samedi 21 juin 2008
Y'a sondage !
L'émersion de Surcouf est source de pas mal de polémiques. D'où un petit sondage : sur le fond, le groupe a-t-il raison ou tort ? Evidemment, un tel sondage n'a rien de scientifique, etc, etc...
Débats : feu à volonté !
Michel Rocard a fait paraître une opinion assez intéressante, avec en point de mire l'importance du PA2 dans Le Figaro : à lire ici.
Une petite remarque, toutefois : si certains aux Etats-Unis remettent en question la pertinence du nucléaire, les débats là bas y sont très spécifiques. C'est de là qu'étaient parties les remises en question de la MAD, dès 1968 (l'inventeur même du terme, Brennan, n'étant pas le dernier à le remettre en question).
Surtout, dégager le nucléaire stratégique (vous connaissez ma position sur le préstratégique, qui rejoint celle de l'ancien ministre) impose des défenses antimissiles... vraissemblablement plus chères encore qu'un PA2 (conception, achat, mise en oeuvre, démentellement des SNLE, annulation des M51 et des TNO).
Alors, certes, des Etats-Unis conventionnellement surpuissants (ce qui sera de moins en moins notre cas) peuvent se permettre de remettre en question le nucléaire stratégique (qui, jusqu'ici, n'est pas officiellement considéré comme devant être éliminé) mais notre garantie ultime restera le nucléaire stratégique. J'en discutais justemment avec un des lecteurs de DSI sur Eurosatory : la notion même d'Etat voyou est biaisée.
Tout simplement parce que "voyou" ou pas - des catégories plus normatives qu'objectives - et qu'il se fiche ou non de la survie de sa population en cas de représailles nucléaires un Etat (à la limite même surtout s'il est "voyou") est porteur d'un projet politico-idéologique imposant la survie du régime et de son idéologie - on notera d'ailleurs que les soviétiques en leur temps (avant le discours de Tula reconnaissant officiellement l'effectivité de la dissuasion en lieu et place de l'épouvante, en 78) avaient développé des arguments similaires.
En d'autres termes, un Iran actif en Irak et via le Hezbollah (juste un exemple, vous le comprendrez) n'est pas plus fou que voyou : il agit stratégiquement, cherche son intérêt comme l'extension de son influence. Petit euphémisme, l'atomiser constituerait une solide fragilisation de son influence.
Reste, me dira-t'on, la question d'une bande puissante, financièrement solide, qui parviendrait en 2020 a faire entrer via Marseille ou Le Havre un conteneur chargé d'une arme nucléaire. C'est une possibilité comme une autre - ou plutôt plus pertinente qu'une attaque suprise massive à coup d'IRBM/ICBM iraniens. Mais, pas plus que la dissuasion stratégique, la militarisation de la police, la "policianisation" de l'AdT, un PA2 ou une défense antimissile ne pourrait dissuader ceux qui le feraient. Nous reste alors juste le renseignement et la résilience. Soit quelques uns des rares nouveaux éléments valables du nouveau LBDSN.
C'est toujours ça.
Une petite remarque, toutefois : si certains aux Etats-Unis remettent en question la pertinence du nucléaire, les débats là bas y sont très spécifiques. C'est de là qu'étaient parties les remises en question de la MAD, dès 1968 (l'inventeur même du terme, Brennan, n'étant pas le dernier à le remettre en question).
Surtout, dégager le nucléaire stratégique (vous connaissez ma position sur le préstratégique, qui rejoint celle de l'ancien ministre) impose des défenses antimissiles... vraissemblablement plus chères encore qu'un PA2 (conception, achat, mise en oeuvre, démentellement des SNLE, annulation des M51 et des TNO).
Alors, certes, des Etats-Unis conventionnellement surpuissants (ce qui sera de moins en moins notre cas) peuvent se permettre de remettre en question le nucléaire stratégique (qui, jusqu'ici, n'est pas officiellement considéré comme devant être éliminé) mais notre garantie ultime restera le nucléaire stratégique. J'en discutais justemment avec un des lecteurs de DSI sur Eurosatory : la notion même d'Etat voyou est biaisée.
