... Mais "4ème bataillon médian". Le changement de nom est la résultante de la nouvelle réforme de l'armée. Pour répondre à l'ami qui me posait la question cette après-midi, juste 2-3 considérations, parce que pas mal de lectures m'attendent dont la fin de l'excellent dernier ouvrage de Michel Goya) :
- Moi qui ait été Libramontois quelques années, j'aime les Chasseurs. Pour moi, ils représentent l'un des exemples les plus aboutis de ce qu'une infanterie non-SOF peut être capable de faire. La distance est-elmle donc si importante entre Evere et Marche que l'état-major ait perdu toute perception du concept de spécificité ?
- ce changement va affecter le moral et les traditions. On peut au moins espérer qu'il devienne "4ème médian/chasseurs ardennais" ou quelque chose comme ça, s'il faut céder au dogmatisme "néo/techno/nihilo doctrinal" ;
- Affecter ainsi de solides traditions (lesquelles, n'en déplaisent à certain, jouent leur petit rôle sur la façon dont les alliés de la Belgique perçoivent cette dernière), c'est inutile, zen particulier quand tant de travail reste à faire.
- In fine, je ne vois pas véritablement où va cette réforme. Ce dont l'armée a besoin, c'est d'investissements et de changements de fond, pas de changements de forme qui peuvent certes répondre à certains agendas politiques (la liquidation d'une certaine "Belgique de papa") mais qui ne répondent pas aux vraies questions (quelles missions ? Avec qui ? Quels adversaires ? Quelles morphologie des ops ? Quels paradigmes ?), qui me semblent autrement plus intéressantes... et plus importantes.
D'accord, depuis quelques billets, je fais très "conservateur". Mais là où Flahaut avait voulu supprimer les paras (et où j'étais intervenu quelques fois dans la presse en leur faveur), je ne vois pas véritablement en quoi l'entreprise de démentèlement des forces à changé. Du moins, je le vois de moins en moins.
Bon, maintenant, j'ai du travail ;o)
vendredi 19 février 2010
Désarmement nucléaire en Belgique : pourquoi Claes, Verhofstad, Dehaene et Michel se trompent
Un ancien Secrétaire général de l'OTAN, deux anciens premiers ministres et un Commissaire européen signent aujourd'hui dans Le Soir une opinion intitulée "Vers un désarmement nucléaire" et faisant le point sur les efforts en matière de désarmement nucléaire avant de plaider pour un retrait des armes nucléaires US en Belgique - dans la foulée du sénateur Philippe Mahoux et alors que se tiennent au Sénat une série d'auditions à huis clot sur la question, où votre serviteur fait d'ailleurs un petit exposé le 25 février.
La lecture de cette carte blanche ayant le côté asesptisé des opinions préparées par les cabinets ne manque cependant pas de surprendre. Au rang des raisons légitimant le retrait des armes nucléaires en Belgique, les signataires indiquent "Les armes nucléaires tactiques américaines en Europe ont perdu toute importance militaire. Leur intérêt politique résiduel – comme symbole du lien transatlantique – est largement insuffisant pour justifier leur présence, sachant que cette présence continue de signifier pour le reste du monde que ces armes nucléaires sont une « nécessité »".
Parue le jour même où Le Monde publiait un article intitulé "Désarmement nucléaire, les obstacles s'accumulent", l'opinion a de quoi surprendre. D'une part, le distinguo entre niveaux d'engagement tactique et stratégique s'est effondré : toute arme nucléaire, de par ce qu'elle représente et par les destructions qu'elle peut causer est devenue de facto stratégique. Dans un tel cadre, l'importance politique des armes est tout le contraire d'un résidu...
On ajoutera que le monde n'a pas besoin des armes "otaniennes" pour comprendre la "nécessité" de l'armement nucléaire. La tendance lourde est à la prolifération, en dépit des efforts des uns et des autres. Malheureusement, en politique internationale, "donner le bon exemple" est bien souvent contre-productif. Quand bien même toutes les armes américaines seraient retirées d'Europe, ce serait une illusion grave que de croire que les programmes pakistanais, chinois, indiens, nord-coréens, iraniens en seraient affectés.
