mercredi 27 août 2008

Carburants : l'US Air Force toujours en avance

C'est passé relativement inaperçu mais l'USAF vient de faire voler un F-15 à Mach 2,2. Rien de plus normal sauf que le carburant utilisé était à 50% synthétique, utilisant notamment du gaz naturel. Selon les pilotes, il n'y aurait aucune différence entre ces carburants et un chargement uniquement composé de JP-8. L'USAF poursuit ainsi avec succès son ambitieux programme de réduction de sa dépendance au kérozène.

Ma question sera sans doute idiote. Mais la recherche en ces domaines et en ces temps de contraction budgétaire me semble être digne non seulement de faire faire des économies sur les budgets "opération" mais aussi de maintenir l'entraînement de nos personnels à un haut niveau (la hausse des coûts de carburant a entrainé des annulations d'entraînements) tout en permettant de s'affranchir, au moins partiellement, d'une dépendance énergétique qui peut coûter très cher, politiquement.

Aussi, ne serait-ce pas plus utile de se concentrer sur ce qui pourrait se concevoir comme le sang de nos armées, plutôt que sur des percées dans le domaine des radars trans-horizon ou celui des antimissiles de défense de territoire ? Certes, sans radars, vous êtes en danger. Mais sans carburant, vous êtes en danger et vous ne pouvez plus bouger. A bien choisir...

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Qu'est-ce qui garantit que le gaz naturel est insensible au fluctuation du marché de l'énergie?

Même quantité limitée, même difficulté d'exploitation, zone d'extraction sous domination russe ou proche orientale.
Les civils se tournent déjà de plus en plus vers la gaz d'où pression sur les prix.

On y gagne vraiment en coût et en indépendance à passer au gaz naturel?

PS: Airbus/Rolls-royce/Shell ont fait voler un A380 dont un des réacteurs fonctionnait au carburant synthétique. Certes ce n'est pas un réacteur d'avion de combat mais je ne pense pas qu'on soit largué technologiquement en Europe.
http://www.aerocontact.com/news/ac_news_art.php?ID=06126

Anonyme a dit…

Sachant combien la France dépense en recherche dans le domaine du pétrole et de l'automobile (IFP, CEA...) on ne peut qu'étre vraiment surpris de constater qu'aucune action n'ait été mené dans ce sens par nos armées.

La logique budgétaire de la fonction publique fait encore loi.

Nous allons aller loin.

A pieds

Anonyme a dit…

Le programme américain a une ampleur beaucoup plus importante : d'ici à peine 2 ans, ils l'utiliseront systématiquement sur leurs bombardiers et leurs transports !

Et puis, le synthétique n'est pas constitué que de gaz, juste de certains composants...

Anonyme a dit…

Je serais très curieux de connaître la réalité d'un tel programme derrière l'effet d'annonce. Je travaillais jusque dernièrement pour un des tous gros acteurs de l'énergie et des carburants de substitution, et je puis vous dire que la réalité du marché est crucialement différente des effets d'annonce.

En somme, pour prendre une bête image, vous vous rappelez des gros MAN polycarburant qui parcouraient les villes de Belgique au bon vieux temps? Ils étaient réputés pouvoir rouler au diesel, essence, grand marnier ou chanel n°5. Certains les voyaient même bouger à la chope, mais ce n'étaient pas les camions qui l'avaient consommé. En fait, transformer un moteur afin de l'adapter à un carburant qui, en pratique, est à 99% chimiquement similaire au carburant pour lequel il est prévu est "facile".

Ce qui est difficile, c'est de trouver de quoi faire du carburant: nous ne produisons certainement pas suffisament de matière ou de déchets organiques permettant de couvrir notre dépense énergétique, même en "bioethanol de seconde génération", contrairement à ce que je ai encore entendu ce matin vers 5h00 dans la bouche d'un "expert" sur les longues ondes de RTL ou d'Europe 1, alors que je traçais à 180 derrière eine grosse audi sur une autoroute de Bade-Wurtenberg pour aller choper mon afion té la loufthansa à Frankfurt/Main (toutes choses qui pourraient aussi se faire avec du carburant de substitution). Idem pour le Biodiesel. Et idem, d'ailleurs pour tous les substituts sur quelque base qu'ils soient transformés, gaz, électricité, etc.

Croyez-moi, Joseph, le sujet est passionnant, et contrairement à ce que l'on entend parfois, derrière les effets d'annonce, il n'y a pas de solution miracle.
alex

Europe in the World a dit…

D'un autre point de vue, plus "environnemental", je pense que les développements militaires sont intéressants à suivre également. En effet, on sait combien la recherche militaire est capable d'investir plus de fonds que la recherche civile. Et donc, si l'armée venait à développer des technologies de consommation alternatives, elles pourraient ensuite être adaptées dans le monde civil.

Plusieurs rapports intéressants à ce sujet ont été publiés par le Congrès américain. A suivre donc...

Anonyme a dit…

Je voulais être la première pour te féliciter de ta 200.000ème visite ...

Anonyme a dit…

@Thomas Renard

A ceci près que l'armée n'a aucune capacité de recherche. La DGA peut conduire les industriels a mener des recherches, mais l'"arméeé n'est que cliente de la DGA.
Faut arreter de regarder les films américains.

