dimanche 30 mars 2008

Mission accomplie ?

La nouvelle permet de terminer le week-end sur une note optimiste : Moqtada Sadr à indiqué dans un communiqué que "Nous voulons que les Irakiens arrêtent de verser le sang, et qu'ils défendent l'indépendance et la stabilité du pays et pour cela, nous avons décidé de nous retirer des rues de Bassorah et d'autres provinces".

Concrètement, les membres de l'armée du Mahdi sont ainsi invités à un cessez-le-feu, une bonne nouvelle a priori, alors que Bassorah connaît des combats depuis le 25 mars. Cependant, force est aussi de constater que ledit cessez-le feu apparaît comme fragile. Certes Sadr fait face à la pression combinée des forces britanniques, US (des forces spéciale ont été engagées) et irakiennes. Mais, surtout, Sadr doit gérer des dissentions internes à son mouvement. De ce point de vue, son communiqué pourrait n'être qu'une pause tactique permettant de regrouper ses forces et de les réarticuler.

Reste, toutefois, la possibilité que Sadr soit en train d'accepter les "règles du jeu" démocratique et qu'il cherche maintenant à augmenter son pouvoir non plus par les armes mais par des moyens d'influence. La bataille s'engagerait alors non plus tant sur le versant militaire des opérations que sur celui de la légitimité, sociale, économique et politique.

La situation est donc encore très loin d'être réglée - les "batailles de légitimation" peuvent aussi dégénérer en "batailles tout court".

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Sadr a montré qu'il avait encore les moyens de faire mal, mais il sait aussi qu'il n'a pas intérêt à prolonger la confrontation.

Pour le reste, parler de "jeu démocratique" en Irak est pour le moins discutable. Il est vrai qu'il y a des jeux parlementaires et que ce parlement est élu, mais sur le terrain, la politique irakienne n'a pas grand chose à voir avec la démocratie. Les zones sunnites sont contrôlées (quand elles le sont) par des milices, tandis que chez les chiites, il est parfois difficile de dire où s'arrête la police et où commencent les milices (cfr les tristement célèbres escadrons de la mort du ministère de l'Intérieur).

Et puis n'oublions quand même pas qu'il ne saurait y avoir de véritable démocratie sous occupation étrangère.

Anonyme a dit…

SADR est coutumier du fait: 2003, 2004, 2005, 2007, février 2008 encore. Ces "pauses" marquent le jeu complexe que joue le jeune mollah dans le jeu irakien.
Toutefois, je fais remarquer que les incidents ont continué et que d'autres ont éclaté dans la Province de DIYALA (mais cette fois-ci, de la part de membres d'AQI qui se réveillent et attaquent les checkpoints des miliciens SoI).
Par ailleurs, le problème posé par le commentaire précédent est juste: tout le problème est celui de la légitimité de l'action américaine au niveau local. Si il est rassurant de voir que la plupart des Sunnites admettent désormais leur présence, il est plus inquiétant de voir que de nombreux chiites partagent les jugements de SADR, qui se fait fort d'apparaître comme le seul chiite "irakien" face à Maliki (jugé pro-américain) et face à ses rivaux du Conseil Suprême Islamique en Irak (vus comme pro-iranien). Enfin, il est nécessaire à mon sens de poser l'éventuelle requalification du conflit irakien: les Américains font-ils encore vraiment de la COIN? Si c'est le cas (et je le pense malgré tout), alors il est nécessaire qu'ils réfléchissent à la manière de coopter les Irakiens plutôt que les contrôler. L'enjeu est de taille car sinon, la seule solution de sortie de crise consiste justement à se retirer, au détriment de la stabilisation relative du pays....
Cordialement
Stéphane TAILLAT

Anonyme a dit…

J'ai posté ce lien sur ''en vérité'', selon cette article, le fait que l'Iran est négocié le cessez le feu sans que les Etats Unis ne soient au courant est une grande victoire pour ce pays ;

http://questionscritiques.free.fr/edito/AsiaTimesOnline/M_K_Bhadrakumar/Etats-Unis_Iran_petrole_Irak_020408.htm