jeudi 29 novembre 2007

Hélicoptères : l'enlisement afghan

L’OTAN a reconnu que son principal souci en matière opérationnelle en Afghanistan était le faible nombre d’hélicoptères disponibles. Des commandants ont indiqué au cours de la conférence Heli-Power (qui se tenait en partenariat avec DSI) qu’ils faisaient face à un constant déséquilibre entre l’offre et la demande en moyens héliportés d’attaque et de transport.

Bien souvent, les membres européens de l’OTAN sont réticents à envoyer des voilures tournantes en Afghanistan, du fait des coûts de transport et d’entretiens induits. De ce fait, l’OTAN considère cette question comme hautement prioritaire et envisage une série d’options telles que l’acquisition par l’Alliance d’un pool de Mi-17 Hip tchèques ou l’optimisation de la logistique.

En filigrane, on peut néanmoins se poser la question de l’intérêt pour les armées européennes d’acquérir des appareils de plus en plus coûteux et d'aligner des chiffres mirobolants dans les annuaires stratégiques pour que ces mêmes armées soient, in fine, incapables de les projeter sur des théâtres d’opérations lointains...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca rappelle un petit peu l'histoire des Apache US envoyés en ex-Yougo, gardés au sol par crainte des SAM et de la mitraille adverse, trop chers pour être utilisés.

What is the point?

Même question pour l'ABL: vaut-il mieux 30 Hueys sortant d'usine, disponibles toutes versions possibles (SAR, ASM, fret) ou 12 non, 10, non, 8 NH90 ultraperfectionnés et tellement chers que la commande fond un jour après l'autre?

alex

Anonyme a dit…

C'est le même dilemme avec d'autres missions en vue à préparer. Celle du Darfour.

Les pays présents en Afghanistan comme le Canada/Pays-Bas/Australie n'ont pas des parcs de HM ou HC extensibles, ils tournent à flux tendu. D'autres gros contributeurs OTAN hors USA ne veulent plus y déployer plusieurs dizaines d'aéronefs, faute de contraintes budgétaires ou de DTO de leur parc.
Ils préservent et gèrent leurs voilures sur la durée du programme de l'hélos.

P

Anonyme a dit…

Dans ce court billet, nous ne disposons pas des détails nous indiquant pourquoi l'OTAN a tant besoin d'hélicos en Afghanistan.

Selon ce qui s'en dit de ce côté-ci du grand lac bleu (le Canada ayant aussi son problème hélico), il semble qu'on cherche à recourir à ce moyen de transport pour éviter d'utiliser les routes afghanes, qui ne sont pas assez sûres.

Si c'est le cas, le problème est-il vraiment un manque d'hélicos ou bien un refus de "certains" membres de l'OTAN (la politesse élémentaire nous empêchera ici de révéler des noms) de s'impliquer activement au sol en Afghanistan ?

De ça aussi on en parle de ce côté-ci du lac...

Anonyme a dit…

Pour le coup des Apache US en RFY il faut quand même retenir qu'ils étaient au moins déployés eux ! Certes ils ne venaient pas de très loin mais bon... là le problème n'est pas qu'on craigne la menace mais tout simplement que les appareils ne sont pas suffisamment nombreux sur le théâtre (la preuve ceux qui y sont volent).

Au vu de la tournure que prennent les budgets de défense européens (et français en particulier), et sachant de plus que les opex sont notoirement sous financées dans ces budgets, elles finissent bien souvent par amputer les budgets d'acquisition, on peut donc comprendre la réticences des états majors à jouer les flambeurs.

Ce n'est donc pas les éventuelles menaces présentes sur le théâtre pour les hélicoptères qui fait reculer tout le monde, mais il s'agit (je pense) de préserver les budgets d'acquisition en évitant de les plomber via les opexs. La période est cruciale alors que les parc de matériels vieillissent, que les couts d'entretien explosent et que la relève tarde à arriver avec des retards qui tournent autour de 10 ans en moyenne et qu'une revue des programmes à venir n'est pas à exclure.