Anonyme a dit…

L'IFP (institut francais du pétrole) fait des recherches sur les carburants de substitution.
Mais il faut etre rationnel.
Les carburants...ne représentent que un peu plus d'UN pourcent du budget de la défense.
Il y a de la marge!
De plus le procédé Fischer-Tropsch (transformation du charbon en carburant) bien connu et maitrisé assure que l'on ne manquera jamais de carburant.
La DGA n'a pas d'argent a mettre vu la faiblesse de notre budget par rapport au besoins.
Désolé mais mieux vaut pour la France investir 30 md'€ annuel en R&T (recherche et technologie) de plus sur la furtivité ou les radars que sur les carburants de substitution qui sont une problématique surtout civile quand on ne dispose que de 700 md'€ annuel pour la R&T militaire hors nucléaire (10 fois plus pour les USA).
On a du mal a tenir le rythme sur les techno militaires (qui sont limité en acces) alors on laisse le dual au civil, et c'est NORMAL et LOGIQUE.

PI

Anonyme a dit…

Pour connaître le Service des Essences de l'intérieur, je serais nettement plus nuancé que PI. Les prix imposent de fortes restrictions dans l'entraînement et les procédés dont il est fait mention ne sont toujours pas appliqués. Leur maîtrise même est douteuse en particulier lorsque l'on voit ce que les Américains sont capables de faire en termes de réduction des coûts que nous ne sommes pas capables d'atteindre. Or, ces coûts déterminent l'utilité du processus en regard des carburants "traditionnels". ^

Pour ce qui est du dual, j'ai de gros doutes : le poids politique des pétroliers, leaders dans ce type de ercherche, est trop important. Ils continueront d'exploiter leur filon traditionnel avant d'en explorer d'autres. En attendant, les forces perdront de leur valeur par réduction de leurs enveloppes d'entraînement.

Par ailleurs, il n'est pas uniquement question de coûts, lorsque l'on parle de carburant. Il est aussi question d'indépendance et de liberté de manoeuvre. No comment là-dessus mais nous sommes actuellement en mauvaise posture. Nos "camarades" du nord ont compris beaucoup de choses...

Anonyme a dit…

PI qu'est ce qui est marqué dans le marbre en économie, le prix des carburant, le budget alloué à la défense ?
Ou peut étre l'absence de comptabilité analytique dans le domaine militaire ?

Nous ne sommes plus en période de guerre froide. Contre qui faisons nous la course contre des technologies US irrattrapables ou contre les technologies russes et chinoise ?
Que risque t'on d'avoir en face de nous en saturation ?

Anonyme a dit…

Le ministère de la défense n'est pas a 100 md'€ pres sur les 350 md'€ des carburants quand on connait le cout hallucinant des personnels des armées egal à 21 000 md'€ pensions comprises et cout direct de support des personnels (dont 30% inutiles par rapport aux besoins exprimés).
Ce qui est aberrant en France c'est les regles de gestion du MINDEF.
http://www.senat.fr/rap/l07-091-38/l07-091-3817.html

"Contre qui faisons nous la course contre des technologies US irrattrapables ou contre les technologies russes et chinoise ?"
Les 3 car les Russes et les Chinois essayent de rattraper les USA que nous arrivons a suivre quand l'effort est fait.
Nous ne vendrons pas de matériel dépassés a l'export pour baisser les couts des matériels pour nos armées et obtenir de l'influence diplomatique (substitution aux USA ou au Russes).
Nous consacrons 600 md'€ seulement à la Recherche et technologie non nucléaire dans le budget défense ce qui doit etre augmenté (pris en compte dans le LB bien heureusement).
Un retard pris dans la R&T est tres difficile a rattraper (ca prend des décennies d'effort) et la capacité technologique , c'est l'autonomie et la liberté du pays.

Si vous voulez des économies réelles au profit des matériels, MCO et carburants, il faut arreter de payer autant de militaires inutiles et non projetables, et trop souvent incompétents au détriment du coeur et de l'avenir.

Parceque nous n'avons pas de gros bataillons russes a notre frontière mmédiate, nous devons avoir une armée de projection donc de haute technologie capable de vaincre en sous nombre quelque soit le type d'adversaire et de combat et de travailler avec nos alliés.
Si les armées doivent passer de 250 000 personnels à 150 000 (en sauvant l'infanterie de 30 000 h indispensable) mais avoir 10 000 ingénieurs et scientifiques de plus dans l'industrie de défense, c'est tres bien.
C'est ce qui compte dans le contexte actuel.

Maintenant il n'y aucune inquietude a avoir sur les carburants pour les 50 ans a venir (Fischer-Tropsch au minimum) et l'IFP travaille sur les carburants aviation déja pour le civil en priorité.
Mais ce n'est pas l'IFP qui travaillera sur les radars et CME...
PI

http://www.dgac.fr/html/actu_gd/actu2005/semin_dast/02IFP_OAppert.pdf

Anonyme a dit…

L'approche technologique a très largement eu ses limites en Géorgie : drones au tapis, avions aussi (malgré une supériorité qualitative nette de la partie géorgienne) et chars surblindés itou.

A un moment donné, la quantité - même si c'est la 58ème armée russe, faite de bric et de broc - est VRAIMENT une qualité...

Anonyme a dit…

Exactement, il vaut mieux avoir les 2, je rêve de centaines VBCI à moteur hybrides avec des dizaines drones de combat et de surveillance à moteur électriques ''sécurisant'' une mégalopole tandis que des escadres de Rafales volant avec des carburant synthétique contrôle le ciel :)