vendredi 26 septembre 2008

Parution de La technologie militaire en question

La technologie militaire en question, Le cas américain. Collection « stratégies et doctrines », Economica, Paris, 2008, 300 p.

4ème de couverture :

Si il existe, depuis l’aube de l’humanité, une technologie militaire, cette dernière n’est plus uniquement, de nos jours, un outil au service des combattants. Mal gérée, elle peut aussi imposer des contraintes directes à la tactique, à la stratégie comme à la politique. Plutôt que d’augmenter la liberté des décideurs, elle pourrait la réduire. Elle peut même brouiller notre vision de l’adversaire comme du combat et ne faire voire d’eux que ce que l’on voudrait bien en voir : des capacités évacuant, paradoxalement, la stratégie de l’art de la guerre.

En ce sens, la technologie peut devenir une idéologie en soi, qualifiée ici de « technologisation ». On le devine, une telle évolution est néfaste. En examinant le cas américain – variablement imité en Europe – l’auteur analyse ici les travers comme les origines d’une conception où la technologie serait trop prégnante dans les débats comme dans l’action stratégique. Mais il ouvre également la voie à des solutions et en appelle, en particulier, à un retour aux élémentaires de la stratégie.
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Joseph Henrotin est docteur en sciences politiques et chargé de recherche au Centre d’Analyse et de Prévision des Risques Internationaux (CAPRI). Co-fondateur du Réseau Multidisciplinaire d’Etudes Stratégiques, il est rédacteur en chef adjoint de Défense & Sécurité Internationale.
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Monsieur L. m'en avait déjà fait une critique de lecture dans le DSI n°40 mais il l'avait quelque peu fait en avance. Economica m'a annoncé hier que l'ouvrage est sorti de presse et qu'il ne devrait donc pas tarder à être disponible dans toutes les bonnes librairies.

Bon, allez, en plein strato-ton (233 pages sur 444, si, si !) , la nouvelle a l'art de vous provoquer une joie assez intense !

mardi 23 septembre 2008

Succès à l'horizon ?

Après avoir été quelque peu échaudés par des effets d'annonce n'ayant guère eu de suites concrètes, il semble bien que la France soit sur le point d'empocher un méga contrat-naval. Ainsi, "le Brésil va signer à la fin de l'année un accord avec la France prévoyant la construction de cinq sous-marins, dont un à propulsion nucléaire, le premier de la marine brésilienne", selon Nelson Jobim, ministre brésilien de la défense.

Il a assuré que "nous allons construire un sous-marin nucléaire" et a précisé que le Brésil construira "la partie non nucléaire du sous-marin". Il également affirmé que l'accord sera signé fin décembre à l'occasion de la visite au Brésil du président Sarkozy. Le commandant des Opérations navales, l'amiral Alvaro Luiz Pinto, a indiqué de son côté que les quatre sous-marins à propulsion classique auront pour mission la défense proche des côtes.

lundi 22 septembre 2008

Back to resilience

Amaï - comme on dit ici - le débat sur la résilience revient ! François Duran se pose la question de la nécessité ou non de l'information dans la résilience et, plus largement si la seule multiplication des coups n'est pas seule nécessaire. Non, François, tu ne te fourvoie pas. L'information reste nécessaire lorsque l'on intègre la résilience dans une stratégie contre-terroriste.

En fait, Olivier part du principe que les coups sont répétitifs, ce qu'ils pouvaient être durant le Blitz sur la Grande-Bretagne, par exemple (l'exemple est par ailleurs biaisé : l'information sur les raids aériens, avant comme pendant la guerre ne manquait pas). Prenons maintenant le cas espagnol de 2004 : l'Espagne est habituée au terrorisme de l'ETA puis fait face à une frappe bien plus forte que ce à quoi elle est habituée. Vu la période électorale et le risque d'amalgame entre l'attentat et la présence espagnole en Irak, le gouvernement tente une manoeuvre informationnelle et ment, faisant portant la responsabilité sur l'ETA .

Or, il apparaît vite qu'il s'agit d'AQ. Réaction immédiate de la population : un vote-sanction qui amènera le PSOE au pouvoir et le retrait d'Irak. Si la population n'a pas "craqué" (résilience sociétale opérationnelle - mais que faire d'autres dans ces cas-là ?) la résilience politique a été déficiente, AQ parvenant à son objectif et modifiant le comportement de son adversaire.

