vendredi 30 janvier 2009

Carl von C. : il faut une stratégie militaire nationale à la France

Vous l'aurez peut-être remarqué dans le DSI n°44, la chronique de Carl révélait un message subliminal derrière sa légendaire gouaille : les principes stratégiques révélés par le LBDSN sont selon lui insuffisants - on ne peut pas lui donner tort - de sorte qu'une stratégie militaire nationale pourrait bien être nécessaire. Petit flashback :

La chronique de Carl von C. : Joyeuse crise et bonne année !

Ah, là, ça fait mal. On nous a bassiné avec le NBC mais ce seront finalement les actifs toxiques qui auront eu raison de nos richesses. Remarquez, nous ne sommes pas les seuls et pas nécessairement les plus à plaindre. Celui qui a placé ses actions dans une de ces boîtes de recouvrement sera sans doute le seul à y gagner. Mais la crise dans laquelle nous nous enfonçons pose des problèmes bien réels pour nos systèmes de défense : fini, les budgets soi-disant mirobolants – il n’y avait que les ministres des finances pour y croire – et adieu nos belles Transformations. Nous allions dans les hypermarchés de la défense, il va falloir se mettre au hard discount. Et hop, nous voilà pris au piège de nos moyens. L’Oncle Sam, jamais en retard d’une guerre, a déjà tout compris : pédale douce sur ces fichus antimissiles qui ne servent à rien – et certainement pas à remplacer une bonne vieille dissuasion à l’ancienne – et regards couleur mitrailleuse sur des programmes comme le F-22 ou le F-35. Ce qui s’annonce n’est pas très bon pour une série de programmes. Mais, à bien y réfléchir, c’est peut-être aussi une chance. Sans doute pas pour votre portefeuille ni pour le miens, mais bien pour l’évolution de nos armées : en grec, crise vient de « krinein », jugement. Alors, jugeons.

Parce que, finalement, ce fameux Livre blanc, qu’est-ce qu’il nous dit ? Que nous vivons dans un monde complexe où domine l’incertitude ? Bien. Mais que nous dit-il sur les guerres futures ? Une bande de Chinois robotisés nous lançant à tour de bras des missiles balistiques après des frappes par des appareils de la 185ème génération ++ ? Une bande d’indépendantistes des Vanuatu subitement devenus fanatisés et menant le premier « Vanuatu-had », global et asymétrique, évidemment ? Quelques rigolos faisant exploser des bombes dans des bouses de vache ou des nerds aux grosses lunettes essayant de pirater mes sites coquins à moi (ceux où on voit des hélicoptères tout nus) ? Une invasion de poulets à la dioxine ? Le Livre blanc nous répond « un peu de tout ça », comme la majorité des auteurs, tous un peu déboussolés et en appelant frénétiquement au « full spectrum dominance ». En bref, savoir tout faire - en sachant qu’il y aura de plus en plus – avec, évidemment, moins de pépètes (ce serait trop facile, sinon, non ? Votre vieux Carl vous le dit en même temps qu’il vous envoie ses bons vœux et, pour les dames et les demoiselles, ses gros bisous, nous aurions peut-être bien besoin d’une stratégie militaire nationale.

La sécurité, c’est bien. Mais la stratégie répond aussi à des critères très spécifiques : il n’y a rien à faire : poursuivre la grande criminalité demande des méthodes aussi spécifiques que de « retourner » une population en OPEX. Dire que, dans les deux cas, c’est pour la sécurité du citoyen semble juste. Dire que les deux relèvent du même plan, c’est prendre ses rêves pour des réalités. C’est précisément parce que nous allons devoir nous serrer la ceinture et que personne ne fera le travail à notre place – regardez juste l’état des finances de défense britanniques – que nous allons avoir besoin d’être nettement plus précis dans nos définitions. Nous allons avoir besoin de faire fumer les cafetières, de déclencher une véritable révolution dans la pensée stratégique française. Les préconditions sont là : les cinglés du clavier, les malades de l’histoire, les snipers des bibliothèques, les camés au Coutau-Bégarie, les cannibales des bonnes pages sont de sortie et ça va faire du bien aux neurones. Evidemment, pas mal de choses ne plairont pas. Mais bon, finalement, on ne peut pas plaire à tout le monde et nous sommes tout de même dans le pays de la polémique (on a mis en place un ministère de l’identité nationale, faudrait tout de même qu’il serve à quelque chose). Pour le reste et pour une fois, nous avons l’occasion de ne pas être en retard d’une guerre : vous avez dit crise ?
Carl

6 commentaires:

  1. Sacré Carl ! Il carbure au Fulminator, aujourd'hui !
    Tout ça est bel est effectivement bon pour les neurones, car oui, les certitudes s'évanouissent toutes à l'horizon les unes après les autres (regardez les affres de l'USNavy...) comme autant de mirages.
    En piste !

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  2. Je suis bien d'accord avec vous et je profite de ce message pour m'encquérir de la suite des DSI hors série. Qu'en est-il du prochain numéro? et sur quel sujet portera-t-il?
    m Goutaudier

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  3. Economie d'échelle, économie d'échelle, l'Europe ça sert à quoi sinon.
    Donc on vire la Grande Bretagne, à moins qu'elle adopte le français, l'euro et le système métrique (il serait temps, 1789 c'était il y a 220 ans). Mais surtout le français

    Ensuite on peut commencer à envisager sérieusement la construction d'une Europe de la défense

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  4. Je voudrais remarquer qu'Obama ne va pas couper dans les moyens de la défense:
    source

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  5. " – avec, évidemment, moins de pépètes "
    La RGPP permet de dégager 3 Milliards annuel d'euros ré affectables a l'équipement sachant que celui-ci qui est de 10 Md’€ annuel, comprend 5,5 Md’€ de dépenses R&D, spatial et nucléaire incompressibles permettant l’autonomie stratégique Les 4,5 Md’€ restant allant à l’équipement conventionnel. Ca donne l’opportunité d’augmenter de 66% les dépenses annuelles d’équipement conventionnel à budget total constant.
    On ne peut donc pas parler de moins à terme. Le problème des budgets européens est leur structure de cout.

    Autre chose on ne prévoit pas les guerres et leurs types (cf les Falkland, la Guerre du Golfe…et souvenons nous que 10 ans avant 1914 on disait une guerre Européenne impossible!) .
    Il faut s’armer en priorité contre les cas potentiels les plus importants et les plus graves pour la nation même apparemment improbables (car ca peut être une question d’existence) et non pour les OPEX courantes qui n’impactent que peu notre sécurité et que l’on peut traiter avec les moyens du bord

    Le Livre blanc va dans le bon sens et l’enjeu est de bien dépenser les crédits dégagés par la RGPP dans quelques années et en attendant, de maintenir nos capacités et parer les urgences sur l’équipement.
    Evidemment, on ne désigne pas publiquement les ennemis probables et dangereux, même si les initiés les connaissent.(Cf le concept français d’armée « Glaise » , adversaire prioritaire).
    La stratégie nationale existe (même si elle doit être adaptée), mais ses moyens doit être retrouvés.On y réflechit.

    Le plus gros défaut du livre blanc est le flou sur l'aspect projection de puissance (nationale) pure mais il faut dire que c'est le plus couteux.

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  6. Pour faire fumer il faudra faire gaffe.Notre ami Aymeric Chauprade a été passé au lance famme sans appel et sans même etre entendu.
    Le débat stratégique va se faire le doigt sur la couture du pantalon.

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