jeudi 21 février 2008

Embouteillages dans la journée... et en orbite

La destruction réussie du satellite US a plus de 240 km a causé une légère surcharge de votre serviteur, ce qui sera à lire demain dans Le Temps (Suisse) à et à écouter aujourd'hui sur Medi-1. Entre-temps, je suis revenu avec BFM sur l'évolution du terrorisme au Maroc et en particulier sur les leçons que nous enseignaient dans un DSI le directeur du BKA allemand sur la conjonction d'intérêts entre des groupes terroristes et le grand banditisme.

Bref, moi qui pensais détailler quelque peu les "vertus", si l'on peut s'exprimer ainsi, du tir d'hier soir, me voilà contraint de compacter mon analyse. Soulignons juste que le choix du SM-3 est judicieux : il est bien plus fiable que les intercepteurs basés au sol en Californie et en Alaska (je renvoie au DSI de mai 2007 et à l'article de J.P. Baulon) et que ce choix est également politique à au moins 3 égards :

1) Il a certes une valeur sémiotique vers la Chine mais aussi vers la Russie (que peu de candidats aux présidentielles aiment), qui avait été la première à mettre en oeuvre un engin ASAT (un satellite kamikaze monté sur SS-9), tout en indiquant à Pékin que les Américains n'attendent pas, eux, que les conditions favorables à un tir soit réunies.

La manoeuvre est dissuadante mais elle vise aussi à imposer les Etats-Unis comme les vrais "pros" de l'ASAT : où il veulent (le SM-3, sur croiseur et destroyer, est mobile) et quand il le veulent (le SM-3 est opérationnel et 75 nouveaux exemplaires viennent juste d'être commandés pour plus d'un milliard de dollars). En somme, de quoi faire passer les Chinois pour des amateurs.

2) La manoeuvre de politique interne est brillante : au moment où le budget de l'exécutif a été déposé au Congrès, le tir balaie une bonne partie des critiques selon lesquels les ABM US sont coûteux et inefficaces. Or, le tir prouve qu'ils sont efficaces mais qu'en plus, ils ont une fonction ASAT utile pour des missions d'interdiction d'accès. Nous y ajouterons, sans doute, les ricanements - ici très accessoires - de la Navy à l'égard de l'Air Force.

3) Le tir à une valeur politique à l'égard des alliés à dexu égards. Premièrement, Washington pose que si "vous êtes menacés par un réservoir d'hydrazine ? Peu importe qu'il en tombe une dizaine par ans, nous vous protégeons". Deuxièmement, Washington attend desdits alliés qu'ils donnent un coup de main non seulement aux plans US en Europe mais aussi dans l'architecture ABM US : l'Australie et d'autres seraient ainsi approchés pour un achat de SM-3. Au-delà de la politique, il y a donc un peu de marketing - juste un peu - aussi.

Au final donc, pas de guerre des étoiles : on est très loin des lasers spatiaux - la performance technique est tout de même remarquable. Mais on est bien sur Terre, les pieds dans la politique. Laquelle, d'ailleurs, pourrait en profiter pour dépoussiérer quelque peu l'OST de 67, pour le coup. Histoire de priver définitivement Russes et Chinois d'une capacité ASAT qu'ils ne maîtrisent pas encore (ou plus) et de garder définitivement le leadership en ASAT... sur base d'un engin qui n'est pas conçu pour cela, n'est-ce pas ?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Sans vouloir vous offenser, que pouvez-vous bien raconter aux médias sur "l'évolution du terrorisme au Maroc" et ses "conjonctions avec le grand banditisme", alors que la campagne d'arrestation au Maroc sent la manipulation policière à plein nez ? N'avez vous pas peur de ne produire que des supputations basées sur des informations elles-mêmes plus que douteuses ?

Athéna et moi... a dit…

Dès lors que les parquets belges s'en mêlent et qu'ils avancent à grande vitesse sur plusieurs meutres d'imams ou d'une personnalité juive ; dès lors que les experts belges confirment que des choses solidement louches se produisent (au détriment potentiel d'ailleurs d'un certain nombre de démocrates marocains) ; dès lors que des preuves sont là pour montrer que le produit du "casse du siècle" a été recyclé au profit d'un groupe armé, je crois qu'il y a des choses à dire.

Je ne dis pas pour autant que le Maroc n'a rien manipulé ou n'a pas été tenté de le faire : je n'ai pas de preuves pour le dire. Mais avouez que nous sommes face à un certain nombre de faits concordants (j'insiste là dessus) qui posent, me semble-t-il légitimement, question...

Anonyme a dit…

Plusieures choses. La première en information et/ou modeste complément de réponse du rédacteur du blog au premier commentaire.
1/les zones sanctuaires des terroristes correpondent a peu de chose prés aux zones de production de stupéfiant du pays.
2/inutile d' être un génie pour s apercevoir que si les objectif diffèrent, recherche du profit pour les uns et atteinte d'un objectif politique pour les autres les moyens pour y aboutir sont hautement compatibles. Que ce soit par l'intimidation des population locale, des luttes contre les structures de sécurités, fabrication et usage de faux documents, nous pourrions passer la soirée a évoquer les exemples.
3/ la police française a également souligné le problème avec le fort prosélytisme islamiste constaté dans les prisons francaise, il ne serait pas étonnant que le phénomène évolue de cette manière au Maroc.
Après que l'état instrumentalise des interpellations de terroristes c'est toujours préférable a une instrumentalisation des morts causés par des terroristes en libertés. Ne pas se tromper dans le degré de gravité des problèmes...
Pour le deuxième point : concernant l'excellente nouvelle du tir réussi de l'ASAT n'y avait il pas plus précurseur que les chinois puisque des test réussi d'un engin lancé par F-15 avait eu lieu dans le début des années 90 ?
A.g.

Anonyme a dit…

La question n'est pas seulement de savoir si les autorités marocaines instrumentalisent l'arrestation de terroristes. La vraie question est de savoir si les gens arrêtés sont bien des terroristes tout court. Car si ce n'est pas le cas, là, on est vraiment face à un phénomène qui est "au détriment des démocrates marocains". Soyons sérieux deux secondes : le principal obstacle auquel sont confrontés les démocrates marocains ne sont pas quelques groupuscules extrémistes mais bien la monarchie autoritaire, ses ministères réservés et ses circonscriptions électorales iniques.

Ce n'est pas pour dire que les faits évoqué sont une pure invention, mais au vu de la période écoulée depuis lors (les meurtres remonteraient aux années 1980), on peut quand même s'interroger sur la nature des liens entre ces faits et les politiciens marocains arrêtés.

Au moins commencer par se poser la question, ce que personne n'a fait dans les médias jusqu'à présent.

Anonyme a dit…

l'OST DE 67 ? Il s'agit du traité sur les activitées spaciale (pas d'armes en orbite) ?