mardi 25 septembre 2007

COIN - évolution de la doctrine de l'US Air Force

C’est en à peine quelques mois qu’une équipe réunie autour du général Peck, commandant l’Air Force Doctrine Development Education Center, a produit un nouveau document doctrinal portant sur l’emploi de l’arme aérienne en contre-insurrection. Le document démontre une inflexion majeure dans la pensée américaine et, par nombre d’aspect, son rapprochement des conceptions française.

D’emblée, la guerre irrégulière y est définie comme « un conflit violent entre des acteurs étatiques et non-étatiques pour la légitimité et l’influence au sein d’une population donnée ». Dans cette optique, le nouveau document dépasse la logique attritionnelle classique et d’indiquer que la légitimité et l’influence sont les principaux objectifs des opérations contre-insurrectionnelles.

Aussi, « la bataille des armes travaille en harmonie avec la bataille pour l’influence mais est surpassée par cette dernière ». Si cette approche constitue une extension des conceptions, maintenant solidement enracinées aux Etats-Unis, d’Effects-Based Operations (Cf. DSI n°27), elle constitue cependant une petite révolution dès lors que, dans l’acception américaine des EBO, les effets découlent de l’emploi des armes. Or, la nouvelle doctrine constate le rôle changeant de l’US Air Force dans les missions COIN.

Il sera « de plus petite échelle, indirect, un travail en coulisses où nous aidons des forces locales à être plus efficaces », autant de fonctions qualifiées de « non-cinétiques », aptes à aider à la prévention de l’émergence des conflits. Pour autant, la nouvelle doctrine ne dispense pas l’Air Force, selon le chef d’état-major Moseley, de pourvoir utiliser ses capacités cinétiques. Ainsi, « les adversaires que nous combattons ont des soldats à pieds, des camions, des véhicules, des RPG et des IED (…) mais ils n’ont pas la capacité de déplacer leurs forces rapidement de conduire des missions ISR comme nous le pouvons, d’offrir des effets cinétiques qui proviennent de nulle part de façon très précise ».

Et de rappeler que, pour autant, la force aérienne américaine devra toujours continuer à assumer ses missions traditionnelles. Et ce, malgré un nombre d’appareils en constante diminution…

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Est-ce que la diminution du nombre d'appareils pose véritablement problème ?
Avec les sous-munitions et les drones, les capteurs de plus en plus performants, a-t'on besoin d'autant d'appareils qu'"avant" ?

Athéna et moi... a dit…

Bonjour Messer,

Non, pas d'autant qu'avant. Mais le fait est que les mises à la retraite sont très loin de compenser les mises en service. Par ailleurs, ce qui compte, c'est l'enveloppe d'engagement géographique des appareils. Et contre des TST ou des TOO, elle sera toujours plus limitée qu'en air-air.

Même en air-air, avoir 50 chasseurs capables d'abattre 10 appareils ne sert à rien quand l'adversaire vous en oppose 700. Surtout, la "guerre technologique" est loin d'être aussi simple que ne le dit Jane's. Un engagement air-sol peut prendre moins de 10 minutes mais le processus d'identification, à l'humain ou par drone interposé, en prendra beaucoup plus. Dans l'environnement stratégique contemporain, les identifications positives sont naturellement frictionnelle. Et qui dit friction dit temps... donc, temps de vol. Or, il faut, dans le même temps, assurer une persistence. L"un dans l'autre, il y a donc des plancher à ne pas passer...

Anonyme a dit…

"Même en air-air, avoir 50 chasseurs capables d'abattre 10 appareils ne sert à rien quand l'adversaire vous en oppose 700"

Ca me rappelle une phrase de R. Peters dans DSI, ça. ;-)
Je n'avais pas pensé au temps, effectivement. Je pensais aux marines de guerre s'orientant vers le modulaire (Stanflex par ex.), et pensais que l'aviation faisait un peu de même.
Mais là aussi le même problème se pose, tout compte fait.

Anonyme a dit…

Au sujet du COIN, peut-on imaginer le grand retour des avions rustiques et consommables à prix "raisonnable"? Faire du COIN avec un Rafale, cela semble surdimmensionné, mais faire du COIN avec l'équivalent d'A-Jets, de PC-9 ou avions similaires, bien équipé en leurres etc., n'est-ce pas plus raisonnable? Un successeur au A10?

Anonyme a dit…

Great work.