En conclusion de Aux sources du terrorisme d'Hélène L'Heuillet (Fayard 2009) : "l’idée que « le terrorisme » serait « l’arme des faibles » est déjà non-démocratique et commet l’erreur de transposer dans la réalité ce qui n’est que rhétorique politique".
L'ouvrage, fruit des travaux d'une maître de conférence en philosophie qui est également psychanalyste, est a conseiller, en particulier dans l'exploration qu'elle fait de la relation à la peur. Excellente déconstruction des mécanismes de puissance inhérents à un terrorisme qu'elle considère per se comme un mode de guerre.
Si la critique de son ouvrage paraîtra dans le DSI de juin, on peut franchement considérer que ces travaux (d'ailleurs assez marqués par ceux de stratégistes comme R. Pape ou F. Géré) sont d'une grande utilité.
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai feuilleté l'ouvrage, qui me paraît souvent plus idéologique que scientifique.
La citation que vous reproduisez en est un bon exemple : que fait la notion (très normative) de "démocratie" dans cette proposition ?
Du point de vue de l'analyse stratégique, soit l'idée selon laquelle le terrorisme est l'arme du faible est vraie, soit elle est fausse. Par contre, je ne vois pas pourquoi un chercheur devrait se soucier de savoir si elle est "démocratique" ou non.
Par ailleurs, ce que j'ai pu voir de la bibliographie du chapitre consacré au terrorisme islamiste était calamiteux. Se baser sur les essais très "littéraires" d'Abd el-Wahhab Meddeb ou André Glucksmann est indigne d'un universitaire.
Et bien, si vous lisiez l'ouvrage plutôt que de le feuilleter ?
RépondreSupprimerLa phrase extraite de la conclusion résume les choses très simplement : bon nombre d'Etats européens considèrent que le terrorisme est affaire de pauvreté mais cette notion même de pauvreté est problématique : est-elle financière, intellectuelle ou autre ? C'est justemment ce que l'auteure éclaire.
Du coup, elle opère une déconstruction de nos propres représentations qui me semble non seulement judicieuse mais également pertinente.
Pour le reste et ceci dit, vous avez beau avoir 15 points de vue subjectifs sur un lapin, ça reste un lapin. Et c'est la même chose pour la démocratie (la notion d'indignité d'un travail universitaire me semble au demeurant plutôt normative).
Et cette démocratie peut être mise en danger par des pratiques sécuritaires mal calibrées... et ni elle ni moi sommes les seuls à le dire. Tant qu'à faire dans "l'idéologique" (bien que je ne voie pas en quoi ce travail en relève), aussi bien des gens marqués à gauche, au centre ou à droite sont inquiets des dérives que peut engendrer une culture de la peur.
Quand au choix de la biliographie... tout ouvrage en sciences sociales ne peut que prétendre à l'objectivité. Sur le fond méthodologique, je n'ai pas détecté d'erreurs. Pour le reste, comme tout travail en la matière, il ne représente en aucun cas un absolu : juste une contribution au débat.
Bien cordialement,
JH
NB : lorsque pareilles critiques - avec jugements normatifs "franchement limites" (soit qui pourraient justifier une non publication sur ce blog) sont émis - il me semble plus que correct d'assumer et de ne pas écrire en tant qu'anonyme.
Dire qu'une analyse du terrorisme peut menacer la démocratie est une chose, mais dire qu'elle est en soi non démocratique en est une autre.
RépondreSupprimerComme pas mal de monde, y compris certains auteurs pas forcément incompétents, j'ai tendance à adhérer à l'idée selon laquelle le terrorisme est l'arme du faible (militairement s'entend, ce qui ne revient pas à dire que c'est la pauvreté qui est en cause).
Or, je suis profondément gêné qu'un chercheur vienne me dire non pas que j'ai tort (ce qui serait évidemment son droit le plus strict) mais que mon idée est "déjà" non démocratique. J'y vois une sorte de chantage très idéologique.
Pour le reste, je n'ai appliqué le qualificatif "indigne" qu'au choix de la bibliographie. Il me paraît normal (et c'est une position normative sans doute partagée par beaucoup de chercheurs) qu'un ouvrage universitaire s'appuie lui-même sur des travaux académiques plutôt que sur les essais d'intellectuels médiatiques à la mode. Ce n'est pas un problème d'objectivité mais de rigueur.
Cordialement,
(l'anonymat sur le net est un droit que j'estime pouvoir revendiquer tant que je n'insulte personne que mes propos restent argumentés ; à vous de juger)
Je pense que Joseph ne va pas recopier intégralement l'ouvrage : lisez-le qu'il dit ;o) Et puis, vous devriez faire un peu plus confiance à notre hôte : son dernier opus sur la techno-guérilla dans Stratégique va aussi dans votre sens. Sauf que, manifestement, vous ne parlez pas des mêmes choses... Lisez ce bon Dieu d'ouvrage que diable !
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