Le concept d'Effects-Based Operation est apparu vers 1995, dans la foulée des réflexions du général Deptula et du RETEX de Desert Storm et a, depuis, connu un réel succès doctrinal. Les EBO sont ainsi au coeur du processus de Transformation de l'US Air Force mais aussi, par "contamination doctrinale", des forces aériennes (mais aussi terrestres) de l'OTAN, via ACT.
Or, le concept n'est pas totalement stabilisé : il souffre de déficits conceptuels majeurs que j'avais eu notamment l'occasion d'examiner dans L'Airpower au 21ème siècle mais aussi dans mon petit dernier. La communauté doctrinale de l'US Air Force avait elle aussi émis certains doutes sur l'aspect "révolutionnaire" d'un concept qui, finalement, réinvente la roue : si ce n'est pas pour "générer des effets", à quoi sert une opération militaire ?
Or, il se trouve que ces déficits pourraient bien causer rien moins qu'un abandon du concept. Le général Mattis, à l'oeuvre au JFCOM et à l'ACT - les instances américaines et otaniennes de Transformation - a ainsi produit une note incendiaire à l'encontre du concept (merci à C. Wasinski pour le tuyau, creusé depuis lors !). Cette évolution suit en celà celles déjà observées au sein des forces, et tendant à une sortie des modèles techno-centrés, notamment au travers du dernier FM 3.0. On ne connaît pas encore les suites de cette note. Mais si Mattis s'énerve...
Sur les prétentions à la "scientificité" du concept EBO et sa tentative de dépassement doctrinal, je vous conseille la lecture de l'article du Major Kitty DAVINSON dans le dernier numéro de MILITARY REVIEW (septembre-octobre 2008). J'avais eu l'occasion d'en toucher un mot (et de mettre un lien sur la circulaire de "Mad Dog" Mattis) sur mon blog ("une (r)évolution silencieuse").
RépondreSupprimerLe concept mériterait cependant d'être creusé, c'est d'ailleurs le sens ultime de l'intervention de Jim Mattis)
Cordialement
Stéphane TAILLAT