samedi 8 septembre 2007

Colloque : les défenses antimissiles

Le Club Participation & Progrès, en partenariat avec DSI, T&A, Air & Cosmos et Défense Nationale, organise le 15 octobre prochain à Paris (Ecole Militaire, Amphithéâtre de Bourcet) un colloque sur les défenses antimissiles.

L'occasion aussi pour les membres du RMES de s'exprimer :

- Alain De Neve (IRSD), "L'Europe peut-elle, au-delà de ses programmes antimissiles de théâtre, se doter d'une défense antimissile de territoire?"
- André Dumoulin (ERM) : "Défense antimissiles : qui parle au nom de l'Europe?"
- Joseph Henrotin (CAPRI), "Rendre les défenses inefficaces ? Techniques et tactiques anti-ABM"

Vous pouvez consulter l'ensemble du programme. Les demandes d'information et les inscriptions sont à envoyer à l'adresse suivante : club.participation-progres@wanadoo.fr.

vendredi 7 septembre 2007

Israël : le plan d’investissement à 5 ans de Tsahal

Le plan d’investissement israélien, longtemps attendu et passablement favorisé par l’annonce d’une augmentation de 25 % de l’aide américaine à Tel Aviv, a été révélé le 6 septembre par Gabi Ashkénazi, chef d’état-major de Tsahal.

En tête des demandes israéliennes, le programme « Dôme d’acier » de défense contre les roquettes (sur le système, cf. DSI n°24, mars 2007) est définitivement validé. A l’échelon stratégique, le programme Arrow est considéré comme prioritaire.

Le plan demande également la livraison de nouveaux chars de combat Merkava Mk4 mais aussi l’introduction du HAPC Namer (Cf. Technologie & Armement n°8), développé sur base de châssis de chars Merkava Mk1 et Mk2 sortis de service. On a par ailleurs appris que les Etats-Unis vont aider Israël à mettre en place son système de digitalisation du champ de bataille (le Zayad) à un niveau de 300 millions de dollars.

Au niveau des forces aériennes, les commandes de F-35 Lightning II sont maintenues, l’IAF escomptant réceptionner ses premiers appareils en 2014. On notera que les appareils ont été négociés entre 50 et 60 millions de dollars/pièce. En attendant, la Heyl Ha’Havir bénéficiera d’une modernisation de ses appareils et de ses drones.

La Heyl Ha’Yam (marine) va quant à elle recevoir deux corvettes LCS construits par Lockheed Martin, a un prix unitaire de 250 millions de dollars. Le renseignement et les opérations informationnelles vont également bénéficier du nouveau plan.

jeudi 6 septembre 2007

La politique étrangère de l'Administration Bush

J'avais déjà eu l'occasion d'en parler, Tanguy Struye a fait paraître son nouvel ouvrage. En l'occurrence, son introduction est disponible sur le site de Peter Lang, son éditeur - en fait, juste ici - de même que sa table des matières. L'ouvrage lui-même peut être commandé sur le même site, mais cette fois ici.

Ayant toujours en tête la profonde connaissance qu'a Tanguy des Etats-Unis (ça nous changera de certains "analystes"...), il me tarde de lire son travail.

Just blog it

Dans la foulée de la remise à neuf du RMES, Alain "The A" De Neve a mis en place le RMESFeed, représentant le blog du réseau et permettant à celui qui s'y abonne - gratuitement - de suivre en temps réel l'actualité du Réseau. A voir ici.

Quel dimensionnement pour la Marine nationale ?

Courant juillet, les interrogations sur le prochain Livre Blanc et la préparation du n°7 de Technologie & Armement (vous pouvez le commander ici) m'avaient amené à réfléchir sur le dimensionnement de la Marine nationale (FR), en partant de l'hypothèse qu'à budget constant, la Royale ne pourrait être dotée en temps et en heure de tous les bâtiments attendus. Nos lecteurs se souviendront que deux scénarios avaient été dressés, dont l'un envisageait une réduction sensible du nombre de frégates.

