lundi 21 janvier 2008

Contre-terrorisme en Belgique : interview

Roland Planchar, de La Libre Belgique, m'a interviewé hier, dans le cadre du dossier du quotidien portant sur "un mois d'alerte terroriste en Belgique" (état de la situation ici). En découle un édito que je trouve très juste.

L'OCAM, dans la version "papier" du quotidien, s'interroge quant à lui sur la polémique entourant les mesures (assez exceptionnelles) décidées face à l'alerte du 21 décembre. Pour ma part, il n'y a pas vraiment polémique, il y a plutôt débat.

Ce qui n'est pas plus mal : les Belges doivent se réapproprier leur sécurité, ils en seront d'autant plus résilients en cas de problème. Après tout, si nos services sont bons même s'ils manquent cruellement de moyens, rien ne garantit que rien ne se passera jamais. Tout l'enjeu est là.

8 commentaires:

  1. Il n'y a pas de contradiction à arrêter 14 personnes de manière préventive, voire préemptive et les relâcher le lendemain.

    En effet lorsque l'on est dans du préventif, il est rare que des perquisitions donnent des résultats immédiats et la seule solution est alors de relaxer les suspects.

    Par contre le travail de "disruption" / perturbation des réseaux est atteint et c'est également comme cela que l'on peut éviter un attentat.

    Si vous souhaitez des peines d'emprisonnement, il vous faut trouver un "smoking gun" et c'est généralement après un attentat que vous le trouverez.

    Quelle est la meilleure solution ? Prévention ou réactivité ?

    Quant au déploiement de nos forces de police, il n'a en rien dévoilé la stratégie anti terroriste belge. En effet, la vraie stratégie est en amont et non pas en aval d'une arrestation. La France déploie très régulièrement ses forces sans que cela face débat.

    Pour le reste, je suis d'accord avec vous, la Belgique manque cruellement de moyens pour ses services de renseignement et policier.

    Quant à l'OCAM, sans des services de Rens et de police performants, elle restera aveugle et sourde.

    Aux politiques de prendre leurs responsabilités.

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  2. Bonjour Sica,

    Effectivement, il n'y a pas de contradiction... sauf lorsque vous passez en alerte maximale et que vous la maintenez.

    Le problème, de mon point de vue, ne se situe certainement pas dans la disruption des réseaux adverses ou le travail effectué par nos services. Bien au contraire, je me targue d'avoir été un des premiers académiques belges à dire qu'il fallait renforcer leurs moyens (à une époque où cela pouvait vous faire valoir de vous faire traiter de "faucon", voire pire).

    Non, le vrai problème, c'est le manque d'une "seconde jambe", celle d'une stratégie coordonnée en matière de communication publique, de formation des policiers, de gestion efficiente des secours en cas de problème.

    Ce que je veux dire par là, c'est qu'il faut être prudent lorsque l'on joue avec des perceptions que l'on a préalablement modelé sur le schéma du "pas de menace en vue".

    Pour répondre à votre question, la meilleure option reste pour moi la prévention. Mais est-on vraiment sûr que le déploiement massif de policier et des mesures de quasi-couvre-feux rentrent dans ce cadre ? Jusqu'ici, la prévention discrète à toujours donné de bons résultats.

    Surtout face à des kamikazes. LEs records dans la littérature montrent clairement que des uniformes ne leur font pas peur. Par contre, si vous avez des gars en civil qui savent ce qu'ils cherchent, vous ne montrez pas à l'adversaire que "vous savez" alors qu'il ne "sait pas que vous savez".

    Maintenant, entendons-nous bien : des déploiements massifs peuvent être nécessaires. Ils ont même pu l'être ici. Seulement, les signaux donnés à la population ont été beaucoup trop brouillés, évoquant Trabelsi puis une GAV dont les cibles sont immédiatement relâchés. On a ensuite maintenu le dispositif, le ministre restant vague sur les raisons de ce maintien. Entre-nous, que voulez-vous que les gens pensent ? Le malheureusement très habituel "on nous cache tout" si peu favorable à la résilience.

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  3. C'est clair que la communication n'a pas été bonne dans la mesure où les explications du politique (Centre de crise) n'ont été ni claires ni toujours pertinentes.

    Quant au déploiement des forces en force :-)...cela appartient également aux techniques de communication: rassurez-vous braves gens, tout est sous contrôle! Triste mais combien réel.

