Si, si, votre serviteur prend (un peu) de congés. Comme demain sera une journée chargée au bureau et que mes premiers jours de vacances seront synonymes de déménagement, j'en profite pour prendre congé de vous, du moins jusqu'au 1er août.
D'ici là, j'en profite pour faire un petit effet d'annonce (et vous laisser un peu de lecture) : mon prochain ouvrage, issu en bonne partie de ma thèse, sortira en septembre chez Economica. Pas d'intégrale sur le web évidemment mais la table des matières, consultable en ligne.
Bonne lecture et à d'ici quelques jours !
jeudi 24 juillet 2008
Carte militaire
La présentation de la tèrs attenduie nouvelle carte militaire a été effectuée ce matin. JDM en dresse les grandes lignes. Quant au document dans son intégralité, il peut être consulté ici.
Le DDG-1000 annulé ?
Selon Reuters, l'US Navy aurait transmis au Congrès une demande d'annulation portant sur le programme DDG-1000 - aucune confirmation n'a encore été donnée pour l'heure. La classe Zumwalt - que nous avions analysée dans Technologie & Armement - était sous le feu des critiques de la marine US qui, jusqu'il y a un mois, recommandait de ne s'en tenir qu'à deux exemplaires sur les 7 qu'elle escomptait initialement.
Ce sont précisément ces 2 exemplaires qui seraient annulés, malgré un investissement en R&D de plus de 10 milliards de dollars. Complexe, le navire avait été critiqué pour ses dérives financières et les risques techniques induits. D'une conception de bâtiment destiné à des opérations littorales, très automatisé, semi-submersible et apte à devenir un véritable arsenal flottant, le destroyer était devenu un monstre de 14 000 tonnes à peine capable d'embarquer 80 lanceurs verticaux et destiné aux opérations en haute mer.
Ce travers doctrinal - le retour systématique à la haute mer malgré les demandes en terme de combat littoral - avait en son temps été critiqué, notamment par l'amiral Cebrowski. En tout état de cause, la Navy privilégiait depuis une bonne année le renforcement de sa flotte de destroyers de classe Burke, devenus son "pion élémentaire" en matière de combat en surface.
Notons également que l'annulation de la classe DDG-1000 pourrait avoir des conséquences sur les CG-X, futurs croiseurs destinés au remplacement des CG-49 Ticonderoga, qui devaient être dérivés des nouveaux destroyers. J'ai eu l'occasion d'analyser plus en profondeur les dérives techniciennes visibles dans le cas du Zumwalt dans mon prochain ouvrage, à paraître d'ici fin septembre.
Ce sont précisément ces 2 exemplaires qui seraient annulés, malgré un investissement en R&D de plus de 10 milliards de dollars. Complexe, le navire avait été critiqué pour ses dérives financières et les risques techniques induits. D'une conception de bâtiment destiné à des opérations littorales, très automatisé, semi-submersible et apte à devenir un véritable arsenal flottant, le destroyer était devenu un monstre de 14 000 tonnes à peine capable d'embarquer 80 lanceurs verticaux et destiné aux opérations en haute mer.
Ce travers doctrinal - le retour systématique à la haute mer malgré les demandes en terme de combat littoral - avait en son temps été critiqué, notamment par l'amiral Cebrowski. En tout état de cause, la Navy privilégiait depuis une bonne année le renforcement de sa flotte de destroyers de classe Burke, devenus son "pion élémentaire" en matière de combat en surface.
Notons également que l'annulation de la classe DDG-1000 pourrait avoir des conséquences sur les CG-X, futurs croiseurs destinés au remplacement des CG-49 Ticonderoga, qui devaient être dérivés des nouveaux destroyers. J'ai eu l'occasion d'analyser plus en profondeur les dérives techniciennes visibles dans le cas du Zumwalt dans mon prochain ouvrage, à paraître d'ici fin septembre.
mardi 22 juillet 2008
Le C-17 marque des points... et le Type 214 avec
Cette fois, c'est officiel, le Qatar et Boeing ont signé un accord portant sur la vente de 2 C-17, pour 400 millions de dollars. Le premier appareil devrait être livré durant l'été 2009. Pour faire bonne figure, l'émirat a également commandé 18 hélicoptères AW-139 pour 260 millions d'euros. Les Etats-Unis, La Grande-Bretagne, l'Australie, le Canada et l'OTAN sont déjà clients du Globemaster III.
On a également appris l'acquisition par la Turquie de 6 sous-marins AIP de Type 214 à HDW pour 2,5 milliards de dollars, coiffant ainsi au poteau DCNS et Navantia. Le Type 214, qui sera examiné dans le prochain DSI-T, a également été commandé par la Grèce et la Corée du Sud et fait l'objet d'une polémique portant notamment sur sa stabilité, son niveau de bruit et la surchauffe de ses piles à combustible.
