mardi 17 juillet 2007

Money, money, money !

Vous aimez Abba ? Personnellement, je dois confesser que oui. Mais le célèbre « Money, money, money » est en train de prendre une signification très particulière dans les armées et devrait retentir dans les prochains mois aux oreilles de pas mal de monde. Sauf que l’on ne sera pas en discothèque mais dans un monde réel fait d’OPEX, de risques et de menaces. Bref, tous les ingrédients d’un excellent thriller de politique-fiction que l’on pourrait – tèrs grossièrement – résumer ainsi :

- Acte 1, des années 1980 à, grosso modo, 1994. Les matériels des forces armées sont vieillissants. Si de nouveaux matériels sont en développements, un certain nombre de décisions que l’on croyait prises (un second porte-avions, par exemple), sont remises aux calendes grecques pour cause de fin de guerre froide. Quelques commandes, comme celles du Leclerc, sont passées en croisant les doigts pour que les industriels ne pâtissent pas du nouvel environnement géostratégique et que les commandes à l’exportation suivent. Mais ça ne marche que très, très moyennement.

- Acte 2, de 1994 à, grosso modo, mai 2007. Après une (lente, disons de 97 à 2002) prise de conscience et des attentats de septembre 2001, les commandes s’accumulent. Mais le chef-comptable n’était pas très bon en mathématiques. Résultat, comme l’indique Alain Ruello dans Les Echos, un déficit de 30 milliards entre 2009 et 2013. Aouch…

- Acte 3, cette fois en coulisses. Si le chef comptable n’était pas bon, les comptables des armées – du moins une partie – avait détecté le pépin. S’engage donc une bataille fratricide où chaque armée défend son territoire, fait de commandes… et d’espoirs de commande. Pour la marine, ça signifie un porte-avions, 6 SNA Suffren, 17 frégates, des missiles de croisière, des torpilles, des missiles Aster et Exocet Block3, des NH90, des Rafale et des munitions. L’armée de l’air veut toujours ses 240 Rafale, ses A400M et aimerait que l’on s’occupe non seulement de ses ravitailleurs mais aussi du successeur du drone SIDM. L’armée de terre attend ses VBCI, ses PVP, aimerait enfin disposer d’une aéromobilité digne de ce nom (la disponibilité des Puma étant… comment dire ?), ses tenues FELIN, une numérisation et verrait plutôt d’un bon œil la poursuite des efforts d’urbanisation de ses engins. Surtout, elle aimerait qu’on reconnaisse que la plupart des gens qui sont au sol dans les OPEX sont… des terriens. Ce qui vaudra à Michel Goya de faire une sortie courageuse et argumentée – même si, comme d’habitude, je ne suis pas d’accord avec tout (mais c’est le cas pour tous les articles et livres que j’ai lu depuis les 20 dernières années, y compris les miens) – dans Politique Etrangère. Ca s’appelle avoir la culture du débat – même s’il est musclé.

- Acte 4, la neutralisation présidentielle. Les grandes chaleurs estivales me faisant rêver de piscines et autres fontaines, je me dis également que certains doivent être tentés d’utiliser un jet d’eau à haute pression que je m’interdis ici de citer. En clair, les décisions sont reportées après septembre, tout l’édifice conceptuel devant être repensé. Ce qui revient à dire que le futur Livre Blanc, bien plus que les questions de budgets et les défenses de prés-carrés matériels, sera déterminant. Il va donc y avoir du débat, du vrai, du débat destructeur et créateur, bref, du débat utile qu’on ne manquera pas de relayer dans DSI. En toute logique, le Livre Blanc c’est l’Alfa et l’Oméga : celui qui était alors candidat à la présidentielle l’avait même dit : « j’approuve entièrement votre analyse » (DSI n°24, p. 42). Merci Monsieur le Président !

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