L'article a été lu par les membres du forums Géostratégique.net, avec qui je me suis mis à dialoguer. Après autorisation de leur part, je retranscris ici ces échanges, dans la mesure où ils permettent d'approfondir l'article :

Artheval : Joseph Henrotin expose deux scénarios possibles (je ne fais que paraphraser le dernier Technologie et Armement) : -Premier cas : Une configuration d'indépendance totale, avec une marine centrée sur la protection des lignes de communication maritime : Le PA2 passerait à la trappe (c'est peu probable maintenant qu'on a acheté les catapultes et que les brittaniques ont commandé leurs CVF) Les SNA Suffren seraient réduits de plusieurs unités, et les frégates classe Aquitaine (FREMM) seraient maintenues autant que possible ainsi que les La Fayette. On conserverait aussi les BPC et TCD. Il ne mentionne pas les FREDA. -Second cas : Configuration plus ambitieuse de projection permanente : On construit le PA2, on mène jusqu'au bout le programme Suffren éventuellement avec un ou deux unités en moins. mais on réduit le nombre de FREMM AVT et on conserve le reste des frégates existantes et les navires amphibies. Ici, l'escorte de nos capital ships serait assurée par nos forces mais aussi évnetuellement par des navires de voisins de l'UE, les batiments d'escorte étant en surnombre au niveau de l'Europe. Bref, c'est plutot pessimiste, mais peut-être réaliste vu les déclarations d'Hervé Morin qui annonce que l'Armée va devoir se serrer la ceinture. (il dit en même temps qu'on se maintiendra à 2% du PIB... ce qui voudrait dire augmenter l'effort de défense par rapport à aujourd'hui... décidemment, notre ministre est très cohérent).

Moi : Effectivement, je suis assez pessimiste. En fait, deux problèmes se posent : 1) le "autour de 2%" : plus ou moins que le 2% ? et 2) le fait qu'à budget constant, nous sommes déjà au-dessus de nos moyens : les commandes effectuées dépassent déjà de plus de 20 milliards (au minimum, certains évoquent le double) ce que l'on peut s'offrir dans le cadre budgétaire actuel. D'où de gros dilemmes, sachant que des programmes terre et air peuvent, au mieux, être rabottés et que le fruit de ces rabottages n'ira certainement pas à la marine mais... à une résorption des fameux 20 milliards. Maintenant, côté catapultes et commande brit, ça ne signifie rien. Par exemple, si nous avons rachetés les plans ou fait des clins d'oeil, la possibilité reste que nous fermions la porte. La vraie question est de savoir si, à un déficit de 20 milliards, il faut ajouter 2,5 de plus pour un bâtiment qui ne sera opérationnel que lorsque le CDG sera immobilisé, sachant qu'il faudra aussi réentraîner tout un équipage sur un navire très différent (et 20 ans plus jeune dans sa conception). D'où la 2ème hypothèse que j'ai tendance à défendre : la valeur d'une marine aujourd'hui, c'est d'influencer les crises au sol. C'est là qu'elles se passent, le paradigme de la bataille décisive en haute mer, nous l'avons dépassé depuis longtemps. Jouons-là "à la britannique" : prenons le 2ème PA MAIS aussi un 2ème groupe aéronaval, gardons les FREMM AVT mais larguons les ASM. Utilisons-les comme variable d'ajustement. Virons ce que l'on peut. Et appuyons-nous sur nos alliés européens qui ont déjà une capacité d'escorte de très loin supérieure à tous ce que nos plans envisageaient (ex : 2 Horizon contre 6 F-100 espagnoles ou 3 futures frégates danoises... et je n'ose même pas aborder le domaine ASM). Ces escortes existent déjà dans la pratique. Si la politique visant à booster la PESD dépasse le stade du discours, c'est le genre de choses vers laquelle on va. En attendant, avec 2 PA, 2 groupes aériens, 5 ou 6 SNA, quelques AVT, quelques frégates et le groupe amphibie, nous serons en mesure d'influer les crises comme nous ne l'avons jamais été auparavant et nous n'aurons jamais eu autant de poids politique aux plans OTAN comme UE. Il faut dépasser la question du nombre de coques pour envisager celle de l'influence réelle de ces coques. Maintenant, ces scénarios n'ont qu'une valeur indicative : la vérité se situera sans doute entre les deux. Faire le choix d'une dépendance à nos alliés est faire preuve de confiance. Mais souvenez-vous que, de toute façon, à partir de 2035, lorsqu'il faudra remplacer nos bâtiments, leur coût sera sans doute devenu tel que nous n'aurons plus du tout le choix...

