On le sait, la défense a toujours (ou à peu près) été le parent pauvre des priorités gouvernementales belges (Cf. l'article d'André Dumoulin dans le DSI n°10 et la synthèse des programmes de défense des législatives 2007 des principaux partis dans DSI n°27).
Un certain nombre de choix matériels et stratégiques effectués peuvent assez légitimement être critiqués et, de fait, l'affaire des canons de 90mm installés sur quelques-uns des Piranha IIIC récemment achetés montre que des ambiguïtés importantes demeurent quant aux scénarios envisagés, au niveau du Plan directeur de la Défense, publié en 2003. Ce dernier incluait des options de haute intensité (on notera que ledit plan a été retiré du site web du ministère de la Défense) qui seront ensuite rejetées.
Les élections législatives étant passées, on sera donc tenté de dire que le chantier de la Transformation des forces belges peut enfin recommencer. Non pas tant que rien n'ait été fait, que du contraire : des matériels ont été achetés, l'artillerie (qui a failli rouler sur un solide IED budgétaire) est exsangue mais sauve, nos paras n'ont pas été dissous. Mais force est de constater que la promesse d'indexer le budget n'a pas été tenue - à l'époque, le dire vous valait de prendre un réel risque (jetez un oeil sur cette page et sur les deux autres articles auxquels elle mène).
De fait, le remplacement des F-16 est dans l'ornière (les PGM comme les AGM-154 ou les JDAM qu'espéraient certains resteront... chez leurs constructeurs), le bâtiment de transport stratégique belgo-luxembourgeois est budgétairement coulé, le BEST (Belgian Soldier Technology) est virtuellement mort, les salaires forment toujours plus de 65% du budget des forces, la pyramide des âges de ces mêmes forces est ubuesque et, pire, les scénarios d'engagement semblent plus dictés par des considérations idéologiques que par une saine analyse stratégique (que mènent d'ailleurs de nombreux officiers, à qui il convient de rendre hommage dans la mesure où leur travail n'a pas été une sinécure).
Dans ce cadre, on comprendra que la sortie du dernier "Egmont paper" sur la Défense belge dans la défense européenne est une vraie petite révolution - vous pouvez trouver le document ici. D'une part, parce que, traditionnellement, le think tank des Affaires étrangères belges ne touche pas trop aux questions de défense, cloisonnement des ministères oblige (j'entends d'ici des mauvaises langues dire qu'ils ont toujours dénigré les questions de défense. D'accord, ce n'est pas complètement faux !).
Mais bon. L'IRRI/Egmont a produit un document qui a le mérite d'exister. Comme souligné plus haut, travailler sur ces questions vous impose, après un minimum d'analyse, de dire que des choses ne vont pas... ce qui ne vous vaut pas que des amis, fussent-ils paras.
Bon, fondamentalement, le document ne révèle rien de révolutionnaire. Tout ce qui y est dit l'a déjà été et les 11 propositions n'ont rien de neuf. Si vous voulez avoir un bon point de vue de ce qu'est la défense belge et des pistes de solutions, rien ne dépasse pour l'heure l'excellent état de l'art issu des plumes pas toujours très politiquement correctes (parfois, c'est la meilleure façon de servir...) d'André Dumoulin, Philippe Manigart et Wally Struys.
Bon, évidemment, le document de l'IRRI/Egmont est un document de proposition et l'ouvrage de Dumoulin, Manigart et Struys est un ouvrage tout ce qu'il y a de plus académique (676 pages, bien nécessaires pour comprendre toute la complexité de l'objet). Mais bon, fondamentalement, c'est bon de voir que des questionnements pour le moins importants se voient consacrés par une institution.
samedi 7 juillet 2007
vendredi 6 juillet 2007
L’effarante progression des Contractors
Question : qu’est-ce qui est civil, se comporte plus ou moins comme un soldat, a un prix de revient plus élevé qu’un soldat, n’est pas totalement tenu de répondre aux lois les plus élémentaires du droit international (et peut prendre des libertés avec ce dernier) et ne sera pas reconnu comme étant tombé pour son pays en cas de décès ?
Un « contractor ».
Et leur nombre n’a récemment fait qu’augmenter en Irak, dépassant les 180 000 personnes sous contrat avec les forces armées US… alors que ces dernières ne disposent que de 160 000 soldats sur place. Environ 21 000 américains, 43 000 étrangers et 118 000 Irakiens seraient sous contrat, posant nombre de questions.