    Enfin, la police en civil...why not! Mais, contrairement à ce que vous dites, la peur du gendarme est toujours valable. Il n'y a pas que des "volontaires de la mort" parmi les terroristes et ces groupes préfèrent toujours agir sur une "soft target" que sur des cibles fortement gardées. Et ce n'est pas la littérature qui le dit, mais la pratique de l'anti terrorisme :-)

    Ceci étant, cela fait plaisir de voir un chercheur soutenir le travail des praticiens !

    A très bientôt!

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  4. Je suis d'accord avec J. Henrotin, on ne peut pas résumer une stratégie anti-terroriste aux seuls renseignements, aussi bons soient-ils. On vit dans un pays où le niveau politique vient tout à coup de découvrir que le terrorisme existait (oh mon Dieu, mes mandats !), brusquer la population ne sert à rien et ne sera pas plus efficace. Les gens ont surtout besoin qu’on ne joue pas avec leurs pieds et ils en connaissent parfois plus sur le terrorisme que certains de nos politiques. Petite anecdote : à Zaventem, les policiers draguaient les hôtesses de l’air. Et ça ne me semblait pas être une ruse de leur part… Combien on parie que l’OCAM a voulu se faire les dents ?

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  5. @ Mike

    Deux petites remarques:

    - Non les politiques n'ont pas découvert le terrorisme pendant les fêtes de fin d'année. La Belgique connaît le terrorisme depuis les années '70 avec le terrorisme palestinien (1972: détournement d'un avion de la SABENA)et, depuis les années ’80, sur son territoire avec les Tueries du Brabant Wallon (TBW) et les Cellules Communistes Combattantes (CCC).

    - Non, l'OCAM n'a pas voulu se faire les dents. Leurs responsables sont trop professionnels pour cela. De plus l'OCAM n'est qu'une évolution du GIA créé en 1984 lors des années de plomb belges. L'OCAM n'a rien à prouver : son existence (GIA/OCAM) à plus de vingt ans :-)

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  6. Allons Sica, vous voulez vraiment que je sorte quelques coupures de presse où les ministres du gouvernement précédents nous demandaient de bien dormir et de ne surtout pas poser de questions ? Ou des mecs comme Henrotin (je ne parle pas de Moniquet-la-peur) se faisaient écarter des débats ? Je vous suit sur l'histoire du pays mais demander à nos politiques de connaître l'histoire, c'est sans doute en demander beaucoup, nee ?

    Et puis, l'OCAM a été précisément conçu pour "casser" bien des choses et bien des habitudes... J'ai confiance en nos hommes, là n'est pas la question. J'ai parfois moins confiance en nos politique. Disons cela ainsi ;o)

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  7. OK Mike, take it easy, laissez Le Jos en dehors de ça, mmmhhh ? ;o) J'avais une thèse aussi à terminer et les médias, ce n'est pas ça pour les financements de la recherche !

    Bon, ceci dit, sur le versant "éducation du politique", pour avoir rencontré quelques politiques de par l'évolution de ma carrière, on va dire qu'ils ont parfois eu un discours dont la prudence était parfois exagérée.

    Bien sûr la Sûreté et SGRS savent de quoi il en retourne, ce n'est pas la première fois qu'ils rencontrent le terro. Maintenant, le politique, c'est autre chose. Les générations et les préoccupations ne sont pas les mêmes, Sica. Je tempèrerais donc votre optimisme.

    Sur la peur du gendarme, une petite remarque : comparativement, un type entraîné (en tout cas, bien briefé) en civil sera plus "full spectrum". Oui, je sais, je suis jouette ;o)

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  8. @ Mike

    LOL, Ok pour le manque de "vision" des politiques: ils sont déplorables (quel que soit le parti) et n'ont de "vision" qu'à l'horizon des prochaines élections :-) Autrement dit, si l'on tente de faire de la prospective sur les questions de sécurité on ne sera jamais entendu. Je suis donc en accord avec vous.

    Concernant l'OCAM, même si sa création (comme le GIA) sert de fusible potentiel au monde politique en cas de problème, il ne faut pas critiquer les hommes/femmes qui en font partie: ce sont des professionnels honnêtes.

    Quant à Claude et notre hôte, ce sont des balises nécessaires et utiles: ils représentent la société civile qui s'exprime avec la connaissance en plus :-)

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