Troubadour : Cher JH Pour le PA 2 je crois que tout le monde est d’ accord. Car pour attaquer des objectifs terrestres tant soit peut éloignés des cotes, notre MN ne peut se contenter de canons de 100Mm ! Comme de plus il n’est pas très sain de nos jours de s’approcher des cotes adverses, il vaut mieux rester à distance, même pour attaquer des objectifs en bord de mer. Dans ces conditions il apparaît que pour de nombreuses années encore, les PA resteront nécessaire. Ensuite viennent les SNA et là aussi leurs rayons d’action et leur discrétion les rendent d’une efficacité redoutable contre les marines de surface. Au Malouines 1 seul SNA après avoir coulé un croiseur a cloué la flotte argentine au port Aujourd’hui ce sont encore les seules navires à pouvoir s’approcher de cotes défendues avec un bon degré de sécurité et de surprise. Si on rajoute les missions de protection de la FOST et du GA la MN aura c’est six SNA. Pour les Frégates Je ne sais pas qui vous informe sur une réduction du format de F ASM pour Les remplacé par des AVT .Vous savez dans notre marine l’ASM et un domaine d’excellence que beaucoup nous envient Les sonars utilisés sur nos F ASM sont d’une qualité incomparable (même choses pour les sonars de nos chasseurs de mines ). Nos besoins en ASM sont de 6 F ASM à Toulon pour notre GA + GH et également 6 F ASM à Brest pour la FOST. Nous avons déjà 6 excellentes Frégates AVT qui ressemblent à des bateaux de pêche sur un écran radar. Et toute déjà équipées d’un radier pour lâcher des commandos, elles disposent également d’espace libre qui après quelque modif pourront accueillir des Missiles de croisières. Pour faire des économies modifions nos La Fayette pour en faire de véritables AVT .

Moi : Effectivement, les FREMM AVT doivent être conservées au maximum. Pour les ASM, le problème est que la menace ne diminue pas ; elle augmente. Pourquoi, alors, me direz-vous, les dégager ? Simplement parce que d'autres, nos alliés naturels, le font tout aussi bien et qu'il vaut mieux se concentrer sur ce qui peut nous rapporter politiquement et sur ce que l'on peut mieux faire que les autres. En fait, il faut partir non d'une conception classique de la souveraineté (on doit avoir "de tout" en quantité) mais des réalités de la globalisation... simplement, parce qu'on ne peut se permettre de faire autre chose. A ce stade, personne n'est en mesure d'assurer seul la protection des SLOCs. Pas même les USA : c'est tout le sens de la 1000 ships navy de Vernon Clark. Quant à l'évolution des La Fayette, je doute que ce soit une bonne idée. D'abord, parce qu'elle va nécessiter de nouveaux fonds, largement indisponibles. Ensuite, parce que ce sont d'excellents navires pour une mission trop déconsidérée et pourtant esssentielle au vu du monde qui existera en 2030 et où il faut se positionner aujourd'hui : la souveraineté des DOM TOM. La Réunion et la Polynésie "encadrent" ce qui va être le pivot géopolitico-économique du 21ème siècle - Russie/Chine/Inde/Japon/Corées/Asie du Sud/Océanie (Cf. la carte qui accompagnait l'interview d'Alfan). Attention, Artheval, sur la question de la dotation en sonars des AVT. En plus d'un sonar (= $), il faut aussi le CIC qui va avec (re- $). Vous allez penser, sans doute, que je suis un gros radin. Mais un observateur très avisé mon confiait récemment que certains systèmes d'armes de nos bâtiment en opérations dans des zones chaudes ne fonctionnaient qu'un jours sur deux ou trois : plus assez d'argent pour les pièces de rechange... On y va à la débrouille mais ça ne durera pas éternellement, ce genre de choses finira par entailler notre crédibilité. Et lorsqu'une marine n'est plus crédible, avoir des dizaines de coques ne sert à rien.

Artheval : Mais, que pensez-vous de l'idée de rendre les ASM autonomes dans le tir de Scalp, ce qu'elles ne sont pas, d'après les dires de DCNS. Est-ce possible techniquement ? Celà coutera de l'argent, mais combien ?

Les gros radins sont les responsables politiques qui veulent avoir de la puissance politique sans dégager pour celà les moyens financiers nécessaires. Les journalistes seraient bien avisés de mettre en balance le prix du paquet fiscal (15 G€) avec celui du PA2 dont on parle tant.

