jeudi 9 août 2007
Du côté des lectures (4)
La Russie se trouve au coeur de l'actualité. Après la question de la prise de contrôle du Pôle Nord, celle du missile tiré sur la Géorgie, celle de la semi-réhabilitation du communisme par V. Poutine, celle du reciblage de l'Europe par les missiles russes se pose également celle de la sortie de la Russie du traité FCE. Alain De Neve vient, à cet égard, de produire une note - inaugurant par ailleurs les notes d'analyses du RMES - permettant de remettre les choses en perspective. A lire ici.
mercredi 8 août 2007
Barack Obama : les vrais champs de bataille sont "L'Afghanistan et le Pakistan"
Je viens de repiquer éhontément un post de David Axe qui a lu de façon plus approfondie que moi un discours de B. Obama, candidat démocrate potentiel à la présidence US et qui entend recadrer les engagements US vers des zones de batailles plus importantes que l'Irak... et qui inclut le Pakistan, qui n'a naturellement pas aimé :
"It is time to turn the page. When I am President, we will wage the war that has to be won, with a comprehensive strategy with five elements: getting out of Iraq and on to the right battlefield in Afghanistan and Pakistan; developing the capabilities and partnerships we need to take out the terrorists and the world’s most deadly weapons; engaging the world to dry up support for terror and extremism; restoring our values; and securing a more resilient homeland.
The first step must be getting off the wrong battlefield in Iraq, and taking the fight to the terrorists in Afghanistan and Pakistan.
I introduced a plan in January that would have already started bringing our troops out of Iraq, with a goal of removing all combat brigades by March 31, 2008. If the President continues to veto this plan, then ending this war will be my first priority when I take office".
Quant à la réaction pakistanaise, selon l'Associated Press:
“It’s a very irresponsible statement, that’s all I can say,” Pakistan’s Foreign Minister Khusheed Kasuri told AP Television News. “As the election campaign in America is heating up we would not like American candidates to fight their elections and contest elections at our expense.”
Sure, Barack’s statement is deliberate campaign move, but is he wrong that Pakistan is the major source of terror in the world? Not according to the Afghan ambassador to the U.S. … and the Council on Foreign Relations:
Despite its government’s cooperation with the United States, Pakistan is home to many Islamist extremists, some with links to al-Qaeda and other terrorist groups. Militants have conducted several terrorist attacks on Americans and other Westerners in Pakistan since September 11, including the abduction and murder of Daniel Pearl and the June 2002 car bombing of the U.S. consulate in Karachi, which killed twelve Pakistanis. Thanks to shared Islamist sympathies and ethnic ties, some Pakistanis have also helped Taliban and al-Qaeda fighters fleeing from Afghanistan take refuge throughout Pakistan.
"It is time to turn the page. When I am President, we will wage the war that has to be won, with a comprehensive strategy with five elements: getting out of Iraq and on to the right battlefield in Afghanistan and Pakistan; developing the capabilities and partnerships we need to take out the terrorists and the world’s most deadly weapons; engaging the world to dry up support for terror and extremism; restoring our values; and securing a more resilient homeland.
The first step must be getting off the wrong battlefield in Iraq, and taking the fight to the terrorists in Afghanistan and Pakistan.
I introduced a plan in January that would have already started bringing our troops out of Iraq, with a goal of removing all combat brigades by March 31, 2008. If the President continues to veto this plan, then ending this war will be my first priority when I take office".
Quant à la réaction pakistanaise, selon l'Associated Press:
“It’s a very irresponsible statement, that’s all I can say,” Pakistan’s Foreign Minister Khusheed Kasuri told AP Television News. “As the election campaign in America is heating up we would not like American candidates to fight their elections and contest elections at our expense.”
Sure, Barack’s statement is deliberate campaign move, but is he wrong that Pakistan is the major source of terror in the world? Not according to the Afghan ambassador to the U.S. … and the Council on Foreign Relations:
Despite its government’s cooperation with the United States, Pakistan is home to many Islamist extremists, some with links to al-Qaeda and other terrorist groups. Militants have conducted several terrorist attacks on Americans and other Westerners in Pakistan since September 11, including the abduction and murder of Daniel Pearl and the June 2002 car bombing of the U.S. consulate in Karachi, which killed twelve Pakistanis. Thanks to shared Islamist sympathies and ethnic ties, some Pakistanis have also helped Taliban and al-Qaeda fighters fleeing from Afghanistan take refuge throughout Pakistan.
mardi 7 août 2007
De passage en République Tchèque... (2)
Déjà le dernier jour des vacances et un petit passage par le quartier Zizkov pour visiter le musée de l'armée. Un autre musée d'histoire militaire existe au Palais Schwarzenberg, près du château de Prague, mais il était fermé pour restauration.
Les collections (1ere et 2eme GM) sont bien plus admirables que ne le laissaient penser mes guides et si le musée est difficile d'accès (et pas très joli : dans le plus pur style "renaissance néo-stalinienne"), le déplacement vaut le coup. Relativement peu de matériels mais un très grand nombre de documents dont un bon nombre, dans la partie "1ère guerre"... en français. La légion tchécoslovaque, embryon de l'armée tchèque post-1918 a en effet été formée dans les rangs français et l'on retrouve même des lettres, en français, entre les Présidents se congratulant mutuellement.
