mardi 1 juin 2010

Assaut sur la flotille humanitaire : quelles rationalités ?



Face à la déferlante médiatique autour de la prise de la flotille humanitaire par la marine israélienne, plusieurs amis me demandent mon avis. Juste deux-trois commentaires donc. Premièrement, prenons du recul : personne ne dispose d'éléments permettant réellement d'avoir une vision globale de ce qui s'est passé. Le type de vidéos que vous pouvez voir ci-dessus est sans doute un indice de ce qui a pu conduire les Israéliens à engager. Toutefois, face à de tels événements, il est nécessaire de comprendre que les deux parties en cause ont des intérêts dans l'affaire.

Deuxièmement, je ne peux m'empêcher de penser que lancer une flotille de navires à travers les lignes d'un blocus est extrêmement risqué. Que ce blocus soit légitime ou non n'est pas, ici, la question : mes camarades spécialistes du droit international sont bien plus compétents que moi en la matière. Ce qui m'intéresse, ce sont les conséquences tactiques découlant de la mise en place d'un blocus. Ici, les organisateurs de la flotille ne pouvaient que s'attendre à être arraisonnés, par quelque moyen que ce soit. Pourquoi, dès lors, avoir embarqué des femmes et des enfants ? Pourquoi, surtout, avoir utilisé des objets contondants contre les soldats ? Perte de contrôle de militants plus échauffés ? Intention délibérée ? Incident provoqué par les Israéliens ? Là encore, nous ne savons rien et seule une enquête en bonne et due forme pourra révéler l'enchaînement des événements.

Troisièmement, je suis toujours fasciné par la dimension médiatique de la guerre contemporaine. Sur les télévisions belges, une bonne partie des journaux télévisés se sont focalisé sur la question hier soir. C'est à comparer avec la couverture offerte sur le naufrage du Cheonan sud-coréen, comparativement anorexique alors qu'elle se produit dans un contexte autrement plus dangereux. Comprenez moi bien : je ne cherche aucunement à relativiser les 9-10 morts d'hier.

Par contre, je me pose la question de l'émergence d'une nouvelle forme de martyr, une sorte de "kamikazat médiatique", sachant qu'en embarquant des Européens et des journalistes à bord, vous décuplez la probabilité de couverture de l'événement et que la morphologie du conflit israélo-palestinien fait une bonne place aux stratégies d'influence des deux camps.

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