En indiquant le 16 septembre qu’à l’égard de l’Iran, qu’il fallait « se préparer au pire » soit « à la guerre », le ministre français des affaires étrangères renouait – sur fond de mini-polémique quant à la dureté de propos – avec la conception classique de la diplomatie. En l’occurrence, ce « modèle classique » impose de se mettre en position de force avant la conduite d’une négociation. Aussi, si plusieurs observateurs interpréteront ce positionnement comme tel, il intervient également après la prise de position allemande, à l’époque de Gerhard Schröder, indiquant que toute option impliquant la force était écartée.
Sa déclaration avait alors été critiquée par une partie de la communauté des experts, indiquant que le chancelier allemand minait la crédibilité des pressions exercées ou planifiées à l’égard de Téhéran. Kouchner, de ce point de vue, pourrait avoir remis les Européens en piste, le ministre indiquant cependant dans la foulée de sa déclaration que la diplomatie restait « la meilleure option » et que « l’armée française n’est pas pour le moment associée à quoi que ce soit ni à aucune manoeuvre que ce soit ».
On se rappellera néanmoins que les dernières manœuvres Agapanthe, impliquant le porte-avions Charles de Gaulle, s’étaient déroulée dans le Golfe persique et qu’elle ont participé, non-officiellement bien sûr, d’une certaine pression sur Téhéran.
Dans le même temps, l’intervention du ministre des affaires étrangères se produit peu après une suite de déclarations portant sur le retour du Moyen Orient dans la logique diplomatico-militaire française. Après la visite en Irak du ministre des affaires étrangères et le discours aux ambassadeurs du Président de la République, le ministre français de la défense indiquait dans son discours de clôture des Universités d’été de la Défense que la région constituait la seconde priorité géographique de la France, après l’Europe.
Reste, toutefois, que le retour français sur la scène moyen-orientale se produit aussi dans un contexte de questionnements intra-européens alors que, justement, Paris entend mettre l’Europe en ordre de marche face à Téhéran. En effet, poursuivant sur sa lancée en faveur d’une Europe de la défense, la rencontre du 10 septembre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel a notamment porté sur la coopération allemande à la dissuasion nucléaire française… et le Français d’essuyer un refus.
On le comprendra, le dossier iranien, en plus d’être un test pour la nouvelle posture diplomatique française, pourrait également en être un pour les efforts de Sarkozy en faveur d’une PESD mais aussi pour l’évolution future des relations franco-allemandes, pour une relation franco-américaine en pleine reconfiguration (sans toutefois que l’on ne puisse parler d’alignement sur Washington, ce qui semble très excessif) mais aussi pour un rapprochement avec la Grande-Bretagne qui semble absolument indispensable à toute PESD « remusclée ».
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1 commentaire:
"Parlez doucement avec un gros baton" comme disait un président américain du début du XXe S. ?
Franchement, j'ai vut l'interview TV et Koutchner à bien préciser qu'il s'agissait du dernier recours.
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