mardi 2 mars 2010

4 Mistral pour la Russie et du gaz russe pour la France

C’est le 1er mars, au cours de la visite de 3 jours du président russe Dmity Medvedev en France, que plusieurs avancées ont été faites sur le développement des relations franco-russes.

Premièrement, GDF prendra 9 % des actions du gazoduc Nordstream de Gazprom, de sorte que la France recevra 1,5 milliard de mètres cubes de gaz russe à partir de 2015.

Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a confirmé que la France était engagée dans « des négociations exclusives » sur la vente de 4 BPC Mistral à la Russie, dont deux seraient construits en France, les deux autres l'étant en Russie.

La Lettonie, la Lituanie et la Pologne ont par ailleurs exprimé leur inquiétude à l’endroit de la vente.

9 commentaires:

Patrick Rogel a dit…

Oui, effectivement, les pays baltes sont inquiets de la "menace" russe (les guillemets sont de Matthieu Chillaud auteur d'un article à ce sujet dans le n° de janvier de DSI), mais bon, ils le sont depuis 1940... L'analyste militaire de RIA Novosti parlait hier du "complexe politique de victime traditionnel de ces pays" et rappelait que la Russie, vu ses frontières terrestres avec les pays baltes, n'avait pas besoin du Mistral pour y débarquer. Et hop ! Ce sont encore ces 3 pays qui ont récemment demandé une position ferme de Washington et de Bruxelles sur l'Ukraine et la Géorgie et le résultat a été plus que mitigé. Bref, il me semble qu'ils veulent faire les intéressants au sein de l'OTAN (qui assure gracieusement leur couverture aérienne et le déminage de leurs côtes) et devraient à mon humble avis se contenter de l'Eurovision comme arène (http://www.nouvelle-europe.eu/cultures/cultures-europeennes/coulisses-geopolitiques-de-l-eurovision.html) où, même là, leur position vis à vis de la Russie n'est pas claire : ennemi ou partenaire ? Quant aux cris d'orfraie des néo-conservateurs en décembre (en fait 6 sénateurs républicains dont John McCain), ils n'ont eu que peu d'écho au sein de l'administration Obama qui, via Robert Gates, s'est certes dite "préoccupée" en public mais reconnaissait en privé que les USA ne pouvaient rien faire pour bloquer la vente et admettait même qu'elle ne posait pas de réel problème. Donc, "diplomatie de défense ou diplomatie tout court", se demandait Joseph Henrottin ? Et bien, la France semble même avoir choisi les deux, les Mistral russes pouvant servir à protéger North Stream.

Annapolis a dit…

Ce que vous dites sur la perception americaine n'est pas vraie. Ici, beaucoup de strategists pensent qu'il s'agit d'une grosse erreur et si vous lisez la presse, vous voyez que ce n'est pas une perception de neo-cons... Vous voyez aussi que dans l'administration, comme au NSC, ils aiment pas du tout ce qui se passe.

Je dis pas pour autant que la Russie est une menace. Mais je dis que la France joue avec le feu.

Deedee a dit…

Il y a les protestations officielles et ce qui se dit dans les couloirs : ici en Suede, ce n'est pas bon. Et mes patrons sont loins d'etre neo-conservateurs !

Leclerc a dit…

De toute façon, les Russes n'auront ni les système de combat, ni les systèmes d'autodéfense. Avant qu'ils fassent de ces amphibs des navires réellement opérationnel, il leur faudra des années.

Et puis : c'est pas très solides ces machines là. Note à Deedee : ils feraient d'excellents bancs d'essais pour vos RBS 3 ;o)

Divan le terrible a dit…

Mwouais : @Patrick Rogel, avez-vous lu le bouquin de Chillaud, sur la sécurité des Etats baltes ? C'est un peu plus compliqué que les seules guillemets qui dénoteraient une relativisation elle même toute relative...

JH nous parlait aussi de la nouvelle doctrine norvégienne et de la perception de la Russie... Complexe là aussi. Pour le reste, belle cible, effectivement ;o)

Patrick Rogel a dit…

@ Divan le terrible. Oui, j'ai lu la doctrine norvégienne tout comme la nouvelle doctrine russe qui considère l'OTAN comme ennemi tout comme cette dernière le fait pour la Russie mais sans le dire officiellement. Tout ça ressemble fort à de la posture.

MikeOne a dit…

Lorsque l'on a des "amis", on ne menace pas de les atomiser sous couvert de posture... Ce n'est pas nous qui ne sommes pas sortis de la guerre froide, c'est Moscou.

La Russie doit choisir.

Artheval_Pe a dit…

@ Annapolis : Quels sont les capacités des bâtiments qui posent problème à l'administration US ? Ils donneront des capacités de projection à la Russie, mais celles-ci ne sont-elles pas précaires ? Après tout, ces BPC construits aux normes civiles ne sont-ils pas particulièrement fragiles dans la perspective d'un combat de haute intensité ?

Une autre question est celle de l'éventuelle dépendance technologique que cela pourrait entrainer. Moscou ne risque-t-il pas de dépendre de l'expertise de DCNS et Aker Yards pour la maintenance à long terme de ces navires ? (Je pose la question sincèrement, je ne suis pas ingénieur et je n'ai aucune idée du degré de technicité de ces engins)

Frédéric a dit…

C'est surtout, comme on l'a fait remarqué dans plusieurs blogs et articles, la capacité du ''fait accompli'' que permettent ces navires qui fait grincer des dents parmi les alliés. Qui aurait le courage de demander un régiment mécanisé russe de rembarqué à bord de leurs navires le jour ou il débarque sans prévenir dans une crise quelquonque ?

Aéroport de Pristina, Kosovo, 1999, cela à laissé des souvenirs.