mercredi 20 octobre 2010

SDR britannique : un espoir et deux craintes

La parution, hier, de la nouvelle SDR a causé un réel effet de choc : en renversant les rapports de force classiques sur l’échiquier de l’Europe de la défense et en faisant de la France – en théorie et par défaut – la première puissance militaire européenne, le document laisse aussi poindre un espoir et deux craintes :

* l’espoir : la possibilité d’embarquer des appareils de combat français sur le porte-avions britannique (et vice-versa) est clairement affichée comme un objectif. La coopération dans le domaine aéronaval serait donc physiquement possible, comme la permanence à la mer d’un groupe aéronaval. Reste que, sans aéronavale pendant 10 ans, la Grande-Bretagne devra tout réapprendre : l’aéronavale européenne va devoir attendre une décennie pour se concrétiser. D’autres pistes de coopération sont évoquées, la France revenant systématiquement dans la position du « key allied ».

* la première crainte : coopérer dans le domaine de la défense, c’est fondamentalement facile. Le vrai problème est d’ordre politique et nombre de Britanniques considèrent toujours l’Europe de la défense comme un « object without subjetc ». Tout dépendra donc de leur perception de la façon d’accroître les coopérations. En tout état de cause, il semble bien que les partisans de la Coopération Structurée Permanente la plus ouverte possible perdent des points ; la meilleure option en PESD reste sans doute de travailler en petit comité ;

* la deuxième crainte touche à la façon dont sera perçue la SDR ailleurs en Europe et au rôle d’alibi qu’elle pourrait jouer dans la légitimation de réductions un peu plus drastiques un peu partout ailleurs. Les membres de l’Union européenne et tous les membres européens de l’OTAN, à l’exception de la Norvège, ont tous réduits leurs budgets militaires. Or, il est clair qu’aujourd’hui, rares sont les élites politiques, en Europe, ne considérant pas la défense comme autre chose qu’une variable d’ajustement budgétaire – comprendre un gisement financier dans un contexte où le pilier central des Etats européens n’est plus nécessairement la capacité à assurer la sécurité des citoyens mais bien les services sociaux associés à cette même citoyenneté.

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'affaire Desporte, certes. Mais quid de l'affaire Gennart? ;-) Alex.