Tout simplement parce que "voyou" ou pas - des catégories plus normatives qu'objectives - et qu'il se fiche ou non de la survie de sa population en cas de représailles nucléaires un Etat (à la limite même surtout s'il est "voyou") est porteur d'un projet politico-idéologique imposant la survie du régime et de son idéologie - on notera d'ailleurs que les soviétiques en leur temps (avant le discours de Tula reconnaissant officiellement l'effectivité de la dissuasion en lieu et place de l'épouvante, en 78) avaient développé des arguments similaires.
En d'autres termes, un Iran actif en Irak et via le Hezbollah (juste un exemple, vous le comprendrez) n'est pas plus fou que voyou : il agit stratégiquement, cherche son intérêt comme l'extension de son influence. Petit euphémisme, l'atomiser constituerait une solide fragilisation de son influence.
Reste, me dira-t'on, la question d'une bande puissante, financièrement solide, qui parviendrait en 2020 a faire entrer via Marseille ou Le Havre un conteneur chargé d'une arme nucléaire. C'est une possibilité comme une autre - ou plutôt plus pertinente qu'une attaque suprise massive à coup d'IRBM/ICBM iraniens. Mais, pas plus que la dissuasion stratégique, la militarisation de la police, la "policianisation" de l'AdT, un PA2 ou une défense antimissile ne pourrait dissuader ceux qui le feraient. Nous reste alors juste le renseignement et la résilience. Soit quelques uns des rares nouveaux éléments valables du nouveau LBDSN.
C'est toujours ça.
jeudi 19 juin 2008
Le débat gronde, good night and good luck
Toutes mes excuses à mes lecteurs qui en attendaient un peu plus de moi sur Eurosatory et ses nouveautés. En fait, nous avons été un peu dépassé par les événements et, il faut bien le dire, par notre succès. J'ai croisé pas mal d'entre vous avec grand plaisir. Mais, comme moi, je pense que la parution du LBDSN les a quelque peu "sonné".
Ca se comprend. Olivier "EGEA" Kempf m'indiquait avec sa malice caractéristique qu'il semblait bien que la "Défense" ne semblait, du fait des intitulés utilisés, ne plus faire partie de la "sécurité nationale". Bien d'accord avec lui. Et tout aussi d'accord avec nos mystérieux guerriers du jour, le groupe Surcouf, auteur d'une petite bombe médiatique parue ce matin dans Le Figaro. Quoique l'on puisse penser de leur anonymat, ils sont courageux. Il ne fait pas bon s'opposer à l'Elysée, soyons honnêtes.
La tension est palpable. Juste une petite anecdote à cet égard : des représentants d'un industriel viennent me trouver pour me dire qu'ils n'ont pas apprécié une phrase de notre dernier hors série où, grosso modo, l'auteur indiquait que face aux engagements actuels, certaines technologies choisies n'étaient pas de la plus grande utilité et qu'il valait mieux porter plus d'attention à des élémentaires. Je lui ai répondu que cette phrase avait tout son sens et qu'elle reflétait les inquiétudes de pas mal de gens qui sont au contact - soit ceux pour lesquels nous bossons, en particulier au DSI. Je lui ai donc dis que nous étions d'abord au service des forces. Match nul.
Le sous-entendu me pose, à moi qui suis à la fois chercheur et journaliste, question. Le LBDSN consacre-t'il une réduction homothétique mal camouflée par une "reflexion stratégique" tout de même très légère ? Oui - du moins, à mon sens. La réforme est-elle nécessaire ? Oui, toujours à mon sens. Sabrer trop vite comme on a écrit trop vite ce LBDSN est-il une bonne chose ? Non, encore à mon sens. Les augmentations de budget d'équipement sont-elles gage de plus d'efficacité ? Pas nécessairement : la réalité de cette augmentation, les choix technologiques, stratégiques (et donc politiques) par essence, la nécessité d'un personnel de très haut niveau de compétence sont autant de variables qui font qu'on ne peut accepter d'acheter le chat "LBDSN" dans le sac des promesses et des mythologies technologiques. Et détrompez-vous, je ne suis pas "antitechnologies" : si c'était le cas, je n'aurais jamais consacré 8 ans de thèse à la question...
Mais - comme dirait notre cher vieux Carl - tout de même. A force de vouloir verrouiller les débats, on les enflamme : rien ne gronde plus qu'une révolte qu'un débat, d'ou le titre de ce post. Or et j'en discutais ce matin avec un correspondant de l'AFP, nous sommes dans une situation similaire à celle des années 30 mais... elle se présente comme inversée. Je m'en explique :
- la doxa officielle refuse de remettre en cause un certain nombre d'axiomes stratégiques et technologiques ;
- les penseurs émergents (de Gaulle, notamment, à l'époque) ne sont pas écoutés alors que la réalité opérationnelle émergente se clarifie (elle l'est d'autant plus de nos jours) ;
- les investissements massifs effectués sont susceptibles d'être contournés (parce que tel est le sens profond d'une opération militaire) mais la possibilité d'un contournement est trop peu prise en compte ;
- le proche et le soi le dispute au lointain et à l'Autre (cf les débats maritimes de l'époque) ;
- in fine, les dispositifs de force sont inadaptés.
Cette analogie possède bien évidemment ses limites. Menaces et risques sont très différents tout comme les jeux d'alliance. Mais, quelque part, la situation contemporaine est bien pire : démantibuler au motif de l'économie (y compris de la politique économique) sans prendre le temps de la réflexion stratégique au moment où nous avons besoin d'hommes revient à faire un paris délicat. C'est (notamment) là où je suis d'accord avec Surcouf. Je trouve que le groupe sous-estime un peu les apports de l'armée de l'Air mais...
... mais nous le voyons là aussi, à force d'éviter les débats, nous faisons reculer la doctrine face à la doxa. L'AdA a toujours eu des réticences face à la doctrine (tant pis pour Ader et Vauthier !). Comme dans le cas du LBDSN, le débat n'y aura pas véritablement joué sa fonction principale : non de pérorer pour se la jouer "intello" mais bien d'affiner nos modèles, les rendre plus pertinents et servir directement la puissance de la France.
On a tous les mêmes patrons : ils sont 66 millions. Et ce qui peut servir au progrès - surtout lorsque la seule limite est l'intelligence et l'imagination - doit servir. Les dogmes stratégiques à l'échelle de l'histoire, ont été le creuset des échecs... et c'est lorsque nous n'avions pas de doctrine (fruit des débats, évidemment) que nous avons encaissé les défaites les plus dures.
Ca se comprend. Olivier "EGEA" Kempf m'indiquait avec sa malice caractéristique qu'il semblait bien que la "Défense" ne semblait, du fait des intitulés utilisés, ne plus faire partie de la "sécurité nationale". Bien d'accord avec lui. Et tout aussi d'accord avec nos mystérieux guerriers du jour, le groupe Surcouf, auteur d'une petite bombe médiatique parue ce matin dans Le Figaro. Quoique l'on puisse penser de leur anonymat, ils sont courageux. Il ne fait pas bon s'opposer à l'Elysée, soyons honnêtes.
La tension est palpable. Juste une petite anecdote à cet égard : des représentants d'un industriel viennent me trouver pour me dire qu'ils n'ont pas apprécié une phrase de notre dernier hors série où, grosso modo, l'auteur indiquait que face aux engagements actuels, certaines technologies choisies n'étaient pas de la plus grande utilité et qu'il valait mieux porter plus d'attention à des élémentaires. Je lui ai répondu que cette phrase avait tout son sens et qu'elle reflétait les inquiétudes de pas mal de gens qui sont au contact - soit ceux pour lesquels nous bossons, en particulier au DSI. Je lui ai donc dis que nous étions d'abord au service des forces. Match nul.
