Le Project On Governement Oversight (POGO) a fait paraître une étude pour le moins inquiétante sur l’inflation des coûts associés à l’emploi des contractors.
Le think-tank américain a ainsi démontré preuves à l’appui que l’emploi d’une section de 34 hommes de Blackwater pour une période d’un an au profit d’un autre contractor (ESS), pour des missions d’escorte et de formation entre le Koweit et l’Irak est revenu à 11 082 326 dollars.
Selon le contrat, la somme ne couvrait pas le logement, la nourriture, l’équipement, les véhicules de la susdite équipe.
Selon la chambre des représentants US, un « simple » contractor revient à 600 dollars par jour mais, selon le POGO et dans le cas du contrat examiné, un senior manager est payé 1 075 dollars par jour, un manager, 945 dollars et un opérateur, 815 dollars.
Comparativement, un sergent célibataire est payé de 83 à 85 dollars par jours (selon l’ancienneté) contre 170 dollars s’il est marrié. David Petraeus, en tant que général, perçoit quant à lui 493 dollars.
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6 commentaires:
Il faut toutefois faire attention car il faut compter pour un militaire également son équipement, son transport, son logement, sa nourriture,les pensions, la sécurité sociale, etc. Par conséquent un militaire de l'armée coûte beaucoup plus cher que les chiffres de l'étude.
Mr T.
Salut Tanguy,
En fait, les chiffres de la Chambre US ne tiennent compte que du salaire et des frais associés (pension + Tricare). Côté armement/équipement, il n'en est pas tenu compte ni pour le soldat ni pour le contractor.
On n'a pas encore parlé sur ce site des exactions commises contre les civils irakiens par ces mêmes mercenaires. Quelques vidéos qui tournent sur le web, apparemment crédibles, font froid dans le dos. Les membres de l'armée US ne sont pas des anges non plus, mais ils demeurent théoriquement susceptibles d'être sanctionnés par les autorités responsables. Par contre, les accords signés entre les forces d'occupation et le gouvernement irakien mettent les mercenaires dans un vide juridique complet. Sauf à croire qu'un cour de justice internationale s'intéresserait un jour à leur cas ...
Je ne vous apprends probablement rien, mais c'est un problème au moins aussi préoccupant que les surcoûts liés à la privatisation des activités militaires. Qu'en pensez-vous ?
Vous avez raison. Mais ces exactions, je ne peux, bien malheureusement, plus rien y faire et d'autres sont plus doués que moi pour les mettre en évidence.
Par contre, là où je peux être d'une certaine utilité, c'est en analysant le phénomène ou, à tout le moins, en l'éclairant. Je sais que certaines armées européennes peuvent être tentées par ce modèle et, selon moi, elles seraient bien mal avisées de le faire.
Aussi, autant leur opposer de vrais arguments que de simple dénonciations de problèmes éthiques et juridiques qu'elles connaissent déjà par ailleurs (il me semble que la littérature est, à ces égards, suffisament fournie).
Aussi prévenir me semble toujours meilleur qu'avoir "ensuite" à dénoncer, en particulier dès lors qu'il est plus facile de protéger les vivants que de faire revenir les morts...
C'est sans doute une déformation de juriste, mais je trouve bizarre que vous disqualifiiez l'argument juridique, lui préférant des arguments que vous qualifiez de "vrais".
Les mercenaires sont des civils, et en tant que tels, on le droit d’utiliser la force dans les cas de légitime défense ouverts par le droit pénal local, et par extension par leur droit national : on peut poursuivre en Belgique un criminel pour un crime commis au congo tant que la notion de crime existe pénalement dans les deux états. Et l’état de guerre, s’il signifie l’anarchie factuelle, ne suspend pourtant pas le droit local. Un droit peut se substituer à un autre, mais il n’y a pas d’anarchie s’instaurant de jure.
Quand une société privée emploie des mercenaires, appelons-les par leur nom, même juridiquement indépendants, elle peut exposer sa responsabilité civile, et dans certains états, sa responsabilité pénale, pour les faits de ces derniers.
Il n’y a aucune raison, à vue de nez, qu’un état n’expose pas sa responsabilité propre. Bon, je sais que la question de la responsabilité pénale des états est une question de doctorat, que les conventions en droit pénal de la guerre ne concernent que les organes de l’état et non ses contractants, et surtout, surtout, que les USA sont sans doute le plus mauvais élève en ce qui concerne ratification et exécution de telles conventions (tribunal pénal, mines antipersonnel, etc.)
Mais je pense qu’il existe tout de même de bons leviers juridiques pour faire pression sur les états dans la question de l’emploi des contractors. On ne parle pas du gardien sécuritas du parlement qui déconne ici, on parle de mercenaires qui tuent des gens. Et quoi que l’on en dise, la justice américaine est tout de même un modèle d’indépendance…
alex
Turlututu, je ne disqualifie pas l'argument juridique (ou éthique, d'ailleurs) et je ne dis pas qu'il soit non pertinent (ou faux). J'ai juste di que d'autres sont plus doués que moi concernant ces problématiques.
Lorsque je parle de "vrais arguments", je présuppose que les armées européennes sont très au courant des problèmes éthiques et juridiques. Mais que ça ne les empêche pas, pour certaines, de considérer malgré tout l'option des contractors, sans doute parce qu'elles les plaçeraient sous un contrôle plus important. Autant alors attaquer avec d'autres arguments, sur un niveau différent.
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