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Depuis quelques semaines déjà, à la faveur des difficultés rencontrées dans la « reprise en main » du Charles de Gaulle par son équipage en raison des problèmes de réducteurs révélés par J.-D. Merchet, le débat sur la nécessité d’un second porte-avions pour la Marine nationale est relancé.
« Mise au frigo » dans l’hypothèse d’une prise de décision « définitive » vers 2011-2012, la question semble ainsi revenir sur le devant de la scène. Avec, comme dans tout débat, des « pour » et des « contre ». En soutien des avis favorables, on trouve la nécessaire permanence à la mer du groupe aéronaval, qui permet à Paris de disposer de son potentiel – qui est aussi un potentiel de dissuasion nucléaire – de façon persistante.
Ou presque, pour les adeptes du « contre », dans la mesure où l’on ne dispose pas d’un équipage en permanence. Et cela ne saurait être, alors que l’on cherche à les réduire partout ailleurs pour économiser sur les budgets –, celui du PA2 devra se réapproprier un bâtiment techniquement très différent du « Grand Charles ».
Or, une réappropriation « coûte » plusieurs mois de disponibilité. En conséquence, la « permanence » serait toute théorique. Autre hypothèse, la disposition d’un équipage propre au PA2, qui permettrait de contourner l’écueil de la réappropriation, pour les tenants du nouveau bâtiment. Mais la France ne dispose que d’un seul groupe aéronaval, ses appareils devant subir des maintenances parfois lourdes, imposant leur renvoi en Bretagne. Sans compter que les équipages des flottilles embarquées ne peuvent tout de même pas rester en mer 365 jours sur 365…
Et les tenants du « non » de rappeler qu’aux États-Unis, chaque porte-avions d’active se voit attacher un groupe aérien embarqué propre – un autre groupe étant, par ailleurs, tenu en réserve. Aussi, pour certains observateurs, un PA2 sans groupe aérien embarqué reviendrait à disposer d’une « reine des quais » opérationnelle 15 mois tous les six ans… D’autant plus que l’argent manque cruellement pour disposer d’un deuxième groupe aérien embarqué, dans un contexte où la Marine n’est même pas certaine de disposer un jour des 60 Rafale (dont une vingtaine de machines en parc d’attrition) dont elle a l’ambition de se doter.
Or, pour les tenants du « oui », un « pont plat » tel que celui du PA2 pourrait jouer un rôle similaire à celui du porte-hélicoptères d’assaut Ocean dans la Royal Navy : une base maritime avancée au profit de forces spéciales ou de l’infanterie de marine. Sauf que, pour les partisans du « non », la commande d’un 3e BPC – au demeurant prévue dans le dernier Livre blanc – tend à remplir ce rôle et à participer au renforcement des capacités amphibies – soit l’autre façon d’influencer les conflits se déroulant « à terre ».
La problématique est d’autant plus aigüe que le PA2 a été conçu comme un porte-avions en bonne et due forme. En d’autres termes, s’il pourrait accueillir un nombre impressionnant de machines, la question de la place occupée par les hommes ne manquerait pas de se poser… Sauf à revoir la conception d’un bâtiment qui, pour les partisans du « non », a déjà mobilisé des ressources financières passablement rares. L’équation du PA2 pourrait donc bien se révéler insoluble et ne trouver sa solution que dans une réflexion plus large.
9 commentaires:
Une donnée non négociable de la décision de mettre en chantier le PA2 est l'impératif économique et stratégique qui a conduit à la commande du BPC n°3: la survie des Chantiers de Saint-Nazaire.
En effet, les commandes de paquebots de croisière prévues pour les 2 ans à venir (début 2009) ayant été annulées, le chantier naval se serait retrouvé sans travail (déjà en chômage partiel). Donc en faillite. Ce qui n'est tout simplement pas acceptable pour l'État.
D'où la commande du BPC 3. Et celle du PA2 à sa suite - si le carnet de commande est toujours vide. C'est une donnée fondamentale expliquant ces deux décisions.
Maintenant, comment doit être ce PA2 ? ça, c'est effectivement un autre débat…
En effet, il faut une réflexion plus large. La vraie question est "que veut-faire la France sur mer, et quels sont les moyens nécessaires pour y parvenir". Mais je n'ai pas l'impression que l'époque soit franchement à ce genre de réflexions. A la place, on se contente d'utiliser le budget de la défense comme une variable budgétaire d'ajustement (au besoin en ne débloquant pas les crédits promis). Et un peu de gesticulation politique (type livre blanc) vient tenter de justifier l'inadéquation flagrante entre les ambitions affichées et les moyen mobilisés.
