lundi 15 juin 2009

Faire européen, est-ce plus cher ?

Juste une petite réponse au dernier post de JDM, concernant la question du coût des appareils de combat européens en regard de l'option nationale. Je ne m'aventurerai pas ici sur la question du coût mais je ferai juste une petite précision, en rappellant ici une interview donnée en son temps par Claude Carlier, professeur en Sorbonne et grand observateur de tout ce qui vole devant l'Eternel.

Pour résumer les choses, il indiquait - avec raison et non sans malice - que, pour l'heure, il n'y a pas de vrai programme européen, pas même Airbus. En fait, il n'y a qu'une définition européenne d'un projet, suivie d'une segmentation nationale de ses morceaux. Avec des ailes fabriquées en Allemagne, des becs de bord d'attaque en Belgique, des moteurs en Grande-Bretagne et un assemblage final éventuellement en France. Résultat : vous démultipliez les coûts*.

Alors, ce serait quoi un vrai programme européen ? Simple : définition commune et envoi des "meilleurs" de chaque catégorie en un seul lieu de production. Un drapeau, un projet. Pas 15 drapeaux (et autant de chefs d'Etat qui se battent pour le "retour sur investissement national") et un projet. l'Eurofighter, de ce point de vue, n'est pas un programme européen ; c'est juste un programme multinational comme on pu l'être le Tornado, le Lynx ou le Puma.

Et puis, dernière petite observation, Typhoon et Rafale ne sont pas comparables. Le premier est fondamentalement un chasseur et le deuxième, un appareil d'attaque au sol. Ensuite, le domaine de vol est exploré et on ajuste (ce qui ne veut certainement pas dire que le Rafie soit une clinche en air-air...). Je vous assure qu'en démo aérienne, comme tout à l'heure, ça ce voit. Aussi, je doute qu'il soit véritablement pertinent d'opposer si systématiquement les appareils.

* Et d'autant plus si, comme on s'en souviendra, vous n'utilisez pas les mêmes logiciels et que, finalement, vous devez ajouter du câble parce que ceux qui avaient été planifiés étaient trop courts... Non non, ce n'est pas une blague... Malheureusement.

11 commentaires:

Bernard a dit…

Bonjour, article pertinent s'il est est !
Mais mon interrogation fondamentale est ailleurs. C'est quoi une "clinche" ?

Bravo pour votre blog en tous cas et bonne continuation !

Bernard

Zack a dit…

Hmm le Rafale, un appareil d'attaque au sol ? vous y aller un peu fort là ... Il aura bientôt un radar AESA très performant en mode air-air, à une aérodynamique très bien étudiée et il sert plus que le typhoon, je vous laisse imaginer avec les nouveaux moteurs M88-2

Laverdure a dit…

@zack : non non, JH a bien raison. Le Rafale est certes multirôle mais à la base, la demande portait surtout sur du air-sol, en remplacement des Jaguar. D'où les retards sur le radar (celui en service à l'heure actuelle dépasse péniblement les 50 bornes).

Pour le reste, je ne pense pas que JDM soit guère expert en matière de défense aérienne. Son dernier bouquin est à la nuance ce que le BigMac est à la gastronomie. Beaucoup trop de partis-pris pour un faire un ouvrage sérieux...

Anonyme a dit…

@Bernard
"clinche" est une expression belge qui est en fait "clenche" en Français mais qui prend ici la signification de débile ou crétin...

Bon salon, malgré la pluie, car cela rend notre JH plus prolixe...lol

L

Anonyme a dit…

JH et Laverdure, je voudrais simplement remarquer que les premiers Rafales M ne pouvaient pas larger de bombes (cf. Mission Héracles). Donc dire que le Rafale est prioritairement un bombardier me semble incorrect.

Athéna et moi... a dit…

@le dernier anonyme : certes, c'est vrai. Mais les premiers Rafale M, mis sous cocon depuis, avaient une capacité air-air plus que limitée, et pour cause. L'appareil était à ce stade guère plus qu'un crash program de remplacement des "Cruse" (il n'avait pas d'OSF, par exemple).

