La ligne politique était poursuivie depuis déjà quelques années : priorité au domaine civil (ce qui explique également qu'aucune revue de défense ne soit partenaire du salon - à l'exception, à la marge, d'Aviation Week). Mais l'édition du centenaire sera sans doute un peu plus pauvre.
Un rapide coup d'oeil à la liste des appareils présents laisse un peu sceptique. Après que l'An-124 et le F-22 aient été présentés sur le site, ils en ont été retirés. Saab ne sera pas présent (pas de Sukhoi militaire, de Mil, d'Illiouchine ni de Mig non plus) et, finalement, les plus gros représentants seront... institutionnels : à l'exception de Finmeccanica et d'Eurocopter, le Pentagone et le ministère de la défense fourniront l'essentiel des avions de combat.
Et encore, la moisson sera maigre : Mirage 2000, Rafale, Typhoon, F-18F, F-15E et F-16C. Quelques appareils d'entraînement, des appareils de transport (C-27J, C-130, C-17, C-2, C-235), le Tigre, le Caracal et quelques autres "ventilateurs". A titre d'exemple, il y a deux ans, on retrouvait aussi du RQ-1, -4 et -8, un A-330 MRTT, une maquette taille réelle de Gripen, EADS avait une forte présence (qu'il ne semble plus avoir sur le site) tout comme les drones israéliens, j'en passe et des meilleures - les lecteurs de ce qui n'était pas encore le DSI-T avaient eu droit à un topo complet.
Quelques appareils "historiques" seront toutefois sur le tarmac : Vampire, Spitfire, Mustang ou Bronco seront, entre autres, de la partie. L'appel du musée pour un salon qui, a force de délaisser le domaine militaire, a laissé le champ libre à Farnborough, MAKS ou quelques autres ?
samedi 30 mai 2009
vendredi 29 mai 2009
Base aux Emirats, quelques commentaires
La masse de travail étant ce qu'elle est pour l'heure, je n'avais peu eu l'occasion de revenir plus avant sur la question de la nouvelle base française aux Emirats, sur laquelle RMC puis Radio Mediterranée International avaient eu l'occasion de m'interviewer, en début de semaine. Voici, grosso modo, quelques commentaires sur la question.
C’est le 26 mai que le président Sarkozy a officiellement inauguré la base française d’Abu Dhabi, connue sous le nom d’Implantation Militaire Française aux Emirats Arabes Unis (IMFEAU). Accompagné par le ministre des affaires étrangères, celui de la défense et le CEMA, le président a rappelé l’importance géopolitique de la région.
Concrètement, « la base » est répartie sur trois sites : une base navale à Mina Zayed, une base aérienne (où 3 appareils sont stationnés depuis septembre 2008) à Al Dhafra et une base destinée aux forces terrestres (comprenant un centre d’entraînement aux opérations désertiques) à Zayed. Au total 500 hommes devraient être positionnés en permanence à Abu Dhabi. Au-delà du fait, la base recouvre plusieurs enjeux majeurs :
- L’enjeu géostratégique d’abord. La base permet, évidemment, de verrouiller l’Iran – situé à 225 km – mais, surtout, le détroit d’Ormuz, que le Shah d’Iran qualifiait justement de « veine jugulaire de l’Occident » dans un contexte où l’Europe est, comparativement aux Etats-Unis, plus dépendante du pétrole du Golfe. Elle constitue, en outre, l’extrémité ouest de la zone d’intérêt stratégique prioritaire que la France définissait dans le dernier Livre blanc et qui s’étend de l’Atlantique à l’océan Indien en passant par la Méditerranée ;
- L’enjeu militaire. Avec l’IMFEAU, c’est la zone de l’océan Indien à proprement parler tend dès lors à renforcer son poids relatif. Or, cette zone (y compris le Golfe) est également celle où la majeure partie des croisières du Charles de Gaulle a été menée. La base des Emirats représente ainsi un facteur de persistance régionale – voire de compensation au deuxième porte-avions. A ce stade, si elle n’a évidemment pas les caractéristiques d’un porte-avions (fixe et non mobile, donc plus vulnérable) et que la compensation est symbolique, elle apporte aussi d’autres avantages que le porte-avions : elle peut accueillir bien plus que 30 appareils de combat (qui pourraient, à terme, être bien plus intégrés au dispositif réseaucentrique émirien) et permet de mettre en œuvre… des forces terrestres ;
- L’enjeu d’influence. Là où elle est installée, la France collabore activement et quasi-quotidiennement avec les forces locales, ce qui n’est pas le cas des Etats-Unis, où la coopération avec les forces du cru est plus formelle et donc moins souple. La base s’insère ainsi dans un dispositif d’influence plus large, comprenant l’extension quatariote de St Cyr, les extensions dans le Gole arabo-persique de la Sorbonne ou du Louvre ou encore, de façon plus diffuse, les acquis de la présidence Chirac en matière de politique arabe ;