Disons-le tout net: avec un effet consacré à la défense en dessous de 2% du PIB (pensions comprises), il n'est tout simplement pas possible à la France de continuer à être présente partout et de la façon dont elle le souhaitait jadis.
La question du 2e PA est typique de ce manque d'approche systémique de la puissance: le groupe aéronaval n'est qu'un outil. Si on estime en avoir besoin avec un taux de disponibilité proche de 100%, il faut s'en donner les moyens. Disposer de deux porte-avions de même type et d'un groupe aérien avec des réserve suffisantes n'est pas une option. L'option est plutôt au niveau du 3e PA pour faire face aux "pics d'activité".
Quel que soit le résultat du débat en cours, qui gesticule sans rien apporter au fond, je n'ai pas l'impression qu'on tranchera la vraie question qui est "quel effort la France est-elle prête à fournir pour arriver à la hauteur de ses ambitions". Et si on considère qu'il est "irréaliste" de ramener l'effort à 3% du PIB, alors il n'est peut être pas irréaliste d'abandonner formellement certaines activités.
Aujourd'hui, le potentiel des Armées vit encore "sur son ère" pour continuer la métaphore maritime. Mais certaines choses s'arrêtent, faute de remplacement: hélicoptères, avions de transport, groupe aéronaval...
Les restrictions budgétaires et la gestion à court terme ont constitué un patient travail de sape. Le temps des désastres approche. Hélas pour les hommes et les femmes qui vont les subir, sous l'uniforme.
Dans un précédent commentaire, j'avais parlé des subprimes de l'Histoire servies par la banque Fukuyama. de la même façon, on doit pouvoir titriser le groupe aéronaval, et le faire flotter sur les marchés à terme. En cas de crise grâve, on pourra toujours émettre des warrants sur le groupe aérien embarqué....
Il ne faut pas surestimer le problème de la ré-appropriation quand le groupe aérien passera d'un porte-avions à l'autre. Elle durera une quinzaine de jours . L'exemple du déploiement d'une partie du groupe aérien sur un porte-avions de l'US Navy l'illustre bien.
Les deux porte-avions auront chacun leur noyau d'équipage pour assurer le fonctionnement, l'entretien et la sécurité du flotteur. Je ne vois pas laisser les installations nucléaires du "Charles de Gaulle" sans équipage approprié pendant une bascule.
Les systèmes de commandement et de combat, de préparation de missions, ou de maintenance seront probablement similaires. Les opérateurs ne devraient pas être plus désorientés que lorsque l'on passe d'un ordinateur a l'autre ou que l'on change de version de jeu video. Les procédures communes sont là pour assurer la cohérence entre les deux plate-formes. Il n'y a que pour l'interface homme/machine que les opérateurs auront à se ré entrainer.
Débat également sur les CVF (UK) et JSF dans Air Force Monthly. Cela semble être le reflet du débat au Royaume-Uni avec une prise de position on ne peut plus claire de l'auteur.
La conclusion: le Royaume-Uni ne peut se permettre d'aligner tout le spectre des systèmes d'armes dans son inventaire et quoiqu'il en soit, porte-avions et groupes embarqués doivent être envisagés à l'échelle Européenne.
Cela semble la meilleure solution aussi bien pour le Royaume-Uni, la France et les autres pays. Il est temps de construire une véritable défense Européenne digne des ambitions de l'UE.
Voilà le véritable débat.
A budget de l'armée constat, après les effets de la RGPP, il est tout à fait possible pour la France de financer non pas 2 mais 4 PA de type CVF avec 3 groupes aériens et autant de frégates ASM et AA que nécessaires pour au moins déployer deux PA simultanéement avec une excellente défense rapprochée.
Mais il faudrait avoir une répartion des dépenses à l'américaine avec plus de part du budget pour la marine et moins pour l'AdlA notamment en remplacant 100 Rafales C par autant de Rafales M , qui pourraient être basés à terre en cas de besoin (défense du territoire).