Elles (note de JH : les La Fayette) sont excellentes pour ça, certes, mais vu leurs capacités, et leurs évolutions possibles (en défense AA), n'est-ce pas un peu du gachis, surtout que les Floréal sont dédiées à celà ? A l'origine, quelles étaient les missions pour lesquelles les La fayette étaient prévues ? Je m'interroge aussi sur le cout de deux GAN fonctionnant en simultanné ? Celà signifie une commande supplémentaire de Rafales Marine, n'est-ce pas ? Dans quelle mesure nos Alliées accepteront-ils de mener les missions d'escorte ? (car sans FREDA, et avec moins d'ASM, composer l'escorte de deux GAN risque de poser encore plus de problèmes. ) D'une manière générale, l'ambiance actuelle donne l'impression que nous sommes une force sur le déclin. Nous aurons bientot des missiles de croisière, mais les Américains en disposent depuis déjà longtemps. Nous allons pouvoir influencer les crises depuis la mer, mais dans le même temps, l'armée de terre a du mal à projeter un grand nombre d'hommes. Notre effort de défense est passé à 1,7% du PIB (et va y rester, je suppose, si on ne veut pas financer ces 20 Milliards par an ?). Allons nous d'ici quelques décennies laisser le champ libre sur la scène internationale aux pays émergeants ? Les responsables politiques, de quelque bord que ce soit, semblent se désinteresser de la défense (au sens où ils ne consentent plus à donner des moyens supplémentaires) car celle-ci rapporte peu ou rien en popularité.

Moi : Certes, les La Fayette en l'état actuel sont du gâchis, dans le sens où elles pourraient être mieux armées. Pour le reste, ce sont d'excellents bâtiments. Ceci dit, reste la possibilité, lorsque le ciel s'éclaircira, de les faire monter en puissance : c'est en cela que ce serait dommage de les laisser à Toulon. Maintenant, c'est vrai que j'ai écrit trop vite tout à l'heure sur le concept de souveraineté : dans le contexte des zones citées, il va falloir le revoir de fond en comble. Donc être plus costaud que les Floréal. En fait, vous avez raison, nous sommes sur le déclin. Pas tellement parce que nous nous affaiblissons mais parce que, simplement, les autres montent en puissance. Tout le monde, dans l'axe géopolitique précité, le fait. Récemment, le Pakistan a commandé 2 Type 214 supplémentaires. Tout, dans cette zone, devient funky. Et sauf à mener des opérations conjointes avec les autres Etats européens, tout le monde, de ce notre côté de l'Eurasie va être éjecté de la zone "de croissance"... alors même que nous en dépendront de plus en plus ! Oui, il faudra un GAN supplémentaire. dans le débat sur le 2ème PA, beaucoup de commentateurs oublient que les espérances de commande en Rafale couvrent un groupe + l'attrition. Autrement dit que le 2ème PA va se trouver "à poil" et à quai la plupart du temps, sauf : - à l'activer en porte-hélicoptères (mais... pour faire ça, il y a moins cher) ; - à l'économiser le plus possible pour attendre des jours plus cléments et l'armer d'un 2ème groupe. Nos alliés accepteront ou se feront éjecter du pivot. A ce stade, le pragmatisme de Sarkozy dans son discours aux ambassadeurs en a soufflé plus d'un dans les capitales étrangères. Ca va aider. Le fait qu'on puisse travailler par "coopérations renforcées" dans le projet de "mini-traité" sauve l'essentiel de la Constitution en matière de PESD : le fait que des groupes d'Etat puissent avancer "dans leur coin". L'ABNL, par exemple, regroupe tous les bâtiments de surface NL et BE et a été conçu pour ce genre d'escorte. Les Allemands devraient aussi apprécier de donner un coup de main : l'Asie les tente et la Chine est leur ambition suprême point de vue commerce extérieur. Quand aux Espagnols et aux Italiens, je ne pense pas que cela leur posera problème. D'autant plus qu'on a l'EUROMARFOR avec eux : c'est signé depuis longtemps et ça manoeuvre depuis tout autant de temps. Vous comprendrez que les Polonais, Tchèques et Hongrois, quant à eux, ne risque guère d'entrer dans le process tant pour des raisons politiques que pratique. En fait, je ne pense pas qu'ils se désintéressent de la défense (ai lu le bouquin de Teissier cet AM, il demande 2,2%). Mais il faut voir les choses de leur point de vue et évoquer un chiffre qui ne l'est guère même s'il me semble plus utile que le % en regard du PIB : celui du % en regard du budget de l'Etat - soit ce qu'il peut réellement mettre dans la balance... parce qu'il a son argent et pas celui de ses citoyens. Là, la défense passe à plus de 15%.

