Tous les feux des Foreign Military Sales sont au vert : la marine israélienne va effectivement recevoir 4 corvettes LCS-1 de Lockheed Martin, pour un montant de 1,9 milliards de dollars. Le plus intéressant réside dans la configuration, moins modulaire que pour l'USN, du bâtiment - qui en fait une véritable frégate :
- 2x8 lanceurs verticaux Mk41 ;
- lanceurs Harpoon ;
- 1 CIWS Phalanx ;
- 2 tubes lance-torpilles ;
- Link-16
Eventuellement un radar SPY-1F - la même version de l'Aegis que celle qui est installée sur les Nansen norvégiennes. Ce qui laisse au demeurant deviner des modifications assez lourdes sur un bâtiment qui n'en est pas à ses premiers problèmes...
En somme, une solide configuration pour le combat naval. Qui pourrait bien intéresser de très près l'Arabie saoudite, également intéressée par le LCS.
vendredi 18 juillet 2008
jeudi 17 juillet 2008
Réchauffement irano-américain
Le dossier iranien se réchauffe peu à peu, pour certains commentateurs, on se dirige même vers une sortie de crise. L'affaire est néanmoins complexe et pas mal d'hypothèses peuvent être dégagées. C'est l"occasion d'une petite interview à écouter sur Radio Méditerranée International dans le courant de la journée.
Précision sur l'arsenal nucléaire chinois
La dernière édition du Bulletin of the Atomic Scientists compte notamment un article de la FAS sur l'état de l'arsenal nucléaire chinois, indiquant que Pékin dispose d'environ 176 charges nucléaires. A lire ici.
mercredi 16 juillet 2008
Fonction "anticipation-connaissance" : à bien y réfléchir...
Bien entendu, nous reviendrons dans le prochain DSI sur le LBDSN mais aussi sur les priorités qu'il induit, notamment en matière d'anticipation-connaissance - en bref, le renseignement entendu au sens large. D'ici là, quelques éléments de réflexion, à la relecture du LBDSN :
- Sur la forme d'abord : le renseignement et l'anticipation sont, par nature, consubstanciels à toute activité stratégique, ce qui implique naturellement de se projeter dans le temps - le passé mais aussi le futur. Et ce, pour la prévention, la dissuasion, la protection ou encore l'action/projection : on ne conduit pas les armées sans envisager leurs actions et les contraintes qu'elles pourraient subir, de son fait propre ou de celui de l'adversaire. De ce point de vue, en faire une "fonction" en tant que telle marque la priorité qui lui est donnée. Mais, par certains aspects, n'est-elle pas quelque peu incongrue, marquant, en fait, un oubli de la stratégie et de ses élémentaires ?
- Sur le fond : le LBDSN induit des aménagements d'ordre organisationnels bienvenus. Mais va-t'on ou non vers une expérience similaire à celle du Joint Intelligence Comittee (JIC) britannique, permettant de donner au niveau politique une image claire du "qui fait quoi et où en est-on" ? Un spécialiste délégué auprès du Président représente certes un embryon de "communauté d'alerte" (annoncer les mauvaises nouvelles est un art dont le manque de maîtrise aura coûté la vie à Sorge, une invasion à l'URSS et quelques millions de morts). Mais jusqu'où va-t-il jouer ce rôle ? ;
- Sur le fond encore, DST et DGSE apparaissent comme les grandes gagnantes du LBDSN. Comparativement, pour la DRM, militaire, aucun nouveau projet n'émerge - elle "gagne" surtout parce qu'elle ne perd pas. En fait, le LBDSN valide des programmes lancés antérieurement (comme MUSIS) mais cache aussi ce qui semble être une réduction des personnels de la DRM.
Certes, il faut voir de quels personnels il s'agit mais le signal lancé est tout de même perturbant. De ce point de vue, l'emphase sur le maintien des espérances en matière matérielle cache également que l'augmentation du débit des informations ne représente rien sans analystes capables de les décrypter et de transformer les informations en renseignement.
Or, comme me le confiait un expert tout à l'heure, un bon linguiste chinois, c'est... 10 ans de formation : le double de la durée de vie des Helios II... Histoire de rappeler que le renseignement ne représente pas un facteur uniquement dépendant du matériel. Vous pouvez avoir 2 000 missiles de croisière et 25 planificateurs, spécialistes de la stratégie aérienne. Si vous avez 2 satellites, il vous faut bien plus d'analystes. Et les satellites ne sont que l'un des moyens de recueil du renseignement...