Reste toutefois que le français a beaucoup perdu de son influence. Si Prague voulait être le Paris de l'outre-Alsace - avec un réel succès - dans les années 30 (nombre de cafés, boutiques et deventures le rappelant toujours aujourd'hui), les accords de Munich ont laissé un souvenir pour le moins amer. Dans les salles du musée, la Grande-Bretagne et les as tchécoslovaques de la RAF ont sans doute remplacé dans le coeur des Praguois la France et Paris. Sans doute une autre clé pour la compréhension de la politique pro-atlantiste tchèque.
Notons aussi qu'à la fin de la section musée consacrée à la Seconde Guerre, vous tombez nez à nez avec deux mannequins représentant des soldats tchèques contemporains, l'un en tenue "OIF", l'autre en tenue "Centre-Europe". La période communiste a tout bonnement été gommée (si elle a un jour existé), seul un T-34 sur le perron du musée rappelle que les troupes de Moscou ont libéré la ville en 45 (les résistants locaux comme le PC, qui avaient déclenché une insurrection, ayant été "sermonés" pour ne pas avoir laissé l'armée Rouge libérer à elle seule la ville).
Les collections (1ere et 2eme GM) sont bien plus admirables que ne le laissaient penser mes guides et si le musée est difficile d'accès (et pas très joli : dans le plus pur style "renaissance néo-stalinienne"), le déplacement vaut le coup. Relativement peu de matériels mais un très grand nombre de documents dont un bon nombre, dans la partie "1ère guerre"... en français. La légion tchécoslovaque, embryon de l'armée tchèque post-1918 a en effet été formée dans les rangs français et l'on retrouve même des lettres, en français, entre les Présidents se congratulant mutuellement.
Reste toutefois que le français a beaucoup perdu de son influence. Si Prague voulait être le Paris de l'outre-Alsace - avec un réel succès - dans les années 30 (nombre de cafés, boutiques et deventures le rappelant toujours aujourd'hui), les accords de Munich ont laissé un souvenir pour le moins amer. Dans les salles du musée, la Grande-Bretagne et les as tchécoslovaques de la RAF ont sans doute remplacé dans le coeur des Praguois la France et Paris. Sans doute une autre clé pour la compréhension de la politique pro-atlantiste tchèque.
Notons aussi qu'à la fin de la section musée consacrée à la Seconde Guerre, vous tombez nez à nez avec deux mannequins représentant des soldats tchèques contemporains, l'un en tenue "OIF", l'autre en tenue "Centre-Europe". La période communiste a tout bonnement été gommée (si elle a un jour existé), seul un T-34 sur le perron du musée rappelle que les troupes de Moscou ont libéré la ville en 45 (les résistants locaux comme le PC, qui avaient déclenché une insurrection, ayant été "sermonés" pour ne pas avoir laissé l'armée Rouge libérer à elle seule la ville).
Vu sur une carte de restaurant...
...à la rubrique "breakfast" : "Et pour accompagner votre Pilsner, une côte de porc ?"
On ne rigole pas avec les calories ici ;o)
On ne rigole pas avec les calories ici ;o)
lundi 6 août 2007
De passage en République Tchèque...
Un pays étonnant, extrêmement dynamique, où les indépendants travaillent de 10h à 23h (ce qui n'a par ailleurs pas l'air de déplaire aux syndicats), d'une grande propreté (à faire rougir Bruxelles et où pourtant il y a à peine plus de poubelles) et où la principale composante du patriotisme est un attachement extrêmement fort au patrimoine.
Le pays présente de grande similitudes avec la Belgique : petit, sorte d'accident de l'histoire (formellement, la Tchécoslovaquie remonte aux 14 points de Wilson) mais où l'histoire ne commence pas avec sa création, ayant connu nombre d'invasions (on a partagé quelques voisins et moins voisins envahissants) et... où la bière est une boisson quasi-sacrée.
Au-delà, le chemin pris est radicalement différent : le business est roi. Et plus il prospère, plus prospèrent les arts et les sciences, surtout s'ils permettent d'attirer touristes et investissements. Etre artiste en Tchéquie, c'est avoir un vrai statut. J'étais déjà venu à Prague en 2001 et le changement est spectaculaire. Les chantiers de rénovation se sont multipliés, d'autres se sont achevés. Le niveau de vie s'est considérablement amélioré, les services à la population aussi.
Tout, bien entendu, n'est pas rose. On voit des SDF (moins cependant qu'à Bruxelles et on ne semble pas les chasser, ici) et être retraité ne doit pas être rose tous les jours. Récupérer de 40 ans d'occupation communiste - c'est ainsi que ça a été vécu, ici - est loin d'être évident. Des années d'ailleurs marquées par de petits actes de résistances mais ayant produit leurs effets : la propreté comme acte de résistance face à des soviétiques assez unanimement considérés comme sales (un réflexe identique a existé en Pologne) ; des rénovations d'églises ; des livres mis à l'abris... et, bien sûr, Jan Palach.