Le reste de la discussion est ici. Jean-Dominique Merchet en parle également - apparement, sa logique rejoint la mienne (aurait-il T&A sur sa table de travail ?) mais diffère sur les conclusions.

mercredi 5 septembre 2007

Tentatives terroristes déjouées au Danemark et en Allemagne

A quelques heures d'intervalles, des tentatives d'attentats par des cellules proches d'al-Qaïda ont été déjouées au Danemark puis en Allemagne. Dans ce dernier cas, des arrestations ont été opérées hier après-midi, les terroristes visant l'aéroport de Francfort et la base de Ramstein, utilisée par les forces US et où sont présentes des armes nucléaires.

Si ces tentatives avortés montrent une efficacité certaine des services, elles montrent aussi que nul Etat n'est à l'abri, contrairement à ce qu'une certaine vulgate laissait entendre en indiquant que le fait de n'être pas intervenu en Irak permettait de ne pas donner de prétexte à un attentat. L'Allemagne, en effet, s'était opposée fermement avec la France, la Belgique et le Luxembourg - le "groupe des quatre" - à l'équipée US en Irak.

Les attentats au Pakistan : interview

Le quotidien belge L'Echo s'interroge sur la signification des attentats d'hier au Pakistan, à la fois dans le complexe de l'évolution de la politique intérieure à Islamabad mais aussi dans celui, plus large, de l'interaction entre Afghanistan et Pakistan. De sorte que j'ai été interviewé par Magali Uytterhaeghe ici (payant).

mardi 4 septembre 2007

Le retrait britannique du centre de Bassorah : interview

Les quotidiens suisses La Tribune de Genève et 24 Heures m'ont posé la question des rationalités du retrait britannique du centre de Bassorah (et non, comme le disait hier soir France 2, de la ville). En a découlé une interview accessible ici.

lundi 3 septembre 2007

Comment appliquer la résilience en Belgique ?

C'est la question que m'avait posé en son temps un haut responsable belge et qui a été l'objet d'une note de travail ébauchant des solutions propres à la Belgique, et qui vient juste de faire l'objet de la seconde note d'analyse du RMES.

Le plan indien pour contrer la chute de Musharraff… et la perte de ses armes nucléaires

Le débat stratégique indien, plus actif qu’on ne pourrait le penser en Occident, s’est récemment orienté sur les conséquences indirectes d’une éviction du pouvoir du président pakistanais Pervez Musharraff. En particulier, au-delà de la délicate question du voisinage avec un Etat djihadiste, la crainte de Delhi est de voir tomber aux mains islamistes l’arsenal nucléaire pakistanais.

A cet égard, l’état-major indien a réfléchit à plusieurs options, s’orientant vers l’utilisation de frappes aériennes contre les sites ultra-protégés du « pays des purs ». A cet égard, Delhi a fait procéder au développement d’une arme à fort degré de pénétration, considérée par le quotidien indien India Times comme « le secret le plus vital de l’initiative de défense stratégique indienne…

Le secret réside dans des bombes de pénétration conventionnelles et furtives, qui dévasteront les capacités nucléaires chinoises ou pakistanaises en quelques minutes ». Dans la foulée, ce qui semble émerger comme une doctrine aérospatiale en bonne et due forme – alors même que Delhi s’apprête à activer son « commandement aérospatial » - s’appuie largement sur les capacités spatiales, qu’il s’agisse de renseignement, de guidage d’armements ou de communications en temps réel ou encore sur des capacités de renseignement en temps réel via les UAV ou les appareils de détection avancée Phalcon qu’elle met actuellement en service.

Aussi, les Su-30MKI sont-ils considérés comme la pierre d’angle de cette doctrine, en raison de leur rayon d’action et de leurs charge utile considérables mais également en fonction de leur aptitude à mener un combat Beyond Visual Range ou encore à traiter des objectifs rapidement émergents (Time Sensitive Targets). Dans le même temps, une telle vision nécessite une attaque préemptive en bonne et due forme, terme qui ne semble pas avoir été officiellement évoqué.