Au-delà, "l'objectif zéro" en matière nucléaire militaire me semble être naïf. Petite anecdote, j'assistais - en 2004, je pense - à une réunion du Parlement où s'exprimait un sénateur américain partisan du "global zero", qui entraîna à sa suite les députés présents. Son discours me sembalit toutefois ambigu, aussi avais-je demandé si la mesure concernerait aussi les Etats-Unis. Suite à quoi sa réponse fut on ne peut plus claire : "non, pas tout de suite". Quelques députés avaient tiqué. Rare étaient ceux qui avaient compris que tant qu'une seule puissance disposeraient du nucléaire, les autres chercheraient également à l'avoir.
Reste aussi un autre point, faisant référence aux relations transtlantiques. Pour Bruxelles, la disposition d'armes US sur son territoire impliquait une attention plus soutenue de Washington, attention que les seuls (maigres) investissements belges dans le militaire conventionnel n'attirent guère. Cette dimension me semble déconsidérée dans l'opinion publiée, alors pourtant que ce poids politique gagné ne mange guère de pain.
Mais force est aussi de constater que les quatre signataires ont fait peu pour renforcer la position belge sur l'échiquier des forces OTAN : après avoir lancé la réforme de l'armée en 1999, le gouvernement duquel Guy Verhofstadt et Louis Michel ont fait partie n'a pas honoré ses engagements en matière d'investissements...
La lecture de cette carte blanche ayant le côté asesptisé des opinions préparées par les cabinets ne manque cependant pas de surprendre. Au rang des raisons légitimant le retrait des armes nucléaires en Belgique, les signataires indiquent "Les armes nucléaires tactiques américaines en Europe ont perdu toute importance militaire. Leur intérêt politique résiduel – comme symbole du lien transatlantique – est largement insuffisant pour justifier leur présence, sachant que cette présence continue de signifier pour le reste du monde que ces armes nucléaires sont une « nécessité »".
Parue le jour même où Le Monde publiait un article intitulé "Désarmement nucléaire, les obstacles s'accumulent", l'opinion a de quoi surprendre. D'une part, le distinguo entre niveaux d'engagement tactique et stratégique s'est effondré : toute arme nucléaire, de par ce qu'elle représente et par les destructions qu'elle peut causer est devenue de facto stratégique. Dans un tel cadre, l'importance politique des armes est tout le contraire d'un résidu...
On ajoutera que le monde n'a pas besoin des armes "otaniennes" pour comprendre la "nécessité" de l'armement nucléaire. La tendance lourde est à la prolifération, en dépit des efforts des uns et des autres. Malheureusement, en politique internationale, "donner le bon exemple" est bien souvent contre-productif. Quand bien même toutes les armes américaines seraient retirées d'Europe, ce serait une illusion grave que de croire que les programmes pakistanais, chinois, indiens, nord-coréens, iraniens en seraient affectés.
Au-delà, "l'objectif zéro" en matière nucléaire militaire me semble être naïf. Petite anecdote, j'assistais - en 2004, je pense - à une réunion du Parlement où s'exprimait un sénateur américain partisan du "global zero", qui entraîna à sa suite les députés présents. Son discours me sembalit toutefois ambigu, aussi avais-je demandé si la mesure concernerait aussi les Etats-Unis. Suite à quoi sa réponse fut on ne peut plus claire : "non, pas tout de suite". Quelques députés avaient tiqué. Rare étaient ceux qui avaient compris que tant qu'une seule puissance disposeraient du nucléaire, les autres chercheraient également à l'avoir.
Reste aussi un autre point, faisant référence aux relations transtlantiques. Pour Bruxelles, la disposition d'armes US sur son territoire impliquait une attention plus soutenue de Washington, attention que les seuls (maigres) investissements belges dans le militaire conventionnel n'attirent guère. Cette dimension me semble déconsidérée dans l'opinion publiée, alors pourtant que ce poids politique gagné ne mange guère de pain.
Mais force est aussi de constater que les quatre signataires ont fait peu pour renforcer la position belge sur l'échiquier des forces OTAN : après avoir lancé la réforme de l'armée en 1999, le gouvernement duquel Guy Verhofstadt et Louis Michel ont fait partie n'a pas honoré ses engagements en matière d'investissements...
jeudi 18 février 2010
L'armée de l'Air va recevoir de nouvelles AASM
Fin décembre 2009, la DGA a notifié à la société Sagem DS un contrat d’acquisition de 680 kits d’armement air-sol modulaire (AASM). Cela porte à 1 424 le nombre total de kits AASM commandés à ce jour pour équiper les Rafale de l’armée de l’Air et de la Marine.