- L’enjeu commercial, sur lesquels les médias se sont beaucoup focalisés mais qui ne constitue qu’une extension de l’enjeu d’influence. La base est destinée à devenir la vitrine des forces françaises dans un Moyen Orient où l’Iran fait peur et où les vannes budgétaires de défense sont à nouveau ouvertes. Or, la France est loin d’avoir les parts de marché dans la région qu’elle a pu avoir précédemment. En fait, les conditions ont changé : on n’achète plus de matériel sur base de leurs performances mais bien sur base de l’influence politique du vendeur. Comment, sinon, expliquer le succès du F-35 alors même qu’aucun exemplaire n’a encore volé là où la communication de Dassault est axée sur un Rafale « combat proven » ? Comment expliquer autrement que par l’influence que les Emirats achètent des C-17 et des C-130J en quelques mois – et sans avoir l’argent nécessaire – là où Paris est engagé depuis plusieurs années dans les négociations portant sur les Rafale ? En cherchant à se porter garante de la sécurité de la région, la France acquiert ainsi de l’influence qui, en retour, doit ouvrir les portes de la signature des contrats ;
- Enfin, l’enjeu politique n’est pas mince et il est double. Premièrement, la France ouvre, pour la première fois depuis 50 ans, une base militaire à l’étranger – un élément que n’ont pas manqué de souligner les médias américains. Ce qui tombe plutôt bien car Paris est, avec Washington, la seule capitale à entretenir de grandes bases à l’étranger (le dispositif britannique n’étant plus que l’ombre de ce qu’il était encore dans les années 1970). Le message politique aux Etats-Unis – mais peut être aussi auix Européens en général et aux Britanniques en particulier – consiste, dès lors, à montrer que la puissance française n’est pas morte. Ce qui, deuxièmement, a un véritable impact en matière de politique intérieure française. On se souvient que les réactions des militaires à la parution du dernier LBDSN avaient été plutôt froides. La base, de ce point de vue, est également une façon de faire bomber le torse à l’armée, lui rappelant que la France conserve des ambitions globales, en dépit d’une réforme douloureuse…
C’est le 26 mai que le président Sarkozy a officiellement inauguré la base française d’Abu Dhabi, connue sous le nom d’Implantation Militaire Française aux Emirats Arabes Unis (IMFEAU). Accompagné par le ministre des affaires étrangères, celui de la défense et le CEMA, le président a rappelé l’importance géopolitique de la région.
Concrètement, « la base » est répartie sur trois sites : une base navale à Mina Zayed, une base aérienne (où 3 appareils sont stationnés depuis septembre 2008) à Al Dhafra et une base destinée aux forces terrestres (comprenant un centre d’entraînement aux opérations désertiques) à Zayed. Au total 500 hommes devraient être positionnés en permanence à Abu Dhabi. Au-delà du fait, la base recouvre plusieurs enjeux majeurs :
- L’enjeu géostratégique d’abord. La base permet, évidemment, de verrouiller l’Iran – situé à 225 km – mais, surtout, le détroit d’Ormuz, que le Shah d’Iran qualifiait justement de « veine jugulaire de l’Occident » dans un contexte où l’Europe est, comparativement aux Etats-Unis, plus dépendante du pétrole du Golfe. Elle constitue, en outre, l’extrémité ouest de la zone d’intérêt stratégique prioritaire que la France définissait dans le dernier Livre blanc et qui s’étend de l’Atlantique à l’océan Indien en passant par la Méditerranée ;
- L’enjeu militaire. Avec l’IMFEAU, c’est la zone de l’océan Indien à proprement parler tend dès lors à renforcer son poids relatif. Or, cette zone (y compris le Golfe) est également celle où la majeure partie des croisières du Charles de Gaulle a été menée. La base des Emirats représente ainsi un facteur de persistance régionale – voire de compensation au deuxième porte-avions. A ce stade, si elle n’a évidemment pas les caractéristiques d’un porte-avions (fixe et non mobile, donc plus vulnérable) et que la compensation est symbolique, elle apporte aussi d’autres avantages que le porte-avions : elle peut accueillir bien plus que 30 appareils de combat (qui pourraient, à terme, être bien plus intégrés au dispositif réseaucentrique émirien) et permet de mettre en œuvre… des forces terrestres ;
- L’enjeu d’influence. Là où elle est installée, la France collabore activement et quasi-quotidiennement avec les forces locales, ce qui n’est pas le cas des Etats-Unis, où la coopération avec les forces du cru est plus formelle et donc moins souple. La base s’insère ainsi dans un dispositif d’influence plus large, comprenant l’extension quatariote de St Cyr, les extensions dans le Gole arabo-persique de la Sorbonne ou du Louvre ou encore, de façon plus diffuse, les acquis de la présidence Chirac en matière de politique arabe ;