Le général W. Nash (Cf. DSI n°1) indique ainsi que le grand nombre de personnels armés et virtuellement hors de contrôle est un réel enjeu de sécurité. Ensuite, nombre de ces contractors sont affectés à des missions aussi vitales que le transport de nourriture au profit des troupes.
Hors, à plusieurs reprises, des mouvements d’humeur de la part des conducteurs ont interrompu les approvisionnements. Au-delà, formellement parlant, ils ne sont pas sous le commandement des forces US à proprement parler. De ce fait, leur suivi est virtuellement impossible.
Plus on "transforme", plus on s'aperçoit qu'on patine...
Un « contractor ».
Et leur nombre n’a récemment fait qu’augmenter en Irak, dépassant les 180 000 personnes sous contrat avec les forces armées US… alors que ces dernières ne disposent que de 160 000 soldats sur place. Environ 21 000 américains, 43 000 étrangers et 118 000 Irakiens seraient sous contrat, posant nombre de questions.
Le général W. Nash (Cf. DSI n°1) indique ainsi que le grand nombre de personnels armés et virtuellement hors de contrôle est un réel enjeu de sécurité. Ensuite, nombre de ces contractors sont affectés à des missions aussi vitales que le transport de nourriture au profit des troupes.
Hors, à plusieurs reprises, des mouvements d’humeur de la part des conducteurs ont interrompu les approvisionnements. Au-delà, formellement parlant, ils ne sont pas sous le commandement des forces US à proprement parler. De ce fait, leur suivi est virtuellement impossible.
Plus on "transforme", plus on s'aperçoit qu'on patine...
jeudi 5 juillet 2007
Amaï, la Landmacht...
... ce qui pourrait se traduire par "Paf, la Landmacht".
On savait que La Haye avait de sérieux problèmes financiers, malgré de nombreux investissements consentis et amortis depuis quelques années.
Paradoxe des temps modernes, l'engagement des Néerlandais dans des opérations extérieures longues, complexes et coûteuses (on songe à l'Afghanistan) va leur imposer une réduction de format de leurs forces, principalement terrestres : de 88 à 60 Léopard II, de 36 à 24 PzH-2000.
Coté Luchtmacht, les F-16 passent de 90 à 72 mais restent accros au JSF (message perso à Eimert van Middelkoop, le Ministre de la Défense : Mijnheer Minister, Uw kabinet krijgt 2 DSI per maand : lees ze a.U.b. !).
La Marine voit quant à elle sa commande de Tomahawk annulée.
Plus d'opérations, moins de moyens (il ne faut pas se leurrer : le plus important, l'entraînement, risque aussi d'en prendre un coup) : the shape of things to come ?
On savait que La Haye avait de sérieux problèmes financiers, malgré de nombreux investissements consentis et amortis depuis quelques années.
Paradoxe des temps modernes, l'engagement des Néerlandais dans des opérations extérieures longues, complexes et coûteuses (on songe à l'Afghanistan) va leur imposer une réduction de format de leurs forces, principalement terrestres : de 88 à 60 Léopard II, de 36 à 24 PzH-2000.
Coté Luchtmacht, les F-16 passent de 90 à 72 mais restent accros au JSF (message perso à Eimert van Middelkoop, le Ministre de la Défense : Mijnheer Minister, Uw kabinet krijgt 2 DSI per maand : lees ze a.U.b. !).
La Marine voit quant à elle sa commande de Tomahawk annulée.
Plus d'opérations, moins de moyens (il ne faut pas se leurrer : le plus important, l'entraînement, risque aussi d'en prendre un coup) : the shape of things to come ?
mercredi 4 juillet 2007
Dans les bacs RMESéens
Tanguy Struye me signale que la nouvelle édition des Cahiers du RMES sera prête d'ici le 15 juillet. Comme toujours, ils sont intégralement et gratuitement disponibles en ligne (pour répondre à un grand nombre de mails, malheureusement non, ils ne sont pas disponibles en version "papier").
J'en profite pour rappeler que La troisième guerre du Golfe. Analyse politique, économique et stratégique, du RMES, est toujours disponible.
J'en profite pour rappeler que La troisième guerre du Golfe. Analyse politique, économique et stratégique, du RMES, est toujours disponible.
Grande-Bretagne : quelques leçons
On en sait à présent plus sur les dernières tentatives d'attentats sur Londres et Glasgow, ce qui nous permet de dessiner les contours de quelques leçons... qui ne manquent pas de piquant.
1) Sur la qualification des terroristes : si les bombes n'ont pas explosé c'est que leur conception ne prenait pas en compte un élément pourtant crucial, le comburant. Ce qui fait dire à plusieurs commentateurs que Beavis et Butthead viennent de rejoindre al Qaïda mais ont quelque peu raté leurs examens d'entrée.