L’AASM est constitué d’un kit de guidage et d’un kit d’augmentation de portée se montant sur des corps de bombe standard. Cet ensemble permet de tirer à distance de sécurité de la cible (plus de 50 km), dans toutes les conditions météorologiques, de jour comme de nuit. En dotation depuis 2007 dans les forces aériennes françaises, la version à guidage inertiel/GPS de l’AASM a été utilisée avec succès, à plusieurs reprises, en Afghanistan.
L’AASM est constitué d’un kit de guidage et d’un kit d’augmentation de portée se montant sur des corps de bombe standard. Cet ensemble permet de tirer à distance de sécurité de la cible (plus de 50 km), dans toutes les conditions météorologiques, de jour comme de nuit. En dotation depuis 2007 dans les forces aériennes françaises, la version à guidage inertiel/GPS de l’AASM a été utilisée avec succès, à plusieurs reprises, en Afghanistan.
mercredi 17 février 2010
Malouines: tensions ré-émergentes
Selon le Times, l’Argentine s’engage dans une politique de prise de contrôle du trafic entre les îles Malouines/Falklands et le continent, se positionnant ainsi de façon à pouvoir mener un véritable blocus.
C’est la conséquence d’un décret promu par la présidence de Buenos Aires, selon lequel tout navire naviguant dans les eaux revendiquées par l’Argentine doit avoir un permis donné par Buenos Aires.
Ce mouvement argentin intervient après l’envoi par la Grande-Bretagne d’une plateforme de prospection pétrolière – la zone pouvant contenir des gisements estimés à 60 milliards de barils (à titre de comparaison, la mer du Nord a produit jusqu’ici 40 milliards de barils).
Pour l’heure, un destroyer, 300 soldats et 4 Eurofighter sont présents aux Malouines, un responsable britannique indiquant qu’en 1982, seuls 50 Royal Marines étaient présents dans les îles. Les Malouines ont été occupées par la Grande-Bretagne depuis 1833 et sont depuis lors revendiquées par l’Argentine.
Au final, force est également de constater que l’affaire tombe bien pour la Royal Navy qui se bat toujours pour avoir deux porte-avions, soit des bâtiments sans lesquels l’opération Corporate, en 1982, eut été impossible.
C’est la conséquence d’un décret promu par la présidence de Buenos Aires, selon lequel tout navire naviguant dans les eaux revendiquées par l’Argentine doit avoir un permis donné par Buenos Aires.
Ce mouvement argentin intervient après l’envoi par la Grande-Bretagne d’une plateforme de prospection pétrolière – la zone pouvant contenir des gisements estimés à 60 milliards de barils (à titre de comparaison, la mer du Nord a produit jusqu’ici 40 milliards de barils).
Pour l’heure, un destroyer, 300 soldats et 4 Eurofighter sont présents aux Malouines, un responsable britannique indiquant qu’en 1982, seuls 50 Royal Marines étaient présents dans les îles. Les Malouines ont été occupées par la Grande-Bretagne depuis 1833 et sont depuis lors revendiquées par l’Argentine.
Au final, force est également de constater que l’affaire tombe bien pour la Royal Navy qui se bat toujours pour avoir deux porte-avions, soit des bâtiments sans lesquels l’opération Corporate, en 1982, eut été impossible.
mardi 16 février 2010
Le rayon de la mort a frappé : deux missiles au tapis
On a appris le 11 février que le laser aéroporté de défense antimissile YABL-1A a, pour la première fois, effectué deux interceptions en vol de deux engins balistiques, en moins d’une heure. La séquence détection-poursuite-destruction, intégralement réalisée en vol, a donc été validée. Reste que le programme est toujours, poiur l'heure, qualifié de démonstrateur.
L'occasion pour moi de revenir, à l'invitation d'Olivier Fourt, sur cette question dans l'émission "Ligne de défense", sur RFI, dimanche prochain à 12h30. L'émission sera disponible en podcast ici.
L'occasion pour moi de revenir, à l'invitation d'Olivier Fourt, sur cette question dans l'émission "Ligne de défense", sur RFI, dimanche prochain à 12h30. L'émission sera disponible en podcast ici.
