Les discussions autour du niveau du budget de défense pour l’année 2010 aux Etats-Unis laissent émerger plusieurs tendances :
- Premièrement, Obama va effectivement augmenter le volume du budget, le faisant passer de 513 milliards de dollars pour 2009 à 534 milliards, proposant donc une augmentation de 4 %. On notera par ailleurs que la somme proposée est supérieure de 6,7 milliards aux estimations de l’administration Bush pour 2010.
- Or, et deuxièmement, les demandes du Pentagone pour 2010 étaient de 584 milliards – 50 de plus que ce que propose le nouveau président, donc – en dehors des budgets nécessaires à la conduite des opérations, qui relèvent d’une comptabilité séparée.
A cet égard, c’est une puissante lutte d’influence qui pourrait bien s’engager entre la Maison Blanche et le système militaro-industriel américain et ce alors qu’Obama a déjà concédé une augmentation. A ce jeu, les programmes suivants seraient significativement impactés :
- F-22 : arrêt de la production, maintien du niveau de 183 exemplaires ;
- F-35 : délais dans les achats, dimnution de la cible des commandes ;
- Future Combat System : fort ralentissement ;
- Défense ABM : annulation du programme KEI
vendredi 27 février 2009
mercredi 25 février 2009
Des gros bataillons aux logiques des corps expéditionnaires
Pour ceux intéressés par la question, Guillaume Lasconjarias donnera demain une conférence intitulée « Des gros bataillons aux logiques des corps expéditionnaires »
dans le cadre du séminaire "Révolutions militaires", à l'EHESS (17h à 19h au 105 Bd Raspail)
Le programme est alléchant :
À partir de la Révolution française se déploient sur les théâtres européens des gros bataillons qui se structurent et s’organisent autour de nouvelles échelles, la division ou le corps d’armée. Pourtant, dès la guerre d’Espagne (1808-1812) face à la guérilla espagnole, puis surtout, à partir des conquêtes de l’époque coloniale, ces organisations lourdes sont écartées au profit d’unités plus légères. Quelle est la logique qui sous-tend la constitution de ces corps ? Quelles leçons peut-on en tirer aujourd’hui, à l’heure où, paradoxalement, les conséquences de la chute du Pacte de Varsovie semblent avoir les mêmes bouleversements en termes d’organisation militaire.
dans le cadre du séminaire "Révolutions militaires", à l'EHESS (17h à 19h au 105 Bd Raspail)
Le programme est alléchant :
À partir de la Révolution française se déploient sur les théâtres européens des gros bataillons qui se structurent et s’organisent autour de nouvelles échelles, la division ou le corps d’armée. Pourtant, dès la guerre d’Espagne (1808-1812) face à la guérilla espagnole, puis surtout, à partir des conquêtes de l’époque coloniale, ces organisations lourdes sont écartées au profit d’unités plus légères. Quelle est la logique qui sous-tend la constitution de ces corps ? Quelles leçons peut-on en tirer aujourd’hui, à l’heure où, paradoxalement, les conséquences de la chute du Pacte de Varsovie semblent avoir les mêmes bouleversements en termes d’organisation militaire.
lundi 23 février 2009
Techno-guérilla : défrichage et genèses
Il y a des moments dans la vie d'un chercheur où il peut être pris d'une pulsion quasi-incontrôlable le poussant à la rédaction d'un petit quelque chose qui lui semblera malgré tout inachevé. Le phénomène est classique : bien que vous puissiez travailler sur une série de projets, un autre semble poindre à l'horizon d'une façon presque sourde et finit un beau jour par éclater.
Pour ma part, l'un de ces projets "furtifs" a démarré en 1998, il y a plus de 10 ans, lorsque j'ai entamé les recherches préliminaires devant mener à mon mémoire de fin d'études et à une belle brique de 201 p. poétiquement intitulée "Application des doctrines de défense défensive à la Pologne et à la Roumanie, faisabilité et implications".
Même si, rétrospectivement, le travail me semble manquer quelque peu de sel - malgré ses très honorables 172/200 et une invitation à le publier - j'y parlais pas mal de techno-guérilla. Brossolet et Afheldt n'en constituent qu'un des volets. Le SAS, un groupe d'étude allemand des années 80 et comptant de nombreux (et brillants) officiers a sans doute poussé le concept beaucoup plus loin. Bref, je m'étais bien amusé (de même que l'IRSD, qui m'avait donné un solide coup de main en testant sur CAX mes conceptions).
