jeudi 22 novembre 2007

Un peu de lecture pour les soirées d'hiver

Et voilà, le T&A de décembre-janvier est bientôt bouclé, le DSI de décembre tourne sur les rotatives, celui de janvier progresse comme il doit et, comme on dit outre-atlantique, "la redaction save the day". Ouf ;o) Tout cela pour dire que je viens de recevoir "La guerre probable", du général Desportes, un ouvrage qui devrait faire parler de lui à pas mal d'égards - surtout, je l'espère, en bien.

C'est clair, préçis et la thèse défendue ne manquera pas d'animer les débats stratégiques en cours - d'autant plus qu'elle est très solidement argumentée. Bien sûr, elle en fera râler plus d'un. Mais bon, sinon, on ne serait plus dans un débat et ce serait, vous le reconnaitrez, profondément ennuyeux.

Et à ceux qui diront qu'il est un indécrottable défenseur de l'engagement au milieu des populations et de la préparation face à la guerre asymétrique, il faut tout de même avouer qu'il a, à l'égard des engagements "possibles à plus long terme" une posture spécifique : il ne nie donc pas cette possibilité mais part du principe - assez sain - que s'il faut attendre demain pour faire face à la symétrie, il faudra toujours survivre à aujourd'hui et à l'asymétrie.

Je n'ai pas encore terminé l'ouvrage (critique dans le DSI de janvier) mais les pistes qu'il dessine pour se jouer de cette dichotomie parfois franchement abusive font franchement avancer les choses et, à tout le moins, réfléchir.

D'ici là, croisez les doigts : Véro part en mission sur Paris demain pour la rubrique "unité" de janvier. On espère ne pas la retrouver en hypothermie et affamée, bloquée quelque part dans une grève ;o)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

La guerre probable ? Oui, bien sûr...

L'Histoire est truffée des écrits de ces généraux qui nous prédisent le déroulement de la prochaine guerre.

Et pourtant, l'aphorisme des historiens militaires qui veut que les généraux soient toujours prêts à faire la guerre précédente, n'a jamais été véritablement contredit.

Athéna et moi... a dit…

Bonjour Radisson,

Euh... justemment, l'aphorisme en question a toujours été contredit : Fuller, Liddell Hart, de Gaulle voire Petraeus montrent qu'il existe des dynamiques de contestation des modèles dominant au sein même des armées (et heureusement !).

Il me semble donc très abusif d'envisager "les généraux" comme un bloc monolithique déterminé par une logique conservatrice qui serait excessivement fondée sur le passé.

A cet égard, Desportes est un franc-tireur "raisonné" (on est loin du "stade Ralph Peters") dont certains exemples tirés de son bouquin ont moins de 3 mois. J'en suis à la page 60 et l'analyse est vraiment très fine, très nuancée. Rien à voir avec une quelconque prétention à édicter la vérité suprême.

Il n'apporte pas de solution ultime (celui qui d'ailleurs la propose est probablement un charlatan) mais une série de pistes que les tenants de la "vieille guerre" (celle qu'on a gagné en 89) devraient méditer.

Je ne peux donc que vous inviter à le lire, histoire que vous vous fassiez une idée !

JH

Anonyme a dit…

Bien le bonjour Monsieur Henrotin,

Il se trouve que someille en moi un indélogeable sceptique, qui a tendance à sortir de sa torpeur lorsque se fait entendre un chant de sirène ayant pour prétention de prospecter l'avenir. C'est pour ça que j'aime mieux étudier l'histoire : on risque moins de se tromper sur le déroulement des choses...

Parlant de Liddell Hart, je viens juste de terminer la lecture de l'édition 2007 de "Stratégie", collection Tempus chez Perrin, incluant l'introduction (interminable, irritante et très verbeuse) de Lucien Poirier.

Je suis, là encore - c'est une manie chez moi -, plutôt sceptique. J'avais un patron qui aimait répéter que lorsque le seul outil dont on dispose est un marteau, on a tendance à voir chaque problème comme étant un clou. C'est l'impression qui m'est resté "en bouche" après avoir terminé le livre de Liddell Hart. Selon Liddell Hart, toutes les manoeuvres victorieuses, stratégiques ou tactiques, découlent de l'approche indirecte, que celle-ci soit volontaire, involontaire ou même purement accidentelle. On a l'impression que l'auteur a soigneusement choisi ses exemples. La démonstration aurait été plus convaincante si Liddell Hart s'était donné la peine d'étudier quelques manoeuvres d'approches directes qui ont réussi - dans toute l'histoire de l'humanité il doit bien s'en trouver une ou deux - ne serait-ce que pour nuancer le propos.

Ceci étant dit, je désirais lire Liddell Hart pour conforter mes idées (préjugés ?) à l'égard de l'incompétence des généraux Français et Anglais de la guerre 14-18. De ce point de vue, mission accomplie. Les révisionnistes à la Keegan ou à la Rawling peuvent aller se rhabiller.

Et c'est là que je boucle : si on relisait aujourd'hui Joffre, Lanrezac, Foch, Pétain, ainsi que leurs homologues Britanniques d'alors, qui ont sûrement produit des oeuvres fines et nuancées, eu égard aux critères de l'époque, qu'en penserions-nous aujourd'hui ?