Le sous-entendu me pose, à moi qui suis à la fois chercheur et journaliste, question. Le LBDSN consacre-t'il une réduction homothétique mal camouflée par une "reflexion stratégique" tout de même très légère ? Oui - du moins, à mon sens. La réforme est-elle nécessaire ? Oui, toujours à mon sens. Sabrer trop vite comme on a écrit trop vite ce LBDSN est-il une bonne chose ? Non, encore à mon sens. Les augmentations de budget d'équipement sont-elles gage de plus d'efficacité ? Pas nécessairement : la réalité de cette augmentation, les choix technologiques, stratégiques (et donc politiques) par essence, la nécessité d'un personnel de très haut niveau de compétence sont autant de variables qui font qu'on ne peut accepter d'acheter le chat "LBDSN" dans le sac des promesses et des mythologies technologiques. Et détrompez-vous, je ne suis pas "antitechnologies" : si c'était le cas, je n'aurais jamais consacré 8 ans de thèse à la question...
Mais - comme dirait notre cher vieux Carl - tout de même. A force de vouloir verrouiller les débats, on les enflamme : rien ne gronde plus qu'une révolte qu'un débat, d'ou le titre de ce post. Or et j'en discutais ce matin avec un correspondant de l'AFP, nous sommes dans une situation similaire à celle des années 30 mais... elle se présente comme inversée. Je m'en explique :
- la doxa officielle refuse de remettre en cause un certain nombre d'axiomes stratégiques et technologiques ;
- les penseurs émergents (de Gaulle, notamment, à l'époque) ne sont pas écoutés alors que la réalité opérationnelle émergente se clarifie (elle l'est d'autant plus de nos jours) ;
- les investissements massifs effectués sont susceptibles d'être contournés (parce que tel est le sens profond d'une opération militaire) mais la possibilité d'un contournement est trop peu prise en compte ;
- le proche et le soi le dispute au lointain et à l'Autre (cf les débats maritimes de l'époque) ;
- in fine, les dispositifs de force sont inadaptés.
Cette analogie possède bien évidemment ses limites. Menaces et risques sont très différents tout comme les jeux d'alliance. Mais, quelque part, la situation contemporaine est bien pire : démantibuler au motif de l'économie (y compris de la politique économique) sans prendre le temps de la réflexion stratégique au moment où nous avons besoin d'hommes revient à faire un paris délicat. C'est (notamment) là où je suis d'accord avec Surcouf. Je trouve que le groupe sous-estime un peu les apports de l'armée de l'Air mais...
... mais nous le voyons là aussi, à force d'éviter les débats, nous faisons reculer la doctrine face à la doxa. L'AdA a toujours eu des réticences face à la doctrine (tant pis pour Ader et Vauthier !). Comme dans le cas du LBDSN, le débat n'y aura pas véritablement joué sa fonction principale : non de pérorer pour se la jouer "intello" mais bien d'affiner nos modèles, les rendre plus pertinents et servir directement la puissance de la France.
On a tous les mêmes patrons : ils sont 66 millions. Et ce qui peut servir au progrès - surtout lorsque la seule limite est l'intelligence et l'imagination - doit servir. Les dogmes stratégiques à l'échelle de l'histoire, ont été le creuset des échecs... et c'est lorsque nous n'avions pas de doctrine (fruit des débats, évidemment) que nous avons encaissé les défaites les plus dures.
Un petit coup d'oeil
D’emblée, le succès de l’édition 2008 est important. Pour sa 9e édition, Eurosatory, qui est devenu le « Salon international de la Défense terrestre, aéroterrestre et de la Sécurité » a mis l'accent sur les innovations en matière d'entraînement et de simulation, la numérisation des images et les technologies duales.