- Sur la forme d'abord : le renseignement et l'anticipation sont, par nature, consubstanciels à toute activité stratégique, ce qui implique naturellement de se projeter dans le temps - le passé mais aussi le futur. Et ce, pour la prévention, la dissuasion, la protection ou encore l'action/projection : on ne conduit pas les armées sans envisager leurs actions et les contraintes qu'elles pourraient subir, de son fait propre ou de celui de l'adversaire. De ce point de vue, en faire une "fonction" en tant que telle marque la priorité qui lui est donnée. Mais, par certains aspects, n'est-elle pas quelque peu incongrue, marquant, en fait, un oubli de la stratégie et de ses élémentaires ?
- Sur le fond : le LBDSN induit des aménagements d'ordre organisationnels bienvenus. Mais va-t'on ou non vers une expérience similaire à celle du Joint Intelligence Comittee (JIC) britannique, permettant de donner au niveau politique une image claire du "qui fait quoi et où en est-on" ? Un spécialiste délégué auprès du Président représente certes un embryon de "communauté d'alerte" (annoncer les mauvaises nouvelles est un art dont le manque de maîtrise aura coûté la vie à Sorge, une invasion à l'URSS et quelques millions de morts). Mais jusqu'où va-t-il jouer ce rôle ? ;
- Sur le fond encore, DST et DGSE apparaissent comme les grandes gagnantes du LBDSN. Comparativement, pour la DRM, militaire, aucun nouveau projet n'émerge - elle "gagne" surtout parce qu'elle ne perd pas. En fait, le LBDSN valide des programmes lancés antérieurement (comme MUSIS) mais cache aussi ce qui semble être une réduction des personnels de la DRM.
Certes, il faut voir de quels personnels il s'agit mais le signal lancé est tout de même perturbant. De ce point de vue, l'emphase sur le maintien des espérances en matière matérielle cache également que l'augmentation du débit des informations ne représente rien sans analystes capables de les décrypter et de transformer les informations en renseignement.
Or, comme me le confiait un expert tout à l'heure, un bon linguiste chinois, c'est... 10 ans de formation : le double de la durée de vie des Helios II... Histoire de rappeler que le renseignement ne représente pas un facteur uniquement dépendant du matériel. Vous pouvez avoir 2 000 missiles de croisière et 25 planificateurs, spécialistes de la stratégie aérienne. Si vous avez 2 satellites, il vous faut bien plus d'analystes. Et les satellites ne sont que l'un des moyens de recueil du renseignement...
Farnborough avec DSI-T
Comme vous le savez, le salon de Farnborough se tient tous les deux ans, en alternance avec le Bourget. BAE vient notamment d'y présenter sa conception du drone MALE d'attaque, un démonstrateur qui pourrait bien augurer de développements ultérieurs.
Tout ceci pour vous dire qu'un de nos correspondants est sur place et que les temps forts du salon seront à retrouver dans le DSIT n°13, de septembre-octobre, parmi quelques autres articles pour le moins solides.
Tout ceci pour vous dire qu'un de nos correspondants est sur place et que les temps forts du salon seront à retrouver dans le DSIT n°13, de septembre-octobre, parmi quelques autres articles pour le moins solides.
mardi 15 juillet 2008
Bon, plus de gouvernement... divaguons alors !
Comme vous le savez certainement, le premier ministre belge a démissionné, au terme de l'échec des négociations communautaires. Bon, nous voilà à nouveau sans gouvernement, de quoi laisser pas mal d'options sur la table. Si, personnellement, je pense que nous allons vers un confédéralisme poussé, imaginons un peu un rattachement à la France ou encore l'ancrage de ce qui resterait de la Belgique - soit Bruxelles et la Wallonie - à la France.
Dans les deux cas de figure, Paris aurait la haute main sur la défense. Petit calcul : si chaque "Belge néo-Français" (grosso-modo, 4 millions d'habitants) payait ce qu'un Français paie pour la défense (ce qui ne serait que justice)... les "néo-Français" paieraient annuellement 2,372 milliards d'Euros. Soit un peu moins que ce que ne paient 10 millions de Belges pour leur défense.
Bon, et bien... on l'a presque, le 2ème PA !
Dans les deux cas de figure, Paris aurait la haute main sur la défense. Petit calcul : si chaque "Belge néo-Français" (grosso-modo, 4 millions d'habitants) payait ce qu'un Français paie pour la défense (ce qui ne serait que justice)... les "néo-Français" paieraient annuellement 2,372 milliards d'Euros. Soit un peu moins que ce que ne paient 10 millions de Belges pour leur défense.
Bon, et bien... on l'a presque, le 2ème PA !
lundi 14 juillet 2008
dimanche 13 juillet 2008
CDG et matérialité
Je profite du débat lancé par Olivier Kempf (zut, tu as raison, je suis à la bourre sur mes mails mais je ne t'oublie pas !) et François Duran sur la notion de centre de gravité pour faire un peu d'"incruste". J'avais eu envie de m'immiscer éhontément dans la cette très pertinente problématique il y a quelques jours mais... time is flying...
J'avais eu envie, surtout, de répondre au premier post de François, sur l'emploi du CDG par le général Yakovleff (la 7ème BB va faire des étincelles !). En fait, sa conception du CDG est l'un des rares points de son excellent ouvrage sur lequel je ne suis pas d'accord. En fait, je pense qu'il reste marqué par une vision trop tactique, presque jominienne du CDG. Au point que je m'étais dit à l'époque, qu'on pouvait le confondre avec le "point décisif", lui-même composante du CDG et effectivement plus jominien.
En fait, dans la conception clausewitzienne, il ne peut exister qu'un seul CDG, la source du pouvoir, de l'ascendant de l'adversaire. Or, ce pouvoir peut être matérialisé (les canons bosno-serbes autour de Sarajevo en 95, pour suivre le raisonnement de l'OTAN à l'époque, avant Deliberate Force) ou non. Je pense qu'en réalité, il n'est que rarement matérialisé. Pour reprendre Sarajevo 95', l'artillerie adverse était en réalité le point le plus décisif des points décisifs - je pense que le "vrai" CDG était la "pureté ethnique" défendue par Pale et, surtout, son acceptation/interprétation par des combattants fortement mobilisés d'un point de vue idéologique.
Certes, cette pureté était assimilable à un objectif de la guerre (un zweck, quoi). Mais c'est surtout la motivation induite chez les assiégeurs qui constituait ce CDG. A côté de celà, le nombre de combattant bosno-serbes, leur artillerie, leurs approvisionnements étaient autant de points décisifs (dûment attaqués par l'aviation et l'artillerie de l'OTAN ensuite). En ce sens, la possible valeur immatérielle d'un CDG le rend naturellement compatible à des opérations irrégulières. Mao, lorsqu'il entreprend sa Longue Marche, est le CDG chinois : il est à la fois commandant et "émetteur idéologique" : il fixe l'idéologie, les objectifs, la méthode et jusqu'à la tactique. Un vrai Head and shoulders, "tout en un", stratégique.
En fait, derrière ma réflexion se cache aussi une "remise à sa place" du CDG : je me demande dans quelle mesure il permet effectivement de conduire la guerre : savoir ce qui fait la force de l'adversaire est évidemment utile - c'est même l'une des première choses à considérer - mais de là découlent ensuite une série d'options. L'EFR et la génération d'un "effet majeur" (soit, grosso modo, le dominant effect de la théorie des EBO) devant permettre de l'atteindre est finalement relativement découplée du CDG. Plutôt, il va viser des points matériels ou, à tout le moins, plus tangibles.
Prenons un exemple : mon adversaire est une sorte de nébuleuse djihadiste comportant à la fois des chefs reconnus et leur soutien budgéto-logistique et une multitude de petits groupes s'en réclamant. Elle était initialement basée dans une zone géographique régie par un Etat en "stan" mais où l'Etat n'a jamais eu beaucoup prise. Le CDG de mon adversaire est sa doctrine, en l'occurrence : elle agrège des mécontements divers et variés et propose une lutte à mort dans le long terme en offrant ultimement à ses combattants le paradis.
Que faire ? Mener une campagne d'influence visant à "déconstruire" l'idéologie et la doctrine adverse est une solution mais qui , n'opèrera que dans le long terme : la contre-conviction n'est pas chose aisée. Or, ce temps peut être exploité pour l'adversaire et mener des opérations qui renforçeront sa légitimité auprès de populations susceptibles de fournir des combattants potentiels et donc, de le renforcer.
Autre option, "faire la chasse" et engager des troupes amies contre les points décisifs adverses, par exemple, des regroupements de gens que nous appelerions les "talibans" ou encore l'engagement de services de renseignement contre des cellules djihadistes en Europe. Là, des résultats seront accumulés dans le court terme mais n'éroderont pas nécessairement le CDG adverse.
Conclusion : il faut mener des options de court terme et de long terme et un CDG dématérialisé est plus complexe à combattre (surtout pour nos "sociétés impatientes") et implique de s'attaquer aux points décisifs, ne serait-ce que par la charge dissuadante que peuvent avoir nos actions sur l'adversaire. En tout état de cause, et là, je relance la balle du débat, tout CDG dématérialisé dépendra beaucoup plus des populations susceptibles de jouer un rôle quelconque dans les opérations que dans les matériels en tant que tels.
Ce qui nous renvoie droit à... Rupert Smith et Vincent Desportes. Les populations peuvent ne pas être qu'enjeu et cible, elles peuvent aussi être source (directe ou indirecte), réceptacle ou "activateurs" d'un CDG.
