La bibliothèque est finalement remise en place, les ouvrages dépoussiérés et alignés, les Billy montées, le téléphone et internet sont opérationnels, tout fonctionne, je suis donc prêt à reprendre le collier. Et, finalement, dépoussiérer les bouquins vous renvoie immanquablement à la littérature de la guerre froide, vous savez, celle que vous ne consultez plus depuis une bonne quinzaine d'années.
A bien y regarder, elle n'a pas complètement perdu de sa pertinence, en particulier à l'aune de l'activisme russe qui, loin d'être une passade comme certains l'avançaient, tend à s'accroître avec le temps. Ainsi les Danois ont-ils effectué des interceptions, pas très loin de Bornholm, de Su-24 Fencer en entraînement antinavires semble-t-il. De fait, les Russes ne s'engagent plus seulement dans ce type de mission avec des bombardiers lourds mais également avec des interdicteurs que l'on n'avait plus vu depuis 20 ans.
Dans le même temps, Ruslan Pukhov, que nous avions eu l'occasion d'accueillir dans nos pages il y a quelques temps, indiquait à RIA Novosti que les achats vénézuéliens allaient également comprendre des SA-16, des Il-76 de transport et des chars T-90. En plus de fusils de précision Dragunov, d'AK-74, de sous-marins Kilo, de Su-30MK et d'autres systèmes SAM, bien entendu. Il y a quelques jours, la Russie a également annoncé que le déploiement en Pologne et en Tchéquie de défenses ABM provoquerait une utilisation de Cuba comme base de ravitaillement pour ses bombardiers. Un général américain n'avait pas manqué de se rappeller ses leçons d'histoire du 20ème siècle, en particulier le chapitre sur la crise de Cuba.
La Russie a également signifié qu'elle allait moderniser substanciellement la base navale syrienne de Tartous et l'utiliser comme mouillage. Quel est le rapport, me direz-vous ? Et bien, tout ceci ressemble furieusement à un embryon (n'exagérons pas, tout de même) de stratégie d'encerclement de l'OTAN. Certains, aux Pays-Bas, ne manquent pas de rappeler qu'Aruba, Curaçao et Bonaire (Antilles néerlandaises) sont presque à portée visuelle du Vénézuela, les deux premières îles abritant des Forward Operating Locations américaines utilisées dans les NARCOPS.
Dans le même temps, l'OTAN a réactivé ses patrouilles aériennes au départ de l'Islande et Washington a réactivé sa 4ème Flotte. De là à ce que Caracas soit utilisé comme point d'appui russe, il n'y a qu'un pas. Et la France dans tout celà ? Pour elle qui entend réintégrer pleinement l'OTAN, il pourrait bien y avoir, à terme, une contradiction entre sa volonté et la politique qu'elle mène à l'égard de la Syrie, voire des contacts entretenus avec H. Chavez. A suivre, donc...
Vouloir "réintégrer pleinement l'OTAN" n'est pas vouloir appliquer pleinement la politique de l'OTAN, de son commandement ou de ses alliés…
RépondreSupprimerLa France a toujours dit qu'elle entendait parler à tout le monde – et c'est bien ce qu'elle fait, avec ses propres objectifs diplomatiques.
Réintégrer le commandement de l'OTAN n'est pas abdiquer la liberté de sa politique étrangère. Heureusement…
Quant à la Russie, il est illusoire de penser que sa volonté militaire et politique a tant changé.
La guerre froide est-elle venue de l'Ouest, par refus de l'arme nucléaire soviétique ? ou de l'Est, par refus d'un monde monolithique ?
Les objectifs russes ne sont plus les mêmes qu'à l'époque du monde bipolaire; mais l'Europe et les États-Unis restent des cibles potentielles, dans un monde devenu multipolaire.
Il parait normal que la Russie veuille encore compter en tant que force indépendante, et le fasse savoir.
Elle fait savoir en ce moment que l'armée russe n'est pas à prendre à la légère...La Géorgie, sauf retournement de situation, à du souci à se faire et aurait du prévoir une couverture anti aérienne solide pour son offensive...
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