Bonjour l'Europe, il est 0820 et votre serviteur s'active sur des problèmes de stratégie navale théorique - rien de tel à l'heure du petit dej'. Vous allez me dire que ça ne fait pas votre affaire et vous aurriez bien raison.
En attendant, Rania Massoud de L'Orient/Le Jour (Beyrouth) m'a interviewé vendredi passé dans le cadre de la réalisation d'un article sur le sommet de Bucarest. Il peut-être lu en ligne.
L'ensemble des réponses qu'elle m'avait posé est quant à lui ici :
Quel est l'avenir de l'OTAN? L'Alliance, dès sa création, avait pour but de protéger l'Europe et l'Amérique du Nord contre toute attaque. Après les attentats du 11 Septembre, l'OTAN s'est vu attribué la mission de combattre en Afghanistan et d'assurer la formation de l'armée et des forces de sécurité afghanes - l'OTAN est pas ailleurs présent en Irak aussi. Est-il temps que les dirigeants réunis à Bucarest repensent l'avenir de l'Alliance?
JH : En fait, les débats sur les rôles et missions de l’OTAN n’ont jamais cessés. Si la menace soviétique a disparu, d’autres ont rapidement émergé : terrorismes, nationalismes « revendicatifs », risques environnementaux, etc. Aussi, Bucarest est surtout un sommet « opérationnel » entérinant un nouvel élargissement à la Croatie et à l’Albanie, permettant de faire avancer les débats sur les défenses antimissiles et de faire le point sur l’Afghanistan. Mais, de fait, les élargissements successifs et certaines propositions de parlementaires américains d’étendre l’Alliance à des pays comme l’Australie ou le Japon imposeront, à un moment, de redéfinir ce que doit être l’OTAN.
Quel est l'importance du rôle de l'OTAN aujourd'hui en Afghanistan? Les pays membres ont renforcé leur soutien, surtout la France. Mais est-ce suffisant? Et que pensez-vous du fait que le Pakistan, pays qui abrite sur sa frontière des Talibans, n'ai pas été invité au sommet?
JH : c’est un rôle de plus en plus important. On est passé d’un mandat sur Kaboul à un mandat sur l’ensemble du pays et de missions de reconstruction à des missions de reconstruction, de formation des forces afghanes et de combat/stabilisation. Les pays européens membres de l’OTAN sont, de ce point de vue, un réservoir de forces pour les Etats-Unis. Reste, effectivement, la question de savoir si c’est suffisant. En contre-insurrection, comme sur la frontière pakistanaise, ce ne sont pas quelques bataillons qui font la différence sur le terrain. L’essentiel est de savoir ce que l’on veut faire et avec quelle stratégie. Prises indépendamment, la reconstruction, la formation ou le combat sont naturellement insuffisantes. Il faut d’abord et avant tout gagner le soutien des populations et tout y concourt. Le facteur pakistanais est également un élément important, mais éminemment fragile. Inviter les Pakistanais, c’était aussi courir le risque de les voir « vendus » à l’OTAN et à déstabiliser un peu plus leurs assez peu confortables positions. Ceci dit, les contacts entre l’OTAN et le Pakistan sont fréquents.
Certains analystes prédisent que tout comme l'OTAN se trouve aujourd'hui en Afghanistan, il pourrait être également un jour impliqué au Moyen-Orient, surtout si cette région devienne un jour directement menaçante pour la sécurité européenne. Qu'en pensez-vous?
C’est une possibilité objective. Le sommet de Washington (1999) a entériné la possibilité pour l’OTAN de mener des opérations « hors-zone Article 5 » (soit en dehors des Etats-membres de l’OTAN).
Peut-on parler de marchandage au sommet, étant donné que les pays membres de l'OTAN ont refusé - pour le moment - l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie et ont accepté, en contre partie, de soutenir le projet de bouclier antimissile US en Pologne? Que pensez-vous de l'attitude de la Russie qui se sent "encerclée" par l'influence occidentale?
Je ne pense pas qu’il s’agisse de « marchandage » à proprement parler : chaque Etat membre a son point de vue sur l’un ou l’autre dossier et il est un fait certain que la proposition de bouclier antimissile US peut paraître alléchante pour des Etats dont la compréhension des phénomènes militaires décline. Du point de vue russe cependant, ce bouclier est très mal vu et participe effectivement d’une perception d’encerclement. La Russie perd, peu à peu et en quelques années, un glacis protecteur qu’elle a mis des centaines d’années à constituer. La Russie est, par certains aspects « dans les cordes » et bombe le torse en multipliant des manœuvres militaires très voyantes, y compris à proximité immédiate des espaces aériens de l’OTAN. Cette posture, à terme, ne pourra que renforcer la volonté des alliés de disposer d’un bouclier… même s’il a de fortes probabilités d’être inefficace.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire