Lorsqu'un journaliste ou un analyste tente d'éclairer une situation, il a naturellement tendance à présenter son analyse comme une vérité. Or, il ne s'agit bien souvent que d'hypothèse. Bien malin serait celui qui a, alors qu'un événement vient de se produire, toutes les opinions, tous les documents nécessaires à une approche relativement objective de la réalité.
Le Réseau Voltaire vient de nous fournir une belle illustration de cet axiome. Après avoir "démonté" un article du Figaro sur l'allongement et le durcissement du service militaire en Iran (qui est une réalité), le réseau indique :
"Au demeurant, la présentation des faits eux-mêmes par Le Figaro est fallacieuse : les États-Unis n’ont pas décidé d’armer les monarchies du Golfe contre l’Iran et Israël n’a pas décidé de fermer les yeux face à l’ennemi commun. De son côté, de manière tout aussi biaisée, le département d’État parle dans un communiqué plus généralement de « contrer les influences négatives d’Al-Qaïda, du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran ».
En réalité, les États-Unis ont accordé gratuitement 30 milliards de dollars d’armement à Israël sur 10 ans pour prendre sa revanche contre le Liban et la Syrie. Simultanément, ils ont vendu pour 20 milliards de dollars d’armement à 5 États du Golfe à titre de garantie que l’armement livré à Tsahal ne serait pas utilisé contre eux. À quoi devrait s’ajouter le renouvellement d’accords d’assistance militaire avec l’Égypte pour 10 milliards de dollars environ de manière à équilibrer le tout".
Sous-entendu, vous n'avez pas la vérité, elle nous appartient. L'opération "manip" utilise là aussi un vieux truc : comparer des choses non comparables en faisant passer une pillule méthodologique amère avec une dose de sirop idéologique. Les évolutions que connait le service militaire iranien sont une réalité. Les analyses sur les finalités des contrats - y compris les miennes - sont autant d'hypothèses variablement démontrées/étayées.
Pour ce qui concerne le Réseau, l'analyse ne saurait tenir la route : les 30 milliards constituent une augmentation par rapport à ce qui était déjà donné par le passé, ils ne sont en rien un "extra" (sauf pour l'augmentation annuelle de 600 millions, bien entendu). Au demeurant, à supposer que cet argent soit utilisé pour des achats revenchards d'armements, ces derniers ne seront pas disponibles du jour au lendemain. Prétendre le contraire relève au mieux de la mauvaise foi, au pire d'une méconnaissance patente de l'histoire comme des mécanismes de vente d'armes.
On y ajoutera que le problème militaire israélien aujourd'hui n'est pas matériel mais relève du leadership, de la doctrine, de la tactique, de la préparation et du moral. Autant de choses qui ne relèvent que peu du domaine financier et que souligne parfaitement le rapport intermédiaire de la Commission Winograd. Les dernières manoeuvres israéliennes sur le Golan, très médiatisées, ne suffiront en aucun cas à remettre Tsahal d'aplomb à court terme. Ceci dit, c'est également vrai que certains en Israël aimeraient prendre une revanche. Mais confondre cette frange avec l'ensemble du pays, c'est faire une mauvaise rédaction d'élève du secondaire rêvant désepérément d'entrer dans une école de journalisme.
En fait, le rôle de l'Iran en regard du Hezbollah est totalement zappé. Tenir des propos négationnistes et menacer un pays d'anéantissement seraient-ils autant de mesures d'appaisement comparativement à des achats d'armement ? Aucun de ces faits ne devraient être niés dès lors que l'on prétend donner une information la plus objective possible.
Voltaire se présente comme non-alligné. Vraiment sûr ?
mercredi 1 août 2007
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