jeudi 15 novembre 2007

Noël approche : quelques idées de lectures (2)

A la suite de notre post d'hier, la sélection du jour (parue dans DSI 29) est L'ensauvagement de Thérèse Delpech (L’ensauvagement. Le retour de la barbarie au XXIe siècle. Paris : Hachette littérature (Pluriel), 2005, 366p.).

L’époque actuelle, c’est indéniable, recèle autant de dangers que de moyens d’y faire face. Reste, toutefois, à pouvoir l’appréhender à sa juste mesure, tout en nuance – parce qu’on ne répond pas avec des analyses grossières à une Zeitgeist, un esprit du temps, complexe. À cet égard, l’ouvrage de Thérèse Delpech montre que l’on peut à la fois allier éthique et Realpolitik.

Auteure pour le moins connue, elle produit ici un ouvrage très intéressant – que sa parution en format « poche » rend en outre accessible aux étudiants –, formulant un certain nombre d’hypothèses et les validant. Premièrement, les intellectuels sont condamnés à se tromper mais l’on ne peut faire sans eux. Et l’auteure de prendre ce qu’elle appelle le « télescope » pour montrer à quel point nous sommes trop proches de l’actualité que pour avoir un jugement digne de confiance.

Deuxièmement, elle définit son concept d’ensauvagement. Contre un Norbert Elias ayant une vision par trop linéaire du progrès social, Delpech montre la permanence et la diversification, consubstantielle aux sociétés dont elle est le fruit, de la violence.

Troisièmement, elle montre à quel point nous sommes peut-être plus proches de 1905, en tant « qu’année 0 » des transformations radicales qui allaient animer le 20e siècle, que du 21e siècle ! Entre révolutions scientifiques et politiques et complexité d’une interdépendance économique qui ne sera, une fois 1914 venu, nullement garante de paix, 1905 ressemble fort, effectivement, à notre monde.

Avec une plume peu avare de réflexions pénétrantes, Thérèse Delpech nous offre donc un excellent ouvrage qui, si certaines des positions qu’il défend peuvent être critiquées, est de loin supérieur en termes prospectifs à la Brève histoire de l’avenir d’un Attali ronflant de réinventer les roues conceptuelles et perdant une méthode qu’il avait pourtant eu plus assurée.

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