Le calcul indien semble, toutefois, délicat. La disposition par le Pakistan de missiles mobiles complique singulièrement de telles opérations. Dans ce cadre, il semble plus que probable que la seconde ligne de défense indienne, fondée sur les missiles antimissiles, sera non seulement mobilisée mais devrait connaître, au surplus, des évolutions notoires à l’avenir.

dimanche 2 septembre 2007

Un forum pour le Livre Blanc (2)

Et voilà, à peine ouvert, déjà fermé, le forum sur le Livre Blanc n'aura pas laissé de traces impérissables dans l'historiographie de la stratégie, du policy making ou de ce que certains défenseurs considéraient comme la "démocratie 2.0." en référence à un web 2.0. où, c'est bien connu, le concept même de référence a perdu toute crédibilité.

Mais comment s'en étonner ? Comment espérer qu'un forum ouvert 3 jours et bénéficiant de peu de publicité aura nourri de quelconques réflexions ? S'interrogeant sur le second porte-avions, on oubliera d'ailleurs souvent que la principale question n'est pas là. Les vraies questions ressortiraient plutôt d'un "à quoi doivent servir les forces françaises ?", "comment devraient-elles agir ? Seules, en coalition, en alliances ?", "quelles sont les menaces, maintenant et demain voire, après-demain ?". Et d'ailleurs, quelle doit être la stratégie navale française ? Quelle est sa stratégie maritime (les deux termes ne recouvrant pas les mêmes réalités) ? Qu'apportera réellement un second porte-avions sachant qu'aucun second groupe aéronaval n'est prévu (à part T&A, qui l'a dit ?) ?

Autant de question non abordées d'où découlent pourtant les lobbying pro- et contre le 2ème PA. Les armements aussi sont la continuation de la politique par d'autres moyens - sans elle, ils ne sont que ferraille sans signification autre que technique -, d'où l'importance du Livre Blanc. Or, ce sont précisément ces "questions qui fâchent" qui ne sont pas abordées. A quand un modérateur sur ce type de forums afin de transformer cet essai de "démocratie participative" ?

Des "2000" à Kandahar

3 "2000D" et 3 "F-1CR" vont être déplacés sur Kandahar. Qui a dit que la France se désengageait d'Afghanistan ? Véronique, qui était à la Conf' de la DICOD, me dit que les bases actuellement utilisées le seront toujours.

Et pendant ce temps, à Abu Dhabi...

Nous sommes le 2 septembre, ce qui signifie que la conférence Air Power Middle East vient de s'ouvrir. Menée en partenariat avec Technologie & Armement, elle est emblématique de la place que prend T&A dans le monde des événements à haut niveau, nos magazines étant glissés dans les malettes des participants, pour un maximum d'efficacité.

Prochaine étape, Night Vision 2007, fin octobre à Washington :

Nos armées sont-elles adaptées ?


Processus de construction du prochain Livre Blanc oblige, c'est la question que pose le n°29 de DSI, en kiosque dès cette semaine et dont voici le sommaire :


Éditorial
Nominations et agenda
Veille des contrats de défense
Veille contre-terroriste : 34 brèves
Veille stratégique :

Contre-terrorisme : 34 brèves

Veilles stratégique : 58 brèves

Flash :
démographie urbaine, F-22, frégates F-125, SIPRI, MRAP, US Navy, A-10C, remplaçant des CH-53 allemands

Parution du classement du SIPRI

Armement
: les plus gros vendeurs

Just blog it

Brésil : Accélération du programme de SNA

Canada : montée en puissance de la marine

États-Unis : l’effarante progression des Contractors ; augmentation d’un tiers du coût mensuel des opérations ; le C-27J l’emporte ; happy birthday Sentry ; le F-22 « abattu » pour la première fois ; les « murs de Bagdad » favoriseraient l’économie des forces ; débat sur l’utilité des MRAP ; le San Antonio toujours pas opérationnel ; US Navy, le coût des choses…

Venezuela : Chavez en visite à Moscou

Allemagne : KMW présente le Grizzly

Autriche : Accord sur le Typhoon

France : officialisation de la commande en Hellfire II ; double accord tripartite sur les drones… ; un canevas de Livre Blanc ? ; contrôle parlementaire du renseignement

Norvège : feu vert pour le NSM

Pays-Bas : révision à la baisse des ambitions

Russie : test réussi pour le Bulava… ; ambitions navales démesurées

Suisse : quel successeur pour les F-5 ?