Mais l'occurrence de l'actuel débat "guerre de haute intensité/classique/symétrique/technologique" Vs. "guerre de basse intensité/asymétrique/irrégulière/non-technologique" m'a rappelé (avec deux conférences à l'EHESS et au château de Vincennes) à mes vieux démons de techno-guérillero. En fait, il n'y a pas de solution au débat susmentionné, simplement parce que la question qui le fonde est, si pas mal formulée, en tous cas pas la plus pertinente.
Le caractère de la guerre mute en permanence : c'est un caméléon nous apprend Clausewitz, l'adversaire ne se battra évidemment jamais comme nous entendons qu'il le fasse. Ca ne veut pas dire, évidemment, qu'il se cantonnera à une guerre asymétrique dont j'avais déjà critiqué dans les Cahiers du RMES le caractère parfois dénigrant pour l'adversaire - une source de bien de mauvaises perceptions.
C'est dans ce contexte que je me suis amusé à tester un des points faibles de la théorie de la défense défensive dans son versant "techno-guérilla" millésime "années 1980". En d'autres termes, comment un organisme étatique peut-il se réapproprier la techno-guérilla utilisée avec succès par un groupe non-étatique tel que le Hezbollah ? Est-ce seulement faisable, en particulier dans des conditions navales certes traitées par les auteurs dans les années 1980 mais toutefois de façon nettement moins approfondie qu'ils ne l'avaient fait du domaine terrestre ?
Et bien, je pense que oui. C'est non seulement faisable mais ce sera sans doute un des troisièmes termes à un débat "high/low ends" qui me semble un peu trop simpliste et qui pourrait conduire nos planifications de structures de forces vers la mauvaise direction. Un des résultats de mes cogitations vient d'être mis en ligne ici. C'est un peu long - 45 petites pages - mais, après 10 ans de percolation, il fallait bien se défouler un peu.
Pour ma part, l'un de ces projets "furtifs" a démarré en 1998, il y a plus de 10 ans, lorsque j'ai entamé les recherches préliminaires devant mener à mon mémoire de fin d'études et à une belle brique de 201 p. poétiquement intitulée "Application des doctrines de défense défensive à la Pologne et à la Roumanie, faisabilité et implications".
Même si, rétrospectivement, le travail me semble manquer quelque peu de sel - malgré ses très honorables 172/200 et une invitation à le publier - j'y parlais pas mal de techno-guérilla. Brossolet et Afheldt n'en constituent qu'un des volets. Le SAS, un groupe d'étude allemand des années 80 et comptant de nombreux (et brillants) officiers a sans doute poussé le concept beaucoup plus loin. Bref, je m'étais bien amusé (de même que l'IRSD, qui m'avait donné un solide coup de main en testant sur CAX mes conceptions).
Mais l'occurrence de l'actuel débat "guerre de haute intensité/classique/symétrique/technologique" Vs. "guerre de basse intensité/asymétrique/irrégulière/non-technologique" m'a rappelé (avec deux conférences à l'EHESS et au château de Vincennes) à mes vieux démons de techno-guérillero. En fait, il n'y a pas de solution au débat susmentionné, simplement parce que la question qui le fonde est, si pas mal formulée, en tous cas pas la plus pertinente.
Le caractère de la guerre mute en permanence : c'est un caméléon nous apprend Clausewitz, l'adversaire ne se battra évidemment jamais comme nous entendons qu'il le fasse. Ca ne veut pas dire, évidemment, qu'il se cantonnera à une guerre asymétrique dont j'avais déjà critiqué dans les Cahiers du RMES le caractère parfois dénigrant pour l'adversaire - une source de bien de mauvaises perceptions.
C'est dans ce contexte que je me suis amusé à tester un des points faibles de la théorie de la défense défensive dans son versant "techno-guérilla" millésime "années 1980". En d'autres termes, comment un organisme étatique peut-il se réapproprier la techno-guérilla utilisée avec succès par un groupe non-étatique tel que le Hezbollah ? Est-ce seulement faisable, en particulier dans des conditions navales certes traitées par les auteurs dans les années 1980 mais toutefois de façon nettement moins approfondie qu'ils ne l'avaient fait du domaine terrestre ?
Et bien, je pense que oui. C'est non seulement faisable mais ce sera sans doute un des troisièmes termes à un débat "high/low ends" qui me semble un peu trop simpliste et qui pourrait conduire nos planifications de structures de forces vers la mauvaise direction. Un des résultats de mes cogitations vient d'être mis en ligne ici. C'est un peu long - 45 petites pages - mais, après 10 ans de percolation, il fallait bien se défouler un peu.
