Je ne me suis pas trop étendu sur la tragique perte de nos 10 soldats, simplement parce que, que certains aient été tués ou non à l'arme blanche, égorgés ou d'un coup dans les reins, n'a que peu d'intérêt. Les familles n'ont pas à supporter ce genre de palabres, elles souffrent déjà assez comme ça.
Par contre, on a entendu, ça et là, pas mal de pistes de réponses pour éviter que ce genre de choses ne se produisent encore. Je n'avais pas encore pris position mais quelques réflexions me viennent à l'esprit :
- l'adaptation tactique est plus rapide que l'adaptation technique. On peut donc réduire le nombre et la probabilité de subit des embuscades mais escompter éliminer le risque est, au mieux, naïf. L'adversaire n'est pas une masse amorphe qui serait terrifiée par le fait que nous ayons des drones... il adaptera simplement son comportement et il continuera d'accepter ses propres pertes ;
- sur les drones, justemment. Un DRAC doit être piloté en LOS et exige un assemblage imposant une sortie du VAB (en raison de l'envergure de l'engin). Autrement dit, le risque d'embuscade n'est pas véritablement annulé. L'engin n'a pas été conçu pour pouvoir être lancé et piloté depuis un VAB en marche. Pire, il vol relativement bas et, même s'il est (très) silencieux, son repérage par l'adversaire annule toute surprise. Son autonomie (1h30) est en outre relativement faible pour un suivi permanent de patrouilles qui peuvent durer nettement plus longtemps ;
- selon moi, il vaut bien mieux travailler avec un drone MALE : il est persistant, vole à plus haute altitude et permet, par sa discrétion, de conserver la surprise. Son pilotage peut passer par satelliteet éviter les pièges du LOS en environnement montagneux. Que ses capteurs optiques soient moins efficients que ceux du DRAC n'y change rien : le but du jeu tant que les Talibans n'adoptent pas d'uniforme, c'est de détecter des humains et de faire la différence entre des hommes et des enfants.
Seul problème, qui montre que c'est toujours la stratégie et pas la technologie qui conduit le monde militaire, nous n'avons que 3 MALE. Son successeur ne serait pas commandé à plus de 15 exemplaires. Simplement parce que l'on a rapidement considéré que le MALE est un système relevant du niveau opérationnel ou stratégique et pas du plan tactique.
Ce qui, en outre, à évincé la nécessité, dans les fiches-programme, qu'il soit armé. Or, ce genre d'adaptation (qui n'a franchement pas été coûteuse dans le cas du Predator) apparaît comme l'un des succès techniques les plus éclatants de ces 15 dernières années. En COIN, l'adversaire est toujours à considérer comme un TST (time sensitive target) : pourquoi attendre l'arrivée des appareils classiques ou de nos gaillards susceptibles d'y laisser des leurs sur le terrain alors qu'on pourrait "cueillir" l'adversaire d'emblée ?
Pour renchérir sur les limites du DRAC, on aurait pu imaginer assez facilement une adaptation du drone Orka 1200 d'EADS pour des usages terrestres. Il a une autonomie de 8 heures, une charge utile de 180kg et peut décoller sans de grosses contraintes (d'infrastructures notamment). Son guidage pourrait être en mode LOS et sa charge utile embarquable pourrait lui permettre d'emporter un lance grenade automatique ou une minigum. Dans le cadre de l'embuscade subit par nos troupes, il aurait pu repèrer les talibans et apporter un appui feu élémentaire. Pour finir, le faible coût de cet engin permettrait d'en disposer d'un grand nombre...En tout état de cause, la situation des drones en france montre à quel point certains, à l'Etat Major, semblent encore en retard d'une guerre...
RépondreSupprimerOrka ne vole pas encore, si je ne m'abuse et n'a pas encore été armé. Il n'y a qu'à passer par la DGA et il coûtera 6 fois son prix et ne sera toujours pas armé ;o)
RépondreSupprimerL'Armée de Terre (le 61e RA) possède des drones tactiques. Il s'agit du SDTI (Système de Drone Tactique Intérimaire) basé sur le Sperwer et développé par Sagem DS.
RépondreSupprimerCes drones, que l'AdT possède depuis 2002, ont été déployés au Liban (mais sans l'autorisation d'utilisation) et au Kosovo avec succès.
Les canadiens et les hollandais possèdent également des drones Sperwer :
- Les canadiens utilisent ce système à outrance (2 à 3 vols par jour) depuis 2004 : à Kaboul en 2004, à Kandahar depuis 2006.
- Les hollandais ont également utilisé leurs drones Sperwer en A-stan en 2006 et 2007 dans leur camp retranché au NW de Kaboul.
Le drone Sperwer est un système tactique catapulté et récupéré par parachute et airbags. L'avion de 4 m d'envergure pèse 300 Kg et transporte une charge utile, une boule optronique composée d'une caméra jour et d'une caméra IR.
A plusieurs reprises, les canadiens ont clamé haut et fort que le Sperwer leur avait sauvé la mise en éclairant en amont la progression de leurs soldats, en détectant les origines des tirs à l'IR, en repérant des corridors de fuite lors des évacuations des sections en difficultés, etc.
