vendredi 17 août 2007

Réalisme stratégique

Contrairement à moi qui ne l'ai pas encore lu, Jean-Dominique Merchet a eu l'oeil attiré par une interview du général Georgelin, chef d'état-major des armées (FR) à nos confrères de Politique Internationale. En substance, le CEMA offre une réflexion de bon sens : les conflits contemporains sont longs, complexes et de plus en plus violents et, par ailleurs, "on ne règle plus les conflits (...) on les gèle".

Rien de neuf ? Si, justemment : pendant des années, les états-majors européens se sont engagés sur la voie des opérations de maintien de la paix, autrement moins violentes (du moins pour nos combattants). Or, il est à présent question de "guerre" à proprement parler, dans des environnements asymétriques hautement létaux, même pour nos forces dont la protection n'est plus seulement un facteur de structuration de nos stratégies et de nos équipements mais aussi (et surtout) de nos politiques.

Si les lecteurs attentifs y verront les traces successives des réflexions de Vincent Desportes (Cf. DSI n°20), de Rupert Smith ("L'utilité de la force"), des travaux, entre autres, de Michel Goya (que nous recevrons dans DSI, dans son édition de septembre), l'interview du CEMA pourrait aussi, à terme, être le signe d'un changement majeur de posture des forces européennes. Ce retour vers le réalisme signe, en effet, une évolution latente dans les états-majors. C'était bien entendu le cas chez les Britanniques et les Néerlandais, mais la tendance est également émergente en Allemagne ou en Italie.

Reste néanmoins à savoir à quel point ces constats - et les embryons de stratégie et de doctrine qui en découlent - seront appréhendés au niveau politique. L'enjeu, là, est tout autre : il est de savoir dans quelle mesure "l'ensauvagement" du monde, pour paraphraser T. Delpech, sera ou non un facteur de paralysie de nos politiques étrangères et, partant, de nos éthiques.

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