Il faudrait aussi des portes-avions de même type et non pas un CDG + un ou des CVF, le CDG est un produit des années 1990, il ne sera pas identique au PA désigné en 2020 d'oû dépense logisitque, de foramtiosn et d'entrainement inutile.
Mais sur l'aspect financier, la France peut avoir 3 ou 4 PA sans trop de problèmes (y compris l'entretien, les équipages, les modernisation), amortis sur 30 ans.
Ajout à mon commentaire précédent:
le seul blocage sur la question PA2 voir PA3 est psychologique.
La société, les analystes et les politiques sont tellement noyés sous les infos de crises (depuis 30 ans!) , de budgets soit-disant trop étroits dans tous les domaines, par les mouvements d'humeur de l'opinion publique qu'ils sont anésthésié et pensent réellement que plus rien n'est possible dès qu'on parle de dépenses de milliards d'euros pour un projet(à répartir sur 30 ans! durée de vie du PA) ou n'osent plus dire aux électeurs que c'est possible.
Nous sommes plus pauvres dans notre tête que dans nos porte-feuilles.
De plus, sur les PA, c'est vraiment un outil de technologie exclusive (4 pays dans le monde!) et à part la catapulte, c'est de l'argent qui circulent essentiellement en France.
Et si on arrêtait de considérer que nos armées sont la vache à lait du Medef ? Les impératifs de relance sont historiquement douteux, tout comme ceux portant sur STX. Ce qui compte, ce sont les besoins des armées - et ça ne devrait être rien d'autre. Les armées me semblent déjà largement rapporter à l'économie...
Bonjour !
je ne reviendrai pas sur les arguments et la vision qui conduiront ou non à ce que la france se dote d'un groupe aéronaval supplémentaire.
Si la réponse est oui, voici mes réflexions et mon anticipation pour le 2ème PA:
- Pas de PRESTIGE, mais une disponibilité raisonnable comme objectif.
- pas de "privé" étranger au sein des chantiers de l'atlantique ---> RACHAT du capital restant
- Une conception simple (en s'inspirant de JULIETTE), modulaire et exportable : pas de 2ème ilôt, une protection aérienne et autoprotection autonome( SAAM-NG et GOALKEEPER + CANONS EM), motorisations diesel-electrique principale rustique (inspiration partielle de la motorisation du concept CVF )et complémentaire ("manteau" exterieur et générateur d'energie le long de la coque + Système AUTO-FLOC inversé, avec beaupré téléscopique ou segmenté - moustaches); un TPC volontairement limité entre 45000 et 50000 T, pour vendre le concept à l'exportation ( Option STOBAR et RADIER - L'australie ne veut pas réellement des BPE.... le canada, non plus...l'inde cherche un concept dans lequel elle se reconnait...Ce qui est également vrai pour le BRESIL: mais le temps joue contre nous, notamment pour ce qui concerne L'AUSTRALIE...).
- une construction en acier ( plus lourd, mais plus resitante,plus exportable car simplicité de réalisation, moins cher)
- le concept, dans son but de disponibilité et de polyvalence, doit privilégier l'automatisation raisonnée, et non à outrance (embarquement de conteneurs "ateliers"), senseurs TV jour/nuit.
- En revanche, les systèmes actifs et passifs, de détection, navigation, analyse, poursuite, communication, EM, de combat, doivent être au "top" niveau, sans pour autant rechercher la "rupture technologique": être résilient, efficient,et adaptable dans tous les cas de figure.... A ce titre, il existe 2 concepts très intéressants de "peau" et "manteau" souple, modulaire, offrant des propriétés cumulées de génération d'energie ( voir plus haut), absorption des ondes RADARS, EM et IR, rétention de certaines ondes(....), et de mimétisme très intéressants ( concept du biotope mobile).....
Maintenant, Un PA2 ne constitue pas un GAN...D'autres se sont exprimés
Ce qui est insoluble c'est de sortir de cette vision homothétique des repartitions de crédits entre armées quasi gelée depuis 50 ans, et cette impossibilité de repenser notre stratégie de défense ou d'agir a temps pour la restructurer.
Et notamment sur le role de la Marine en projection.
Le PA2 est un arbitrage EMA et visiblement ni l'AA, ni l'AT n'ont envie de faire des efforts pour une capacité qu'ils jugent inutile.
En réalité seul le Président peut faire pencher la balance en faveur du PA2 contre l'avis de ses généraux.
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