Turquie : bye-bye PESD

Afghanistan : problèmes en vue

Corée du Sud : un nouvel IFV bientôt en production ; commission du Dokdo

Inde : le test de l’Agni III fait de l’Inde le 4e détenteur d’un ICBM… ; … et celui du Sagarika en fait le 6e détenteur d’un SLBM ; nouvelles versions pour le BrahMos ; feu vert pour le MRCA… ; …Et expression des besoins pour la marine

Indonésie : de nouvelles corvettes

Irak : le Hezbollah impliqué ?

Israël : nouveau satellite de reconnaissance

Japon : le F-2 effectue ses premiers exercices air-sol ; des F-15 de reconnaissance ; démission du ministre de la Défense

Singapour : dialogue de Shangri-La

Syrie/Iran : méga-contrats en vue pour la Russie ?

Taiwan : reprise des contrats ? ; le programme Jingjin est presque mené à terme

La chronique de Carl Von C.

Géostratégie : Birmanie
« Myanmar : un nouveau voisin nucléaire ? » par Vijay Sakhuja, maître de conférence honoraire à l’Institut d’Études de l’Asie du Sud-Est à Singapour

Stratégie : Adaptation et contre-adaptation
« PSYOPS stratégiques : l’Allemagne en pointe », entretien avec le lieutenant-général (Ret, Luftwaffe) Walter Jertz, co-directeur de l’ouvrage Strategisches Informations – und Kommunikationsmanagement

« Le Goban irakien », par le LCL Michel Goya, rédacteur au CDEF

« Au-delà du scandale, quels enseignements retirer du rapport intermédiaire de la commission Winograd ? » par Haninah Levine, maître de conférence et chercheur au World Security Institute du Center for Defense Information, Washington

Forces armées : la marine japonaise
« De l’autodéfense à la préemption ? L’évolution de la marine japonaise dans les années 1990 et 2000 », par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI

Tableau de bord : « La Japanese Maritime Self Defense Force », par Philippe Langloit, chargé de recherche au CAPRI

Unités : CPCO
« Conduire la guerre. Le Centre de Planification et de Conduite des Opérations (CPCO) », par Véronique Sartini, journaliste

« La grande qualité du CPCO, c’est sa réactivité », entretien avec le vice-amiral Jean-Pierre Teule, chef du CPCO

« Nous alimentons le politique avec nos réflexions militaires », entretien avec le colonel Christophe de Saint Chamas, chef du J5, bureau planification et le colonel Laplane, en charge de la partie Europe du J5

« Nous formons un vrai centre opérationnel, 24h sur 24, par bordées », entretien avec le lieutenant-colonel Aranud de la Grand’Rive, chefr de la cellule de crise « Côte d’Ivoire »

Technologie : le Future Combat System de l’US Army
« Les véhicules du FCS », par Stéphane Ferrard, journaliste spécialiste des questions de Défense



« Un JTRS bien trop ambitieux », par Jean-Louis Promé, journaliste spécialiste des questions de Défense

Nos fiches techniques
Lockheed Martin AC-130H et U Spectre/Spooky
Destroyer classe F-100 Alvaro de Bazan
IFV CV90

Du côté des lectures (5)

Il me semble utile de briser mon silence dominical (et mes recherches sur la géographie urbaine) pour signaler la parution de deux ouvrages qui ont leur importance. Le premier est la réédition de La maîtrise de l'air de Giulio Douhet par l'Institut de Stratégie Comparée et le CESA. Inutile de rappeler le rôle fondateur de l'ouvrage en regard de la stratégie aérienne comme l'utilité d'une telle réédition, qui, il faut le dire, manquait très sérieusement.

Deuxième ouvrage, Les forces terrestres dans les conflits aujourd'hui et demain est la version "livre" du FT-01 (pour sa présentation, Cf. DSI n°24), qui a reçu, en plus, une préface du général (FR) Cuche. Au format poche et à 9,5 Euros ici, l'investissement en vaut plus que la peine. Ce document de "Vision" est d'abord une analyse stratégique en bonne et due forme dont on s'étonne qu'il soit si peu évoqué dans les débats stratégiques...