Le Centre d'Etudes Supérieures de la Marine (CESM) a mis récemment en ligne une série de textes qui ont le mérite d'alimenter le débat. C'est une bonne chose dès lors que les publications touchant aux questions navales (et non maritimes, mieux couvertes) sont non seulement peu nombreuses en France mais également très orientées vers l'histoire, au détriment de la compréhension des mécanismes stratégiques régissant les marines contemporaines.
D'abord, les actes du colloque tenu sur "Irrégularités et guerre sur mer". La question se pose de plus en plus fréquemment : piraterie, terrorisme maritime (ou encore émergence de marines subétatiques, à l'instar des Sea Tigers tamouls) pose question à des marins plus habitués à mener des formes classiques d'opérations. Pour ma part, je persiste à penser que le phénomène est appelé à se développer : dans les nouvelles conditions technologiques, il n'y a aucune raison de penser que la "loi du contournement de la puissance" ne s'applique pas aux marines.
Ensuite, une série d'études d'une longueur et d'une valeur variable. Enfin, les Bulletin d'Etude de la Marine, trimestriel, sont également accessibles. A l'instar de la Naval War College Review américaine, beaucoup de géopolitique et quelques points de vue intéressants.
Que le CSEM mette en ligne ses travaux est une très bonne nouvelle. D'abord, parce que l'on réfléchit peu et mal au rôle des marine. Peu, dès lors que le nombre de travaux portant sur les marines et la stratégie navale contemporaine est très faible en France comme en Europe continentale. Mal, ensuite, dès lors que nombre de pistes sont inexplorées. Il a fallu Milan Vego, aux Etats-Unis, pour s'intéresser à l'art opératif naval. Il vient d'ailleur de récemment sortir un ouvrage sur le sujet chez Routledge. A mon sens, il reste trop marqué par une conception mahanienne "basique" et mettant en évidence l'engagement décisif. Mais, à tout le moins, l'eefort est d'une grande valeur.
On réfléchit également mal au regard de décisions qui ont été prises dans les marines de l'OTAN sans prise de distance. A relire Wayne Hughes et la lecture qu'il fait des "Lois de Lanchester", la puissance de feu est une donnée centrale, le plus grand nombre de coups étant déterminant. Or, alors que les marines otaniennes s'orientent vers des dotations à 4-8 missiles (les Danois faisant exception avec 16), les marines émergentes tablent sur des dotations de 8 à 16 engins.
De facto, le champ de la guerre navale contemporaine est une immense friche. Pour travailler sur le sujet depuis maintenant quelques temps - avec un ouvrage à la clé, dans les bacs, j'espère, d'ici juin ou septembre - je reste intimement convaincu de la nécessité de disposer d'un véritable "reader" en matière de stratégie/opératique/tactique navale théorique. De quoi donc, amplement faire ;o)
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1 commentaire:
Ahah, j'ai cherché assez désespérément pendant pas mal de temps des documents sur la marine comparable à ce qu'on trouve outre-atlantique ou même pour l'armée de terre, sans grand succès jusqu'ici.C'était assez désespérant. Tout n'est pas classifié tout de même?
Puisqu'on est sur le sujet, est-ce qu'il y a une chance que le bouquin de Hughes débarque sur nos côtes traduit? "Fleet tactics" est une vrai merveille aussi bien en terme de réflexion que de vulgarisation.
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