De facto, le salon a révélé plusieurs tendances au sein d’un mainstream où dominait la protection des forces. Premièrement, le développement de véhicules 4x4 protégés par de nombreuses firmes provenant d’Etats de plus en plus nombreux était particulièrement notable. A cette évolution s’adjoint l’évolution de plus en plus marquée vers le développement de véhicules équivalents aux MRAPs américains.
Deuxièmement, la (sur-)protection d’engins préexistants – et de façon assez marquée des camions (vulnérabilité des lignes de communication oblige) – tend à devenir un secteur particulier, tant pour des PME que pour les grands industriels de défense.
Troisièmement, les systèmes téléopérés ont la cote. Il s’agit ici non seulement de mitrailleuses mais aussi de systèmes capables de dégager une plus grande puissance de feu. Le lance-grenades revient ainsi en force, ST Kinetics présentant même un modèle quadritubes, une autre firme couplant quant à elle un lance-grenades de 40 mm et un missile antichars NLAW !
Quatrièmement, le high tech tend à céder la place aux adaptations utilisant des équipements achetés sur étagères (y compris des 4x4 civils) et y combinant des systèmes achetés sur étagères, cette fois dans le domaine de la protection anti-IED ou anti-sniper, par exemple. Le low tech et les systèmes « customizés » tendent donc à prendre la place des systèmes conçus sur base de stricts et peu flexibles cahiers des charges.
Cinquièmement, le retour de l’infanterie observé dans les opérations contemporaines se traduit également par la mise en évidence des systèmes augmentant les capacités ou le confort du soldat. C’est non seulement le cas de systèmes tels que le FELIN mais aussi de systèmes de vision nocturnes, des protections balistiques.
De facto, le salon a révélé plusieurs tendances au sein d’un mainstream où dominait la protection des forces. Premièrement, le développement de véhicules 4x4 protégés par de nombreuses firmes provenant d’Etats de plus en plus nombreux était particulièrement notable. A cette évolution s’adjoint l’évolution de plus en plus marquée vers le développement de véhicules équivalents aux MRAPs américains.
Deuxièmement, la (sur-)protection d’engins préexistants – et de façon assez marquée des camions (vulnérabilité des lignes de communication oblige) – tend à devenir un secteur particulier, tant pour des PME que pour les grands industriels de défense.
Troisièmement, les systèmes téléopérés ont la cote. Il s’agit ici non seulement de mitrailleuses mais aussi de systèmes capables de dégager une plus grande puissance de feu. Le lance-grenades revient ainsi en force, ST Kinetics présentant même un modèle quadritubes, une autre firme couplant quant à elle un lance-grenades de 40 mm et un missile antichars NLAW !
Quatrièmement, le high tech tend à céder la place aux adaptations utilisant des équipements achetés sur étagères (y compris des 4x4 civils) et y combinant des systèmes achetés sur étagères, cette fois dans le domaine de la protection anti-IED ou anti-sniper, par exemple. Le low tech et les systèmes « customizés » tendent donc à prendre la place des systèmes conçus sur base de stricts et peu flexibles cahiers des charges.
Cinquièmement, le retour de l’infanterie observé dans les opérations contemporaines se traduit également par la mise en évidence des systèmes augmentant les capacités ou le confort du soldat. C’est non seulement le cas de systèmes tels que le FELIN mais aussi de systèmes de vision nocturnes, des protections balistiques.
dimanche 15 juin 2008
Je ne m'en était pas rendu compte mais...
Athéna a atteint les 501 posts et... a fêté son premier anniversaire : le premier billet a été posté le 13 juin 2007. C'est aussi l'occasion de vous remercier pour vos passages et vos commentaires. Keep going on, comme on dit ;o)
C'est aussi l'occasion pour moi de fêter la parution du DSI de juin, que j'ai récupéré seulement aujourd'hui - il y a un décalage à la diffusion vers la Belgique - soit mon 30ème DSI bouclé.