J'avais eu envie, surtout, de répondre au premier post de François, sur l'emploi du CDG par le général Yakovleff (la 7ème BB va faire des étincelles !). En fait, sa conception du CDG est l'un des rares points de son excellent ouvrage sur lequel je ne suis pas d'accord. En fait, je pense qu'il reste marqué par une vision trop tactique, presque jominienne du CDG. Au point que je m'étais dit à l'époque, qu'on pouvait le confondre avec le "point décisif", lui-même composante du CDG et effectivement plus jominien.
En fait, dans la conception clausewitzienne, il ne peut exister qu'un seul CDG, la source du pouvoir, de l'ascendant de l'adversaire. Or, ce pouvoir peut être matérialisé (les canons bosno-serbes autour de Sarajevo en 95, pour suivre le raisonnement de l'OTAN à l'époque, avant Deliberate Force) ou non. Je pense qu'en réalité, il n'est que rarement matérialisé. Pour reprendre Sarajevo 95', l'artillerie adverse était en réalité le point le plus décisif des points décisifs - je pense que le "vrai" CDG était la "pureté ethnique" défendue par Pale et, surtout, son acceptation/interprétation par des combattants fortement mobilisés d'un point de vue idéologique.
Certes, cette pureté était assimilable à un objectif de la guerre (un zweck, quoi). Mais c'est surtout la motivation induite chez les assiégeurs qui constituait ce CDG. A côté de celà, le nombre de combattant bosno-serbes, leur artillerie, leurs approvisionnements étaient autant de points décisifs (dûment attaqués par l'aviation et l'artillerie de l'OTAN ensuite). En ce sens, la possible valeur immatérielle d'un CDG le rend naturellement compatible à des opérations irrégulières. Mao, lorsqu'il entreprend sa Longue Marche, est le CDG chinois : il est à la fois commandant et "émetteur idéologique" : il fixe l'idéologie, les objectifs, la méthode et jusqu'à la tactique. Un vrai Head and shoulders, "tout en un", stratégique.
En fait, derrière ma réflexion se cache aussi une "remise à sa place" du CDG : je me demande dans quelle mesure il permet effectivement de conduire la guerre : savoir ce qui fait la force de l'adversaire est évidemment utile - c'est même l'une des première choses à considérer - mais de là découlent ensuite une série d'options. L'EFR et la génération d'un "effet majeur" (soit, grosso modo, le dominant effect de la théorie des EBO) devant permettre de l'atteindre est finalement relativement découplée du CDG. Plutôt, il va viser des points matériels ou, à tout le moins, plus tangibles.
Prenons un exemple : mon adversaire est une sorte de nébuleuse djihadiste comportant à la fois des chefs reconnus et leur soutien budgéto-logistique et une multitude de petits groupes s'en réclamant. Elle était initialement basée dans une zone géographique régie par un Etat en "stan" mais où l'Etat n'a jamais eu beaucoup prise. Le CDG de mon adversaire est sa doctrine, en l'occurrence : elle agrège des mécontements divers et variés et propose une lutte à mort dans le long terme en offrant ultimement à ses combattants le paradis.
Que faire ? Mener une campagne d'influence visant à "déconstruire" l'idéologie et la doctrine adverse est une solution mais qui , n'opèrera que dans le long terme : la contre-conviction n'est pas chose aisée. Or, ce temps peut être exploité pour l'adversaire et mener des opérations qui renforçeront sa légitimité auprès de populations susceptibles de fournir des combattants potentiels et donc, de le renforcer.
Autre option, "faire la chasse" et engager des troupes amies contre les points décisifs adverses, par exemple, des regroupements de gens que nous appelerions les "talibans" ou encore l'engagement de services de renseignement contre des cellules djihadistes en Europe. Là, des résultats seront accumulés dans le court terme mais n'éroderont pas nécessairement le CDG adverse.
Conclusion : il faut mener des options de court terme et de long terme et un CDG dématérialisé est plus complexe à combattre (surtout pour nos "sociétés impatientes") et implique de s'attaquer aux points décisifs, ne serait-ce que par la charge dissuadante que peuvent avoir nos actions sur l'adversaire. En tout état de cause, et là, je relance la balle du débat, tout CDG dématérialisé dépendra beaucoup plus des populations susceptibles de jouer un rôle quelconque dans les opérations que dans les matériels en tant que tels.
Ce qui nous renvoie droit à... Rupert Smith et Vincent Desportes. Les populations peuvent ne pas être qu'enjeu et cible, elles peuvent aussi être source (directe ou indirecte), réceptacle ou "activateurs" d'un CDG.