Défense en France, l'Ifop fait le point
L’Ifop a réalisé en juillet dernier un sondage pour le moins interpellant sur le rapport qu’on les Français à leur défense, 7 ans après la fin du service national obligatoire. Et l’étude montre des résultats intéressants. Ainsi les personnes interrogées restent attachées à une dispersion des unités sur le territoire et maintiennent un lien fort à la notion de « ville de garnison » : 66 % se montrent hostiles à la refonte de la carte militaire, alors que 33 % soutiennent un regroupement des unités dans de plus grosses garnisons afin de réduire les coûts de fonctionnement.
Le service national, quant à lui, fait 75 % de nostalgiques dans la classe d’âge des 65 ans et plus, environ 2/3 des 35-49 ans le regrettant. Dans la classe des 25-34 ans, qui, en majorité, n’ont pas eu à l’effectuer, 49 % regrettent sa disparition. Chez les plus jeunes (18-24 ans), 28 % font de même.
Du point de vue des moyens cette fois, l’Ifop indique que 34 % des personnes interrogées estiment que le budget de défense est trop élevé (44 % pour les sympathisants de gauche, 21 % pour ceux de droite). Pour 41 % des répondants, le budget est adapté, tandis que 22 % estiment qu’il est insuffisant.
Du point de vue de la mission la plus prioritaire pour les forces armées, la défense du territoire national recueille 47 % des avis, la « stabilisation de certaines régions du monde » recueillant 38 % des préférences. Pour 50 % des personnes interrogées, la menace terroristes contre la France est « élevée » (64 % en octobre 2001).
Le « terrorisme international » est considéré par 66 % des personnes interrogées comme « le principal adversaire de la France dans le monde ». L’islamisme est cité à 45 %, soit 11 % de plus qu’en 2002. La prolifération nucléaire est qualifiée de menace pour 32 % des répondants.
Dans la hiérarchie des Etats, l’Ifop constate une nette progression de la Chine, considérée comme une menace par 28 % des personnes interrogée (contre 10 % en 2002), tandis que les Etats-Unis ne sont plus considérés comme une menace que par 14 % des répondants (contre… rien moins que 31 % en 2002). La Russie est quand à elle perçue comme une menace par 4 % des personnes interrogées.
Le service national, quant à lui, fait 75 % de nostalgiques dans la classe d’âge des 65 ans et plus, environ 2/3 des 35-49 ans le regrettant. Dans la classe des 25-34 ans, qui, en majorité, n’ont pas eu à l’effectuer, 49 % regrettent sa disparition. Chez les plus jeunes (18-24 ans), 28 % font de même.
Du point de vue des moyens cette fois, l’Ifop indique que 34 % des personnes interrogées estiment que le budget de défense est trop élevé (44 % pour les sympathisants de gauche, 21 % pour ceux de droite). Pour 41 % des répondants, le budget est adapté, tandis que 22 % estiment qu’il est insuffisant.
Du point de vue de la mission la plus prioritaire pour les forces armées, la défense du territoire national recueille 47 % des avis, la « stabilisation de certaines régions du monde » recueillant 38 % des préférences. Pour 50 % des personnes interrogées, la menace terroristes contre la France est « élevée » (64 % en octobre 2001).
Le « terrorisme international » est considéré par 66 % des personnes interrogées comme « le principal adversaire de la France dans le monde ». L’islamisme est cité à 45 %, soit 11 % de plus qu’en 2002. La prolifération nucléaire est qualifiée de menace pour 32 % des répondants.
Dans la hiérarchie des Etats, l’Ifop constate une nette progression de la Chine, considérée comme une menace par 28 % des personnes interrogée (contre 10 % en 2002), tandis que les Etats-Unis ne sont plus considérés comme une menace que par 14 % des répondants (contre… rien moins que 31 % en 2002). La Russie est quand à elle perçue comme une menace par 4 % des personnes interrogées.
DSIT n°16 en preview
Le prochain DSI-Technologies sera en kiosques et chez les marchands de journaux le 16 mars prochain et il vous réserve quelques bonnes surprises. A commencer par une longue interview de René Loire, l'ingénieur - à mon sens assez génial - qui avait en son temps conçu le "Frappeur", qualifié de "bâtiment missileur pour l'âge des réseaux". Si l'idée n'a guère accroché en France, elle l'a par contre fait aux Etats-Unis : de là a découlé l'Arsenal Ship puis la coûteuse antithèse des idées de R. Loire, le DDG-1000. Un excellent cas de sociologie des techniques.
Ne manquez pas non plus l'analyse des opérations israéliennes à Gaza. Pas mal de choses commencent à remonter à la surface, y compris les commentaires bien formés de P. Razoux ou S. Zuhur.