On a également appris l'acquisition par la Turquie de 6 sous-marins AIP de Type 214 à HDW pour 2,5 milliards de dollars, coiffant ainsi au poteau DCNS et Navantia. Le Type 214, qui sera examiné dans le prochain DSI-T, a également été commandé par la Grèce et la Corée du Sud et fait l'objet d'une polémique portant notamment sur sa stabilité, son niveau de bruit et la surchauffe de ses piles à combustible.
L'Afghanistan est-il perdu ?
La dernière interview de Gérard Chaliand, indiquant que "La victoire de l'OTAN en Afghanistan est impossible" fait pas mal de bruit et prête, en tous cas, à réfléchir. Sur le fond, son analyse est simple et limpide :
- nous n'avons pas suffisament investi le théâtre des opérations de 2002 à 2004-5 ;
- le dispositif pashtoune a eu le temps de se reconfigurer et de forger de nouveaux argumentaires légitimant - passant d'une vision néo-djihadiste à une vision de guerre de libération nationale ;
- ce nouveau dispositif ne peut emporter la victoire mais l'OTAN non plus ;
- il faut donc négocier.
Il y a donc de quoi réfléchir, sur plusieurs points. Premièrement, sur la perception que nous avons eu des opérations : on a trop souvent fait s'opposer, chez les membres de l'OTAN, "reconstruction" et "sécurisation" ou, en d'autres termes (disons en des termes plus politiques), "combat" et "humanitaire". C'est évidemment une ineptie : l'un ne peut aller sans l'autre, il existe une interpénétration absolue entre ces deux dimensions en contre-insurrection. Or, l'OTAN et ses Etats-membres n'ont pas su/pu/voulu voir à quel type d'opération nous avions affaire. La réponse était mauvaise dès le départ.
Deuxièmement, la notion de victoire reste décidément un référent obligé. Or, la victoire (entendue comme décisivie, nette, claire et tranchée) n'a aujourd'hui plus grand sens dans les conflits contemporains. Et tant qu'elle en aura encore un, la défaite l'aura également, délégitimant toute forme d'intervention militaire un tant soit peu "dure".
Troisièmement, la reconfiguration du dispositif pashtoune vers une base idéologique fondée sur la libération de l'oppresseur peut offrir des options politiques intéressantes - elle peut même induire à terme une certaine forme de coopération. Si, toutefois, nous comprenons et ils comprenent que nos objectifs respectifs devront être reconfigurés : respect de l'autonomie locale dans leur cas, refus du retour des djihadistes/d'AQ dans le nôtre. Comme le dit François, le timing sera particulièrement important et l'imposition d'un tel agenda est évidement lié aux classiques de la realpolitik - à savoir se mettre en position de force avant de négocier.
Quatrièmement, sur l'importance de l'Afghanistan. Nous ne pouvons nous retirer du pays, nous y sommes coincés (je n'aime pas le terme "piégés" car nous disposons d'une liberté de manoeuvre qui n'est pas si négligeable) par la géopolitique. "Arrière-cuisine" stratégique du Pakistan, l'Afghanistan pourrait bien être la porte d'entrée de la chute finale d'Islamabad - et de ses armes nucléaires - aux mains des barbus. Quitter la zone, de ce point de vue, serait une très mauvaise idée. Et ce, sans compter un "retour de flamme" d'AQ sur l'Afghanistan lui-même. C'est une idée que j'avais eu l'occasion de développer plus avant dans une série d'interviews pour le 24 Heures suisse et je pense que cette analyse reste valide.
Cinquièmement, G. Chaliand aborde également la notion de centre de gravité et isole le nôtre dans notre aversion pour les pertes. Cependant, elle semble beaucoup moins prégnante aux Etats-Unis qu'en Europe (et encore l'est-elle moins en France qu'en Belgique, par exemple). Est-ce véritablement un CDG ? Une faiblesse, certainement. Mais un CDG ? On peut être amené à se poser la question de savoir si, en l'absence d'une ligne européenne claire et congruente à la nature des opérations, le CDG ne devient pas naturellement nos sources de faiblesses. J'avais plutôt eu tendance à voire "le zéro/moindre mort" comme un trait culturel, quelque chose qui se situerait en dehors de la mécanique de la stratégie théorique. Mais ce basculement entre "faiblesse des objectifs" et "faiblesses comme CDG" me pose question. Ce basculement me semble a priori - mais ça demande plus de réflexion - intimement lié aux catégories d'argumentaires légitimant les opérations. Sans doute pas tant au plan des populations civiles européennes d'ailleurs qu'au plan politique lui-même.