Anonyme a dit…

@ Radisson :
Si c’est à mon beau pays en forme (relative) d’hexagone que vous pensez, vous avez raison…
L’opinion publique, mal instruite des enjeux de ce conflit, n’est absolument pas prête à « faire la guerre » en Afghanistan et les politiques, fort peu préoccupés eux aussi par cette lutte pourtant cruciale (ce qui est plus grave en un sens), se contentent du minimum : des attaques aériennes quotidiennes mais des troupes terrestres qui se tiennent loin du front et s’impliquent davantage dans les PRT (dont l’efficacité, en l’état, reste à démontrer) et la formation de l’ANA. Quant à nos hélicos, il ne faut pas trop rêver à mon avis : nos vieux Puma, outre qu’ils sont déjà bien fatigués, sont occupés ailleurs et puis risquer de perdre des soldats là bas si un appareil va au tapis… Politiquement, ce n’est pas jouable même si je regrette personnellement ces choix et considère que cette guerre est à la fois juste et utile (ce n’est pas l’Irak).
Merci donc à nos alliés mais, sauf retournement de situation fort improbable, ils devront continuer à aller, très courageusement d’ailleurs, au carton sans nous…

Anonyme a dit…

A notre cher québecois:

La France et la Turquie stationnent leurs contingents à Kaboul et dans sa région, l'Allemagne dans le nord et l'Italie et l'Espagne dans l'ouest. Le contingent britannique est majoritairement déployé dans les provinces du sud, tout comme les contingents canadien et néerlandais. Les troupes américaines sont pour leur part déployées dans l'est et le sud du pays.

Aujourd'hui encore, l'opération Enduring freedom et la FIAS coexistent, certains pays participant à l'une et à l'autre de ces deux missions (Etats-Unis, Canada, Allemagne, Pays-Bas notamment). La France avait maintenu 200 à 250 hommes des forces spéciales au sein de l'opération Enduring freedom, sous commandement américain, jusqu'au début de l'année 2007. Elle a recentré sa participation sur la formation des forces spéciales afghanes, avec une vingtaine d'instructeurs. Ainsi que 200 OMLT.

L'extension géographique des responsabilités de la FIAS a soulevé une première question : l'intérêt de maintenir deux opérations distinctes et la clarification de leurs mandats respectifs. Cette question a donné lieu à des débats entre alliés au cours desquels ont été confrontés des arguments liés à l'efficacité militaire et d'autres, avancés notamment par la France, insistant sur l'impact politique qu'aurait une confusion entre des missions de contre-terrorisme relevant d'Enduring freedom, et l'appui à la reconstruction politique, relevant de la FIAS. Un compromis a été trouvé. D'une part, le plan d'opération de la FIAS a été redéfini et inclut le soutien à l'élaboration d'une politique de sécurité des frontières, la coordination des opérations de police menées conjointement avec l'armée afghane, la supervision d'une partie de la formation, mais il ne comporte pas les missions de contre-terrorisme, qui restent du ressort d'Enduring freedom. D'autre part, la fusion des deux opérations a été écartée, mais une « synergie » a été recherchée en établissant des connections à certains niveaux des deux chaînes de commandement

2 Caracal Resco étaient déployés, maintenant remplacés par 2 Cougar Mk1.

P

Athéna et moi... a dit…

Bonjour tout le monde,

On ne prend pas la mouche ! Si l'on reste logique, nous sommes absolument tous à la bourre dans l'engagement de moyens pour OEF/ISAF - et ça vaut d'autant plus pour la Belgique (je suis Belge).

Lorsque l'OTAN râle sur les commitments, je comprend : l'ISAF a à peine plus d'hommes sur le terrain en Afghanistan qu'au Liban. Et leurs moyens ne suivent pas non plus. Dans cette affaire, il ne s'agit pas uniquement de faire plaisir aux US (qui auraient été mieux inspirés de se concentrer sur l'Afghanistan plus que sur l'Irak) : il s'agit d'éviter la chute de toute une région dans "le côté obscur".

Et, manifestement, personne ne semble l'avoir compris. Si nos seules excuses sont que les process de maintenance sont trop coûteux, que l'on attend la "grande guerre", dissolvons d'emblée nos armées et réaffectons l'argent ailleurs, ce ne sont pas les secteurs qui manquent.

Ce que je veux dire par là, c'est que l'avenir se joue bien loin de chez nous et que si nos politiques ne sont pas prêts à transformer les forces comme il le faut et si ils ne prennent pas la mesure de ce qu'est la mondialisation, nos forces ne seront pas en mesure de générer les effets politiques stratégiques que l'on attend d'elles...

En d'autres termes, qu'il s'agisse de combattre symétriquement ou asymétriquement, nous serons, de toute façon, perdants. Simplement parce que, quel que soit l'attachement que l'on a à l'un ou l'autre mode opératoire, l'avenir sera expéditionnaire. Et si nous ne sommes pas prêts, nous ne servons à rien.