Et ce, au moment où l'équipe (qui n'est pas pour rien dans cette success story) est en train de peaufiner le numéro de juillet-août (comme tous les ans, nous faisons relâche un mois) de même que le 12ème numéro de Technologie & Armement.
Bon, bref, tout ça pour vous dire que vous êtes les bienvenus sur le stand D040b d'Eurosatory.
C'est aussi l'occasion pour moi de fêter la parution du DSI de juin, que j'ai récupéré seulement aujourd'hui - il y a un décalage à la diffusion vers la Belgique - soit mon 30ème DSI bouclé.
Et ce, au moment où l'équipe (qui n'est pas pour rien dans cette success story) est en train de peaufiner le numéro de juillet-août (comme tous les ans, nous faisons relâche un mois) de même que le 12ème numéro de Technologie & Armement.
Bon, bref, tout ça pour vous dire que vous êtes les bienvenus sur le stand D040b d'Eurosatory.
A bien y réfléchir...
Revenons quelques instants sur les propositions de Sarkozy dont rendaient compte le Spiegel mais aussi sur le contexte du LBDSN, le non irlandais et tous les choix y afférent. Le contexte, d'abord : à 1,69% dédié à la défense nous ne pouvons plus nous offrir la sécurité de nos rêves. Le jeu de mot est volontaire : le concept de "sécurité nationale" - ses connotations et ses non-dits, vu que son pérmètre n'est guère précisé - diffère très largement de l'américain, essentiellement militaire. Certes, l'insularité américaine y est pour quelque chose (et la France est peut-être en train de délaisser son identité maritime) mais regardons les choses en face.
On va sans doute nous indiquer qu'entre Gendarmerie, services de pompiers, police et armées, nous sommes à plus de 3% du PIB et qu'au final "nous nous préoccupons de la sécurité des citoyens" - mission régalienne entre toute, structurante même de l'idée d'Etat-nation et du contrat social le fondant. D'un autre côté, police et Gendarmerie sont non seulement intimement liées mais sont également des forces finalement extrêmement spécialisées. Envisage-t-on de les déployer massivement en OPEX ? Non, évidemment. Elles sont naturellement le fruit de conceptions de sécurité intérieure adaptées à un contexte particulier. C’est trivial mais il convient de le rappeler… parce que le système de production politique français tend à l’oublier.
Or, la « menace » (identifiables) et les « risques » (diffus) ne réfèrent plus à des « contextes particuliers », des portions spécifiquement établies du spectre des opérations sécuritaires. C’est de polyvalence dont nous avons alors besoin… au moment même où la spécialisation est en soi une vulnérabilité. La spécialisation signifie un positionnement de ses intentions à tout adversaire potentiel. Qui ne manquera certainement pas de contourner pour mieux frapper. Or, voilà : à trop se replier sur soi, l’on se replie aussi sur une vision de l’action qui est aussi spécialisée. Le grand large – celui de la mondialisation que le LBDSN entend précisément prendre en compte – est celui du non-dit, du diffus et du couple la polyvalence de l’action/adaptation.
Le soi est connu. L’Autre ne l’est pas. Et le sera de moins en moins – nonobstant toutes les fonctions « anticipations/prospective » du monde -, à suivre les évolutions d’une pensée du repli. La tension qui en résulte est alors trop forte : le risque de dissonance sécuritaire est bien réel. D’où les appels aux frères européens. Or, que sont ceux-ci ? D’une part, des puissances au mieux régionales et non globales (à l’exception d’une Grande-Bretagne dont les très peu concrètes affinités européennes la disqualifient du schéma initié). D’autre part, des puissances qui comptent précisément sur une puissance globale telle que la France pour se projeter dans le global.