En conclusion, nous sommes condamnés à devoir effectuer une "stabilisation musclée" de l'Afghanistan. Refuser de le faire, c'est nier à la fois les fondements de la stratégie mais aussi ceux de la politique, en s'exposant à avoir fait beaucoup d'efforts - nonobstant leur insuffisance patente - pour rien, voire pour pire.
- nous n'avons pas suffisament investi le théâtre des opérations de 2002 à 2004-5 ;
- le dispositif pashtoune a eu le temps de se reconfigurer et de forger de nouveaux argumentaires légitimant - passant d'une vision néo-djihadiste à une vision de guerre de libération nationale ;
- ce nouveau dispositif ne peut emporter la victoire mais l'OTAN non plus ;
- il faut donc négocier.
Il y a donc de quoi réfléchir, sur plusieurs points. Premièrement, sur la perception que nous avons eu des opérations : on a trop souvent fait s'opposer, chez les membres de l'OTAN, "reconstruction" et "sécurisation" ou, en d'autres termes (disons en des termes plus politiques), "combat" et "humanitaire". C'est évidemment une ineptie : l'un ne peut aller sans l'autre, il existe une interpénétration absolue entre ces deux dimensions en contre-insurrection. Or, l'OTAN et ses Etats-membres n'ont pas su/pu/voulu voir à quel type d'opération nous avions affaire. La réponse était mauvaise dès le départ.
Deuxièmement, la notion de victoire reste décidément un référent obligé. Or, la victoire (entendue comme décisivie, nette, claire et tranchée) n'a aujourd'hui plus grand sens dans les conflits contemporains. Et tant qu'elle en aura encore un, la défaite l'aura également, délégitimant toute forme d'intervention militaire un tant soit peu "dure".
Troisièmement, la reconfiguration du dispositif pashtoune vers une base idéologique fondée sur la libération de l'oppresseur peut offrir des options politiques intéressantes - elle peut même induire à terme une certaine forme de coopération. Si, toutefois, nous comprenons et ils comprenent que nos objectifs respectifs devront être reconfigurés : respect de l'autonomie locale dans leur cas, refus du retour des djihadistes/d'AQ dans le nôtre. Comme le dit François, le timing sera particulièrement important et l'imposition d'un tel agenda est évidement lié aux classiques de la realpolitik - à savoir se mettre en position de force avant de négocier.
Quatrièmement, sur l'importance de l'Afghanistan. Nous ne pouvons nous retirer du pays, nous y sommes coincés (je n'aime pas le terme "piégés" car nous disposons d'une liberté de manoeuvre qui n'est pas si négligeable) par la géopolitique. "Arrière-cuisine" stratégique du Pakistan, l'Afghanistan pourrait bien être la porte d'entrée de la chute finale d'Islamabad - et de ses armes nucléaires - aux mains des barbus. Quitter la zone, de ce point de vue, serait une très mauvaise idée. Et ce, sans compter un "retour de flamme" d'AQ sur l'Afghanistan lui-même. C'est une idée que j'avais eu l'occasion de développer plus avant dans une série d'interviews pour le 24 Heures suisse et je pense que cette analyse reste valide.
Cinquièmement, G. Chaliand aborde également la notion de centre de gravité et isole le nôtre dans notre aversion pour les pertes. Cependant, elle semble beaucoup moins prégnante aux Etats-Unis qu'en Europe (et encore l'est-elle moins en France qu'en Belgique, par exemple). Est-ce véritablement un CDG ? Une faiblesse, certainement. Mais un CDG ? On peut être amené à se poser la question de savoir si, en l'absence d'une ligne européenne claire et congruente à la nature des opérations, le CDG ne devient pas naturellement nos sources de faiblesses. J'avais plutôt eu tendance à voire "le zéro/moindre mort" comme un trait culturel, quelque chose qui se situerait en dehors de la mécanique de la stratégie théorique. Mais ce basculement entre "faiblesse des objectifs" et "faiblesses comme CDG" me pose question. Ce basculement me semble a priori - mais ça demande plus de réflexion - intimement lié aux catégories d'argumentaires légitimant les opérations. Sans doute pas tant au plan des populations civiles européennes d'ailleurs qu'au plan politique lui-même.
En conclusion, nous sommes condamnés à devoir effectuer une "stabilisation musclée" de l'Afghanistan. Refuser de le faire, c'est nier à la fois les fondements de la stratégie mais aussi ceux de la politique, en s'exposant à avoir fait beaucoup d'efforts - nonobstant leur insuffisance patente - pour rien, voire pour pire.
lundi 21 juillet 2008
Ouf !
Aucun véhicule n'est tombé en panne devant la tribune royale (je me souviens, dans mon enfance d'un M-109 resté coincé juste devant) et le défilé "nouvelle génération" s'est bien déroulé. Une bande de robocops a déboulé en plein sur la place des palais pour faire une démo de maintien de l'ordre qui a solidement secoué le présentateur TV : "uh... ce n'est pas un peu violent ?". De fait, c'était un peu comme si un Leclerc déboulait en plein milieu d'un épisode des Télétubbies et passait en mode hunter-killer sur les lapins. Rigolo, quoi.
Petit rappel aussi de la polémique sur les 90mm et ambiance à la fête. Joyeux anniversaire à tous mes compatriotes, nous étions un jour de fête nationale. Mais, tout de même (dirait Carl) : pas un chenillé (parce qu'il paraît qu'un véhicule à roue est plus mobile), l'artillerie représentée par 2 canons de 105 mm, pas un missile antichar à l'horizon et un défilé civil plus long que le militaire. Chapeau à la FAé (c'est tellement mieux que composante aérienne) qui nous a envoyé 16 F-16 et 1 NH90.
Mais pour le reste, c'est un peu comme si la moitié de l'armée était resté coincé dans les bouchons du carrefour Léonard (pour les connaisseurs) et avait décidé que c'était le bon moment pour se faire une pause one-one... Une ambiance bizarre aussi. On fait la fête essentiellement parce qu'on aime la faire - on peut se demander si elle a encore une signification profonde. En Flandre, manifestement, l'indifférence règne et un vice-premier ministre francophone indiquait d'un air docte que c'est une "fête intéressante". Cool, moi aussi, j'aime l'anthropologie.
Bon alleï, bonne fiesse a tout en saquî (mon wallon est un peu rouillé), goeïe nationaal dag iedereen (zut, mon anversois aussi) et que les pintjes coulent dans vos gosiers comme il pleut sur la Belgique (ah, ça, ça va toujours !).
Petit rappel aussi de la polémique sur les 90mm et ambiance à la fête. Joyeux anniversaire à tous mes compatriotes, nous étions un jour de fête nationale. Mais, tout de même (dirait Carl) : pas un chenillé (parce qu'il paraît qu'un véhicule à roue est plus mobile), l'artillerie représentée par 2 canons de 105 mm, pas un missile antichar à l'horizon et un défilé civil plus long que le militaire. Chapeau à la FAé (c'est tellement mieux que composante aérienne) qui nous a envoyé 16 F-16 et 1 NH90.
Mais pour le reste, c'est un peu comme si la moitié de l'armée était resté coincé dans les bouchons du carrefour Léonard (pour les connaisseurs) et avait décidé que c'était le bon moment pour se faire une pause one-one... Une ambiance bizarre aussi. On fait la fête essentiellement parce qu'on aime la faire - on peut se demander si elle a encore une signification profonde. En Flandre, manifestement, l'indifférence règne et un vice-premier ministre francophone indiquait d'un air docte que c'est une "fête intéressante". Cool, moi aussi, j'aime l'anthropologie.
Bon alleï, bonne fiesse a tout en saquî (mon wallon est un peu rouillé), goeïe nationaal dag iedereen (zut, mon anversois aussi) et que les pintjes coulent dans vos gosiers comme il pleut sur la Belgique (ah, ça, ça va toujours !).
dimanche 20 juillet 2008
une bibliothèque, c'est lourd...
Et je ne parle pas des meubles (une rafale d'indémodables "Billy" de chez Ikea devant débarquer prochainement) mais bien des ouvrages. Je vais profiter de mes congés, à partir de vendredi prochain, pour déménager.
Résultat, 17 caisses grand format de bouquins, depuis une présentation des oeuvres de Teilhard de Chardin chez Marabout d'une vingtaine de grammes jusqu'aux Flottes de combat 2008 (comptez 2kg).
Soit, à vue de nez et en me conformant aux prescriptions des déménageurs en termes de charge unitaire, environ 500 kg de lectures... sans compter une collection complète d'au moins 5 titres de magazines. Comment ça, j'ai une carrure de sandwich SNCF ?
Résultat, 17 caisses grand format de bouquins, depuis une présentation des oeuvres de Teilhard de Chardin chez Marabout d'une vingtaine de grammes jusqu'aux Flottes de combat 2008 (comptez 2kg).
Soit, à vue de nez et en me conformant aux prescriptions des déménageurs en termes de charge unitaire, environ 500 kg de lectures... sans compter une collection complète d'au moins 5 titres de magazines. Comment ça, j'ai une carrure de sandwich SNCF ?