C’est le quotidien russe Kommersant qui l’affirme, la Russie aurait conclu avec la Syrie un contrat portant sur 5 Mig-31E Foxhound et sur « beaucoup » de Mig-29, pour un montant estimé à 1 milliard de dollars. Appareil très gourmand en carburant, le Mig-31 d’exportation ne serait pas doté d’une perche de ravitaillement en vol et son avionique (IFF, radar, absence de systèmes d’autoprotection) serait dégradée comparativement aux versions en service en Russie. Conçu comme une plateforme de lutte contre les missiles de croisière, l’appareil à une très faible manoeuvrabilité. Comparativement au Mig-25 qui pouvait atteindre M.3 (causant toutefois une usure particulièrement importante des moteurs et limitant drastiquement son autonomie), le Foxhound a une vitesse de M. 2,8.
La menace est donc, objectivement, à relativiser. D’autant plus que l’aviation syrienne n’a pas connu de renouvellement de ses capacités dans les années 1990. Mais il n’en demeure pas moins que l’impact politique de cette vente, si elle se confirme (la Russie tenant des propos ambigus à son égard, tandis que la direction de Mig confirmait que les commandes pour l’appareil arrivaient), sera particulièrement important en Israël, où la presse locale fait état de rumeurs concernant une possible guerre avec la Syrie durant cet été. Et des chercheurs israéliens d’indiquer, avec raison, que les commandes syriennes ne se limiteraient sans doute pas à 5 appareils (par ailleurs prélevés sur les réserves de l’armée russe). La faible disponibilité des appareils pousserait en effet à des commandes plus importantes, afin d’assurer une disponibilité permanente, les Israéliens estimant que 20 à 24 appareils serait un chiffre plus crédible. L’impact politique sera d’autant plus renforcé que, toujours selon le quotidien russe, les appareils auraient été financés par l’Iran, qu’ils pourraient fort bien équiper in fine.
A cet égard, Aviation Week, cette fois, indiquait sur base d’informations transmises par Rosoboronexport, que l’Iran négociait actuellement avec la Russie un contrat majeur portant sur des systèmes de défense aérienne S-300PMU2 mais, surtout, sur rien moins que 250 Su-30MK Flanker. Si l’information est à prendre au conditionnel (on ajoutera que le carnet de commande de l’appareil reste bien garni et que la totalité de ces appareils ne seraient mis en service que tardivement), il n’en demeure pas moins que, là aussi, la valeur politique de l’annonce est importante. Tombant au moment où la Russie semble plus précautionneuse qu’auparavant face aux ambitions nucléaires iraniennes, l’annonce montre également à quel point les manœuvres politiques en cours sont éminemment centrées sur les stratégies d’influence et les représentations induites par la technologie.
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