2) Sur l'origine socio-professionnelle des auteurs. En Belgique comme en Allemagne, la vulgate comme la doctrine politique veut que la source du terrorisme soit la pauvreté et le manque d'éducation. En pratique toutefois, 7 des 8 personnes impliquées dans les tentatives d'attentats seraient, nous apprend LCI, des médecins. Rien d'étonnant à cela : Marc Sageman a "biographé" plus de 150 djihadistes et en était arrivé à la conclusion que la pauvreté n'avait rien à voir dans la décision de passer à l'acte. Un sondage à très grande échelle a également été mené sur la question et démontre qu'en réalité, les plus proches du radicalisme sont plutôt bien portants. Conclusion partielle : le terrorisme n'est pas une question d'ordre économique (et si on cessait de chercher à réhabiliter Marx en permanence ?) ou de développement (s'il est évidemment nécessaire, il faudrait peut être lui trouver un autre moyen de légitimation que le terrorisme) mais est bien politique.
3) Le fait qu'un des terroristes ait été retrouvé en Australie montre que les mécanismes de coopération entre les Etats fonctionnent plutôt bien même si la littérature l'évoque peu... mais montre également que ces gens travaillent naturellement dans une optique globale. A l'heure où les gouvernements commencent à se dire que l'Afghanistan est tellement éloigné que sa talibanisation ne pose pas de problème à notre sécurité, la leçon a de quoi faire réfléchir.
4) Conclusion finale et humour déplacé : si un aréopage de médecins ne sais pas qu'il faut un comburant pour faire exploser quelque chose, je me méfierais de ma prochaine visite chez le toubib !
1) Sur la qualification des terroristes : si les bombes n'ont pas explosé c'est que leur conception ne prenait pas en compte un élément pourtant crucial, le comburant. Ce qui fait dire à plusieurs commentateurs que Beavis et Butthead viennent de rejoindre al Qaïda mais ont quelque peu raté leurs examens d'entrée.
2) Sur l'origine socio-professionnelle des auteurs. En Belgique comme en Allemagne, la vulgate comme la doctrine politique veut que la source du terrorisme soit la pauvreté et le manque d'éducation. En pratique toutefois, 7 des 8 personnes impliquées dans les tentatives d'attentats seraient, nous apprend LCI, des médecins. Rien d'étonnant à cela : Marc Sageman a "biographé" plus de 150 djihadistes et en était arrivé à la conclusion que la pauvreté n'avait rien à voir dans la décision de passer à l'acte. Un sondage à très grande échelle a également été mené sur la question et démontre qu'en réalité, les plus proches du radicalisme sont plutôt bien portants. Conclusion partielle : le terrorisme n'est pas une question d'ordre économique (et si on cessait de chercher à réhabiliter Marx en permanence ?) ou de développement (s'il est évidemment nécessaire, il faudrait peut être lui trouver un autre moyen de légitimation que le terrorisme) mais est bien politique.
3) Le fait qu'un des terroristes ait été retrouvé en Australie montre que les mécanismes de coopération entre les Etats fonctionnent plutôt bien même si la littérature l'évoque peu... mais montre également que ces gens travaillent naturellement dans une optique globale. A l'heure où les gouvernements commencent à se dire que l'Afghanistan est tellement éloigné que sa talibanisation ne pose pas de problème à notre sécurité, la leçon a de quoi faire réfléchir.
4) Conclusion finale et humour déplacé : si un aréopage de médecins ne sais pas qu'il faut un comburant pour faire exploser quelque chose, je me méfierais de ma prochaine visite chez le toubib !
lundi 2 juillet 2007
DSI 28 - le sommaire !
Défense & Sécurité Internationale
N° 28 - juillet 2007
N° 28 - juillet 2007
En vente en kiosque et chez les marchands de journaux ou sur www.areion.fr/boutique
Editorial
Nominations et agenda
Veille des contrats de défense
Veille contre-terroriste
Veille stratégique
La chronique de Carl von C. : "Les aventures de Carl au Kurdistan européen"
Géostratégie : énergie
Roumanie et PESD : la stratégie en mer Noire en fililgrane
Par Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut Prospective et Sécurité de l’Europe
Sécurité énergétique : la géopolitique alliée de l’environnement ?
Par Olivier Kempf, lieutenant-colonel, rédacteur en chef adjoint de Défense Nationale et Sécurité Collective
Stratégie : MOUT
Une approche européenne du combat urbain ?
