lundi 6 août 2007

De passage en République Tchèque...

Un pays étonnant, extrêmement dynamique, où les indépendants travaillent de 10h à 23h (ce qui n'a par ailleurs pas l'air de déplaire aux syndicats), d'une grande propreté (à faire rougir Bruxelles et où pourtant il y a à peine plus de poubelles) et où la principale composante du patriotisme est un attachement extrêmement fort au patrimoine.

Le pays présente de grande similitudes avec la Belgique : petit, sorte d'accident de l'histoire (formellement, la Tchécoslovaquie remonte aux 14 points de Wilson) mais où l'histoire ne commence pas avec sa création, ayant connu nombre d'invasions (on a partagé quelques voisins et moins voisins envahissants) et... où la bière est une boisson quasi-sacrée.

Au-delà, le chemin pris est radicalement différent : le business est roi. Et plus il prospère, plus prospèrent les arts et les sciences, surtout s'ils permettent d'attirer touristes et investissements. Etre artiste en Tchéquie, c'est avoir un vrai statut. J'étais déjà venu à Prague en 2001 et le changement est spectaculaire. Les chantiers de rénovation se sont multipliés, d'autres se sont achevés. Le niveau de vie s'est considérablement amélioré, les services à la population aussi.

Tout, bien entendu, n'est pas rose. On voit des SDF (moins cependant qu'à Bruxelles et on ne semble pas les chasser, ici) et être retraité ne doit pas être rose tous les jours. Récupérer de 40 ans d'occupation communiste - c'est ainsi que ça a été vécu, ici - est loin d'être évident. Des années d'ailleurs marquées par de petits actes de résistances mais ayant produit leurs effets : la propreté comme acte de résistance face à des soviétiques assez unanimement considérés comme sales (un réflexe identique a existé en Pologne) ; des rénovations d'églises ; des livres mis à l'abris... et, bien sûr, Jan Palach.

Je me souviens, à cet égard, de longues conversations à l'Université : à choisir, faut-il choisir le joug nazi ou communiste ? La plupart des gens optaient pour la seconde option, d'autres ne se prononcaient pas, estimant sans doute la situation comme bien trop hypopthétique. J'avais opté pour une 3ème : combattre, fuir ou, au pire, se suicider - dans tous les cas de figure, choisir la liberté (réponse traditionnelle, "oui, d'accord, mais si tu ne le peux pas ?"...). C'est ce qu'avait fait Palach. Le musée du communisme nous apprendra que le taux de suicide durant le Printemps de Prague de 68 avait dramatiquement augmenté. Palach avait toutefois laissé un mot : en substance, ne faites pas comme moi, résistez.

Le souvenir du "printemps" reste vivace - celui des nazis à laissé un tout aussi mauvais goût - ce qui explique sans doute que les Russes restent vraiment très mal vus. Ce qui explique aussi la grande bannière "oui aux radars et aux missiles" sur un bâtiment juste en face du ministère des AE. Et l'Europe dans tout cela ? Les Tchèques ont trop de conscience historique (si l'on peut s'exprimer ainsi). Et tant que l'Europe ne sera pas une puissance, elle ne sera, pour eux, qu'un projet en devenir donc, non opérationnel si ce n'est du point de vue économique et juridique.

Il y a une autre chose que partagent Belges et Tchèques : un surréalisme doublé d'une politique pragmatique. Les Tchèques savent que l'Europe est virtuellement puissante (les rayons d'études stratégiques des libraires tchèques sont très bien garnis, les lecteurs ne manquant pas). En attendant, leur puissance est économique et culturelle - le nombre de livres en tchèque est... ahurissant et le secteur d'un dynamisme extrême - autant de choses que la Belgique perd peu à peu...

5 commentaires:

Ø a dit…

Vous n'êtes pas passé en Slovaquie, histoire de comparer les deux pays après leur séparation ?

Athéna et moi... a dit…

Non, ce sera pour l'année prochaine ;o) Par contre, mon transporteur était slovaque. Des B737 tout neufs et un prix comparativement moins cher que Ryanair (sachant que je partais depuis Bruxelles National). C'est un peu court mais c'est également un avant-goût de dynamisme ;o)

Anonyme a dit…

Bonjour,
1er post sur ce blog.
Concernant l'histoire de la défense anti missile, les médias français parlent de l'opposition de certains en Europe et en Russie mais trés peu de l'opinion des Tchéques et des Polonais, quand est il sur place ?

Athéna et moi... a dit…

Bonjour Frédéric et bienvenue.

En fait, les gens sont assez insensibles à cette question ici : pour eux, les Russes sont restés tels quels, ils sont donc une menace. Les médias ont fait allusion à quelques manifs "anti" mais, au vu des images, 100 personnes semblent déjà beaucoup... En fait, il ne me semble pas qu'il y ait une réelle opposition au projet dans la société civile.

Anonyme a dit…

Merci d'avoir pris le temps de me répondre. Donc pas de problème de politique intérieur.

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