Outre le bouclage des prochains DSI et T&A et les travaux sur mon prochain ouvrage, un peu de lecture - je veux dire, au-delà des traditionnels communiqués de presse et autres monographies internet. En l'occurrence, Routledge m'a envoyé Strategic Studies. A Reader, de Mahnken et Maiolo, deux noms que vous avez sans doute dû déjà entendre.
En l'occurrence, ce reader diffère des ouvrages type "état de l'art" que l'on peut trouver par ailleurs. Ici, quelques grands textes de stratégie classique ont été réunis, à vrai dire, d'une façon assez équilibrée. Vous y retrouverez Brodie (Strategy as a science) ; Freedman (the problem of power) et Willie Fuller (What is a military lesson). Voilà pour le cadre général. Personellement, j'y aurais bien ajouté quelques passages de Wylie (Military Strategy: A General Theory of Power Control)
Retour ensuite sur quelques classiques : Sun Tzu, Liddell Hart, Schelling (Arms and Influence), Fuller par Brian Reid (sur la mécanisation) ; les Principes de Corbett (que je commence à connaître par coeur mais qui sont indispensables) et le texte de Byman qui avait, à l'époque, fait sensation sur l'usage de l'Airpower durant Allied Force (et que j'avais commenté assez longuement dans L'Airpower au 21ème siècle).
La partie suivante est consacrée à la stratégie nucléaire. Retour à l'excellent Brodie (The Absolute Weapon - le matin suivant Hiroshima, il avait dit à sa femme que tout ce qu'il avait pu écrire sur la stratégie avant n'était plus pertinent) et à Wohlstetter (the delicate balance of terror). Retour donc aux élémentaires des conceptions métastratégiques de l'emploi de l'atome (comme dirait Sallantin, Guitton et quelques autres). Oui, c'est normal (et avouez, private joke, que ça fait du bien). Un petit coup de Lucien Poirier eut également eu sa place. Des stratégies nucléaires reste un ouvrage qui en a certes marqué plus d'un mais qui reste également plus que pertinent.
La centaine de pages qui suit - c'est bien normal - est consacré au COIN. On y retrouve Lawrence, Mao, Galula, Mack (Why big nations lose small wars), Kilcullen et le tandem Neumann/Smith. Les gars du King's College regrettaient de ne pas voir Zawahiri. Je ne leur donne pas tort. Mais l'éventail donné est en soi bien sympathique et montre que les Américains ressortent (enfin) du paradigme d'un sois-disant full-spectrum conflict qui révélait surtout son rétrécissement au seul combat régulier.
La dernière partie est consacrée aux guerres futures. Retour donc sur Krepinevich (From Cavalry to computers), Evans (From Kadesh to Kandahar) et, en guise de gros bémol porté à la RMA (tient, ça me rappele que j'aurai encore de la lecture à vous conseiller !), Gray (Why strategy is difficult), Roberts et Strachan (The lost meaning of strategy).
Un très bon recueil donc qui complètera à merveille ce petit bijou de pédagogie qu'est l'Anthologie mondiale de la stratégie de Chaliand. L'ouvrage, comme tous les recueils de ce genre, à ses défauts : Byman n'était pas le meilleur sur l'Airpower et ses potentialités et Castex, qui a pas mal de choses à dire sur la stratégie navale, eut été le bienvenu. Mais bon, tout choix implique des renoncements et relire ses classiques ne fait franchement pas de mal.
Bonne lecture tout le monde !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire