Quelques remarques sur la (ré)émergence du concept d'opérations distribuées chez les Américains et les Australiens, en réponse à Mars attaque qui revenait sur les commandos Chouf.
D'abord, il convient de bien comprendre que l'apparition d'un concept quelque part n'augure pas automatiquement de son acceptation ailleurs. En clair, l'expérience algérienne, si elle a été examinée par les Américains, n'en est pas pour autant avalisée tel quel : le poids de la culture stratégique importe.
Ensuite, le contexte algérien lui-même est spécifique et les leçons apprises ne sont pas totalement transposables au contexte afghan. Le contexte stratégique est radicalement différent : nombre de combattants eux-mêmes ne voient pas pourquoi ils sont engagés en Afghanistan. Le conflit manque cruellement de sens, à commencer aux yeux du niveau politique, en Europe.
Le contexte en termes de stratégie des moyens est également différent : les technologies utiles aux opérations distribuées "old fashioned" ne sont pas celles qui ont été privilégiées par les armées actuelles. Le manque d'hélicoptères sur le théâtre afghan n'en est que l'illustration la plus flagrante.
Le contexte opérationnel est également différent. La barrière de la langue existait en Algérie mais est nettement plus infranchissable (du moins, sans interprètes) en Afghanistan. La barrière en termes tactique est également à prendre en considération : les opérations d'aujourd'hui sont nettement plus centralisées, le commandement réclame toujours plus d'infos. En même temps, la nature et l'application des règles d'engagement est toute autre. Songez qu'en Allemagne, l'équivalent local du CEMA a du démissionner, conséquence ultime de l'affaire des camions citernes capturés par les talibans...
Toujours dans le registre tactique, la morphologie de l'adversaire n'est évidemment pas la même ; les méthodes inhumaines sont à éliminer définitivement et, pire que tout, chaque action tactique peut se trouver étalée le lendemain dans la presse et susciter un interventionnisme mal à propos du niveau politique.
En bref, s'il faut évidemment conserver les leçons acquises en matière de commandos Chouf ou de chasse, il faut aussi les adapter, sans quoi un "copié-collé" sera immanquablement voué à l'échec. La clé, évidemment, reste l'adaptation. Aussi, peut-on réellement en vouloir aux Américains ou aux Australiens de chercher à faire avancer les choses ? En particulier dans un contexte où il ne s'agit pas uniquement de penser face à l'urgence mais aussi de comprendre les ressorts des futures formes d'insurrection et de guérilla ?
samedi 28 novembre 2009
jeudi 26 novembre 2009
Résilience : la Commission passe à l'action... et moi avec
La Commission européenne tient depuis hier son troisième forum sur la protection civile, consacré cette année à la résilience. L'interprétation qu'elle en fait est fondamentalement restrictive - Commission oblige, pas question de toucher aux prérogratives des Etats et la première des applications de la théorie touche au terrorisme. Au surplus, on ne peut limiter le concept de résilience aux seuls systèmes de protection civile.
Petit hasard du calendrier, j'ai reçu avant-hier l'accord des éditions L'Esprit du Livre pour la parution, je pense en janvier, de mon petit dernier, précisément sur le sujet de la résilience. Je place ici sa table des matières :
TABLE DES MATIÈRES 4
GLOSSAIRE DES ABRÉVIATIONS 7
TABLEAUX, GRAPHIQUES ET ENCADRÉS 9
INTRODUCTION 10
CHAPITRE 1. LES SOCIÉTÉS DU RISQUE FACE AU TERRORISME 15
1. Le terrorisme comme mode de guerre 16
1.1. Disproportion entre effets physiques et psychologiques 17
1.2. Moyens et mécanismes 22
2. Disruption et sociétés techniciennes 25
2.1. Le terroriste comme agent sociétal 26
2.2. La disruption en stratégie 30
2.3. Les modalités de la disruption 33
CHAPITRE 2. LA RÉSILIENCE DANS LA DÉFENSE ANTITERRORISTE 44
1. Les formes de la lutte antiterroriste 45
1.1. Les logiques stratégiques de l’antiterrorisme 46
1.2. Trouver le juste équilibre 50
2. La résilience dans l’architecture antiterroriste 53
2.1. Le rôle de la politique 55
2.2. La résilience spontanée comme composante des systèmes de secours et comme facteur stratégique 59
3. Les limites de la résilience virtuelle 63
3.1. Le rôle de la surprise comme facteur de relativité de la résilience 65
3.2. Le cas français 70
CHAPITRE 3. LA CONDUITE DE LA RÉSILIENCE : FACTEURS ET ACTEURS 75
1. Les formes de la résilience 76
1.1. Variabilité et interdépendance des formes de résilience 78
1.2. La variable « confiance » 81
1.3. Silence, I kill you ! La résilience au quotidien 85
2. La politique de la résilience 91
2.1. Culture et politique de la peur 92
2.2. Populations et culture de la peur 99
CHAPITRE 4. DÉVELOPPER LES RÉSILIENCES 107
1. Les médias dans la construction de la résilience 108
1.1. La prise en compte des évolutions médiatiques 109
1.2. Résilience, information et rationalités stratégiques 114
1.3. Le cas français 120
2. L’enseignement dans la construction de la résilience 123
2.1. L’enseignement comme facteur de défense stratégique 124
2.2. Quel enseignement pour quelle résilience ? 126
CONCLUSION : RÉSILIENCE ET MORAL 130
BIBLIOGRAPHIE 136
1. Ouvrages et monographies 136
2. Articles 141
INDEX 146
Petit hasard du calendrier, j'ai reçu avant-hier l'accord des éditions L'Esprit du Livre pour la parution, je pense en janvier, de mon petit dernier, précisément sur le sujet de la résilience. Je place ici sa table des matières :
TABLE DES MATIÈRES 4
GLOSSAIRE DES ABRÉVIATIONS 7
TABLEAUX, GRAPHIQUES ET ENCADRÉS 9
INTRODUCTION 10
CHAPITRE 1. LES SOCIÉTÉS DU RISQUE FACE AU TERRORISME 15
1. Le terrorisme comme mode de guerre 16
1.1. Disproportion entre effets physiques et psychologiques 17
1.2. Moyens et mécanismes 22
2. Disruption et sociétés techniciennes 25
2.1. Le terroriste comme agent sociétal 26
2.2. La disruption en stratégie 30
2.3. Les modalités de la disruption 33
CHAPITRE 2. LA RÉSILIENCE DANS LA DÉFENSE ANTITERRORISTE 44
1. Les formes de la lutte antiterroriste 45
1.1. Les logiques stratégiques de l’antiterrorisme 46
1.2. Trouver le juste équilibre 50
2. La résilience dans l’architecture antiterroriste 53
2.1. Le rôle de la politique 55
2.2. La résilience spontanée comme composante des systèmes de secours et comme facteur stratégique 59
3. Les limites de la résilience virtuelle 63
3.1. Le rôle de la surprise comme facteur de relativité de la résilience 65
3.2. Le cas français 70
CHAPITRE 3. LA CONDUITE DE LA RÉSILIENCE : FACTEURS ET ACTEURS 75
1. Les formes de la résilience 76
1.1. Variabilité et interdépendance des formes de résilience 78
1.2. La variable « confiance » 81
1.3. Silence, I kill you ! La résilience au quotidien 85
2. La politique de la résilience 91
2.1. Culture et politique de la peur 92
2.2. Populations et culture de la peur 99
CHAPITRE 4. DÉVELOPPER LES RÉSILIENCES 107
1. Les médias dans la construction de la résilience 108
1.1. La prise en compte des évolutions médiatiques 109
1.2. Résilience, information et rationalités stratégiques 114
1.3. Le cas français 120
2. L’enseignement dans la construction de la résilience 123
2.1. L’enseignement comme facteur de défense stratégique 124
2.2. Quel enseignement pour quelle résilience ? 126
CONCLUSION : RÉSILIENCE ET MORAL 130
BIBLIOGRAPHIE 136
1. Ouvrages et monographies 136
2. Articles 141
INDEX 146
mercredi 25 novembre 2009
Zoom sur DSI 54
Nous y sommes ! D'ici une petite semaine, le premier exemplaire « nouvelle génération » de DSI sera disponible. Il est le fruit d’une importante réflexion de nos équipes techniques et éditoriales, largement nourrie par les remarques et observations de nos lecteurs. Vous l’aurez remarqué, au-delà du gros changement de mise en page, DSI devient aussi plus grand et plus épais (116 pages). De quoi continuer à nourrir vos attentes mais aussi en satisfaire d’autres... Une nouvelle catégorie de fiches techniques, consacrée aux armes légères, rejoint le magazine. Dans nos veilles, nous nous ouvrons davantage aux technologies françaises et à leurs évolutions mais aussi, plus particulièrement, aux « matériels de cohérence », ces petits équipements dont on parle moins que les systèmes majeurs mais qui peuvent faire la différence. Et ce, autant sur le terrain que dans les chiffres des exportations d’équipements militaires.
Nouveauté majeure, la rubrique « Enquête » de Jean-Louis Promé nous permet de revenir en profondeur et in extenso sur une thématique spécifique. En l’occurrence, ce mois-ci, l’enquête porte sur les évolutions de l’ALAT, dont les chantiers sont aussi nombreux que les réalisations : envoi du Tigre en Afghanistan, disparition de la Brigade Aéromobile (BAM), évolutions des structures, Maintien en Condition Opérationnelle (MCO), simulation… Le travail ne manque pas. Dans le même temps, nos autres rubriques ont été conservées et améliorées. Véronique Sartini traite ainsi des évolutions de l’aéronavale (unités), Joseph Henrotin des campagnes aériennes en contre-insurrection dans la politique de défense syrienne, Olivier Entraygues de l’Afghanistan et le général Desportes de la fin de la RMA (stratégie), etc.
Ce DSI « nouvelle génération » met également à l’honneur la veille stratégique, que vous êtes si nombreux à apprécier, tout en conservant les chroniques de Carl von C. et de Benoist Bihan, les fiches techniques, les « contrats du mois », les veilles en contre-terrorisme ou encore les critiques de lecture. Plus d’information, plus d’illustrations, plus de lisibilité. Mais aussi – et toujours – notre indépendance, qu’elle soit politique ou financière, seule garante d’un travail de qualité qui réponde à vos attentes. De quoi, en somme, vous souhaiter une bonne lecture mais aussi vous inviter sur www.geostrategique.com afin d’y suivre, au jour le jour, l’actualité des questions de défense !
mardi 24 novembre 2009
Comment les terminales S vont répéter les erreurs du passé
C'est un courrier que j'ai reçu cet après-midi de Monsieur L. (qui se reconnaîtra) et qui mérite amplement considération. Il va de soi que je suis tout aussi scandalisé :
Je viens d'apprendre que le Ministre de l'Éducation Nationale vient de décider de supprimer l'Histoire et la Géographie comme matières obligatoires (il se propose de les maintenir dans un cadre optionnel) en Terminale Scientifique. Je suis anéanti et scandalisé par une telle décision, dont je pense que tu as été par ailleurs averti.
Tout le monde peut comprendre, au vu de ce qu'est un lycéen aujourd'hui, et plus particulièrement dans une section scientifique avec une spécialisation renforcée par la réforme, qu'une telle décision va aboutir à la suppression totale de cet enseignement. Très peu nombreux seront les élèves qui prendront une telle option. Nous ne devons donc nourrir aucune illusion. Le caractère démagogique de la mesure est évident.
Il fait reposer sur les élèves la décision de prendre ou de ne pas prendre les cours d'Histoire et Géographie à un moment où la spécialisation de la filière vient d'être réaffirmée. Alors que, aujourd'hui, plus de 50% des élèves ont choisi la Terminale Scientifique, ceci revient à enlever l'enseignement d'Histoire et Géographie à cette même proportion. Seul le rétablissement de l'Histoire et de la Géographie dans le cadre de cours obligatoires peut garantir qu'elles seront suivies par les élèves des Terminales Scientifiques.
Cette scandaleuse décision survient au moment même où, de la commémoration de l'anniversaire de la mort de Guy Môquet au grand débat sur « l'identité nationale », en passant par le projet d'un musée de l'Histoire de France, la question de l'Histoire, mais aussi de la Géographie (car la conscience nationale s'enracine dans des pays et des paysages) occupe une place centrale dans notre pays. On se souvient du livre de Fernand Braudel Identité de la France, et de la place qu'il donnait à la fois aux paysages et à l'Histoire dans la construction d'un sentiment national. Ce dernier ne saurait renier ce qu'il doit à ces deux disciplines ou alors, mais nous n'osons croire que tel soit le projet du gouvernement, cela reviendrait implicitement à le faire reposer sur une couleur de peau ou une religion, avec ce que cela impliquerait pour le coup comme rupture avec ce qui fait l'essence même du sentiment national en France.
On peut alors s'interroger sur la logique d'une telle politique qui prétend faire de la conscience nationale une priorité, qui va même jusqu'à créer à cette fin un Ministère de l'Intégration, et qui la retire en réalité à la moitié des élèves de Terminale. Ce n'est plus de l'incohérence, c'est de la schizophrénie.
Au-delà, les raisons sont nombreuses qui militent pour le maintien d'un enseignement d'Histoire et de Géographie pour les Terminales Scientifiques.
Dans la formation du citoyen, ces disciplines ont un rôle absolument fondamental. La compréhension du monde contemporain, de ses crises économiques ou géostratégiques, des rapports de force qui se nouent et se dénouent en permanence entre les nations, implique la maîtrise de l'Histoire et de la Géographie. Est-ce à dire que, pour le Ministère de l'Éducation Nationale, les élèves des Terminales Scientifiques sont appelés à être des citoyens de seconde zone ? Est-ce à dire que l'on n'attend plus d'un mathématicien ou d'un physicien qu'il soit aussi un citoyen ? Ou bien, voudrait on ici organiser à terme une France à deux vitesses où d'un côté on aurait de grands décideurs dont la science serait au prix de leur conscience, et de l'autre le simple citoyen auquel on pourrait laisser ce savoir si nécessaire car devenu sans objet dans la mesure où ce dit citoyen ne pourrait plus peser sur les décisions politiques ?
Il est vrai que l'on peut s'interroger aujourd'hui devant la réduction, sans cesse croissante, de la démocratie à ses simples formes, qui ont elles-mêmes été bafouées comme on l'a vu pour le vote du referendum de 2005.
Par ailleurs, cette décision est en réalité autodestructrice pour notre économie dont on prétend cependant que l'on veut en pousser l'externalisation. Aujourd'hui, dans les formations de pointe, qu'il s'agisse de Polytechnique (Chaire de management interculturel), des autres Grandes Écoles (École des Mines, École des Ponts et Chaussées) ou des Écoles de commerce et de gestion (HEC, ESSEC, SupdeCo, etc…), qui toutes impliquent de la part de l'étudiant une Terminale Scientifique, l'accent est mis sur la compréhension du monde contemporain. Ceci nécessite une formation de base en Géographie (humaine, économique et géopolitique) mais aussi une formation en Histoire afin de fournir les bases de compréhension des évolutions du monde contemporain. Ceci correspond à une demande spécifique des entreprises françaises qui sont de plus en plus engagées dans un processus d'internationalisation de leurs activités.
Qu'il s'agisse de la question des contrats, ou encore du développement d'activités à l'expatriation, la connaissance des fondements historiques, géographiques et culturels de ces sociétés, qui pour certaines sont très différentes de la nôtre, est absolument indispensable. L'absence de ces disciplines, ou la réduction de leurs horaires à la portion congrue, défavoriseraient considérablement ceux des élèves de Terminale Scientifique qui ne veulent pas s'orienter vers des activités strictement en liaison avec les sciences de la nature.
C'est donc avec le sentiment que quelque chose de très grave est en train de se produire si nous n'y prenons garde que je t'écris.
Moi-même, en temps qu'économiste, je ne cesse de mesurer ce que ma discipline doit à l'Histoire (pour l'histoire des crises économiques mais aussi des grandes institutions sociales et politiques dans lesquelles l'activité économique est insérée) mais aussi à la Géographie avec son étude des milieux naturels et humains, des phénomènes de densité tant démographique que sociale. Comment peut-on penser la crise actuelle sans la mémoire des crises précédentes ? Comment peut-on penser le développement de l'économie russe hors de tout contexte, comme si ce pays n'avait pas sa spécificité de par son histoire mais aussi de par son territoire ? Nous savons bien que les processus économiques ne sont pas les mêmes dans les capitales, à Moscou et à Saint-Pétersbourg, et dans les régions.
On voit donc bien que si l'Économie n'est pas le simple prolongement de l'Histoire et de la Géographie, elle perd toute pertinence à ne pas se nourrir à ces deux disciplines, et ceci sans que cela soit exclusif d'autres (comme l'Anthropologie ou la Sociologie).
Et je ne parle pas ici de mes activités de recherches stratégiques, qui, bien entendu, nécessitent l'Histoire et la Géographie.
Je viens d'apprendre que le Ministre de l'Éducation Nationale vient de décider de supprimer l'Histoire et la Géographie comme matières obligatoires (il se propose de les maintenir dans un cadre optionnel) en Terminale Scientifique. Je suis anéanti et scandalisé par une telle décision, dont je pense que tu as été par ailleurs averti.
Tout le monde peut comprendre, au vu de ce qu'est un lycéen aujourd'hui, et plus particulièrement dans une section scientifique avec une spécialisation renforcée par la réforme, qu'une telle décision va aboutir à la suppression totale de cet enseignement. Très peu nombreux seront les élèves qui prendront une telle option. Nous ne devons donc nourrir aucune illusion. Le caractère démagogique de la mesure est évident.
Il fait reposer sur les élèves la décision de prendre ou de ne pas prendre les cours d'Histoire et Géographie à un moment où la spécialisation de la filière vient d'être réaffirmée. Alors que, aujourd'hui, plus de 50% des élèves ont choisi la Terminale Scientifique, ceci revient à enlever l'enseignement d'Histoire et Géographie à cette même proportion. Seul le rétablissement de l'Histoire et de la Géographie dans le cadre de cours obligatoires peut garantir qu'elles seront suivies par les élèves des Terminales Scientifiques.
Cette scandaleuse décision survient au moment même où, de la commémoration de l'anniversaire de la mort de Guy Môquet au grand débat sur « l'identité nationale », en passant par le projet d'un musée de l'Histoire de France, la question de l'Histoire, mais aussi de la Géographie (car la conscience nationale s'enracine dans des pays et des paysages) occupe une place centrale dans notre pays. On se souvient du livre de Fernand Braudel Identité de la France, et de la place qu'il donnait à la fois aux paysages et à l'Histoire dans la construction d'un sentiment national. Ce dernier ne saurait renier ce qu'il doit à ces deux disciplines ou alors, mais nous n'osons croire que tel soit le projet du gouvernement, cela reviendrait implicitement à le faire reposer sur une couleur de peau ou une religion, avec ce que cela impliquerait pour le coup comme rupture avec ce qui fait l'essence même du sentiment national en France.
On peut alors s'interroger sur la logique d'une telle politique qui prétend faire de la conscience nationale une priorité, qui va même jusqu'à créer à cette fin un Ministère de l'Intégration, et qui la retire en réalité à la moitié des élèves de Terminale. Ce n'est plus de l'incohérence, c'est de la schizophrénie.
Au-delà, les raisons sont nombreuses qui militent pour le maintien d'un enseignement d'Histoire et de Géographie pour les Terminales Scientifiques.
Dans la formation du citoyen, ces disciplines ont un rôle absolument fondamental. La compréhension du monde contemporain, de ses crises économiques ou géostratégiques, des rapports de force qui se nouent et se dénouent en permanence entre les nations, implique la maîtrise de l'Histoire et de la Géographie. Est-ce à dire que, pour le Ministère de l'Éducation Nationale, les élèves des Terminales Scientifiques sont appelés à être des citoyens de seconde zone ? Est-ce à dire que l'on n'attend plus d'un mathématicien ou d'un physicien qu'il soit aussi un citoyen ? Ou bien, voudrait on ici organiser à terme une France à deux vitesses où d'un côté on aurait de grands décideurs dont la science serait au prix de leur conscience, et de l'autre le simple citoyen auquel on pourrait laisser ce savoir si nécessaire car devenu sans objet dans la mesure où ce dit citoyen ne pourrait plus peser sur les décisions politiques ?
Il est vrai que l'on peut s'interroger aujourd'hui devant la réduction, sans cesse croissante, de la démocratie à ses simples formes, qui ont elles-mêmes été bafouées comme on l'a vu pour le vote du referendum de 2005.
Par ailleurs, cette décision est en réalité autodestructrice pour notre économie dont on prétend cependant que l'on veut en pousser l'externalisation. Aujourd'hui, dans les formations de pointe, qu'il s'agisse de Polytechnique (Chaire de management interculturel), des autres Grandes Écoles (École des Mines, École des Ponts et Chaussées) ou des Écoles de commerce et de gestion (HEC, ESSEC, SupdeCo, etc…), qui toutes impliquent de la part de l'étudiant une Terminale Scientifique, l'accent est mis sur la compréhension du monde contemporain. Ceci nécessite une formation de base en Géographie (humaine, économique et géopolitique) mais aussi une formation en Histoire afin de fournir les bases de compréhension des évolutions du monde contemporain. Ceci correspond à une demande spécifique des entreprises françaises qui sont de plus en plus engagées dans un processus d'internationalisation de leurs activités.
Qu'il s'agisse de la question des contrats, ou encore du développement d'activités à l'expatriation, la connaissance des fondements historiques, géographiques et culturels de ces sociétés, qui pour certaines sont très différentes de la nôtre, est absolument indispensable. L'absence de ces disciplines, ou la réduction de leurs horaires à la portion congrue, défavoriseraient considérablement ceux des élèves de Terminale Scientifique qui ne veulent pas s'orienter vers des activités strictement en liaison avec les sciences de la nature.
C'est donc avec le sentiment que quelque chose de très grave est en train de se produire si nous n'y prenons garde que je t'écris.
Moi-même, en temps qu'économiste, je ne cesse de mesurer ce que ma discipline doit à l'Histoire (pour l'histoire des crises économiques mais aussi des grandes institutions sociales et politiques dans lesquelles l'activité économique est insérée) mais aussi à la Géographie avec son étude des milieux naturels et humains, des phénomènes de densité tant démographique que sociale. Comment peut-on penser la crise actuelle sans la mémoire des crises précédentes ? Comment peut-on penser le développement de l'économie russe hors de tout contexte, comme si ce pays n'avait pas sa spécificité de par son histoire mais aussi de par son territoire ? Nous savons bien que les processus économiques ne sont pas les mêmes dans les capitales, à Moscou et à Saint-Pétersbourg, et dans les régions.
On voit donc bien que si l'Économie n'est pas le simple prolongement de l'Histoire et de la Géographie, elle perd toute pertinence à ne pas se nourrir à ces deux disciplines, et ceci sans que cela soit exclusif d'autres (comme l'Anthropologie ou la Sociologie).
Et je ne parle pas ici de mes activités de recherches stratégiques, qui, bien entendu, nécessitent l'Histoire et la Géographie.
lundi 23 novembre 2009
FELIN : cible atteinte
Un total de 16 454 systèmes FELIN a été commandé le 20 novembre. Le nombre de systèmes commandés s’élève ainsi au total à 22 588. Le montant global du programme FELIN, incluant le développement, l’industrialisation, la production et le soutien initial, s’établit à un milliard d’euros.
Pour plus de détails sur les capacités du système comme ses derniers essais, je ne saurais trop renvoyer d'une part au dossier que Véronique avait préparé pour le DSI 52 (octobre) et, d'autre part, à l'article d'Emmanuel dans le DSI-T n°16.
Pour plus de détails sur les capacités du système comme ses derniers essais, je ne saurais trop renvoyer d'une part au dossier que Véronique avait préparé pour le DSI 52 (octobre) et, d'autre part, à l'article d'Emmanuel dans le DSI-T n°16.