C’est là que l’idée d’une coopération européenne dans le domaine naval est pervertie : on ne peut la penser que lorsqu’elle est le résultat d’une maturation stratégique impliquant un couplage stratégie des moyens/stratégie opérationnelle fort. Deux choses desquelles la France s’éloigne. Autrement dit, elle n’est plus l’exemple, le « sherpa stratégique » de l’Europe. Pour caricaturer grossièrement, elle vient mendier sa sécurité extérieure au motif de son repli sur l’intérieur. A ce jeu, on comprendra d’autant mieux les refus européens. C’est tellement évident (quoique…) mais l’on ne peut penser et bâtir la puissance que lorsque l’on est soi-même dans une prédisposition de recherche de la puissance.
C’est là qu’intervient le « non » irlandais. Un non idiot et imbécile en ce qu’il est plus souvent le reflet de mensonges (la perte de neutralité de l’Irlande qui entrerait dans une vision du monde militariste ; des manipulations grossières de chiffres, j’en passe et des meilleures) que d’une réalité objective. La faute en incombe autant aux Irlandais qu’à l’Union, incapable de procéder au moindre exercice de clarification d’un texte passablement indigeste. La faute nous en incombe aussi. Ainsi je voyais cette brave dame indiquer sur un plateau de France 2 – sans qu’un journaliste ne soit capable de la contredire – que Lisbonne était identique à la Constitution… elle-même avouant ne pas l’avoir lu !
Nous perdons peu à peu le contact avec l’Europe comme nous perdons peu à peu le contact avec les réalités stratégiques – et je suis profondément persuadé que les deux sont liés -, aboutissant à trouver en la « sécurité nationale » des conceptions nombrilistes qui ne sont finalement que le reflet, à plus grande échelle évidemment, des peurs irlandaises. En sortir implique sans doute deux choses. Premièrement, en revenir au global : si l’Europe fait peur, c’est aussi parce qu’elle, aussi bien que ses membres ne font plus rêver. Afin d’y arriver, il faut éviter de demander aux autres d’assurer notre sécurité sous prétexte d’assurer la sécurité commune. Apprenons à être cohérents : on ne peut prétendre être un maillon fort de l’Europe en indiquant, au moment d’assumer en achetant des matériels et en réformant les armées, que tous les « grands », finalement, son aussi des « petits ».
D’autre part, nous devrions abandonner définitivement ces pratiques de « grands bons en avant », qu’il s’agisse d’élargissements massifs – la pire catastrophe qui soit arrivée à l’Union… mais auquel tous les Etats ont donné leur assentiment – ou de traités qui ne le sont pas moins. L’ensemble horrifie par sa complexité aussi bien interne que par ses implications. Procédons par de petits pas : c’est au demeurant ce qui a été fait pour l’AED, prévue dans la Constitution, par exemple. La simplicité rassure. Mais, plus identifiable, elle est aussi un facteur structurant des identités trop vite apeurées par masse de mesures a priori éloignées des préoccupations de chacun.
On va sans doute nous indiquer qu'entre Gendarmerie, services de pompiers, police et armées, nous sommes à plus de 3% du PIB et qu'au final "nous nous préoccupons de la sécurité des citoyens" - mission régalienne entre toute, structurante même de l'idée d'Etat-nation et du contrat social le fondant. D'un autre côté, police et Gendarmerie sont non seulement intimement liées mais sont également des forces finalement extrêmement spécialisées. Envisage-t-on de les déployer massivement en OPEX ? Non, évidemment. Elles sont naturellement le fruit de conceptions de sécurité intérieure adaptées à un contexte particulier. C’est trivial mais il convient de le rappeler… parce que le système de production politique français tend à l’oublier.
Or, la « menace » (identifiables) et les « risques » (diffus) ne réfèrent plus à des « contextes particuliers », des portions spécifiquement établies du spectre des opérations sécuritaires. C’est de polyvalence dont nous avons alors besoin… au moment même où la spécialisation est en soi une vulnérabilité. La spécialisation signifie un positionnement de ses intentions à tout adversaire potentiel. Qui ne manquera certainement pas de contourner pour mieux frapper. Or, voilà : à trop se replier sur soi, l’on se replie aussi sur une vision de l’action qui est aussi spécialisée. Le grand large – celui de la mondialisation que le LBDSN entend précisément prendre en compte – est celui du non-dit, du diffus et du couple la polyvalence de l’action/adaptation.
