vendredi 5 juin 2009

En pleine campagne, aucun conseiller n'aurait osé en rêver...

Pour connaître assez bien les rouages de la politique (disons, pour les avoir vécu de l'intérieur), je dois dire que ce qui vient de se passer, aucun conseiller un tant soit peu sérieux n'aurait jamais osé en rêver.

Imaginez : à moins de 48 heures des européennes, alors que dans plusieurs Etats, les partis écologistes pourraient faire des percées... Yann Arthus Bertrand nous sert le plaidoyer écologiste esthétiquement le plus réussi de ces dernières années, le tout en plein prime time.

Je ne m'interroge pas ici sur la pertinence des arguments avancés - mais qui laissent songeur lorsque l'on est en plein trip sur les théories systémiques, autopoïétiques et de la contingence. Non, plutôt, c'est le timing et la nature de cette diffusion qui me semblent brillants comme levier d'influence : le film est absolument libre de droit, l'auteur est particulièrement doué et... pour le moins habile.

Donna Harraway (si, si, les socialistes féministes américaines existent toujours) indiquait que l'individu est une question stratégique. Lorsque ledit individu a des idées, du pouvoir médiatique et un agenda mis à jour et qu'il mixe le tout - agiter mais pas secouer - il est en mesure de peser comme jamais un individu "ordinaire" ne pourrait le faire.

L'ancien conseiller dit "un coup génial". L'analyste dit "pas bête". Le citoyen se pose des questions quant à la façon de comptabiliser un tel temps de parole... et se réjouit qu'on n'ait pas eu droit à "Rosetta", "Daems" ou "la couleur de l'argent" sur d'autres chaînes.

Un dorito à 2,8 milliards de dollars : la fin de la controverse A-12 Avenger II


Comment gagner 2,8 milliards de dollars ? Simple : accordez, à la fin des années 1980, un contrat de 4,8 milliards à McDonnell Douglas afin qu’il développe un bombardier embarqué, qui devra remplacer les A-6 Intruder. Il sera triangulaire et furtif et vous appellerez la petite chose en photomontage ci-dessus (copyright US Navy) l’A-12 Avenger II. Surnommé par les intimes le « dorito volant », il avait également reçu le sobriquet de "Mini B-2".

Faites miroiter un contrat pour plus de 1 300 appareils. Lorsque l’industriel verra les coûts et les délais exploser, annulez le contrat et coupez toute subvention. Vous en profiterez pour faire parler de vous, dans la mesure où vous aurez effectué la plus grosse annulation de contrat jamais vue au Pentagone. Attendez qu’il vous attaque en justice. Battez vous durant 18 ans devant les tribunaux et, au 3ème appel, récupérez 1,35 milliard déjà payé, majoré des intérêts. Soit 2,8 milliards.

Plus sérieusement, la fin de cette longue saga juridique marque un sérieux revers pour Boeing mais aussi et d'une certaine façon l'épilogue de mon mémoire de DEA (que vous pouvez consuter ici). A l'époque, l'appareil m'avait semblé être l'un des meilleurs exemples de la techno-fascination américaine des années 1980... dont vous savez comment elle se reproduira dans les années 1990 et 2000.