Je me souviens, à cet égard, de longues conversations à l'Université : à choisir, faut-il choisir le joug nazi ou communiste ? La plupart des gens optaient pour la seconde option, d'autres ne se prononcaient pas, estimant sans doute la situation comme bien trop hypopthétique. J'avais opté pour une 3ème : combattre, fuir ou, au pire, se suicider - dans tous les cas de figure, choisir la liberté (réponse traditionnelle, "oui, d'accord, mais si tu ne le peux pas ?"...). C'est ce qu'avait fait Palach. Le musée du communisme nous apprendra que le taux de suicide durant le Printemps de Prague de 68 avait dramatiquement augmenté. Palach avait toutefois laissé un mot : en substance, ne faites pas comme moi, résistez.
Le souvenir du "printemps" reste vivace - celui des nazis à laissé un tout aussi mauvais goût - ce qui explique sans doute que les Russes restent vraiment très mal vus. Ce qui explique aussi la grande bannière "oui aux radars et aux missiles" sur un bâtiment juste en face du ministère des AE. Et l'Europe dans tout cela ? Les Tchèques ont trop de conscience historique (si l'on peut s'exprimer ainsi). Et tant que l'Europe ne sera pas une puissance, elle ne sera, pour eux, qu'un projet en devenir donc, non opérationnel si ce n'est du point de vue économique et juridique.
Il y a une autre chose que partagent Belges et Tchèques : un surréalisme doublé d'une politique pragmatique. Les Tchèques savent que l'Europe est virtuellement puissante (les rayons d'études stratégiques des libraires tchèques sont très bien garnis, les lecteurs ne manquant pas). En attendant, leur puissance est économique et culturelle - le nombre de livres en tchèque est... ahurissant et le secteur d'un dynamisme extrême - autant de choses que la Belgique perd peu à peu...
Le pays présente de grande similitudes avec la Belgique : petit, sorte d'accident de l'histoire (formellement, la Tchécoslovaquie remonte aux 14 points de Wilson) mais où l'histoire ne commence pas avec sa création, ayant connu nombre d'invasions (on a partagé quelques voisins et moins voisins envahissants) et... où la bière est une boisson quasi-sacrée.
Au-delà, le chemin pris est radicalement différent : le business est roi. Et plus il prospère, plus prospèrent les arts et les sciences, surtout s'ils permettent d'attirer touristes et investissements. Etre artiste en Tchéquie, c'est avoir un vrai statut. J'étais déjà venu à Prague en 2001 et le changement est spectaculaire. Les chantiers de rénovation se sont multipliés, d'autres se sont achevés. Le niveau de vie s'est considérablement amélioré, les services à la population aussi.
Tout, bien entendu, n'est pas rose. On voit des SDF (moins cependant qu'à Bruxelles et on ne semble pas les chasser, ici) et être retraité ne doit pas être rose tous les jours. Récupérer de 40 ans d'occupation communiste - c'est ainsi que ça a été vécu, ici - est loin d'être évident. Des années d'ailleurs marquées par de petits actes de résistances mais ayant produit leurs effets : la propreté comme acte de résistance face à des soviétiques assez unanimement considérés comme sales (un réflexe identique a existé en Pologne) ; des rénovations d'églises ; des livres mis à l'abris... et, bien sûr, Jan Palach.
Je me souviens, à cet égard, de longues conversations à l'Université : à choisir, faut-il choisir le joug nazi ou communiste ? La plupart des gens optaient pour la seconde option, d'autres ne se prononcaient pas, estimant sans doute la situation comme bien trop hypopthétique. J'avais opté pour une 3ème : combattre, fuir ou, au pire, se suicider - dans tous les cas de figure, choisir la liberté (réponse traditionnelle, "oui, d'accord, mais si tu ne le peux pas ?"...). C'est ce qu'avait fait Palach. Le musée du communisme nous apprendra que le taux de suicide durant le Printemps de Prague de 68 avait dramatiquement augmenté. Palach avait toutefois laissé un mot : en substance, ne faites pas comme moi, résistez.
Le souvenir du "printemps" reste vivace - celui des nazis à laissé un tout aussi mauvais goût - ce qui explique sans doute que les Russes restent vraiment très mal vus. Ce qui explique aussi la grande bannière "oui aux radars et aux missiles" sur un bâtiment juste en face du ministère des AE. Et l'Europe dans tout cela ? Les Tchèques ont trop de conscience historique (si l'on peut s'exprimer ainsi). Et tant que l'Europe ne sera pas une puissance, elle ne sera, pour eux, qu'un projet en devenir donc, non opérationnel si ce n'est du point de vue économique et juridique.
Il y a une autre chose que partagent Belges et Tchèques : un surréalisme doublé d'une politique pragmatique. Les Tchèques savent que l'Europe est virtuellement puissante (les rayons d'études stratégiques des libraires tchèques sont très bien garnis, les lecteurs ne manquant pas). En attendant, leur puissance est économique et culturelle - le nombre de livres en tchèque est... ahurissant et le secteur d'un dynamisme extrême - autant de choses que la Belgique perd peu à peu...