La question, me direz-vous, est de savoir si le gouvernement Aznar aurait pu survivre sans tentative de manipulation. La réponse est : "peut-être". Ou, à tout le moins, "avec plus de probabilité qu'en cas de mensonge". C'est un classique de la théorie des PSYOPS : ne mentez jamais. Que cela se sache - et là, c'était très probable - et votre manoeuvre tombe à l'eau. Si Aznar avait correctement communiqué en donnant du sens à son engagement irakien, il aurait pu sauver les meubles et faire en sorte que les attentats ne parasitent pas les décisions souveraines des Espagnols au moment de voter.

En fait, l'information n'a pas qu'une valeur préparatoire, devant minimiser l'effet de surprise. D'ailleurs, en terrorisme, c'est cet effet qui compte, pas la récurrence et le seul fait d'encaisser à répétition les coups, qui renverraient plutôt à une résilience face à une insurrection. La résilience par la communication fait aussi sens. Elle replace le politique au coeur du message apporté à un engagement.

Que le gouvernement ait mieux communiqué (et ait créé du sens) en regard de l'embuscade d'Uzbin et nous n'aurions sans doute pas eu de très mauvais débats sur la "stratégie" à adopter. La population comme la presse auraient considérés les morts comme une bien triste perte. Mais aussi comme une perte qui aura été "utile", ou, à tout le moins, qui aura eu un sens. Rien n'est pire, lorsque des vies sont en danger - et alors que nos sociétés n'auront jamais été aussi obsédées par l'idée d'échapper à la mort - que d'avoir affaire à des morts qui n'ont pas de sens.

Balle au politique et retour donc - du moins de mon point de vue - à une résilience "maximaliste" où le sens, par l'intermédiaire de la communication, permet la préparation face à des événements, au sens physique, par définition aléatoires...

DSI 41 - en preview

La journée est particulièrement chargée aujourd'hui, d'où une petite pause afin de vous tenir au courant de la suite du programme. En l'occurrence, la couverture du prochain DSI, à paraître le 2 octobre et qui traitera, entre autres, des leçons politiques et militaires de l'affaire géorgienne.

Na manquez pas non plus le dossier "technologie" : Stéphane y dissèque l'évolution des sous-marins à propulsion classique français et Jean-Louis s'attaque à un gros morceau, en l'occurrence les SSK de la classe Kilo. Pas mal d'autres choses au programme mais on va tout de même laisser un peu de suspense !

Carl est de retour

Carl von Clausewitz, Sur la guerre et la conduite de la guerre. Œuvres posthumes, La Maison du Dictionnaire, Paris, 2008, 699 p.
Le grand Carl n’est décidément pas mort. En témoigne cet ouvrage, rassemblant ses analyses d’une série de campagnes (celles de Gustave Adolphe de 1630, 1631 et 1632, les guerres d’indépendance néerlandaises, de 1568 à 1606, les campagnes de Turenne, y compris la guerre de Hollande, les campagnes de Luxembourg en Flandre, les campagnes de Brunswick contre les Hollandais et la guerre de Vendée).
Autant de travaux qui nous dévoilent un Clausewitz plus analyste que théoricien, amateur de retour d’expérience et cherchant, au-delà, à débusquer les principes piliers de la guerre et les arcanes secrètes de la stratégie. Cet ensemble de textes inédits, traduits en français par un officier – avec le sérieux terminologique nécessaire – est parfaitement préfacé par Béatrice Heuser.
Grande spécialiste de Clausewitz, professeure à l’université de la Bundeswehr, elle livre une vision nuancée du maître, posant la question de savoir s’il est un précurseur de la politologie, de l’Histoire ou de la polémologie. Question pertinente que voilà, à une heure où les études stratégiques sont toujours considérées comme relevant du militaire et où les étudiants sont parfois découragés par leurs professeurs d’étudier ces matières. Plus largement, l’ouvrage est destiné aux spécialistes comme aux historiens modernes : le maître a un style spécifique, mais plus clair que dans Vom Kriege, et qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur. En tout état de cause, l’excellent travail produit là doit être salué.