mercredi 11 juillet 2007

Mosquée rouge : le signe de trop ?

Certains de nos lecteurs auront pu lire l'excellente analyse que faisait Olivier Guillard, dans le DSI n°23 (février 2007), de la situation pakistanaise. D'autres se souviendront peut-être que dans L'ensauvagement, Thérèse Delpech indiquait qu'il était probable de voir la disparition du Pakistan en 2025.

Et j'ai eu personnellement l'occasion, au cours de mes conversations/interviews avec Bernard Bridel, dans le quotidien suisse 24 heures, l'occasion de montrer à quel point la question afghane était influencée par le Pakistan. Plus généralement, nous avons suivi la situation avec attention.

Pour parler en termes jominiens, la situation politique au "pays des purs" est l'un des points décisifs de la situation dans l’Etat d’à côté mais aussi, plus largement de toute la sécurité de la région. En clair, il est impensable de stabiliser l’Afghanistan sans que le Pakistan ne le soit. Et ni les incantations de l’OTAN ni les pressions américaines ne permettent pour l’heure d’y parvenir.

Et, de fait, après le retrait du Waziristan (pourtant pakistanais mais dont l’armée s’est retirée), le non-règlement de la question baloutche, la énième tentative d’assassinat de Musharaff, le terrorisme endémique (657 actes terroristes en 2006, faisant plus de 900 morts) cette histoire de Mosquée rouge et ses 50 morts n’est qu’une itération de plus dans la lente transformation du Pakistan en zone grise.

Trop lourd de ses compromis politiques, il est en train de s’effondrer sur lui-même. Le fait est là : « Mushie » est en train de se faire déborder sur sa droite (les radicaux) mais aussi, nous apprend Reuters, sur sa gauche. Frederic Grare, du Carnegie, vient de publier un rapport sur la question et montre que l’armée pakistanaise elle-même est au cœur du problème, en fait, beaucoup plus que l’on ne pensait. Et que ce n’est, malheureusement, pas prêt de s’arranger.

A ce rythme, si aucun Etat n’intervient de façon certes diplomatique mais néanmoins musclée, nous ne serons jamais en mesure de trouver une solution à long terme pour l’Afghanistan et, effectivement, autant partir de la région tout de suite…. En attendant d’en subir plus tard les conséquences.

Nous sommes face à une véritable, mais très particulière, forme de guerre, faite de ses alliances interpersonnelles, de ses mobilisations idéologico-religieuses, de ses imbrications ethno-claniques, de ses attentats et de longs convois partant pour l'Afghanistan. Elle semble se dérouler tellement lentement, hors caméras médiatiques comme politiques, que personne ne semble y prêter attention, comme si nos propres rationalités nous piégeaient.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

"pourtant pakistanais mais dont l’armée s’est retiré"

Heu, sauf erreur, retiréE, non?

Athéna et moi... a dit…

Juste, j'ai tapé trop vite.