Olivier Entraygues sur la toile
Pas mal de lecteurs m'avaient demandé où l'on pouvait trouver les ouvrages d'Olivier Entraygues. Je les lui transférais, évidemment, mais le plus simple est encore d'aller jeter un oeil sur sa tanière, où vous trouverez au surplus les articles qu'il a publié dans le DSI. C'est ici que ça se passe.
lundi 15 février 2010
Un petit clin d'oeil...
à Alain, que vous avez certainement déjà lu et qui se trouvait dans les trains entrés en collision ce matin près de Halle. Il s'en est sorti. Il a eu plus de chance qu'une vingtaine de personnes, qui ont trouvé la mort... Allez mon canard, on t'aime !
Vers une armée européenne ? Séminaire "penser la guerre"
La troisième séance du séminaire "Penser la guerre" aura lieu mardi 16 février de 19h à 21h à l'EHESS (105, bd. Raspail Paris 6e) en salle 4.
Le thème de cette séance sera : "Vers une armée européenne ?", avec Delphine Deschaux-Beaume, docteure en science politique et enseignante à Sciences-Po Grenoble, et Yves Boyer, directeur-adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et professeur à l'Ecole Polytechnique. Tous deux sont spécialistes de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD).
Le séminaire est ouvert à tous, sans inscription préalable.
Le thème de cette séance sera : "Vers une armée européenne ?", avec Delphine Deschaux-Beaume, docteure en science politique et enseignante à Sciences-Po Grenoble, et Yves Boyer, directeur-adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et professeur à l'Ecole Polytechnique. Tous deux sont spécialistes de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD).
Le séminaire est ouvert à tous, sans inscription préalable.
Une révolution militaire au carrefour ? Les armées européennes face à l’indécision des guerres du XVIIIe siècle
Benoist Bihan donnera le 18 février à l'EHESS une conférence sur le thème : « Une révolution militaire au carrefour ? Les armées européennes face à l’indécision des guerres du XVIIIe siècle »
« L’histoire de l’art de la guerre au XVIIIe siècle en Europe de l’Ouest pourrait se résumer aux tentatives de surmonter l’indécision de conflits caractérisés par ce qui fut qualifié de ‘blocage tactique’, à savoir l’impossibilité de remporter des succès décisifs sur le champ de bataille. Confrontées à ce problème, les armées des grandes puissances européennes se sont vues contraintes de trouver, parfois en cours de conflit, des moyens de dépasser le blocage tactique. Avant que le modèle de guerre napoléonien, héritier des penseurs militaires de la seconde moitié du XVIIIe siècle – Guibert, Bourcet, Frédéric II – ne s’impose définitivement, diverses approches se sont succédées qui toutes visaient à résoudre la question du blocage tactique. Les guerres du siècle des Lumières peuvent ainsi être considérées comme autant de laboratoires d’une révolution de l’art de la guerre en train de s’opérer, et offrent une opportunité exceptionnelle de réfléchir sur les processus de transformation des outils militaires et de leurs modes d’action. »
Les séances se tiennent de 17 h à 19 h à la Maison des Sciences de l’Homme,
54 boulevard Raspail, 75006 Paris ; salle 242, 2e étage
(Attention : contrairement aux années précédentes, nous ne sommes plus au 105 boulevard Raspail…)
« L’histoire de l’art de la guerre au XVIIIe siècle en Europe de l’Ouest pourrait se résumer aux tentatives de surmonter l’indécision de conflits caractérisés par ce qui fut qualifié de ‘blocage tactique’, à savoir l’impossibilité de remporter des succès décisifs sur le champ de bataille. Confrontées à ce problème, les armées des grandes puissances européennes se sont vues contraintes de trouver, parfois en cours de conflit, des moyens de dépasser le blocage tactique. Avant que le modèle de guerre napoléonien, héritier des penseurs militaires de la seconde moitié du XVIIIe siècle – Guibert, Bourcet, Frédéric II – ne s’impose définitivement, diverses approches se sont succédées qui toutes visaient à résoudre la question du blocage tactique. Les guerres du siècle des Lumières peuvent ainsi être considérées comme autant de laboratoires d’une révolution de l’art de la guerre en train de s’opérer, et offrent une opportunité exceptionnelle de réfléchir sur les processus de transformation des outils militaires et de leurs modes d’action. »
Les séances se tiennent de 17 h à 19 h à la Maison des Sciences de l’Homme,
54 boulevard Raspail, 75006 Paris ; salle 242, 2e étage
(Attention : contrairement aux années précédentes, nous ne sommes plus au 105 boulevard Raspail…)