jeudi 3 décembre 2009

Le chômage, facteur de stabilisation en COIN ?

Nombre d’interventions politiques – mais aussi de travaux sur la contre-insurrection – mettent en évidence le fait que le chômage, et, plus largement, la pauvreté, constituerait un facteur nourrissant les insurrections. Cet axiome détermine ainsi nombre de politiques étrangères et de coopération au développement dans les pays européens et trouve des ramifications jusque dans les programmes de la Commission européenne.

La création d’emplois – généralement par les Etats sous perfusion des coalitions, les économies locales n’étant guère solvables – est également citée comme l’un des éléments des stratégies contre-insurrectionnelles. Généralement, l’idée est associée au fait que les populations les moins éduquées sont également les plus susceptibles de basculer dans la violence armée.

Or, si Marc Sageman avait déjà démontré que l’éducation ne constituait pas une parade contre le basculement dans le terrorisme, un rapport du National Bureau of Economic Research américain, Do Working Men Rebels ?, vient de montrer les limites de l’approche.

Sur base de l’expérience des Philippines et de l’Irak, un économiste, un colonel et un politologue ont ainsi montré que la corrélation « violence/inoccupation professionnelle » est fausse. Outre le fait que les salaires versés par les Etats peuvent ne pas être aussi élevés que les gains espérés par le combattant potentiel, les bakchichs payés aux civils pour obtenir des renseignements peuvent être plus faibles lorsque lesdits civils sont au chômage. Pour un montant donné, le nombre de renseignements reçus par les armées serait plus élevé.

D’autres facteurs entrent également en ligne de compte, notamment pour expliquer l’échec de la tactique britannique à Bassorah visant à la mise en place d’une myriade de projets professionnels, comme le fait qu’elles associent la population qui en bénéficie à l’adversaire, ce qui en ferait une cible. Une nouvelle illustration, en somme, de la nature paradoxale de la stratégie…

1 commentaire:

nikesfeld a dit…

Il parait un fait évident qui a déjà été discuté dans le passé sur ce blog.

Il s'agit du passage de l'été de guerre à l'état de paix. Pensons au Moyen age, et à la répartition entre paysan et soldat. Ce n'est qu'à partir du moment où le combat s'est civilisé en se concentrant sur un champ de bataille restreint que la productivité agricole, les progrés de la technique ont évolués.

Parler du chomage comme s'il s'agissait d'une société moderne en paix ne parait pas significatif.
Réfléchissons un instant sur notre propre comportement dans un pareil situation.