Entretien avec Antonin Tisseron, auteur de Guerres urbaines
La première bataille de Grozny et l’expérience tchétchène de la guérilla urbaine
Par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI
L’expérience russe de la Tchétchénie
Entretien avec Olga Oliker, Senior International Policy Analyst, RAND Corporation
De nouvelles règles pour le combat urbain : l’expérience israélienne
Par David Eshel, IDF (Ret.)
Armées : Singapour
Les griffes du lion, les forces terrestres singapouriennes
Par Joseph Henrotin
Tableau de bord : La Republic of Singapore Army
Par Philippe Langloit
Unités & Technologie : SNA/SSN
Le SNA Rubis : une plongée pas comme les autres
Par Véronique Sartini, journaliste
Nominations et agenda
Veille des contrats de défense
Veille contre-terroriste
Veille stratégique
La chronique de Carl von C. : "Les aventures de Carl au Kurdistan européen"
Géostratégie : énergie
Roumanie et PESD : la stratégie en mer Noire en fililgrane
Par Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut Prospective et Sécurité de l’Europe
Sécurité énergétique : la géopolitique alliée de l’environnement ?
Par Olivier Kempf, lieutenant-colonel, rédacteur en chef adjoint de Défense Nationale et Sécurité Collective
Stratégie : MOUT
Une approche européenne du combat urbain ?
Entretien avec Antonin Tisseron, auteur de Guerres urbaines
La première bataille de Grozny et l’expérience tchétchène de la guérilla urbaine
Par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI
L’expérience russe de la Tchétchénie
Entretien avec Olga Oliker, Senior International Policy Analyst, RAND Corporation
De nouvelles règles pour le combat urbain : l’expérience israélienne
Par David Eshel, IDF (Ret.)
Armées : Singapour
Les griffes du lion, les forces terrestres singapouriennes
Par Joseph Henrotin
Tableau de bord : La Republic of Singapore Army
Par Philippe Langloit
Unités & Technologie : SNA/SSN
Le SNA Rubis : une plongée pas comme les autres
Par Véronique Sartini, journaliste
Le sous-marins, outil de puissance, outil de défense
Entretien avec le capitaine de vaisseau Vincent Larnaudie-Eiffel, commandant l’Escadrille des Sous-Marins Nucléaires d’Attaque
Les sous-marins de la classe Rubis
Par Stéphane Ferrard, journaliste spécialiste des questions de Défense
La carte maîtresse de la marine russe : les SNA Akula demeurent redoutables
Par Jean-Louis Promé, journaliste spécialiste des questions de Défense
Pour préparer l’arrivée des ATV, des Akula pour les Indiens ?
Par Jean-Louis Promé, journaliste spécialiste des questions de Défense
Des tueurs russes de porte-avions
Par Philippe Langloit, chargé de recherche au CAPRI
Les fils de Rickover. Le développement des SSN américains
Par Joseph Henrotin, chargé de recherche au CAPRI
Trafalgar et Astute : les SSN britanniques
Par Philippe Langloit, chargé de recherche au CAPRI
Les SSN chinois
Par Philippe Langloit, chargé de recherche au CAPRI
Spécifications
Tu-160 Blackjack/Quel est l’état de la Russie nucléaire ?
General Dynamics M-1 Abrams/L’Abrams au combat
Destroyer classe Kidd/Kee Lung/Que vaut la marine taiwanaise ?
Critiques de lecture
Guerres urbaines. Nouveaux métiers, nouveaux soldats, d’Antonin Tisseron
L’âme du samouraï. Une traduction contemporaine des trois classiques du Zen et du Bushido, de Thomas Cleary
L’assaut. GIGN, Marignane -26 novembre 1994, de Roland Montins
Les armées françaises à l’aube du 21ème siècle. Les armées françaises à l’heure de l’interarmisation et de la multinationalisation, de Pierre Pascallon (Dir.).
Message perso....
Pas mal de personnes ont essayé de me joindre ce week-end sur mon portable... Que je n'utilise que très rarement lorsque je suis en France.
Par contre, je suis joignable ici : 00 33 4 / 42 92 17 38, jusque 17.00. Après 17.00, mes coordonnées sont sur http://www.rmes.be/
Par contre, je suis joignable ici : 00 33 4 / 42 92 17 38, jusque 17.00. Après 17.00, mes coordonnées sont sur http://www.rmes.be/
dimanche 1 juillet 2007
Zut, je pourrais avoir raison
En septembre 2006, dans la foulée des attentats manqués dans des trains allemands, j'avais publié une analyse pour la rubrique "Prospective stratégique" de DSI portant sur ce que j'avais qualifié de "méso-terrorisme". En clair, j'indiquais que les tentatives d'attaques en Allemagne relevaient d'un nouveau mode opératoire pour les "would-be" d'al Qaïda : plutôt que de se concentrer sur des attaques complexes à concevoir et à mettre en oeuvre, visant des dizaines d'avions dans des scenarii apocalyptiques, certains pourraient se concentrer sur une multitude d'attaques utilisant des moyens plus simples.
