Vous aurez sans doute lu l'interview de P. Monfils, accordée en début de semaine à La Libre et vous aurez sans doute été, comme moi, assez sceptique sur la pertinence et la validité factuelle des arguments avancés. J'ai d'ailleurs préparé une "opinion" que j'enverrai pour proposition de publication au qutodien, tout à l'heure.
Denis Ducarme n'a cependant pas pris autant de temps que moi. Pour preuve, il a réagit hier soir sur son blog. Morceaux choisis : "Philippe Monfils indique que nos voisins ont mis « leurs chars en vente » et « favoriseraient l’usage de véhicule blindés sur roues ». Cette affirmation est évidemment fausse".
Et d'ajouter qu'"aucun char Leclerc français n’est mis en vente, si les Allemands et les Hollandais vendent une partie des leurs, c’est parce qu’ils sont surnuméraires face à leurs nouvelles structures (les Pays-Bas en gardent 84, les Allemands, plus de 1000). Les Britanniques modernisent leurs chars, les Américains aussi. Le Canada, le Portugal et l’Australie avaient envisagé d’abandonner les chars, ils y reviennent finalement (respectivement, des Léopards II et des M-1 américains).
Au final, "Personne en Europe – sauf la Belgique – n’envisage aujourd’hui d’abandonner sa composante « char » et la majeure partie des forces armées se réoriente vers les véhicules portés sur chenilles". A ma connaissance, plus précisément, personne au monde ne songe à se départir de l'instrument de dissuasion tactique - et donc de protection des forces - que constitue le char de bataille. Et si nous n'en sommes plus aux volumes de la guerre froide, la fonction assumée par le char a également mûté profondément, ce que démontrait brillament Marc Chassillan dans le n°7 de DSI, en septembre 2005.
On ne peut donc mieux dire. D'autant plus que la référence à la soit-disant évolution de la nature de la guerre par Philippe Monfils se traduirait par la nécessité de l'allègement des dispositifs de force. Ce qui, là aussi, a fait tiquer - comme toute personne ayant un peu lu sur le sujet ces dernières années - le vice-président de la commission de la défense : "En matière de nature d’évolution dans la nature des conflits à laquelle Philippe Monfils fait allusion, on doit citer Vincent Desportes du CDEF (Centre de Doctrine de l’emploi de la force) dont le dernier ouvrage « la guerre probable » fait autorité en matière de doctrine d’emploi de la force armée".
Dernier pied de nez du vice-président à l'ex-président : le programme du MR (dont ils sont tous les deux membres) demande l'achat de chars d'occasion. Décidément, oui, la sortie de P. Monfils laissera sceptique...
Monfils a-t-il seulement lu un ouvrage, un article sur le sujet ? Belle réaction qui sauve l'honneur du politique.
RépondreSupprimerIl faudrait p-e rappeler également à Monfils que la France dans le cadre de la mission onusienne au Liban avait envoyé une dizaine de ses chars en tant qu'arme de dissuasion face au Hezbollah. En d'autres termes, dans des missions de paix "de base" (autres que l'Afghanistan ou l'Irak) on envoie de nos jours du matériel lourd.
RépondreSupprimer..du materiel lourd au liban certes avec un zeste de promo commerciale pour un MBT que nous ne vendons pas !
RépondreSupprimerPour le reste là ou l'accent est mis majoritairement sur le chenillé concernant l'infanterie portée (Puma Allemand, nouveau transport de troupes blindé sur base de Mer kava en Israel etc) la France se démarque avec ses roues (VBCI) et les anglais qui aiment généralement le chenillé (MBT et autre Viking s'interressent pourtant aux roues également (Programme FRESS) IL faut les deux ..mon général !
Bonjour tout le monde,
RépondreSupprimerEffectivement, vous avez raison. Mais sur les choix français et britannique, j'ajouterais cependant deux précisions :
- Les véhicules sont plus lourd et d'emblée mieux protégés que le PIIIC (rejeté avant même le choix des 3 véhicules pour le FRES au profit du PIV) ;
- La France comme la Grande-Bretagne envisagent sérieusement d'adjoindre des APS, qui en feront effectivement des véhicules sûrs... mais que la Belgique ne pourra se payer.
Dire que le MBT français Leclerc ne se vend pas, n'est pas complètement vraie. Nous en avons placé aux E.A.U, environ 386 unités. D'une part, ce n'est pas le cas des Italiens avec leur Ariete ou les Britanniques avec leur Challenger 2 (juste une poignet à Oman) et d'autre part, comme le souligne Joseph, on ne peut pas faire une offre commerciale correcte face à l'offre et programmation allemande ou hollandaise de déstocker et brader leur Léopard 2 d'occasion.
RépondreSupprimerIls ont trouvé une niche et une opportunité de vente de matériel d'occasion de char lourd de combat.
Joseph si tu me lis, que penses-tu de l'envoi éventuel de nos Leclerc en Afghanistan ?
Ne serait-il pas bon de faire un compromis, une dotation d'un parc mixte de Léopard 2 d'occasion, quelques escadrons et d'autres escadrons de blindés à roues 8x8 ?
Vous musclez votre diplomatie sur certains théatres, en se gardant une opportunité de déployer vos blindés à roues en Afrique.
Philippe
Bonjour Philippe,
RépondreSupprimerLe Leclerc est un excellent char, sans doute le meilleur du monde avec le Leo 2A6 (chacuns ont leurs petits avantages : un vieux débat !). En Astan, il est possible qu'ils fassent du très bon travail. Reste cependant à voir le cadre de la mission dans laquelle ils seront déployés !
Sur une structure duale, c'est effectivement ce vers quoi on s'achemine. Mais avec des conséquences pas terribles pour la maintenance et son coût (c'est pas la meilleure option pour un pays qui considère officiellement que sa défense n'est pas une priorité - nous serons surréalistes jusqu'au bout). Mais ce sera toujours mieux que du "tout roues". Après tout, l'AIV est vraiment moins résistant que le VBCI !