- L’enjeu commercial, sur lesquels les médias se sont beaucoup focalisés mais qui ne constitue qu’une extension de l’enjeu d’influence. La base est destinée à devenir la vitrine des forces françaises dans un Moyen Orient où l’Iran fait peur et où les vannes budgétaires de défense sont à nouveau ouvertes. Or, la France est loin d’avoir les parts de marché dans la région qu’elle a pu avoir précédemment. En fait, les conditions ont changé : on n’achète plus de matériel sur base de leurs performances mais bien sur base de l’influence politique du vendeur. Comment, sinon, expliquer le succès du F-35 alors même qu’aucun exemplaire n’a encore volé là où la communication de Dassault est axée sur un Rafale « combat proven » ? Comment expliquer autrement que par l’influence que les Emirats achètent des C-17 et des C-130J en quelques mois – et sans avoir l’argent nécessaire – là où Paris est engagé depuis plusieurs années dans les négociations portant sur les Rafale ? En cherchant à se porter garante de la sécurité de la région, la France acquiert ainsi de l’influence qui, en retour, doit ouvrir les portes de la signature des contrats ;
- Enfin, l’enjeu politique n’est pas mince et il est double. Premièrement, la France ouvre, pour la première fois depuis 50 ans, une base militaire à l’étranger – un élément que n’ont pas manqué de souligner les médias américains. Ce qui tombe plutôt bien car Paris est, avec Washington, la seule capitale à entretenir de grandes bases à l’étranger (le dispositif britannique n’étant plus que l’ombre de ce qu’il était encore dans les années 1970). Le message politique aux Etats-Unis – mais peut être aussi auix Européens en général et aux Britanniques en particulier – consiste, dès lors, à montrer que la puissance française n’est pas morte. Ce qui, deuxièmement, a un véritable impact en matière de politique intérieure française. On se souvient que les réactions des militaires à la parution du dernier LBDSN avaient été plutôt froides. La base, de ce point de vue, est également une façon de faire bomber le torse à l’armée, lui rappelant que la France conserve des ambitions globales, en dépit d’une réforme douloureuse…
Libellés :
France,
Géopolitique,
Moyen Orient,
Stratégie
jeudi 28 mai 2009
DSI n°49, le sommaire !
En kiosque le 2 juin
Editorial
Agenda et nominations
Les contrats du mois
Veilles contre-terroristes
Veilles stratégiques
La chronique de Carl von C. : « Intelligence, renseignement et glandouille stratégique »
Sur le vif
Quel prépositionnement français en Afrique de l’Ouest ? Le point
Par Véronique Sartini, journaliste
Entretien avec le général de brigade Olivier Paulus,
commandant les Forces Françaises du Cap Vert (FFCV)
Encadré : Le point sur la présence française en Côte d’Ivoire
Encadré : Les Forces Françaises du Gabon
Entretien avec le général Claude Réglat, commandant les Forces Françaises du Gabon (FFG)
Encadré : la mission Corymbe
Stratégie
Clausewitz en action, des bibliothèques à l’Afghanistan
Interview du colonel Benoît Durieux, commandant le 2ème Régiment Etranger d’Infanterie, auteur de Clausewitz en France.
La puissance maritime à l’aube du 21ème siècle. Quelle ambition pour la France ?
Par le capitaine de corvette Philippe Le Gac, stagiaire de la promotion « Maréchal Foch » du Collège Interarmées de Défense
Les opérations de stabilisation sont des opérations de guerre. Une réponse au général Gaviard
Par Carl von C., chroniqueur
Armées
60 ans d’opérations aériennes israéliennes
Par Joseph Henrotin et Philippe Langloit, chargés de recherche au CAPRI
Le dernier recours qui n’existait pas. Israël et l’arme nucléaire
Par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI
Soufa et Re’em, poings de la Heyl Ha’Avir
Par Emmanuel Vivenot, journaliste spécialiste des questions de défense
Tableau de bord : La Heyl Ha’Avir
Par Philippe Langloit, chargé de recherche au CAPRI
Unités
Le CPA 10. Les forces spéciales, c’est aussi l’armée de l’Air
Par Véronique Sartini, journaliste
Encadré : Les spécificités des Commandos Parachutistes de l’Air
Encadré : Le « Poitou », l’escadron des forces spéciales
Technologie & Armement
Le C-5 Galaxy, vers une carrière de plus de 70 ans !
Par Stéphane Ferrard, journaliste spécialiste des questions de défense
C-17 : la solution au transport stratégique ?
Par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI
L’approche russo-soviétique
Par Jean-Jacques Mercier, expert en systèmes d’armes
L’Antonov An-124: tout simplement indispensable!
Par Jérôme Palmade, journaliste spécialiste des questions de défense
Fiches techniques
LHD Juan Carlos 1er /LA redéfinition de la projection vers la terre
Terminal High Altitude Area Defence/Vers une prolifération des systèmes antimissiles ?
Lockheed U-2 Dragon Lady/L’U-2, légende de la guerre froide
Critiques de lecture
Les armes nucléaires, mythes et réalités de Georges Le Gulte
Aux sources du terrorisme. De la petite guerre aux attentats-suicides de Hélène L’Huillet
Le pari de la guerre. Guerre préventive, guerre juste ? de Ariel Colonomos
2030, la fin de la mondialisation ? de Hervé Coutau-Bégarie
Question internationales, n°35, janvier-février 2009
Military Review, Special Edition, Counterinsurgency reader II
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