+1 sur le post d'athéna par contre la liaison directe entre patrouille et drone est elle possible ?
RépondreSupprimer@nikesfeld : c'est tout le problème de la liaison LOS : faut pas de montagne entre l'émetteur et le récepteur. Or, avec le DRAC, la réception se fera à tous les coups par intermittence. Bon point à Athéna.
RépondreSupprimerSur le SDTI : même problème de LOS dans les petites vallées...
bonsoir !
RépondreSupprimerj'ai souvenir , sur le site de Mr MERCHET d'une reflexion pertinente d'un "posteur" concernant les mini drones .
Une société proposant un mini drone, à un prix très compétitif. Veuillez m'excuser mais étant en déplacement, ma bibliotheque est restée à la maison.
Je suis tout à fait d'accord sur la vision aux niveaux stratégique et opérationnels des drones MALE, au détriment du niveau tactique, qui a prévalu en france, depuis plusieurs années... Notre dépendance technologique sur ce type de vecteurs - armés dans d'autres pays - est bien présente . Secteur stratégique à combler pour nos industriels .... au regard des vecteurs opérationnels dans d'autres pays ...
pour conclure, j'aurai la réflexion suivante :
DRAC : vecteur non rustique, non robuste et cher!
---> un sourcing est en route : j'en suis convaincu. Souhaitons que le temps durée qui sépare cette phase de l'évaluation technico-opérationnelle, puis la formation, l'acquisition et le déploiement d'un module "adapté" aux besoins tactique de proximité , sera court... Très court.
RAPACES: Je suis dans l'opérationnel .... Nous disposons en france de "nurseries" très productives concernant ce type de représentant de la biocénose...
Des expériences convaincantes ont été réussies avec ce type de "vecteurs" équipés de caméras...
En attendant d'être dans le tactique...
Drones MALE : RAS par rapport à ce qui a été exposé....
Divers:
L' étude de dronisation de vecteurs comme l'EMB 314 , le DRAGON, doit être pris en considération!
Bonne soirée.
TOMATE
ps : relatif à votre article paru sur DSI de 09/2008, et intitulé : "livre blanc : quel avenir pour la flotte?"
RépondreSupprimerRemarquable !
Toutefois, j'aurai souhaité exposer, partager, évaluer, discuter, confronter mes réflexions avec ceux qui viennent que ce post !!!
Toutefois, rien ne le permet !!! Dommage !!!
On devrait pourvoir revenir sur un des articles paru dans vos revues !
L'enrichissement passe par là aussi ! Du moins , me semble t 'il ?
Inutile de faire paraitre ce post : de toute facon, je suis hors sujet !
Bonne soirée !
TOMATE
Juste un apparté que notre hôte jugera utile ou pas de publier. Quand il ouvre son post sur ces affaires d'armes blanches. Une anecdote sur les histoires d'armes blanches justement et les combats modernes. Dans les bonus du film remonté et restauré "The Big Red One" de Samuel Fuller (que je vous recommande dans cette version), les jeunes acteurs de ce film tourné en 1980 racontent comment Lee Marvin, ancien Marines blessé en 1944 à Saipan d'un coup de baionette dans les reins, presqu'unique survivant de son platoon, les a formés pour leur rôle. Mark Hamill (plus connu pour son rôle de Luke Skywalker...) explique notamment comment Lee Marvin leur a enseigné le tir de combat pour bien s'imprégner de leur rôle de troupes de choc. Il a fait charger leur fusil Garand M1 de balles de guerre et leur a fait tirer par terre à un mètre cinquante devant eux. Pour leur faire ressentir la violence du fusil, l'impact du coup presque sur les pieds et son recul. Et surtout parce que c'est comme ça disait le vieux Lee que l'on tue un homme à la guerre avec son fusil, et non pas à 400 mètres. Les yeux dans les yeux et quasiment au contact.
RépondreSupprimerIl semble qu'avec les fantasmes technologiques de ces 20 dernières années, initiés par les Etats Unis d'Amérique dans les années 80, on ait oublié que la guerre, c'est aussi une affaire d'hommes qui s'affrontent et qui s'entretuent.
'est sur, à quoi sert du furtif en Afghanistan?
RépondreSupprimerS'il serait de bonne guerre de le retrouver "perdu" hors secteur américain, il y a peut être un autre intérêt:
Jusqu'à ce jour, la totalité des capteurs embarqués ont étaient calibrés pour faire face à des forces industrielles. Ainsi, on découvre que le Tigre ne peut détecter des hommes à grande distance en voie thermique. C'est normal. Il a été prévu pour chasser des blindés.
L'Afghanistan, c'est aussi ça. Un terrain pour valider du matériel face à une chose nouvelle: détecter, identifier l'intention et éventuellement engager un homme anodin qui marche dans la nature.
Ce drone, c'est un peu tout ça. Valider les capteurs et grenouiller dans les zones tribales sans incommoder le gouvernement pakistanais.