Et les événements du week-end en Grande-Bretagne semblent rejoindre ce scénario : positionner des voitures piégées à des endroits fréquentés est tout de même plus simple que de tenter de faire sauter en vol une dizaine d'appareils avec des bombes liquides. Logistique et planification en sont largement simplifiées. Changement de modus operandi donc (contrairement à ce que nous disait hier France 2) mais aussi de rationalité stratégique : on passe d'une optique d'impacts psychologiques radicaux (le 11/9, le 11/3, etc.) par la concentration dans le temps d'attaques symboliques à une optique plus opérationnelle. Les frappes sont proto-insurrectionnelle, en étant (relativement) diluées à travers le temps et en requérant des moyens plus simples.
Reste à voir quel impact aura ce changement de modus operandi sur la politique britannique de résilience (sur cette question, cf. là, là et ici), adaptée à aux "hyper-attaques". Reste aussi à savoir dans quelle mesure les évolutions de la politique de sécurité britannique (dont est partie la résilience) sont à l'origine de cette évolution opérationnelle (contre-adaptation). Ou encore dans quelle mesure cette même évolution n'est pas le résultat de l'attrition des cellules terroristes, contraintes de revoir leurs ambitions à la baisse.
Et les événements du week-end en Grande-Bretagne semblent rejoindre ce scénario : positionner des voitures piégées à des endroits fréquentés est tout de même plus simple que de tenter de faire sauter en vol une dizaine d'appareils avec des bombes liquides. Logistique et planification en sont largement simplifiées. Changement de modus operandi donc (contrairement à ce que nous disait hier France 2) mais aussi de rationalité stratégique : on passe d'une optique d'impacts psychologiques radicaux (le 11/9, le 11/3, etc.) par la concentration dans le temps d'attaques symboliques à une optique plus opérationnelle. Les frappes sont proto-insurrectionnelle, en étant (relativement) diluées à travers le temps et en requérant des moyens plus simples.
Reste à voir quel impact aura ce changement de modus operandi sur la politique britannique de résilience (sur cette question, cf. là, là et ici), adaptée à aux "hyper-attaques". Reste aussi à savoir dans quelle mesure les évolutions de la politique de sécurité britannique (dont est partie la résilience) sont à l'origine de cette évolution opérationnelle (contre-adaptation). Ou encore dans quelle mesure cette même évolution n'est pas le résultat de l'attrition des cellules terroristes, contraintes de revoir leurs ambitions à la baisse.
Budget défense "autour de 2% du PIB"
Depuis quelques jours, les annonces portant sur les programmes et les budgets de défense se suivent... parfois sans trop se ressembler. Après les déclaration d'H. Morin au Bourget sur les coûts opérationnels trop élevés du Rafale et de l'A400M, ce dernier a indiqué que le budget de la défense se situerait "autour de 2% du PIB". Or, dans DSI comme ailleurs, Nicolas Sarkozy parlait de "budget constant". Un processus d'audit semble manifestement en cours et le ministre de parler d'annulations de programmes.
Ce qui nous conduit à des scénarios non seulement complexes et douloureux pour les industriels mais qui, au-delà, permettront de tester les intentions européennes de la France. Si Paris ne pourra "tout" se payer, son indépendance dans tous les secteurs militaires sera menacée, logique. Dans quelle mesure ses alliés européens seront-ils alors appelés à contribuer ? Dans quelle mesure la doctrine gaulliste sera-t-elle amendée, en sachant qu'elle répondrait toujours à une vision de la France comme puissance (j'insiste) moyenne apte à influer les affaires du monde ?
Ce qui nous conduit à des scénarios non seulement complexes et douloureux pour les industriels mais qui, au-delà, permettront de tester les intentions européennes de la France. Si Paris ne pourra "tout" se payer, son indépendance dans tous les secteurs militaires sera menacée, logique. Dans quelle mesure ses alliés européens seront-ils alors appelés à contribuer ? Dans quelle mesure la doctrine gaulliste sera-t-elle amendée, en sachant qu'elle répondrait toujours à une vision de la France comme puissance (j'insiste) moyenne apte à influer les affaires du monde ?