plus politique qui soit !). Or, la résilience nous permettait d'en jouer comme d'un "bouclier" nous permettant de se concentrer sur la "lance", à savoir la défense elle-même.

Au contraire même, la tendance de l'époque est à une meilleure coordination des lignes d'opérations. Irions-nous donc droit dans le mur ? Malheureusement, il y a des chances. Les demis-mesures se sont succédées et les économies n'ont pas nécessairement été réalisées aus bons endroits. Prenons, par exemple, la composante aéroportée de la dissuasion : elle avait une signification certaine dans le jeu sémiotique de la guerre froide. En a-t-elle encore une ? Au risque de fâcher certains, non.

Peu d'Etats sont en mesure de distinguer l'arrivée d'un ASMP-A de celui d'un M-51. Et leur réaction en cas d'explosion d'une charge nucléaire sur leur territoire ne sera pas modulée du fait du vecteur porteur. D'autant plus que nous sommes sensés nous attaquer aux centres décisionnels - qui sont le plus souvent des centres urbains - et qui ne seront donc pas en mesure de décider s'il s'agissait d'un vecteur aéroporté ou balistique. Et de toute façon, en cas de besoin - un show of force, par exemple - rien n'empêche de faire sauter une TNO dans un désert.

En attendant, des avions sont trop souvent mobilisés pour ces missions et l'entretien des armes coûte cher. Dans le même temps, trop peu de missiles de croisière - un véritable outil de manoeuvre de crise - sont disponibles et l'armée de l'Air voit ses effectifs descendus en flamme. Parce que, honnêtement, vous pensez réellement que l'on re-commandera des Rafale après 2020-30, une fois que les Mirage 2000 seront arrivés au terme de leur vie (et dans quel état !) ? Maintenir la chaîne de production opérationnelle va être un vrai casse-tête, d'autant plus que les exportations ne suivent pas.

3 commentaires:

DaDouH a dit…

Je partage totalement votre analyse.
Le militaire est un outil du politique et on l'oublie trop facilement.

Quand à la dissuasion nucléaire, j'ai l'impression que certains ne voient pas le temps passer...
Si dans l'absolu un ASMPA fait moins de dégats qu'un M51, il faut réellement avoir un sang froid diabolique pour faire la différence quand l'une de ses villes est rasée.
De plus je m'interroge toujours sur la réelle pertinence opérationnelle de cet outil. Un mirage 2000 va pas loin et l'utilisation de ravitailleurs suppose que l'action soit préméditée (je pense notamment à une action vers certains pays du moyen orient^^)


Une petite remarque.
Je me demande ce que signifie "priorité" pour nos dirigeants.
En effet vous affirmez que els FREMM seront prioritaires or "Mer et Marine" sous entend un décalage.

http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=107617

Enfin pour le nombre de rafales, on va nous ressortir l'argument (partiellement vrai) que le rafale peut faire le boulot de 2 mirages et que donc il faut réduire le nombre parce que sinon on pourrait croire qu'on se réarme et qu'on pourrait faire la guerre... :s

Hier soir j'ai pu voir à la TV, un reportage sur nos glorieux commando marine qui opéraient au alrge de la Somalie. Le but du reportage était de montrer que notre armée était parfaitement entrainée et disposait de tout le matériel nécessair.
Au fond de moi j'ai eu le sentiment qu'on essayait d'"endormir" l'opinion publique et la rasssurée...

Espérons que c'est juste moi qui en fait trop.^^

Anonyme a dit…

"En a-t-elle encore une ? Au risque de fâcher certains, non.
"
Bien au contraire si.
L'emploi d'une arme nucléaire contreforce pour un ultime avertissement en l'absence de l'ASMP supposerait que l'on demasque un de nos SNLE qui deviendrait immediatement vulnérable meme a une tierce partie qui pourrait nous le couler pour que nous ne continuions pas a brandir le nucléaire.

Or il nous faut 3 SNLE pour garantir l'efficacité de notre dissuasion face a un adversaire ou des tierces parties(une grande puissance) qui le soutienne en cas de crise grave (comme à Suez) et meme deux minimum à la mer pour uniquement garantir Paris face a un chantage anticité.

Sans l'ASMP en complément notre dissuasion ne sert plus qu'a nous garantir d'une frappe nucleaire anticité mais ne permet plus de brandir la meance nucléaire en premier meme sous forme d'ultime avertissement ou d'etre crédible face a une escalade atomique tactique sur le champ de bataille.

De plus l'ASMP-A a d'autre capacités qu'un M45 ou M51 n'a pas en terme de precision, d'absence de détection par satellite DSP du tir (permettant d'avertir l'Etat ennemi et les dirigeants), ou de possibilité antibunkers ou encore naval et évidement du fait que c'est une charge unitaire plus puissante et modulable.

En dernier lieu il y redondance face aux armes ABM et la possibilité de destruction de nos sous-marins.

Je suis vraiment etonné que vous ne le compreniez pas tout ces facteurs.
L'ASMP-A est TOTALEMENT indispensable et COMPLEMENTAIRE.

Une dissuasion nucléaire n'est crédible que si elle est antiforce en premier lieu et un minimum graduée.
Sinon c'est le suicide et ce n'est pas crédible d'autant plus que nous pourrions etre mis en accusation à la Haye de destiner notre force de dissuasion a des frappes criminelles anticité.

PI

Anonyme a dit…

Je d'accord avec Pi, on peut faire de la ''gesticulation'' avec un avion (qui n'est obligatoirement seulement affecté à la dissuasion), pas avec un missile...

Des A-4 ou des P-3 emporter l'arme nucléaire durant la ''guerre froide'', actuellement, il suffit juste d'indiquer aux gouvernement concerné qu'il y a des jets en train de s'entrainer pas loin de son espace aérien et qu'il y a intérêt à se tenir à carreau.