Le soi est connu. L’Autre ne l’est pas. Et le sera de moins en moins – nonobstant toutes les fonctions « anticipations/prospective » du monde -, à suivre les évolutions d’une pensée du repli. La tension qui en résulte est alors trop forte : le risque de dissonance sécuritaire est bien réel. D’où les appels aux frères européens. Or, que sont ceux-ci ? D’une part, des puissances au mieux régionales et non globales (à l’exception d’une Grande-Bretagne dont les très peu concrètes affinités européennes la disqualifient du schéma initié). D’autre part, des puissances qui comptent précisément sur une puissance globale telle que la France pour se projeter dans le global.
C’est là que l’idée d’une coopération européenne dans le domaine naval est pervertie : on ne peut la penser que lorsqu’elle est le résultat d’une maturation stratégique impliquant un couplage stratégie des moyens/stratégie opérationnelle fort. Deux choses desquelles la France s’éloigne. Autrement dit, elle n’est plus l’exemple, le « sherpa stratégique » de l’Europe. Pour caricaturer grossièrement, elle vient mendier sa sécurité extérieure au motif de son repli sur l’intérieur. A ce jeu, on comprendra d’autant mieux les refus européens. C’est tellement évident (quoique…) mais l’on ne peut penser et bâtir la puissance que lorsque l’on est soi-même dans une prédisposition de recherche de la puissance.
C’est là qu’intervient le « non » irlandais. Un non idiot et imbécile en ce qu’il est plus souvent le reflet de mensonges (la perte de neutralité de l’Irlande qui entrerait dans une vision du monde militariste ; des manipulations grossières de chiffres, j’en passe et des meilleures) que d’une réalité objective. La faute en incombe autant aux Irlandais qu’à l’Union, incapable de procéder au moindre exercice de clarification d’un texte passablement indigeste. La faute nous en incombe aussi. Ainsi je voyais cette brave dame indiquer sur un plateau de France 2 – sans qu’un journaliste ne soit capable de la contredire – que Lisbonne était identique à la Constitution… elle-même avouant ne pas l’avoir lu !
Nous perdons peu à peu le contact avec l’Europe comme nous perdons peu à peu le contact avec les réalités stratégiques – et je suis profondément persuadé que les deux sont liés -, aboutissant à trouver en la « sécurité nationale » des conceptions nombrilistes qui ne sont finalement que le reflet, à plus grande échelle évidemment, des peurs irlandaises. En sortir implique sans doute deux choses. Premièrement, en revenir au global : si l’Europe fait peur, c’est aussi parce qu’elle, aussi bien que ses membres ne font plus rêver. Afin d’y arriver, il faut éviter de demander aux autres d’assurer notre sécurité sous prétexte d’assurer la sécurité commune. Apprenons à être cohérents : on ne peut prétendre être un maillon fort de l’Europe en indiquant, au moment d’assumer en achetant des matériels et en réformant les armées, que tous les « grands », finalement, son aussi des « petits ».
D’autre part, nous devrions abandonner définitivement ces pratiques de « grands bons en avant », qu’il s’agisse d’élargissements massifs – la pire catastrophe qui soit arrivée à l’Union… mais auquel tous les Etats ont donné leur assentiment – ou de traités qui ne le sont pas moins. L’ensemble horrifie par sa complexité aussi bien interne que par ses implications. Procédons par de petits pas : c’est au demeurant ce qui a été fait pour l’AED, prévue dans la Constitution, par exemple. La simplicité rassure. Mais, plus identifiable, elle est aussi un facteur structurant des identités trop vite apeurées par masse de mesures a priori éloignées des préoccupations de chacun.