Du point de vue de la génétique de l'appareil - sa conception initiale, qui a orienté l'aérodynamique, le choix de puissance, etc. - il s'agissait d'abord de disposer d'un multirôle avec emphase sur l'air-sol - effectivement, pour remplacer d'abord et avant tout le Jag dans l'AdA.

Plusieurs bons ouvrages existent sur l'appareil. Pas de référence en tête pour l'instant, mais ils se trouvent sans peine, chez ETAI notamment.

Anonyme a dit…

Une clinche = une merde.

Anonyme a dit…

On se demande alors quel est l'intérêt des études Rapace concernant un appareil de grande manœuvrabilité à l'origine du programme (fin des années 70).
Le Rafale devait tout remplacer. Pensez justement à la Marine. En quel honneur aurait-elle du se contenter d'une plateforme air-sol avec missiles air-air ? La défense du groupe aéronavale ne mérite-t-elle pas un vecteur sérieux ? Dassault a longtemps mené sa quête de la polyvalence la plus totale possible. C'est devenu possible avec le Rafale.
Ceci ne signifie pas qu'il surpasse un appareil comme l'Eurofighter dans le domaine du combat aérien, mais l'avion n'est pas "fondamentalement" fait pour l'air-sol, et il ne compromet pas ses capacités en air-air pour l'air-sol, ou peu (question de compromis bien entendu).

Athéna et moi... a dit…

Je n'ai jamais dit qu'il compromettait l'un pour l'autre, j'ai juste dit que dans son aspect multirôle, il y avait emphase sur l'air-sol - soit le compromis dont vous parliez. Et en l'occurrence, génétiquement, le compromis a basculé en faveur de l'air-sol.

Anonyme a dit…

L'Eurofighter optimisé en air air a des performances dynamiques un peu meilleures que le Rafale actuel polyvalent, mais en combat au dela de la portée visuelle, la signature radar, les systemes, les CME comptent plus.
Et pas sur que la difference en combat AA soit notable entre les deux.En fait nos experts ne le pensent pas.
En, passant a 9 tonnes avec l'AESA le Rafale devrait etre proche de l'EF sur les performances dynamiques.
JDM a raison, l'EF n'a pas été source d'économie pour les participants et les raisons sont connues.Tous le monde veut conserver ou étendre sa maitrise des technologies clefs pour des raisons de souveraineté et donc les developpements sont attribués en fonction des priorités nationales des pays membres: chaque pays obtient souvent en terme de part industrielle... ce qu'il ne sait pas faire (!!!!) pour l'acquérir a travers le programme!
Se pose en fait le probleme du partage de la propriété industrielle et des technologies clefs.
De plus les spécifications sont en général peu optimisées et coorespondent a l'enveloppe des demandes et non a un dénominateur commun.
Et gérer en programme avec 4 participants au volant, c'est difficile.
Le probleme de fond est de savoir si les volontés réelles des pays concernés sont celles d'une véritable europe de la défense ou si l'on en reste au gimmick politique de facade.
La vérité c'est que les différents pays européens ne partagent pas les memes options stratégiques y compris sur la BITD et n'ont pas l'intention de brader leur souveraineté pour les plus importants.
Certains se contentent de l'OTAN et des USA en protecteurs, et quelqu'uns ont une autre vision plus nationale ou du moins avec la volonté de pouvoir faire sans dépendre des autres ou des USA.

ogodaï a dit…

Pour Athéna : pas d'accord sur l'infériorité supposée du Rafale en combat aérien basée sur les démonstrations au Bourget : certes l'Eurofighter a été plus impressionnant de puissance cette année que le Rafale. Mais ce n'était pas le cas il y a quatre ans. Je pense que la différence vient de ce que c'est toujours le constructeur (eads) qui présente d'un côté alors que ce n'est plus Dassault mais l'Armée de l'Air de l'autre...et je pense que la post-combustion ne doit pas être appréciée par les comptables...sans compter que vu le prix du joujou il vaut mieux ne pas le casser.