En septembre 2006, dans la foulée des attentats manqués dans des trains allemands, j'avais publié une analyse pour la rubrique "Prospective stratégique" de DSI portant sur ce que j'avais qualifié de "méso-terrorisme". En clair, j'indiquais que les tentatives d'attaques en Allemagne relevaient d'un nouveau mode opératoire pour les "would-be" d'al Qaïda : plutôt que de se concentrer sur des attaques complexes à concevoir et à mettre en oeuvre, visant des dizaines d'avions dans des scenarii apocalyptiques, certains pourraient se concentrer sur une multitude d'attaques utilisant des moyens plus simples.
Et les événements du week-end en Grande-Bretagne semblent rejoindre ce scénario : positionner des voitures piégées à des endroits fréquentés est tout de même plus simple que de tenter de faire sauter en vol une dizaine d'appareils avec des bombes liquides. Logistique et planification en sont largement simplifiées. Changement de modus operandi donc (contrairement à ce que nous disait hier France 2) mais aussi de rationalité stratégique : on passe d'une optique d'impacts psychologiques radicaux (le 11/9, le 11/3, etc.) par la concentration dans le temps d'attaques symboliques à une optique plus opérationnelle. Les frappes sont proto-insurrectionnelle, en étant (relativement) diluées à travers le temps et en requérant des moyens plus simples.
Reste à voir quel impact aura ce changement de modus operandi sur la politique britannique de résilience (sur cette question, cf. là, là et ici), adaptée à aux "hyper-attaques". Reste aussi à savoir dans quelle mesure les évolutions de la politique de sécurité britannique (dont est partie la résilience) sont à l'origine de cette évolution opérationnelle (contre-adaptation). Ou encore dans quelle mesure cette même évolution n'est pas le résultat de l'attrition des cellules terroristes, contraintes de revoir leurs ambitions à la baisse.
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