lundi 10 novembre 2008

Le clash des lignes d'opérations

Avec les suites d'Euronaval, les travaux sur le DSI 43, un cours, des tournages et un saut sur Paris, je n'ai guère eu le temps la semaine passée de revenir sur un événement qui en dit assez long sur le manque de compréhension de la complexité stratégique contemporaine que l'on peut trouver dans certaines sphères du monde politique. En l'occurrence, c'était la réaction du Commissaire européen à la coopération au développement, LouisMichel, sur l'évolution des combat au Kivu (RDC) qui m'avait fait sursauter.

En gros, il estimait qu'il était nécessaire de déployer une force humanitaire dans la zone, apte à faire tampon entre les belligérants, tout en conduisant un sommet... qui a finalement eu lieu sans que les rebelles n'y soient invités. Assez logiquement, ces derniers refuseront les conclusions dudit sommet pour n'y voir qu'une démonstration de l'impuissance des Etats de la région à trouver une solution de paix. Concrètement, ils sont en position de force et Kinshasa n'a guère qu'une seule véritable option pour faire respecter l'intégrité de ses frontières et rétablir la paix : faire intervenir l'Angola, transformant ce qui restait, grosso modo, une guerre civile en conflit interétatique.

Voilà pour les négociations : comme souvent lorsque la décision n'a pas été obtenue sur le terrain (et plus encore lorsqu'elles ne permettent pas de rassembler à une même table tous les belligérants), elles ne cautionnent guère que les bonnes intentions. Or, la proposition de L. Michel de développer une force humanitaire se heurte à un autre obstacle : elle existe déjà. C'est la MONUC, dont l'efficacité est remise en doute par le SG ONU lui-même.

Ne nous attardons pas ici sur le "que faire" (deux options existent, mais elles sont, respectivement, politiquement comme éthiquement inenvisageables : soit l'intervention militaire aux côtés de la RDC et l'abstentionnisme) mais, plutôt sur les ressorts de la position du Commissaire. Belge, il est héritier d'une culture politique profondément marquée par l'affaire rwandaise, lorsque 10 parachutistes avaient été capturés puis massacrés, entraînant le retrait des forces belges et l'effondrement de tout le dispositif de la MINUAR.

Déjà à l'époque, le niveau politique avait été incapable de financer le déploiement comme les forces et d'obtenir des garanties suffisantes de l'ONU en matière de règles d'engagement et de circulation du renseignement... A ce niveau, d'ailleurs, nos politiques avaient été incapables d'écouter les avertissements des SR sur la préparation d'un génocide. Or, ces symptomes du mal stratégique belge n'ont pas changé : plutôt que de la considérer comme une ligne d'opération en soi, la diplomatie reste comprise comme la seule ligne d'opération possible, passant à côté de toute autre option.

Entendons nous bien, je ne dis pas par là qu'il faille intervenir au côté de la RDC. Mais à entendre de telles demandes d'interventions "humanitaires" alors que les forces n'ont cessé d'être appauvries, il faut rester prudent. Si elles avaient une posture plus offensives que la MONUC, elles seraient immanquablement considérées comme hostiles... sauf à reproduire le scénario d'Artemis. Mais Artemis, succès politique de la PESD s'il en est, n'a absolument rien résolu sur le fond : la guerre est toujours présente et les réfugiés ne cessent de marcher.

On peut certes reproduire à l'envi de telles opérations. Mais la question de leur utilité finira immanquablement par se poser. D'où l'impérieuse nécessité d'une conjonction des lignes d'opérations prenant autant en compte les rationalités politiques qu'opérationnelles. Mais c'est là sans doute trop demander...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je souscris globalement à votre analyse, mais une chose m'échappe : comment le SG ONU peut-il remettre en cause l'efficacité d'une MONUC dont il détermine les moyens et le mandat ?

Anonyme a dit…

Envoyer de la troupe en transition(?) avec un budget de deux fois riens? J'aimerait bien envoyer de la troupe vers le N Kivu, sur Goma et en finir avec les rebelles...mais manque de € et de 'décision politique'.

Moi, je songerait plutôt a un scénario PMC Angolaise/Sierra Leonaise ou intégrer Nkunda dans le système politique Congolais (bien que je pense que sa durera pas longtemps). On paie une troupe pour le RDC qui en finisse pour nous. Reste le problème de sécurité.

L'autre scénario est une troisième guerre Congolaise...mais cette fois si le RDC doit gagner. Ce que je me demande...pourquoi n'y a-t-il pas de mobilisation générale dans le RDC? Peur d'une population armé? Peur d'un massacre? Manque de cohésion sociale?

Soit, il est vraiment temps d'en finir.

Anonyme a dit…

La Monuc est le plus ''gros'' déployement de Casques Bleus à l'heure actuelle avec des unités venant de pays qui savent ce que c'est que le combat (Inde, Pakistan); le pays est le seul ou ceux ci ont livré une vrai guerre au sens propre du terme au début des années 60 contre les ''affreux'' Katangais, Y a t'il une chance pour que l'ONU se reprennent enfin et se fasse respecter ?

Anonyme a dit…

Une autre vision du conflit du Kivu existe.

"The USA role and AFRICOM"

The area of Congo's Kivu region and the border straddling Rwanda and Uganda runs on the eastern edge of the Great African Rift Valley, believed by geologists to be one of the richest repositories of minerals on the face of the earth.

The Democratic Republic of the Congo contains more than half the world's cobalt. It holds one-third of its diamonds, and, extremely significantly, fully three-quarters of the world resources of columbite-tantalite, or coltan - a primary component of computer microchips and printed circuit boards, essential for mobile telephones, laptops and other modern electronic devices.

America Minerals Fields Inc, a company heavily involved in promoting the 1996 accession to power of Laurent Kabila, was, at the time of its involvement in the Congo's civil war, headquartered in Hope, Arkansas. Major stockholders included long-time associates of former president Bill Clinton going back to his days as governor of Arkansas.

Le lien est:
http://www.atimes.com/atimes/China_Business/JL02Cb01.html